•Une plume peut faire pencher la balance•
« D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des ailes. » souffla-t-elle doucement entre ses lèvres roses. Même si, dans les faits, elle n'avait que peu de souvenirs concernant son enfance. Qu'est-ce-que ça peut avoir d'anormal ? Qui se souvient franchement des premières années de sa vie ? Certains auraient pu dire que c'était un moment important, quand les ailes sont apparues, que c'est quelque chose qui s'oublie pas. Pourtant, nada. Pour Mirabelle, elle était née avec une paire d'ailes duveteuses accrochées dans le dos, point.
A la ligne.
C'est vrai que c'était pas des jolies ailes, au début. Pas vraiment de plumes, ouai, du duvet. Ça fait assez monstrueux, la logique veut que des ailes, comme les oiseaux, c'est pour voler et que donc par conséquent, il faut des plumes. Mais en effet, les petits poussins se retrouvent rarement avec des parures de paon. Pardon : jamais. Il aura fallu le temps que ça pousse pour ressembler à quelque chose de cohérent. Elle se rappelle même de la joie euphorismique ressentie lorsque son père lui annonça qu'il venait de voir sa première plume sous l'aile droite.
- De la joie ... comment ? -
« Euphorismique ! »
- Euphorique. -
« Oui bon, c'est pareil, euphorique. »
En y repensant sérieusement, son père ne fut jamais choqué par cette paire d'ailes. Normal, me direz-vous, c'est son père. Scientifique qui plus est, très intelligent, il devait pouvoir tout expliquer. Quand bien même, Mirabelle finit par comprendre qu'avoir des attributs de piaf, c'était pas le plus naturel du monde. Elle compris aussi que c'était la raison pour laquelle son père ne la laissait pas sortir de la demeure familiale. Immense propriété , soit-dit en passant. Ses cours se passaient à domicile, promulguées par son père ou bien par ses collègues et confrères qui venaient tous les jours, seules autres personnes que Mirabelle avait le droit de côtoyer. Eux non plus n'étaient pas surpris. Elle était encadrée strictement à la fois médicalement et socialement. Elle avait parfois l'impression qu'ils la regardaient d'un peu trop près, tout en notant sur leurs calepins en faisant un crissement désagréable du crayon sur le papier.
-Vous étiez...étudiée?-
« Bien sûr que j'étudiais! Je sais même que l'H2O c'est de l'eau! Parce qu'il y a O dedans! Je ne suis pas une fille bête ! »
-Non, vous. Est-ce que ces hommes vous étudiaient ? -
« ... Je comprends pas. Arrêtes de dire des bêtises ! »
-... Poursuivez.-
Mirabelle gonfla les joues un bref instant avec une moue agacée puis continua. C'est vrai que parfois, ils avaient l'air de vrais petits rats de laboratoire avec leurs grosses lunettes moches. Mais elle n'a jamais su ce qu'ils écrivaient vraiment sur ces calepins c'était des mots compliqués, trop compliqués. C'était moche. Alors, elle n'a pas cherché à comprendre pourquoi ces hommes de sciences venaient tous les jours comme ça. Son père lui avait dit que c'était parce qu'il fallait prendre soin d'elle et donc qu'ils prenaient des notes pour s'assurer qu'elle grandissait bien. Cette explication, aussi simpliste soit-elle, lui suffisait amplement. Très souvent, ils allaient s'enfermer dans des bureaux installés au sous-sol et où Mirabelle n'avait pas le droit d'aller et ils y restaient des heures durant. Certains ne repartaient que la nuit tombée, alors que la fillette dormait. Elle le savait, car le lendemain, ces mêmes personnes avaient de grandes cernes d'avoir travaillé si tard. Son père aussi avait parfois les grosses cernes. Alors, elle lui apportait des glaçons pris dans le réfrigérateur dans des serviettes pour qu'il les mette sur ses yeux.
