« Et surtout, lisez bien toute la documentation ! » me balança la secrétaire dans un sourire aimable, qui ne l'avait pas quittée tout le long de mon inscription, en me tendant une pochette qui contenait un ensemble de documents. Le parfait attirail du nouveau j'imagine. Je lui fis un sourire, un de ces sourires qui voulait dire « mais oui, je vais la lire ta paperasse ! ». Un au revoir plus tard, voilà que je me retrouvais dans le couloir où les futurs élèves attendaient l'heure de leur rendez-vous pour s'inscrire. Je passais devant celui qui s'était senti obligé de me faire la discussion en attendant l'heure de mon passage. « Ça a été ? » Je me retins de soupirer. Mec, c'était une inscription, pas un entretien ! « Oui. » lâchai-je simplement. « Cool ! Ah, c'est à mon tour, à plus ! » Ouais, à plus, c'est ça. « Bye ! » Ce garçon n'était pas méchant, mais en 10 minutes il avait réussi l'incroyable exploit de me faire son autobiographie. Typiquement le genre de dude qui aime s'entendre parler. Bref.

Je me retrouvais dans le jardin, plutôt joli. En fait, l'ensemble des bâtiments avaient une belle structure. Au moins, le lieu donnait envie d'être ici. Restait à voir si la qualité de l'enseignement était à la hauteur de cette façade. J'étais arrivé de Téhéran la veille pour m'inscrire ce jour-là. À dire le vrai, je n'avais jamais songé à devenir un héros. Pour ça, il faudrait que j'ai foi en quelque chose. Avais-je encore foi en quelque chose ? Je ne le savais pas. J'imagine qu'il devait bien y avoir un petit quelque chose en moi, sinon je ne vois pas pourquoi un Dieu ancien serait venu me voir pour faire de moi son élu. Ou alors, peut-être qu'Il était juste désespéré et qu'Il a pris le premier dude passant par là qui avait quelques connaissances sur la Perse Antique. Tout de même, cette hypothèse me semblait peu probable. Ça faisait maintenant une bonne année qu'Ahura-Mazda m'avait choisi et Il ne me semblait pas être du genre à prendre des décisions sans réfléchir. « Moi, Ahura-Mazda, par ma volonté, tu iras à la héroe's SUP à la rentrée. Cette école sera pour toi un bon endroit pour t’entraîner et te mettre à l’épreuve » qu'Il m'avait dit, il y a quelques mois. Soit, par sa volonté, Heroe's SUP, me voilà !

Je m'assis sur le premier banc venu à l'ombre. Il y avait un grand soleil ce jour-là. Je posais la pochette en carton à côté de moi pour remonter les manches de ma veste beige. En dessous, un t-shirt jaune avec un imprimé, accompagné d'un jean bermuda effet usé, des baskets marron, des bracelets au poignet droit et une grosse bague à l'annulaire gauche. Certains trouveraient ça bling bling, peut-être, disons que c'est la fameuse démesure perse ! Encore que, je me trouvais très soft à côté d'Ahura-Mazda. Je pris de nouveau la pochette dans mes mains, elle avait une grande photo de l'établissement sur le devant. J'ouvris pour voir le contenu, à savoir un ensemble de feuilles, mon exemple de l'inscription, un plan, le règlement, et d'autres trucs pour « bien débuter ses études à la Heroe's SUP ». Ouaip, c'était bel et bien la paperasse du bon petit newsbie. Je jetai un coup d’œil au plan, ça, ça pouvait s'avérer intéressant. Je le dépliai et essayai de trouver le bon sens. Je m'adossai contre le banc, ramenant ma jambe gauche sur la droite en mode décontracte, tout en alternant coup d’œil sur le plan et sur les alentours. Punaise, il allait me falloir un temps d'adaptation. Et encore, il fallait étagement que je visite la ville !

Je continuai mon exploration du plan, peinard sur le banc à l’abri des feuilles, quand la voix d'Ahura-Mazda résonna dans ma tête. Il avait deux manières d'entrer en contact avec moi, soit Il se manifestait physiquement, soit Il se contentait de me parler dans mon esprit. Bon, dis comme ça, ça peut sembler bizarre, mais j'imagine que vous voyez ce que je veux dire. Bref. Il me disait qu'il percevait une présence étrange dans les parages. Il m'avait déjà expliqué qu'un Dieu reconnaît toujours un autre Dieu, de même pour les créatures légendaires. En l’occurrence, ce n'était pas un Dieu... plus une bête. Hum, okey, et je peux avoir je sais pas moi, un indice, une clef pour savoir de quelles bestioles il s'agit ? Il n'avait jamais rencontré cette bête, elle était cachée, mais se rapprochait. J'entendais effectivement des pas. La chose avait-elle remarqué la présence de l'aura divine qui me touchait ? Était-elle aussi curieuse pour moi, que moi à son sujet ? Je fis mine de continuer mon activité, tellement passionnante, de repérage sur le plan. La chose s'arrêta. Je finis par lâcher « À qui ai-je l'honneur ? », tout en gardant mon air imperturbable et continuant mon activité.

Restait une question en suspend, amie ou ennemie ?

