♪ Chanson thème : Ayumi Hamasaki - Don't look back ♫


Je suis Ahura-Mazda, le plus grand des Dieux. Par ma volonté, Cyrus entreprit des conquêtes. Par ma grâce, Je fis Darius Grand Roi. En mon nom, il battit des forteresses, là où il n'y en avait pas. Si tu veux savoir combien de pays détenait Darius, le Roi des rois, regarde les images qui portent son trône. Alors tu sauras que par ma volonté, la lance du guerrier perse est parvenue au loin, alors tu sauras qu'au loin de la Perse, le guerrier perse à livré bataille.

Mais avec le temps, Je sentis que l'ardeur n'habitait plus comme avant les Grands Rois qui l'étaient par ma volonté. Alors Je me suis endormi, pour ne me réveiller que lorsqu'un homme serait digne des Grands Rois qui ont jadis régné sur la Perse.

Il y a un an, Je me suis réveillé. Moi, Ahura-Mazda, le plus grand des Dieux, ce garçon, je l'ai choisi. Par ma volonté, il sera le Grand Roi, le Roi des rois, le Roi en Perse, le Roi de tous les pays.




I/ Young Aryan and proud of it


Je m'appelle Shahryar Abbas Khan, mais appelez-moi Shah si vous le souhaitez, ma famille et mes amis utilisent ce diminutif. Shahryar veut dire « grand roi » et c'est également le nom du Grand Roi dans le fameux conte des Mille et Une Nuits. Abbas vient du Grand Roi de l'époque Safavide. Ma mère s’appelle Nasrin, mon père Mehrdad et ma sœur aînée, Chéraze.


Je suis né à Téhéran il y a 15 ans. Le 6 juin pour être précis. Je crains de ne pas avoir beaucoup de choses à raconter sur mon enfance. Ainsi, je vais vous sortir les couplets habituelles, lus mille fois déjà, j'ai eu une enfance heureuse. Mes parents se sont toujours bien occupés de moi, de même pour ma sœur qui a toujours été très attentionnée vis-à-vis de moi. Mon père est prof de littérature à l'Université de Téhéran. C'est aussi un grand passionné d'Histoire, notamment de la Perse Antique. J'imagine que je lui dois mon intérêt pour cette grande et belle de notre pays. Par ricochet, il a toujours été très exigeant vis-à-vis de mes études. Si plus jeune, je pouvais trouver cela très lourd, de l'avoir constamment sur le dos, avec le recul, je pense que ce n'était pas pour rien. Il était également cela avec ma sœur.

J'imagine que c'est plus par habitude si j'ai, à une époque, pratiqué l'Islam. J'ai appris, fait les gestes, les coutumes comme tous les bons fidèles. Est-ce que j'y croyais réellement ? À une époque peut-être, mais petit à petit ma foi religieuse s'est dilué, tout comme ma foi patriotique. Au plus j'apprenais ce qu'avait été la Perse, au plus je regrettais ce qu'elle était aujourd'hui. Mon père aussi voit d'un mauvais œil les politiques actuels, mais ne le dit qu'à demi mot. Nous avons un président « modéré » maintenant. La bonne blague !  

Du reste, je n'ai pas n'anecdotes croustillantes à vous raconter. J'ai toujours été un garçon parmi tant d'autres. J'aime peu m'étendre en palabre. Pourquoi faire de longues phrases quand je peux tout résumer en une simple ? À mes 13 ans, mon père m'inscrit au Varzesh-e Bastani qu'il pratiquait également. Ce bon vieux wikipedia vous dirait que c'est un sport iranien mélangeant culturisme (même si je n'aime guère le mot pour l'image qu'il renvoie), de gym et de lutte. Le tout associé à l'idée de bravoure et de chevalerie. Autant dire que j'ai tout de suite adhéré, même si maintenant je ne prends que les valeurs auxquelles j'attache importance, je ne pratique plus la prière finale. Quoi qu'il en soit, c'est grâce à ce sport que j'ai acquis une musculature plutôt agréable pour mon âge. Je n'aime pas me vanter, mais j'avoue en être plutôt fier. Du reste, je passe mon temps libre à écouter de la musique occidentale, jouer à jeux vidéos (survival horror étant mon genre préféré), voir regarder des let's play de jeux d'horreur de youtubeurs.


II/ Don't look back


Je me permets de faire une ellipse sur ma vie banale pour vous narrer le premier épisode qui me marqua et qui me marque toujours. C'était il y a maintenant trois ans, mes parents, ma sœur et moi revenions de chez mes grands parents paternels qui habitent une petite ville non loin de la capitale. Nous étions tous quatre dans la voiture, mes parents discutaient pendant que Chéraze et moi écoutions la radio. Rien de bien extraordinaire. On avait déjà fait ce chemin des milliers de fois, sauf que cette fois là, ce fut différend.

La nuit commençait à tomber. La route était globalement calme, il y avait peu de monde, mais il ne fallut qu'un homme pour provoquer le drame. Un homme enivré par les vapeurs de l'alcool. Un homme qui arrivait par la gauche. Mon père n'eut pas le temps de réagir. Nous n'avons pas eu le temps de comprendre que déjà la voiture inconnue emboutissait la nôtre. J'ai vu ma famille se tordre de douleurs sous mes yeux, avant de perdre moi-même connaissance. La chance, ou la malchance, voulut que je m'en sorte, comme mon père et ma mère, au prix de ses jambes cependant. Pour ma sœur, les médecins usèrent d'opérations, de médicaments, firent ce qu'ils purent, mais cela ne changea rien, son destin avait été scellé, ce soir-là.