-C'est votre mère qui vous a apprit ça ?-
«Non, je l'ai entendu à la télé. »
-Oh, mais vous n'avez pas encore parlé de votre génitrice.-
« Ma ..Quoi ?! »
-...Votre maman.-
«...Oh... ça ! »
Mirabelle eut beau réfléchir très fort, elle ne parvint pas à se rappeler de quelque figure maternelle dans son enfance. Elle supposa qu'elle n'avait pas dû la connaitre assez pour s'en souvenir. Mais, dans les collègues qui venaient travailler avec son père, il y avait des femmes. C'était en quelque sorte ses mamans. Enfin, son père faisait son possible pour combler le moindre manque qu'elle aurait pu ressentir. Ce ne fut pas très difficile quand il réalisa que sa fille avait un gout très prononcé pour les contes. Puis, plus tard, pour les comics. Elle avait beaucoup d'imagination comme en ont les enfants et savait s'évader sans soucis. On aurait pu croire qu'elle n'avait pas eu d'enfance épanouie des causes de son enfermement, mais non. Elle aura toujours été très heureuse. Alors, certes, elle ne connaissait pas de jeunes de son âge. Cela ne l'empêchait tout de même pas de s'amuser joyeusement. En plus, ce n'est pas comme si elle avait été très seule. Les confrères de son père étaient parfois assez nombreux ! Et certains étaient très drôles. Mirabelle se souvenait notamment d'un... comment il s'appelait déjà ... Bonjean ! Son nom la faisait tellement rire, en le reversant, ça faisait Jambon ! D'ailleurs, elle avait tendance à l'appeler ainsi. Il devenait toujours rouge jusqu'à sa grosse moustache et toussait dans sa blouse. Il y avait aussi cette femme. Son nom, par contre, Mirabelle l'a oublié. Elle était tellement belle et immense aussi ! Du moins, à l'époque, elle avait l'air vraiment grande de son point de vue. Elle avait de jolies boucles rousses avec lesquelles Mirabelle adorait jouer. En plus, elle lui parlait toujours de l'actualité dans le monde. C'était beaucoup plus amusant que d'écouter les informations à la télé, surtout que parfois, dans la télé, ils utilisaient des mots vraiment trop compliqués. C'est avec ces scientifiques et son père qu'elle a apprit à voler.
Un frémissement glacé parcourut le dos de Mirabelle rien que d'y penser.
-A l'époque, vous n'aviez pas le vertige ? -
« Ah ça non! Et j'adorais voler ! Puis il y a eu un jour, je suis allée trop haut, alors que mon père me disait de pas le faire parce que ça pouvait être dangereux, c'était dans la grande bibliothèque, je sais pas vraiment ce qu'il s'est passé, j'ai pensé en regardant en bas que si je tombais, je pouvais me faire mal. Ça m'a fait peur, mes ailes se sont figées et pouf. »
- Pouf ..?-
«.. Baaaah, je me suis écrasée. Résultat: une jambe dans le plâtre pendant huit mois ! C'est super long huit mois ! »
- C'est à partir de là que votre phobie est apparue ? -
« Carrément ! »
- Et vous n'avez plus essayé de voler ? -
« J'ai essayéééé ...un peu ... pour faire plaisir à mon père. Il dit que ça serait bien pour moi que je vole à nouveau. Mais j'suis ...bloquée. C'est ça le mot, bloquée. C'est pour ça que j'suis là aussi ! Il pense qu'un psycholojoleur ça peut m'aider. »
- Psychologue. -
«Oui bon, c'est pareil hein ! »
- Et ça ne vous manque pas ? -
« Quoi? Bah non que tu manques pas, t'es devant moi ! »
- Je parle du fait de voler. -
Mirabelle tapota l'extrémité de ses doigts contre sa joue « Nan. »
- Non ? -
« Trop de flippe à l'idée de tomber encore. Et puis, tu sais, mon père, il m'a dit un jour qu'il s'en est fallu d'une plume pour mes ailes. Une plume, et j'en aurai pas eu. J'aime bien cette expression. »
Une plume et elle aurait été normale comme tout enfant normale. Au final, c'était pour elle comme une certaine malformation. Tout en trouvant plus joli de se retrouver avec des ailes que siamoise ou avec treize doigts. C'est peut-être pour ça que sa mère est partie aussi. Il y a des gens comme ça, ils craignent, c'est pas leur faute, ça leur fait peur. Et d'autres, le fait de craindre les rend méchants. C'est pour ça que son père ne pouvait pas la laisser sortir. C'était pour la protéger. En sachant ça, Mirabelle n'avait même plus l'envie d'aller à l'extérieur. Elle savait que c'était grand. Mais elle savait aussi que ça lui faisait peur.