Le réveil sonna, strident. Et comme tous les matins, ça me met de mauvaise humeur d'entendre ça dès sept heures du matin. Et comme tous les matins, je gueule sur cette foutue machine qui interrompt mes nuits avec de lui donner un grand coup pour la faire taire. Je me suis paresseusement extirpé de mon lit pour aller prendre une douche froide pour me réveiller. C'est très efficace sur un chien de ma trempe. Puis je me suis habillé avec une chemisette noire, simple avec quelques sangles décoratives et un jean slim foncé sur lequel je laisse retomber mes bretelles orange. Pour les chaussures, mes rangers adorées ! J'ai ajouté quelques bracelets et colliers pour embellir le tout et voilà.
Je suis tranquillement sorti de ma chambre où je suis seul pour l'instant. Mais j'aimerais bien trouver des colocataires, ça pourrait être amusant et puis, je me sentirais moins seul. Je me suis dirigé vers le réfectoire pour prendre mon petit déjeuner en compagnie de plusieurs autres internes. On discutait tranquillement et l'un d'eux lança: "C'est aujourd'hui que s'inscrivent les nouveaux !" Puis s'en est suivit un débat dont le but était de deviner combien, comment, ils seraient, quels seraient leurs pouvoirs et je ne sais plus quoi d'autre car je n'écoutais pas trop. Peu importe comment ils sont, c'est une occasion de voir de nouvelles têtes.
J'ai fini mon petit-déjeuner en vitesse pour pouvoir aller flâner un peu avant le début des cours. J'aime bien marcher sans but. Et en plus il fait beau et doux. J'ai quitté le réfectoire, vérifié vite fait si j'avais tout dans mon sac. Une fois le checking effectué, j'ai pris le chemin du jardin, c'est l'endroit que je préfère dans la Heroe's SUP. Calme, reposant, on y est tellement bien. Alors que je déambulais tranquillement dans les petites allées du jardin. J'ai aperçu un élève assis sur un banc. J'ai reconnu sur ses genoux les pochettes avec toutes la paperasse que l'on donne aux nouveaux (paperasse que je n'ai jamais lue d'ailleurs). Je me suis approché de lui, avec mon habituel sourire. Et sans quitter son papier des yeux, il me demanda, impassible à qui il avait affaire.
Étrange comme comportement. Mais j'ai répondu avec bonne humeur : "Je m'appelle Dante, je suis interne ici. Tu es nouveau toi, je me trompe ?" Ai-je demandé en montrant sa pochette. "Tu vas voir au début ça paraît super grand, mais on s'y retrouve vite", ai-je ajouté amical.
Il ne répondit pas, il ne semblait même pas m'avoir entendu. Je me demandais comment il allait réagir. J'ai peut-être été trop avenant avec lui.

Dante donc. J'avoue que je ne pus m'empêcher de penser au Dante de Devil May Cry, mais passons ! À dire vrai, s'il avait répondu à ma question et c'était présenté, restait la principale question de savoir qu'elle était la nature que percevait Ahura-Mazda, mais je me voyais mal lui demandait cash « qu'es-tu ? » ou de manière plus agréable à l'oreille « quel est ton don ? ». Si j'étais curieux de connaître ce qui se cachait en lui, je ne voulais pas paraître impoli non plus. En tout cas, Ahura-Mazda me confirma que la présence qu'Il ressentait venait bien de lui.

Attention, captain Obvious était parmi nous. Un garçon assis sur un banc regardant un plan des lieux et avec la pochette pour les nouveaux à ces côtés, je me demandais bien comment il avait deviné ! « En effet. » répondis-je avec mon habituelle répartie succincte. Ce n'était pas contre lui, mais j'avais toujours été du genre à parler peu. Les longs discours m'ennuyaient et ce n'était pas près de changer. Il voulut me rassurer en précisant que même si les lieux peuvent paraître grands au début, on finit par s'y habituer. Oui, il avait sûrement raison. Après tout, ça fait toujours ça quand on change d'établissement. J'étais d'autant plus dépaysé que je venais pour la première fois de ma vie aux State. « J'imagine que c'est une question d'habitude. »

Restait qu'il ne semblait pas offensif, Ahura-Mazda ne décelait pas en lui d'envie belliciste et mine de rien, il était venu à l'encontre d'un nouveau, ce qui est très gentil de sa part. Je tournai enfin mon regard vers lui. J'avais affaire à un grand dude aux cheveux blonds. Heureusement d'ailleurs, avec ses vêtements sombres, avoir des cheveux noirs lui auraient donné l'allure d'un corbeau. Néanmoins, ce look lui allait bien, c'était stylé. Même si je ne pouvais réellement voir, sa corpulence trahissait sûrement un corps athlétique.

Mine de rien, s'il s'était prêté au jeu de se présenter, je ne l'avais toujours pas fait. Je lui tendis ma main droite, pour lui serrer la sienne. « Je m'appelle Shahryar Abbas. » Présentation faite, je pliais le plan pour le ranger dans la masse de papier. « Il y a réellement des gens qui lisent tout ça ? » dis-je en regardant un instant la quantité de documents qu'il y avait dans la pochette. Pendant que je rangeais le plan, je fis tomber sans le faire exprès une feuille. Pour le moment, j'avais été affecté dans une chambre d'un des bâtiments des internes, cependant, j'avais une semaine pour éventuellement demander à intégrer une chambre avec des collocs. La feuille servait à faire ladite demande. En soi, je n'avais rien contre, mais je ne connaissais personne. Je pouvais toujours demander à intégrer une chambre mixte sans faire de demande particulière que m'avait dit la dame, dans ce cas, c'est l'administration qui me placerait dans une chambre pour la compléter. Sinon, il y avait bien sûr toujours la possibilité de rester dans la chambre que j'avais pour le moment. Bref. Je me penchai pour ramasser la feuille et je la plaçais sur le haut. J'imagine que le garçon eut le temps de voir de quelle feuille il s'agissait avant que je ne referme la pochette.

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire amusé quand Dante m'avoua ne jamais avoir lu la paperasse. En même temps, je ne sais pas à quoi s'attendait la scolarité en faisant autant de papiers. Alors certes, ça part d'un bon sentiment, à côté de la paperasse administrative ô combien pénible, il y a des trucs pour découvrir l'établissement, mais sérieux entre lire et aller explorer par soi-même, la première option n'est pas la fun qui soit. En fait, l'attitude de la secrétaire m'avait un peu fait penser aux « condition d'utilisation » sur les logiciels ou autres applications. ZE truc par excellence qu'on lit jamais et qu'on s'empresse de cliquer sur « accepter » pour avoir accès au contenu.