Ma sœur, elle que j'aimais tant, on me l'avait pris. Dieu, s'il existait, cet enfoiré, me l'avait pris et il fallait que je fasse avec ? Qu'il aille se faire foutre ! Mon père m'obligea à continuer de pratiquer, mais je ne pensais pas sincèrement une seule des choses que je faisais. Ce Dieu m'avait trahi. S'ouvrit une période obscure où je fis de la dépression pendant une bonne année. On m'obligea à avoir un suivi psychologique et je fus sous antidépresseur. Je pense que si mon père n'était pas aussi strict et si ma volonté de ne pas le décevoir n'était pas aussi grande, j'aurai sombré dans la drogue. Oui, c'est lâche, je sais, mais on fait comme on peut...

Je voulais aller de l'avant et je ne voulais pas le faire. Reste que je fis tant bien que mal mon deuil.


III/ Reawakening


Il y a un an, se produisit l'autre élément marquant de ma vie. Pour me changer l'esprit, mon père décida de m’emmener sur les ruines de Persépolis. J'avoue que l'idée de cette visite me fit extrêmement plaisir, mais cela aurait été davantage avec ma sœur, bien sûr.

Pendant que mon père et ma mère étaient partis d'un côté, je pris l'initiative de faire quelques pas seul. J'étais à la fois ébahi et intimidé par ce lieu. Je me remémorais les cours sur l'époque Achéménide que m'avait donné mon père, avec Darius, figure emblématique de cette époque.

Alors que j'admirais un relief montrant le Grand Roi suivi de deux serviteurs, l'un portant un parasol l'autre un chasse mouche, c'est à ce moment que m’apparut un être que je n'aurais jamais soupçonné l’existence. C'est ce jour là, qu'Ahura-Mazda m'est apparu. Je pensais d'abord à une plaisanterie, mais quand je vis Persépolis renaître pierre par pierre, reprendre de ses couleurs, de son faste, je compris qu'Il était réellement le Dieu ancien qu'Il prétendait être. Ce n'était pas des ruines, mais l'ancienne Persépolis que j'avais sous les yeux. Persépolis, le symbole même de la démesure, de l'hybris perse dans toute sa splendeur. Démesure que répugnaient les grecs. Il me fit visiter, me traduit les fresques, me raconta l'Histoire de la Perse que je connaissais déjà dans les grandes lignes, mais je pris plaisir à l'écouter parler. Surtout, il m'exposa ses plans. Moi, je serai Grand Roi ? Moi, je ramènerai la grandeur et la gloire sur la Perse ? Moi, ce garçon qui avait perdu foi en la vie et ma patrie, moi qui suis rongé par la nostalgie, ce Grand Dieu m'avait choisi ? Je lui demandai bien ce qu'il pouvait me trouver, mais il ne voulut rien me dire. Se contentant de me dire qu'il m'avait choisi et qu'il en était ainsi. Je dois avouer que je suis perplexe, je le trouve ambitieux, je ne suis pas sûr qu'il ait conscience de la réalité moderne, mais je n'ai rien à perdre. Et puis, on n'offense pas un Dieu ancien. À la fin de la visite, il me fit asseoir sur le trône. Des gens en tenue ancienne me faisaient le rituel de soumission. Il me dit qu'un jour, tout ceci serait à moi. Puis je tombai brusquement sur les fesses, Persépolis était de nouveau en ruine.

Depuis, j'ai renié définitivement l'Islam. Je pense qu'Ahura-Mazda a influé sur mon père et ma mère pour que ces derniers ne protestent pas. Parfois, Il vient me visiter et me ramène dans cette ancienne Persopélis pour m’entraîner. C'est toujours la même chose, une immense porte dorée décorée de reliefs apparaît et ouvre sur la ville Antique. Il me dit que plus tard, moi aussi je pourrai aller à ma guise par moi-même, mais pour le moment, bien que son élu, il me met à l'épreuve. Il veut être sûr que je sois bien digne. Il me fait également miroiter la multitude d'armes légendaires qui m'attend, mais pour le moment, il ne me donne la possibilité que d'invoquer la lance des Grands Rois. C'est lui-même qui m'a appris à la manier.

Pour la prochaine rentrée scolaire, Ahura-Mazda a eu une idée précise en tête. Je ne sais pas comment il en a entendu parler, mais il veut que j'aille à la Heroe's SUP. Il pense que ce sera pour moi un bon entraînement et un bon moyen de faire mes preuves. C'est donc par sa volonté que j'allai m'inscrire. Je pense qu'il influa sur mes parents pour qu'ils me laissent partir. Afin de ne pas trop les embêter financièrement, je me suis trouvé un job de vendeur dans une boutique de fringues. C'est pas passionnant, m'enfin.

Mine de rien, je me vois encore le jour de mon inscription, il y a quelques jours. Je me sentais con, le stylo à la main alors que je remplissais les papiers, la secrétaire en face de moi. Un pseudo de super héros ? Je n'y avais jamais réfléchi ! Mais soit...



Je suis Darius, le Grand Roi, le Roi des rois, le Roi en Perse, le Roi de tous les pays...