•Quand les anges sont tombés•
Il y a certaines réalités qu'elle ne pouvait pas connaitre. Au delà des murs de la maison qui la protégeaient, il y avait des façades, invisibles, qui gardaient ses pensées. Si son père et ses collègues la laissaient s'informer au sujet du monde et de ce qui l'attendrait le jour où elle sortirait, elle n'avait jamais eu beaucoup d'informations sur elle-même, sur sa famille. Enfin, elle avait son père, mais outre sa présence, elle ne connaissait personne et pas une réponse ne fut donnée face à ses questions. Il y avait donc des mensonges, mais étaient-ils condamnables dans la mesure où ils étaient promulgués dans le cadre de sa protection ? Malheureusement, les mensonges, aussi bien camouflés soit-ils, finissent toujours par s’effriter. Les premières lueurs qui commencèrent à s'échapper des fissures apparurent vers ses neuf ou dix ans. Mirabelle eut un mal de tête particulièrement terrible ce jour-là, son père s'en est beaucoup inquiété ainsi que les confrères présents. Il est bien heureusement passé assez rapidement mais, la petite fille ailée dû garder le lit pendant plusieurs jours. Et, un matin, tandis que son père lui apportait le petit déjeuner, elle le regarda d'un air étrange. Le grand homme lui demanda ce qui n'allait pas. Sa fille le questionna alors, avec ses grands yeux .
« "Papa, est ce que tu vas te laisser pousser les cheveux comme quand tu étais jeune ?" »
- Je croyais que vous n'aviez jamais vu de photo de lui, jeune. -
« J'en ai jamais vu. »
-... Mais alors, comment saviez-vous...-
« J'sais pas. »
- Vous ne saviez pas ? -
« Je sais pas je t'ai dit. Je sais qu'il avait les cheveux longs. Mais je sais pas. Enfin, je sais pas mais je sais. Ou plutôt, je sais pas comment je sais ça. » Mirabelle se prit la tête entre ses mains en s'agitant sur son siège, geignant «...Raaaaaah! C'est trop compliqué! Tu m'énerves avec tes questions ! »
- Pardon, pardon, calmez-vous. Alors ... comment a-t-il prit ceci ? -
« Archi surprit. »
- C'est normal. -
« Et super heureux après. »
-...Pardon ? Heureux ? -
« Ouai, enfin, c'est l'impression que j'ai eu. Il m'a eu l'air content. Alors ça m'a rendu contente aussi. Je peux continuer ? »
Depuis cette fois-là Mirabelle a eu et a encore quelques fois certaines sortes de ...Flash qui lui viennent. Ce n'est pas de la voyance, ni de la prémonition ou quoique soit de ce genre. Se sont des images, des instants, qu'elle se souvient avoir vécu alors que dans sa posture, c'était totalement impossible. Un voyage dans l'Eglise de Sel en Pologne, un visage d'enfant qu'elle n'a pas pu avoir connu, le stress d'un examen dans une salle bondée d'élèves, un plat épicé vraisemblablement étranger sur lequel elle ne peut pas mettre de nom. Tant de choses incompréhensibles. Mirabelle finit par se dire qu'il s'agissait de choses qu'elle avait pu voir à la télévision alors qu'elle était toute petite. En parlant de télévision, c'est aussi vers cette période là que commencèrent à se faire connaitre au monde les personnes avec des capacités particulière. Non seulement elle l'avait vu aux informations, mais en plus, elle entendit plusieurs fois son père et ses collègues en parler avec anxiété sans savoir d'où pouvait provenir cette inquiétude. Elle saisit parfois les mots "sortie" et "adaptation". Il lui sembla aussi que son père revint plus souvent qu'à l'ordinaire avec des cernes sous les yeux le matin. De son côté, elle continuait son existence paisible entre les murs rassurants de la propriété.