La suite m'étonna pour deux raisons. Premièrement il m’appela « Shah », ce que je ne lui reproche absolument pas. J'ai bien conscience que les prénoms persans doivent être exotiques pour tous ceux n'y étant pas familier, et puis, c'était mon surnom habituel. Mais je ne pensais pas qu'il l'utiliserait alors qu'on ne se connaît pas, même si sur le principe, je n'ai rien contre. Il est probable que je lui aurai dit de m'appeler de la sorte, d'ailleurs. Deuxième chose, ayant vu le papier administratif sur la colocation de chambres, il me proposa de m’accueillir dans la sienne. Ceci alors qu'il ne me connaissait pas, je trouvais ça à la fois gentil et étonnant. Je ne m'attendais pas à être accueilli de la sorte. «« Tu prendrais un colocataire que tu ne connais pas ? » répondis-je simplement. Remarque, que ce soit ça ou l'administration qui me choisisse un coloc, il n'y avait pas tant de différence. De plus, j'étais toujours curieux de connaître son don. « Si tu n'as rien contre la fumée de cigarette, pourquoi pas. »

Alors oui, je sais, la cigarette, c'est le Mal ! Pour ma défense, je dirai que je ne fume qu’occasionnellement. Et puis, si je me suis laissé tenté il y a quelques temps, c'est pas tant pour faire « comme tout le monde », mais plus pour le symbole que représentait les Lucky Strike. La marque de cigarette que je fume. Les Lucky, c'est le symbole même de la culture américaine et par ricochet, de l'américanisation. Or, les US sont les ennemis actuelles de l'Iran. Avoir accepté de fumer quand le grand-frère d'un pote m'avait proposé, c'était une manière de dire un bon gros fuck à cette société iranienne actuelle que je supportais pas. Alors oui, c'est pas avec ça qu'on va aller loin, mais à 14 ans, on milite comme on peut vous savez. L’Amérique et sa culture, tout ça s'évaporer de la fumée des Lucky Strike.

Il s'étira avant de me proposer son aide, connaissant le campus « comme sa poche ». Il était vraiment du genre avenant envers quelqu'un qu'il ne connaissait pas. À côté de lui qui était si souriant, j'avoue que je devais être le parfait contraste, à être si impassible. Cela dit, j'étais toujours comme ça, donc bon. « Et bien, j'en ai terminé avec la paperasse. J'aurai juste la feuille de coloc à rendre. Je pensais faire un tour des lieux, mais je ne veux pas te déranger. »


HRP : Si tu penses faire visiter le coin à Shah, tu peux partir du principe dans ta réponse qu'il suivra Dante. ^^

« Non, je ne fume pas comme un pompier. Je t’empoisonnerai pas, promis.» répondis-je pour le rassurer. Je me fendis même d'un sourire, histoire de rompre momentanément avec mon poker face habituel. En fait, j'étais un fumeur occasionnel quoi. Je pouvais très bien fumer trois clopes en une journée comme ne rien fumer pendant quelques jours. Sans essayer d'arrêter, j'essayais de ne pas augmenter on va dire. Je préférais quand même le prévenir, surtout s'il ne supportait vraiment pas l'odeur de la fumée, je ne pouvais pas lui imposer ça. Au pire, si la disposition de la chambre le permet, je me mettrai près de la fenêtre et je n'aurai plus qu'à l'ouvrir pour fumer sans déranger mon voisin. Ensuite, pour tout ce qui était musique ou jeux, j'avais un super casque qui délivrait un son de vraiment bonne qualité, donc ce ne serait pas un problème de ce côté-là non plus. Une petite chose attira ma curiosité, mais je ne relevais pas pour ne pas l'embêter. Que voulait-il dire par travail en « club » ?

Je voyais que ce Dante était un grand comique. Il rit quand je lui dis que j'en avais terminé avec la paperasse pour aujourd'hui. Remarque, il avait raison, pourquoi se prendre la tête ? J'avais toujours eu une sainte horreur de la paperasse !

J'eus à peine le temps de me lever du banc qu'il s'empressa de préciser qu'il n'avait rien de particulier à faire et que donc, il se ferait une joie de me faire découvrir. Bon, si vraiment ça le dérangeait pas, pourquoi pas ? « Et bien, d'accord. » J'allais pas faire mon gros asocial dès le jour de l'inscription quand même ! D'autant plus que j'étais déjà son « petit Shah », en à peine 5 minutes de discussion. Et bah ! Remarque, par rapport à lui, j'étais certes plus petit. La pochette à la main droite, j'entrepris donc de suivre Dante pour explorer les lieux. On se dirigeait vers le manoir pour commencer. Certes j'en venais mais j'avais vu que le secrétariat.

La cour fut vite traversée et nous arrivages dans le hall du manoir. Une grande pièce éclairée et vraiment belle. J'étais déjà passé par ici en arrivant. Il faut avouer que lorsque vous venez pour la première fois dans ce lieu, ça en jette. Le hall débouché sur des couloirs, des portes et un escalier. Visiblement, Dante voulait commencer par me montrer les parties administratives avec certes le secrétariat, mais aussi les bureaux du directeur et de la vice directrice, pour ensuite me montrer les dortoirs. J'avoue que je ne savais pas trop quoi dire. Je me contentais donc d'écouter Dante quand il avait un commentaire à faire et parfois je ponctuais d'un « d'accord » ou d'un « je vois ». On passa donc devant les bureaux, puis on se dirigea vers les dortoirs.

