« Otosan ? Où elle est Mama' ? »

Emi avait 4 ans. Son père, dans son beau costume noir, se tenait droit, comme le bon militaire qu'il est, la tête légèrement sur le côté comme pour se cacher le visage. De sa main gauche, il tenait celle de sa fille, Emi, une petite main toute blanche, toute fine, si fragile. Emi était habillée dans une jolie robe noire, des petits souliers vernis assortis, les yeux fixés sur la tombe face à elle. Son père tourna le visage vers elle, les yeux mouillés, de longues larmes coulaient le long de ses joues. Il prit sa fille dans ses bras, retenant tant bien que mal ses sanglots. Emi serra très fort son père dans ses bras, puis se mit à pleurer toute les larmes de son corps.

« … Maman est au ciel, ma chérie. »


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Emi est née une chaude nuit d'été, il y a de cela 17 ans. Son père, un militaire américain qui servait dans l'armée depuis ses 18 ans, et sa mère, une jeune artiste japonaise ayant quittée son pays quelques mois auparavant. Son père, lors d'une mission au Japon, était revenu deux ans plus tard, avec une superbe femme à son bras, une belle japonaise tout ce qu'il y a de plus exotique, qui abordait fièrement un petit ventre rond ; Emi était prévue pour dans 7 mois.
Ses parents s'étaient mariés en petit comité, son père n'ayant plus que sa mère comme seule famille, et sa mère ayant perdu sa famille il y a de nombreuses années. Ils étaient heureux, elle connaissant déjà l'anglais grâce à ses études, lui l'aimant comme si c'était son soleil, sa source de vie. Emiko était née dans une famille aimante, qui la désirait et qui était prêt à la chérir toute sa vie. Cependant, lors de l'accouchement, sa mère perdit beaucoup de sang, et quelque chose n'allait pas. Progressivement, chaque jour, sa mère semblait de plus en plus malade, comme si quelque chose la mangeait de l'intérieur. De ce jour, la naissance si heureuse d'Emi fût teinté d'inquiétude et de stress.

La petite grandissait bien, et passait son temps à dormir et à manger, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Pourtant, lorsqu'elle souffla ses deux bougies, sa mère, souffrante mais qui tenait à préparer elle-même le gâteau pour sa fille chérie, s’évanouit dans la cuisine. Son père accouru, Emi se mit à pleurer à chaudes larmes, comme si elle comprenait ce qui se passait. Sa mère fût emmenée à l’hôpital en urgence, sous perfusion. Sa mère ne quitta jamais cette hôpital. Son père, tout les deux jours, se rendait là-bas pour voir sa femme, lui apporter de la nourriture, passer du temps avec elle ; il emmenait parfois Emi avec lui, bien que sa femme préférait que la petite reste loin de l'hôpital pour ne pas l'effrayer. Malgré tout, dès qu'elle voyait sa fille et qu'elle la tenait dans ses bras, un second souffle semblait la traverser. Ce manège continua jusqu'à l'aube des 4 ans de la petite ; un matin, l'hôpital appela alors que son père était sur le point de partir. Lorsqu'il décrocha son téléphone, son visage devînt blanc. Après le coup de fil, il appela sa mère en catastrophe, lui demandant de venir s'occuper d'Emi. Une fois arrivé à l'hôpital, il vit sa femme, affreusement maigre, le souffle court, son visage creux, qui tourna la tête vers lui. Elle réussit à étirer un sourire, puis lui murmura de venir près de lui. Elle attrapa sa main, et lui dit dans le creux de l'oreille

« Prend soin d'Emi, mon amour. Et merci, pour tout. »

Les piques firent place à une longue ligne plate. Son père s'effondra, hurlant le nom de sa femme tout en la tenant dans ses bras. Emi avait alors 4 ans.
Bien plus tard, il apprenait que sa femme était condamnée depuis des années, mais ne lui en avait jamais parlé.


Emi fût élevée avec courage par son père. Bien que son travail de militaire prenait beaucoup de son temps, il avait fait en sortes d'être là lors des repas, quelques soirées et lors de ses anniversaires. Son père représentait tout pour elle ; c'était son « Papounet », son « Papa-poule ». Elle n'avait plus que lui et sa grand-mère, sa mère étant « Partie au ciel » comme elle le disait si bien. Son enfance n'était pas toujours simple, mais en grande optimiste, elle gardait le sourire même lorsqu'elle pleurait. Elle avait des notes correctes, et elle passait des soirées entières à essayer de s'améliorer de plus en plus. Dès la primaire, elle avait acquit une volonté de vivre si forte que sa grand-mère l'appelait « Mon petit roc ». Pourtant, elle cédait facilement aux larmes, et à chaque fois son père la prenait tendrement dans ses bras jusqu'à ce que la crise de larme s'arrête. Au primaire, les garçons l'embêtait tout le temps, et son père devait sans cesse venir faire le « Grand méchant » pour les calmer et leur expliquer qu'ils ne devaient plus toucher à sa fille chérie. Les profs appréciaient beaucoup Emi, malgré son côté étourdie et rêveuse, ce qui lui a fallu quelques punitions au coin et à l'écrit. Elle préférait regarder vers le ciel, parlant à sa mère dans sa tête, plutôt que d'apprendre les magnifiques théorèmes de Pythagore.