Les fissures se multiplièrent quelques années plus tard, alors que Mirabelle avait encore grandi. Elle pouvait à présent veiller un peu plus tard et elle avait trouvé le goût de suivre les confrères de son père jusqu'aux frontières de leurs bureaux, à l'entrée du sous-sol. Généralement, elle se faisait remarquer, comme la discrétion n'était pas son fort et on la ramenait à sa chambre en lui disant d'arrêter de jouer par ici parce que ça dérangeait les chercheurs.
Pourtant, la curiosité devint trop forte. La jeune fille réussi à piquer une carte d'accès dans la poche de la blouse d'un scientifique tandis que celui-ci finissait de l'examiner. Elle était excitée comme une puce, c'était si amusant ! Elle pouvait faire comme les espions dans les films, avec une musique à suspense, il ne faut pas oublier la musique à suspense. Alors, dès qu'elle cru l'entrée libre, elle s'y glissa et ouvrit la porte mécanique avant de s'engouffrer dans les profondeurs de la propriété. Etant donné le nombres de scientifiques qui faisaient des allers et retours dans la maison, Mirabelle se doutait que les bureaux devaient être grands ...mais elle ne savait pas à quel point. Elle fut soufflée de découvrir des couloirs interminables avec des salles d'expérimentations qui s'enfonçaient toujours plus profond sous terre. Sa maison était en fait un véritable laboratoire. Force de précautions, évitant les collègues de son père qui passaient parfois, elle trouva finalement le bureau de son père et y entra. Il y avait énormément de documents éparpillés un peu partout. Elle a fouillé, sans doute accentué le désordre de la pièce et dans certaines pochettes, elle trouva des radios, les siennes. Mirabelle s'amusa à regarder son ossature. Puis, elle trouva des documents traitant de ses analyses, trop compliqués, elle les abandonna dans un coin. C'est alors que sur le bureau, elle remarqua une photographie. Grimpant sur le fauteuil de son père, s'y installant, la demoiselle ailée l’attrapa.
« C'était moi ! »
- Vous ? -
« Enfin, c'est ce que je me suis dit au début. Mais c'était une personne bien plus âgée. C'était vraiment très drôle ! »
A ce moment là, son père, essoufflé, entra dans le bureau en trombe. Mirabelle eu peur au début, elle ne savait pas qu'il y avait des caméras de surveillance dans ces locaux souterrains et elle pensait que son père la gronderait pour s'y être introduite. La fille reposa la photo et commença à s'excuser mais la colère de l'adulte à laquelle elle s'attendait ne vint pas. Il soupira et alla frotter les cheveux de Mirabelle qui resta surprise avec une petite moue accrochée aux lèvres. En prenant tout son courage dans ses minuscules mains, elle demanda si c'était sa mère sur la photo.
« En quelques sorte. »
- C'est ce qu'il vous a répondu ? -
« Ouai, puis quand je lui ai demandé où elle était, il m'a dit qu'elle était morte avant ma naissance, la bonne blague ! »
Un long silence pesant se fit dans la pièce, seulement perturbé par le claquement régulier du pendule de bois. Le psychologue demeurait interloqué par ce qu'il venait d'entendre. Il gratta d'une main tremblante son crâne dégarni.
- ...avant...votre... naissance ? -
La blonde éclata joyeusement de rire « Ne vous en faites pas ! Je ne l'ai jamais cru. Je sais très bien que c'est pas possible ! Je suis pas bête quand même ! »
- ...o..oh hum ...et bien ...poursuivez. -
« Alors, il m'a demandé si j'avais compris ... »
- ..Et vous avez répondu ? -
« Je lui ai dit que non bien sûr ! Tous ces trucs scientifitrologiques sont vraiment trop compliqués et ennuyeux ! J'crois qu'il a été déçu. »
- ...Je vois... -
Après ça, Mirabelle ne retourna plus dans les laboratoires. Elle avait bien vu que c'était immense et entre la peur de se perdre là-dedans (sans pouvoir semer des miettes de pain sur le sol parce qu'on l'aurait grondée) et le fait que c'était des trucs super complexes de scientifiques retenter une visite en cachette ne l'a réjouissait pas plus que ça. Ce n'est que encore plus tard qu'elle commença à entendre parler de son hypothétique percée vers l'extérieur. C'est amusant de constater que les deux personnes les moins enchantées par cette idée étaient elle-même et son père. Il semblait que les gens du dehors commençaient à s'habituer à la présence de personnes pour le moins... peu habituelles. Ce fut difficile à accepter et il y eut de grandes discussions.