« Excuse moi, si je ne parle pas beaucoup, ce n'est pas contre toi hein ! J'ai jamais été un grand bavard. » finis-je par déclarer alors que l'on était dans le couloir qui menait à l'aile du dortoir. C'était vraiment sympa de sa part de me faire visiter, donc je voulais pas qu'il pense qu'il m'emmerdait. Je repensais à ce que m'avait dit Ahura-Mazda. Peut-être que lui il se moquait de savoir qui était son colocataire, moi aussi dans un sens, cela m'importait peu, mais dans le cas précis, je voulais vraiment en savoir plus sur ce qu'il était. Histoire de savoir à qui j'avais affaire. Je profitais que nous étions seuls dans le couloir pour m'engager sur ce sujet. « Tout à l'heure, avant même que je te vois, je savais que tu te dirigeais vers moi. » commençais-je à dire, tout en continuant de marcher et regardant devant moi. S'il se demandait comment j'avais pu lui demander à qui j'avais l'honneur avant de daigner le regarder, cela lui répondrait. « J'ai « ressenti » ta présence, disons que c'est une des facettes de mon don. Je peux reconnaître une divinité ou une créature mythologique. » Et comme je savais qu'il n'était pas une divinité et n'étais pas non plus en contact avec une divinité, il ne restait que la 2e option. « Quelle créature se cache en toi ? » Ouais, cash ! Le pire, c'est que je lui avais demandé ça le plus normalement du monde, en continuant de marcher dans le couloir à ses côtés, le regard toujours devant moi, comme j'aurai pu lui demander tout autre chose.

Au moins, là, je parlais.

Une fois dans le manoir, j'ai montré l'emplacement des bureaux à Shahryar. Je ne suis pas un élève spécialement sage mais mes petits débordements ne m'ont jamais fait atterrir chez la vice-principale, encore heureux. Je n'ai pas non plus noyé le petit sous des tonnes d'anecdotes et de détails, ce n'était ni essentiel, ni vraiment intéressant. Je me contentais d'aller à l'essentiel. Ensuite, nous sommes montés jusque dans l'aile des chambres. Dans le couloir, Shah s'excusa de ne pas trop parler. «T'inquiète», ai je répondu. «Ils faut des gens qui parlent pas beaucoup.» Alors que je continuait en montrant diverses chambres d'élèves que je connaissait, mon petit Shah retrouva sa langue en déclarant toujours aussi impassible qu'il savait que je venais vers lui sans même me voir, tout à l'heure au jardin. J'ai arqué les sourcils, quelque peu surpris, puis il m'expliqua que son don lui permettait entre autre de sentir la présence de créature mythologique et autre divinité. Puis, le regard toujours droit devant lui, il me demanda quel genre de créature se cachait en moi. J'ai été désarçonné un instant. Il demande ça, très normalement... Enfin, sur ce ton on demande des trucs du genre «Est-ce que la bouffe de la cafét' est bonne ?» ou encore «Est-ce que les professeurs donnent beaucoup de leçons ?». Pas des trucs aussi intimes ! Bien sûr, j'ai gardé tout ça pour moi et me suis simplement contenter de répondre: «Je suis lié au Cerbère.» Je lui ai en même temps montré le dos de ma main gauche où se trouvait mon sceau, qui représente Cerbère dans un pentacle où sont inscrites des formules en grec ancien.

Ensuite, on est passé devant ma chambre. J'en ai donc profité pour lui montré la disposition d'une chambre mixte basique : les quatre lits, les quatre bureaux et la salle de bain (avec deux cabines de douche, deux lavabos et des toilettes). J'ai commencé à expliquer : «Alors moi,je dors dans le lit dans le coin là-bas, loin de la fenêtre par contre, mon bureau c'est celui qui est sous la fenêtre» J'ai successivement montré mon lit et mon bureau. Sur mon lit, quelques fringues et ma peluche (oui, j'ai un doudou !) sur mon bureau, le gros bordel avec toutes mes affaires de cours partout. J'en ai aussi profité pour fermer mon placard blindé de tonnes de vêtements et aussi le tiroir de ma table de nuit (alias mon jardin secret). Sharhyar jeta un œil au mur sur lequel j'avais collé posters et affiches et fait un canard en post-it (y a des jours où il faut tuer le temps). «Si ce n'est pas à ton goût je retirerais tout», ai-je dis face à son absence de réaction. Mais ce ne serais pas facile. J'aime beaucoup mes affiches de rock et mes posters de bd, cartoons... Et mon canard aussi !

Nous avons ensuite quitté la chambre. Puis j'ai entraîné mon petit Shah au foyer, là où sont nos casier et ou sont disposés quelques tables; à la bibliothèque; dans la véranda, un endroit que j'aime beaucoup «C'est agréable d'y boire un café avant d'aller bosser», ai-je dit à Shah. «Surtout que je bosse de nuit en ce moment», ai-je ajouté. Et j'ai fini par un mon endroit préféré dans tout le manoir : l'observatoire. Y a presque jamais personne ici, je peux donc y rester tranquille à ne rien faire pendant des heures et des heures. J'ai levé les yeux pour observer le ciel à travers les larges vitres. Du bleu à perte de vue. «Ce serait drôle de pouvoir mettre ce que l'on veut dans le ciel ! Des nuages, des avions et même des licornes !», me suis-je exclamé avec le sourire. Ah si l'on pouvait faire ce que l'on veut... La vie serait bien plus simple.

