C'est un beau couple, ils doivent avoir la vingtaine, peut être un peu plus. La femme a les cheveux colorés en rose et les yeux bleus, l'homme lui, a les cheveux blonds, à la limite du blanc et les yeux marrons, avec des reflets d'une teinte qui rappelle le sang. En regardant d'un peu plus près, on peut voir qu'une petite bosse déforme le ventre dans la jeune dame. Oui, elle est enceinte.
Six mois plus tard, la même femme dont je vous ai parlé un peu plus tôt est allongé sur une table d'hôpital. Son ventre, qui était à peine rebondie, était à présent plus gros que la normale pour une femme enceinte. Elle est essoufflée, à bout de nerfs, épuisée et transpirante. Son mari, qui lui sert la main, lui donne un peu de courage. Le courage de pousser encore plus fort, et de faire sortir son enfant.
Elle sort enfin, c'est une petite fille. Elle a la tête recouverte d'un fin duvet de cheveux d'une couleur étrange : roses, comme sa mère, sauf qu'elle, c'est naturel. Le bébé pleure, sa mère aussi. Elle pensait en avoir finis avec cette épreuve pénible de leur vie, mais le médecin lui demande de pousser encore : il reste un deuxième enfant.
C'est encore une fille, de fins cheveux blancs trônent sur son crâne. Les époux se regardent en souriant, visiblement heureux que chacune de leurs filles ait hérité de leur trait.
S'occuper d'elles était épuisant. Quand l'une arrêtait de pleurer, l'autre s'y mettait, et ainsi de suite toute la nuit. Chacun s'était attribué la responsabilité d'un enfant. Le père s'occupait de Charlie, la jeune fille aux cheveux blancs et la mère s'occupait de Rosace, la petite fille aux cheveux roses.
Les jeunes filles réussirent leurs premiers pas ensemble, prononcèrent leur premier mot en même temps, elles étaient d'une synchronisation qui relevait de la télépathie.
Dans l'ensemble, les fillettes eurent une enfance heureuse. Jusqu'à leurs 6 ans. C'est à ce moment là que leurs parents découvrirent qu'elles n'étaient pas comme tout le monde. Elles possédaient toutes les deux un don.
La première à le découvrir fut Rosace. Un jour, elle tomba bêtement sur le chemin de l'école, à ce moment là, sa mère l'accompagnait. Quand elle commença à saigner, son sang bougea anormalement, comme si il possédait une conscience et une liberté de mouvement. Un éclat étrange éclaira les yeux de sa mère. Charlie aussi avait un don.
Quand un soir, les deux fillettes rentrèrent de l'école, main dans la main, leur parents étaient en train de se disputer. Ce n'était jamais arrivé auparavant. Mais là, c'était une question d'intérêt. Après la découverte des dons, leurs pères voulaient les former pour devenir des héroïnes, des femmes qui sauveront même peut être un jour le monde, elles devaient aider leur prochain, c'était normal.
Mais la mère voyait les choses d'une façon différente. Pour elle, ses filles devaient servir leur propre intérêt. Voler ou tuer, n'importe quels moyens étaient bons. Elles devaient juste exterminer ceux qui seraient en travers de leur chemins.
Suite à ça, le divorce fut inévitable. La garde de Charlie fut attribuée à son père, tandis que celle de Rosace était attribuée à sa mère. Depuis le jour du divorce, elles ne se sont jamais revues.
Peu de temps après, la mère de Rosace commença à lui laver le cerveau. Elle et sa mère étaient les deux seules représentantes du bien, tout ceux qui étaient là bas, dehors, n'étaient que des déchets, des gens qui ne méritaient pas de vivre, ou au mieux, des gens qui pouvaient lui servir comme tremplin pour avoir ce qu'elle désirait.
Le temps passa, cela faisait bientôt quatre ans que Rosace n'était pas sortie de l'appartement luxueux qui lui servait de prison. Sa mère travaillait le jour, et la nuit, après avoir dormi suffisamment elle reprenait l'éducation de sa fille. Rosace n'allait pas à l'école, sa mère lui apprenait tout avec les livres. Quand elle ne tuait pas de petits animaux, l'enfant lisait pour apprendre et maintenir le niveau d'une fille de son âge, c'est à dire 10 ans.
Huit ans plus tard : Depuis ces dernières années, Rosace n'est jamais sortie dehors, elle avait toujours regardé avec dégoût depuis sa fenêtre. Elle slalome entre les passants, prenant soin de les éviter.
Aujourd'hui, elle porte un uniforme. Elle retourne à l'école, parmi ces déchets qui ne méritent pas son attention. Elle a encore de vagues souvenir de son enfance, mais elle y pense rarement. Quand elle le fait, elle se demande comme elle a pu être aussi naïve. Heureusement que sa mère est là, et qu'elle l'est toujours pour la soutenir, elle, sa seule alliée dans son monde de dérangés.