Sautons quelques années de plus, voulez-vous ? Emi a donc 14 ans. Elle était au collège, dans une classe un peu turbulente mais pas méchante pour autant. Comme a son habitude, elle rêvassait à la fenêtre, tel et si bien qu'elle n'avait pas entendu la sonnerie. Elle sortie en dernier, la tête dans les nuages, pensant au cadeau qu'elle allait offrir à son petit papa, car son anniversaire approchait à grand pas. Puis, trois garçons, plus âgés qu'elle, lui barrèrent la route. Elle les regarda, avec un sourire, ne comprenant pas pourquoi ils semblaient si agressifs. Puis, l'un d'entre eux la coinça dans un coin, bloquant le passage avec son bras, ses deux acolytes surveillant le couloir. Ce dernier toisa Emi du regard, puis fit un sourire narquois

« Alors la chintok, ça va tu t'amuses ? Tu croyais vraiment que ton père t'protégerais toujours ? Tu nous agaces, avec tes faux airs de gamine pleureuse !

Non mais ... Je …

Ta gueule ! »

Le coup partit tout seul. Un coup de poing dans le visage de la jeune fille. Elle percuta le mur, puis glissa le long de celui-ci, comme inconsciente. Pourtant, alors que le jeune garçon se tournait vers ses acolytes, un sourire fier sur son visage, une ombre noir se dressa derrière lui, et l'enveloppa soudainement, sans un bruit. Les deux autres garçons prirent leurs jambes à leur coup, tandit que celui piégé dans l'ombre commençait à suffoquer lentement, la mort s'infiltrait progressivement sous sa peau. Puis, un cri réveilla quelque chose en Emi, quelqu'un hurlait si fort et avec tant de douleur que l'ombre disparaissait peu à peu pour faire place à Emi, qui serrait de ses deux mains le cou du jeune homme qui devenait petit à petit tout bleu. La suite, Emi ne s'en rappelle pas bien.

Elle se souvient avoir entendu une voix familière -Sûrement un professeur- lui demander de le lâcher, et elle se souvient d'avoir entendu sa voix lui répondre des choses atroces, comme « Allez vous faire mettre » ou « Lâchez moi bande de cons ». Et après, le trou noir. Elle se réveilla chez son père, avec sa tête qui lui faisait atrocement mal. C'était le matin, et lorsque la belle voulut ouvrir ses rideaux, la lumière du jour l'aveugla. Elle hurla, comme si elle était brûlée, et son père accouru, la serrant fort contre lui. Puis, dans un sursaut de sanglots, elle serra fort son papa et dit

« Otosan … Qu'est ce qui m'arrive ? »


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« Monsieur, votre fille est un cas … Très particulier. Il semblerait qu'elle est atteinte d'une sorte de double personnalité, qu'elle peut probablement contrôler mais dont nous n'avions pas connaissance avant … De plus, elle a un … Un don. Mais il semblerait qu'il ne se manifeste que lorsque sa seconde personnalité prend sa place. Je suis désolé, je crois qu'elle n'a pas d'autre choix que de vivre avec. »

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« Emi, ma chérie, comment tu te sens aujourd'hui ? »

Ce fût la première phrase que son père lui dit le matin de son entrée à la Heroes'Sup. Depuis « l'incident », son père disait toujours cette phrase là comme « Bonjour » du matin. Lorsqu'elle avait su, pour son pouvoir et pour Miko -Nom chaleureux qu'elle a donné à sa seconde personnalité-, elle avait décidé d'en faire son point fort, de devenir une vraie adulte et de sauver les gens plutôt que de leur faire du mal. Elle s'était entraînée, à contrôler Miko puis à contrôler son pouvoir, mais ce n'était pas toujours simple ; souvent son père devait braver les colères de sa fille pour qu'elle revienne à la raison. Elle continuait d'aller à l'école, malgré l'incident, car elle ne voulait pas être mise de nouveau à l'écart par les autres. Son collège avait calmé le jeu en expliquant que Emi s'était simplement défendue après qu'un élève l'ai agressé -Ce qui était vrai, en partie-, et les gens l'évitaient, simplement. La rumeur de son pouvoir circulait parmi les élèves, mais elle essayait de ne pas y faire attention.

Et un jour, son père lui parla de la Heroes'Sup. Une école qui permettait aux gens ayant un « don » de pouvoir se maîtriser et l'utiliser à bon escient, tout ce que recherchait Emi'. Elle demanda la permission à son petit papa d'intégrer l'école, pour devenir forte, intelligente, et œuvrer pour le bien des gens. Elle quitta l'école, et son père et elle emménagèrent près de l'école : ainsi, son père restait proche d'elle, et se sentait plus rassuré. En tant qu'ancien militaire, il touchait suffisamment pour ne pas se soucier de ce genre de détails.

Et quelques mois plus tard, Emi arriva à la Heroes'Sup, plus motivée que jamais.

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« Mama', tu sais, je suis différente. Les gens se moquent de moi, et je pleure facilement. Mais je te promets d'utiliser le don qu'Otosan et toi m'avez donné à la naissance pour faire le bien. Je vais devenir forte, Mama', alors, de là-haut, veille sur moi, d'accord ? »