J'imaginais bien que la manière dont j'avais posé la question pouvait étonner ce brave Dante. Je lui aurai demandé à quelle heure on commençait le matin que mon ton aurait été le même. Ce ton imperturbable qui devait me donner un air faussement distant et nonchalant. Encore heureux que le persan, langue chantante, me donnait un accent teinté d'orient. J'imagine que cela devait éviter de me donner une voix trop monocorde. Mais qu'importe le ton, dans le fond, dans une école de personnes ayant un don, la question restait banale non ? Ainsi, je ne trouvais pas cela indiscret. Dante n'eut pas l'air outré plus que ça, puisqu'il me répondit. Cependant, pour le coup, ce fut lui le peu bavard. Cerbère donc ? Intéressant. Voilà donc qui répondait à la sensation de présence bestiale que ressentait Ahura-Mazda. Il me montra même son sceau qui se trouva sur sa main, comme quoi, il ne m'en voulait pas plus que ça. Je pris machinalement sa main pour regarder ledit sceau. Il y avait des inscriptions dans ce qui ressemblait à du grec, mais je n'en étais pas sûr. « Je vois » dis-je simplement. Reste que je me demandais si Cerbère pouvait ressentir l'aura d'Ahura-Mazda, mais je jugeai bon de ne pas harceler le blond de questions.

Je voulus ensuite lui expliquer un peu plus mon don, comme il m'avait parlé du sien, je trouvais ça normal et surtout équitable. Après, tout, Ahura-Mazda ne m'avait jamais dit qu'il fallait que je garde le secret et puis, mon don est inscrit sur mon dossier. Ceci dit, il retrouva sa langue bien pendu en me faisant visiter sa chambre. Je l'écoutais tout en regardant successivement son lit puis son bureau quand il me les montra. Théoriquement, c'est pas très poli de regarder chez les gens, mais dans la mesure où on allait se partager la chambre, je laissai donc mon regard flâner sur la pièce. Visiblement, Dante n'était pas un maniaque du rangement, mais  n'étant pas spécialement mieux, on ferait au moins la paire de ce côté-là. Encore que, je devais être moins pire que lui, tout de même. Le doudou et le canard de plastic m'arrachèrent un sourire. Il faut avouer que le contraste entre le doudou, qui renvoie à des choses douces et sucrés (comment ça, des clichés ?), et de voir que celui qui le possédait était un garçon grand et sûrement bien finement sculpté, était amusant. « Non, non, n'enlève rien. » Surtout que j'afficherai sûrement quelques trucs dans mon coin.

L'expédition dans la chambre terminée, Dante continua de me faire le tour du propriétaire. On passa donc au foyer, à la bibliothèque, dans la véranda où il fait bon prendre un café avant les cours dixit le blond. Il m’apprit également qu'il travaillait de nuit. Il avait du courage dis donc ! Ensuite, nous allâmes à l'observatoire, le lieu préféré de mon guide. En regardant le ciel à travers les vitres, Dante eu le genre de réflexions que l'on a lorsque l'on regarde les étoiles et que l'on est émerveillés par ces dernières. Des licornes ? « Quelle virilité ! » ironisai-je, taquin, en regardant Dante dans un sourire amusé. En tout cas, c'était sûr qu'à la nuit tombée, on devait avoir un formidable spectacle ici. Puisqu'on parlait de nuit. « Tu as du courage de travailler de nuit en tout cas. Tu travailles où ? J'ai un entretien demain chez Shirt & Owl, une boutique de fringues dans le centre-ville. On verra bien. » J'avais commencé à chercher avant d'arriver sur le sol américain, même si mon père pouvait m'aider, je voulais pas non plus trop dépendre de lui. « En tout cas, merci de la visite, c'est très gentil ! Si tu veux toujours d'un perse blasé comme moi en guise de coloc, je déposerai la feuille sur le retour. » Je lui offris un sourire amical.

Un bar gay donc. Okey. D'accord. Hum... Un bar quoi ? À la réponse de Dante, j'eus ce sourire, vous savez, celui qui mélange l'amusement, la surprise et la gêne. Je m'attendais à tout sauf à ça. Ne vous méprenez pas, je n'ai rien de spécial contre l'homosexualité, nous sommes au XXIe siècle après tout. Ceci dit, de prime abord, ça me fait toujours un peu bizarre, c'est vrai. Il faut dire qu'en Iran, l'homosexualité n'existe légalement pas. Honnêtement, je ne savais même pas que ce type de bar pouvait exister. Ceci dit, ça me montrait l'ouverture d'esprit des US et ça, ça me plaisait et ne faisait que mon conforter dans l'idée que les choses devaient changer en Iran. Donc même si cela m'étonna sur le coup, cela ne m'empêcherait pas non plus de partager la chambre avec Dante. Mais... cela voulait-il dire qu'il l'était ? M'enfin, qui étais-je pour en parler ? Après tout, je n'avais jamais eu d'attirance, que ce soit pour les garçons comme pour les filles. En fait, j'y pensais pas trop quoi. « D'accord » me contentai-je de répondre.

Nous allâmes ensuite de nouveau au secrétariat pour que je puisse donner la feuille de colocation à la secrétaire. Dante préféra m'attendre à l’extérieur du bureau, ce que je compris aisément, c'est toujours pénible l'administration. Je lui fis juste signer ce qu'il devait signer, afin de prouver qu'il était bien d'accord. « Ça, c'est fait. » lâchai-je en sortant du bureau tout en rangeant dans ma poche la clef qu'elle m'avait donné. Et bien, j'en avais définitivement finit avec la paperasse. Finalement, ça aura été plus vite que je le pensais.