- Quand eut lieu votre première ...sortie ? -
« Je m'en souviens comme si c'était hier ! Mais c'était pas vraiment hier hein, façon de parler. Je venais d'avoir seize ans ! »
- Vous vous êtes sentie comment ? -
« Flippée à moooooooooooooooooooooooort ! Mais après, j'étais heureuse. J'ai pu marcher dans le jardin de la propriété, c'était la première fois que je voyais des arbres, ce genre de trucs, en vrai ! Enfin, j'avais déjà vu vous savez, ces arbres asiatiques là, les ...banzai je crois, mais dans des pots. »
- Des Bonsaï. -
« C'est pareil ! Donc à partir de ce moment-là j'ai commencé à sortir, mais pas bien loin et jamais toute seule. C'était presque toujours mon père qui m'accompagnait. Quand j'ai eu dix-huit ans, y a l'idée de partir dans une autre ville qui fut soulevée. Pour que je commence à vivre quoi, normalement, avec un travail ce genre de choses. Chez moi, j'avais suivit un cursus en couture ! C'est tellement cool les vêtements ! Alors, mon père et moi, on est partis. ça m'a fait un gros coup au coeur tu sais ! Et on est allés vivre dans une petite ville où j'ai fait mes premières expériences de travail ! » Mirabelle leva le nez fièrement puis elle continua, agitant la main avec une petite moue. « On avait quelques désaccords avec mon père quand même. Surtout au niveau de mes ailes . »
- C'est vrai que... enfin ...elles sont ...voyantes ... -
Un sourire illumina le visage de la blondinette « N'est-ce-pas ?? Papa disait qu'il fallait que je les cache, mais j'ai toujours détesté ça ! Alors forcééééément les gens étaient un peu surpris. Parfois, certains croyaient que c'était des fausses, non mais GENRE quoi, des fausses ! Alors que sérieux, elles sont pas trop kawai mes ailes ? »
- ... kaw...pardon ? -
« C'est comme ça qu'ils disent mignon les japonais . Franchement, c'est pas le truc le plus adorable que t'as jamais vu ? ! Hein ?! »
- Ahem ....oui oui ... -
Elle agita les bras « Ah bah voilàààààà ! Mais ça, papa, il a jamais voulu le comprendre. Pour lui il fallait de la discrétion parce que c'était mieux blablablablabla ... » en singeant une bouche qui parle avec sa main. « Puis, on a entendu parler de cette ville. J'ai immédiatement voulu venir ! J'étais sûre de trouver des gens comme moi ici ! »
- Vous habitez ici depuis ...-
« ça va faire trois ans maintenant ! »
- Vous savez qu'il y a une école qu... -
Mirabelle le coupa en agitant la tête, secouant ses longs cheveux « J'sais et ça m’intéresse pas. J'veux pas être une héroïne . Mais c'est trop SUPER ARCHI COOL que je puisse peut être rencontrer un jour un vrai héros ! J'ai tellement hâte ! » Elle se dandinait sur son fauteuil avant de se reprendre « Ah, et papa ne vit plus avec moi . J'ai décidé ça parce je devais vraiment souvent m'occuper de lui et parfois, il est lourd. Vraiment, y a des fois où j'ai l'impression d'être sa femme ! » ponctué d'un rire « Et c'est pas comme si on était séparés, il pense à venir habiter ici lui aussi et il m'appelle pratiquement tous les jours pour savoir comment je vais. Il est vraiment protecteur . Mais c'est comme ça qu'il est génial. »
L'horloge sonna les cinq heures de l'après-midi. Mirabelle sursauta avant retourner son visage vers le psychologue « Ah bah, j'crois que c'est fini. C'était pas une mauvaise idée finalement. » Elle se levait déjà de son siège « A la prochaine ! » Et elle fila en riant, le pas léger d'un oiseau, les ailes s'agitant de contentement tandis que l'homme n'eut même pas le temps de lui souhaiter l'au-revoir. Il soupira en observant les quelques plumes blanches qui flottaient dans la pièce. Épuisante cliente.