Ensuite, le blond s'attela à me montrer le bâtiment apprentissage avec notamment les classes. « Je vais aller récupérer ma valise dans la première chambre qu'on m'avait attribué. La secrétaire a dit que ça serait bien que je libère la chambre aujourd'hui pour la laisser à d'autres. » Ce qui semble logique ma foi. J'avais deux valises et ma sacoche de PC. Afin de me préparer psychologiquement à ce qui m'attendait, Dante se sentit de me prévenir de ses mauvaises habitudes. « T'en fais pas pour le bordel, je ne suis pas beaucoup mieux. » le rassurai-je. Ceci dit, le deuxième point m'étonna un peu plus. Je levai un sourcil. Donc ce brave Dante était du genre pas très pudique. Je me sentis d'humeur à lui faire ce bon mot « Je vois que tu n'as pas choisi le métier de strip teaser pour rien ! », sur le ton de l'humour. « Si tu oublis, je te le rappellerai. Ne te sens pas obligé de me prouver ta virilité. » Je sais pas pourquoi, mais je sentais que j'allai à l'avenir regretter de l'avoir taquiné...

Bon, c'est bien de plaisanter, mais mes valises n'allaient pas venir d'elles-mêmes dans ma nouvelle chambre. « Sur ces belles paroles, je vais chercher mes valises, mais je voudrai pas abuser de ta gentillesse. Te sens pas obligé de m'accompagner si tu as d'autres choses à faire. » Ce que je comprendrai parfaitement et puis, mes valises avaient des roulettes, donc même seul j'y arriverai. Manifestement, il voulait bien m'accompagner. Nous allâmes donc à la chambre où était mes deux valises et ma sacoche PC. Sur le chemin du retour, j'allai au secrétariat rendre les clefs de l'ancienne chambre. « Merci du coup de main. » dis-je à Dante en entrant dans ma nouvelle chambre. Je posai la sacoche sur un lit, celui à l'opposé de Dante et la valise à côté du lit. « Ça te va si je prends celui-là ? » Être à l'opposé l'un de l'autre permettait de garder un espace vitale et surtout, je fumerai pas directement sous son nez quoi. Même si dans le fond, je pensais pas que ça faisait une grande différence de ce côté-là.

Shah me dit juste qu'il voulait récupérer ses valises dans sa chambre initiale. Puis il me rassura quant au bordel. Chouette, un copain désordonné. Je sens que la chambre va être un véritable champ de bataille. Puis quant à ma sale manie de dormir à poil et de me balader sans rien le matin, il m'a dit qu'il me rappellerait de m'habiller et que je n'était pas obligé de "lui prouver ma virilité". «Ah, parce que j'ai l'air d'une nana et je dois prouver que je suis un homme ?!», bien sûr j'ai dit cela en faisant semblant d'être offusqué, bien sûr. Mais quand même, j'ai pas l'air d'une fille.

Nous nous sommes donc rendu dans sa première chambre pour y prendre ses valises. J'en ai pris une, pour lui donner un coup de main. J'espère qu'il ne me trouve pas trop collant. C'est vrai quoi, il est nouveau et je lui demande direct s'il veut pas être mon coloc, je lui fait la visite et je le fais s'installer dans la chambre. Enfin, si je l'embêtait il me l'aurait dit. Je pense... Mais je ne veux en aucun cas le harceler, juste l'aider à bien s'installer dans la Heroe's SUP. Et puis c'est l'occasion de se faire des nouveaux copains !

Une fois arrivés dans ma chambre, Shah prit l'initiative de prendre le lit à l'opposé du mien. Ce qui m'arrangeait j'ai besoin d'un minimum d'espace pour étaler mon bordel. Et puis ce serait un peu flippant s'il tenait à tout faire juste à côté de moi.
«Si t'as choisi, prend tes aises.», lui dis-je simplement en posant sa valise près de son lit. «Tu peux commencer à tout ranger ou juste te reposer et si c'est le cas n'hésite pas à me virer.» C'est vrai que ça me dérangerait un peu étant donné que je n'ai rien à faire à part réviser ou jouer aux jeux vidéos ou faire d'autres trucs. J'ai donc rajouté «Enfin peut être pas me virer, juste me demander de me cacher sous ma couette et de ne plus bouger...» Peu importe ce qu'il a envie de faire, je suis toujours prêt à lui donner un coup de main. Au moins, ç'a le mérite de m'occuper et de montrer que je suis pas méchant.

J'ai ensuite saisi mon ordinateur portable (qui est vieux et tout pourri mais je peux pas m'en racheter un pour l'instant) juste histoire vérifier mes mails mais rien. Pas une réponse à aucun de mes mails de candidature et si je me retrouve pas un boulot avant la fin de mon contrat, je suis mal. J'ai besoin d'une paye, ne serait-ce que pour payer les frais de la Heroe's et je n'ai pas du tout envie de piocher dans mes si précieuses économies si durement acquise et que je met de côté depuis des années afin de me payer la moto de mes rêves (une Harley !). J'ai poussé un long soupir. «Bon bah on dirait que je vais devoir relancer dans les établissement où je n'ai pas envies de travailler...», me suis-je contenté de lâcher. Youpi.

Oh non, pas besoin de me prouver qu'il était un homme, je n'y tenais pas spécialement. Toujours est-il qu'il m'aida à récupérer mes valises. Il posa celle qu'il avait pris à côté de l'autre. Manifestement, que je prenne ce coin de la chambre lui convenait. En même temps, c'était judicieux, de la sorte, chacun aurait son petit espace. J'enlevai ma veste et la posai sur le lit.

Je regardais mes valises. J'imagine que le contenu n'allait pas ce ranger de lui-même, non ? Dommage ! Dante me dit que je pouvais le virer si je comptais me reposer, ou du moins, lui demander de se cacher sous la couette. C'est vrai que le décalage horaire me pesait, mais si je faisais une sieste maintenant, à mon réveil, j'aurai encore plus la flemme de ranger mes affaires, donc c'était pas particulièrement judicieux. « Non t'inquiète, je vais juste commencer à ranger mes affaires. »

Je jetai un œil au bureau à côté du lit, il était plutôt grand, avec pas mal d'étagères. Manifestement, il était conçu pour pouvoir accueillir un ordinateur fixe. J'avais un PC portable, mais l'aménagement du bureau m'arrangeait. J'aime bien jouer aux jeux vidéos, mais c'est vrai que dans une chambre de coloc, c'est pas toujours facile de trouver la place, là j'aurai qu'à mettre ma petite TV à la place du moniteur et la PS3 à la place de la tour. Enfin, je demanderai au préalable à Dante si ça le dérange pas. Pendant qu'il était sur son PC, j'entrepris de sortir le mien. Puisque je l'avais eu pour mon anniv, mon ancien commençait à souffrir, il était neuf. J'allai pas pirater la NASA avec, mais il était assez puissant pour pouvoir jouer dessus. Et surtout, il pourrait durer assez longtemps comme ça. Je le sortais de sa housse pour le mettre sur le bureau, idem pour la souris et la batterie quand Dante dit qu'il n'avait pas reçu de réponses à ses candidatures. Visiblement, il serait obligé de chercher dans des secteurs qu'il n'aime pas. Pendant que je rangeai la housse sous le lit, je lui demandais. « Tu avais postulé où ? » Je lui aurai bien demandé aussi où il allait devoir postuler, mais je crois que j'avais peur de la réponse.

J'entrepris maintenant d'ouvrir une de mes valises. J'allai ranger les vêtements dans l'armoire à côté. Ce que c'est chiant de ranger quand même, je comprenais pourquoi je le faisais pas toujours ! J'ouvris la poche intérieure de la valise, j'avais mis différentes petites choses. Je commençais par prendre mon cendrier qui était emballé dans du papier bulle. J'avais eu peur qu'il ne se casse dans le transport, comme il était en céramique. Il était rectangulaire, les bords étaient peint de telle façon de rappeler la savane et au centre, il y avait une antilope. Je l'aimais bien, je le trouvais joli. Ceci dit, c'est vrai qu'il était ouvert. « Si tu préfères, j’achèterai un cendrier qui peut se fermer. » Dis-je au blond. Je sortais quelques paquets de cigarettes - Lucky Strike, évidemment - que j'avais amené et que je mis dans un tiroir, puis les chargeurs de mon portable et de mon iPod que je rangeai aussi dans un tiroir. Il y avait aussi mon casque dans cette poche intérieure, il m'avait coûté un bras et j'avais dû économiser un certain temps, mais je ne regrettai pas l'achat, le son était juste excellent. Limite c'était plus agréable d'écouter de la musique et jouer aux jeux vidéos avec tellement le rendu du son était parfait. Ça me rappelait ce que je voulais demander à Dante. « Au fait, ça te dérange si j'installe ma PS3 et ma télé ? J'ai un casque bien sûr. » Ou comment passer pour un geek qui a besoin de sa dose de jeu vidéo pour survivre. M'enfin, j'assumais ! J'avais dis ça en me retournant vers Dante, le casque à la main. Main que j'avais levé pour le lui montrer. Au moins, il serait assuré qu'il serait pas dérangé par le son.

Les mésaventures de Dante pour trouver du boulot n'était pas des plus rassurantes. J’espérai que j'aurai plus de chance que lui. Je me voyais pas réduit à travailler dans une boite de strip gay. Remarque, n'étant pas majeur, la question ne se posait sûrement pas. Je lui adressai une moue compatissante.

Ensuite, il m'assura que ce n'était pas la peine de changer de cendrier. Dans un sens, tant mieux, parce que je l'aimais bien celui-ci. Après tout, comme il le disait lui-même, c'était une putain de gazelle. Ça ne le dérangeait pas non plus pour la console et la TV, il ajouta même qu'on pourrait se faire des soirées films. « Je regarde peu de films, mais pourquoi pas. En fait, je me sers de la télé principalement pour jouer à la PS3. » lui avouai-je. Là, c'était bon, j'allai définitivement passer pour un geek. Ceci dit, c'est vrai qu'à part pour ça, je regardai assez peu la télé. Les émissions de télé réalité à la con m'intéresse pas et les quelques séries que je regarde, je le fais sur internet, donc bon.

Pendant que je m'attelais à installer les différents câbles de la console et de la TV que j'avais posé sur le bureau, Dante finissait de se morfaler de gâteau à l'abricot. J'avoue que c'est pas mon parfum préféré, je suis plus gâteau au chocolat ou à la fraise personnellement. Quand il eut fini, Dante jugea bon de se mettre au travaille et visiblement, il aimait bien le faire en écoutant de la musique. Voilà une méthode que je trouvai bien étrange, je travaillais au calme moi. Remarque, j'avais jamais non plus essayer en écoutant de la musique. Quant à savoir si cela me dérangeait. « Du moment que tu mets de la bonne musique. Mais si tu mets du Carly Rae Jepsen, là je ne réponds plus de moi ! » Venant d'un mec qui avait tout juste 15 ans à un dude qui devait bien avoir la majorité sinon plus, ça devait prêter à sourire, mais faut pas déconner non plus. La pop commerciale, c'était pas mon trip. J'étais plus Green Day, Depeche Mod, Linkin Park, The Offspring etc, des trucs cool quoi. Une fois, une amie avait jugé bon de vouloir me faire découvrir la « k-pop », j'ai failli défaillir...

Je laissai Dante à ses exercices et je finissais de mon côté les rangements. J'ouvris l'armoire et y rangea les fringues. Je me dépêchai, c'était assez relou comme ça, inutile de faire durer le plaisir hein ! Ceci fait, je finis de sortir des chaussures – qui étaient dans des sacs plastiques pour pas salir –  et quelques petites trucs qui restaient dans les valises que je rangeai un peu au hasard, je verrai plus tard au pire, puis je fermai les valises vides et ma housse de PC avant de les poser sous le lit.

Jugeant que je méritai une pause, je m'assis sur mon lit. J'extirpai de ma poche mon portable, pas de messages. En même temps, avec ma famille et mes amis d'Iran, c'était plus par mail et/ou skype que j'allai communiquer maintenant. Je le posai ensuite sur le bureau en étirant le bras. Je regardai un peu la chambre et la déco made in Dante. Je ne pus m'empêcher d'avoir un sourire amusé en voyant de nouveau ce canard en post-it. Là-dessus, il me prit l'envie d'en griller une. J'avais pas fumé la veille ni cette journée jusqu'à présent, donc je m'y autorisai. Je pris ma veste que j'avais jeté sur le lit pour en extirper cendrier de poche, zippo et forcément, mon paquet en cours. C'était des Red en l’occurrence, mais j'avais d'autres paquets de leur gamme. Néanmoins, c'était une « édition limitée », comme Lucky avait l'habitude d'en faire de temps à autre, sur la couverture du paquet, on pouvait donc voir une charleston dans un cabaret. J'aimais bien collectionner les paquets de ces éditions limitées. Je mis le cendrier de poche... dans ma poche – si, je vous assure, mais de mon jean, puis je me levai et me dirigeai vers la fenêtre et donc, vers Dante puisque son bureau était à côté. J'ouvris donc la fenêtre, puis me retournant vers Dante en ouvrant le paquet – qui ne m'avait pas quitté des mains comme le zippo – dans un « pop ». Je savais qu'il ne m'en restait plus que de deux. « T'en veux une ? » demandai-je à Dante. Je n'étais pas certain que de lui proposer de s’empoissonner était une idée particulièrement judicieuse, mais bon, il paraît que proposer des clopes était un geste de sociabilité. Quoi qu'il en soit, s'il acceptait je lui tendrai le paquet pour le laisser en prendre une puis lui allumerai avec mon zippo. Sinon, bah, tant pis ! Toujours était-il que moi, j'en pris une, la porta à mes lèvres et l'alluma.

Zippo + Cendrier de poche:

Des fétichistes de petites cuillères ? « Va savoir. » J'expulsai de la fumée avant de faire tomber des cendres dans la gazelle pendant que Dante regardait ma collection. Quant aux nombre de paquets. « 22 en comptant celui-là. Certains m'ont été donnés. » Le blond me dit également que je pouvais fumer dans l'observatoire, mais seulement avec le prof d'astronomie qui taxait des clopes. Wouat ze fuque ? « Sérieux ? » lui demandais-je. L'idée qu'un prof tolère la cigarette dans un endroit de l'établissement, pire, qu'il en profit pour en demander était plutôt peu banale. Quand mon coloc eut fini de regarder, je repris la boite pour la ranger dans le bureau.

Il y a quand même un truc qui m'intriguait, comment on pouvait lier de force une créature mythologique à un être humain ? Après tout, ces créatures sont puissantes. Certes, ce ne sont pas des Dieux, mais quand même. Cerbère n'est pas n'importe quelle créature, je trouvais cela étonnant que quelqu'un ou quelque chose ait pu l'imposer à Dante. Vous allez me dire, dans un sens, Ahura-Mazda c'est imposé à moi, certes. Cependant, il l'a fait de son propre chef, ce n'est pas une personne extérieure qui lui a imposé de me choisir. « Si ce n'est pas indiscret, comment on a pu t'imposer un lien avec Cerbère ? » Voilà, c'était demandé, après, s'il ne souhaitait pas me répondre, je comprendrais.

Je pris une nouvelle fois ma clope pour pouvoir expulser la fumée. « Au fait, sympa la musique. » J'avisai les DVDs qu'il avait posé sur son bureau pour me montrer ce qu'il avait quand on a parlé de se faire des soirées films. Je me dirigeai donc vers son bureau pour regarder ce qu'il avait, après tout, il les avait sortis pour ça. Un premier, puis un second, puis un troisième. « Je connais aucun de ces films, c'est fou ! » Ah, petite chose que Dante finirait par remarquer à la longue, j'aimais beaucoup les expressions « c'est fou » ou « c'est terrible ». Bref.

HRP:

Étrange ce professeur, étrange. M'enfin, c'était toujours bon à savoir, j'aurai l'occasion de constater ça par moi-même. En espérant qu'il me taxe pas toutes mes Luckies. Ouais, je trouvais ça vraiment étrange comme attitude pour un prof. Autre chose de bien étrange, la façon dont on aurait imposé Cerbère à Dante. Ceci aurait été fait par des scientifiques en plus ! Ils devaient être sacrément doués pour arriver à forcer une créature mythologique à un humain sans son consentement. Et sacrément culottés aussi. Je n'étais pas étonné plus que ça quand le blond me dit qu'ils étaient morts aujourd'hui. Il faut être respectueux vis-à-vis du divin et des créatures mythologiques. C'est comme si on avait forcé Ahura-Mazda à se lier à moi, je doutais qu'Il ce soit laisser faire. Mais ce n'était pas le même type de connexion, de ce que m'expliquer Dante, n'était pas le même. Lui il pouvait invoquer Cerbère, comme s'il était en lui. Ahura-Mazda n'était pas en moi et je pouvais encore moins l'invoquer. Je me voyais mal d'ailleurs, invoquer un Dieu comme un pokémon. Faudrait-il une divine ball ? Ahura-Mazda continuait ses activités et me contactait quand Il en avait envie. Visiblement, Cerbère n'était pas gêné par Dante donc la cohabitation, à défaut d'être voulu, semblait cordial. « Je vois. » Ou l'art de répondre en deux mots à tout ce qu'il venait de me dire.

Il enchaîna avec les films que je ne connaissais pas, proposant de se faire des soirées d'autres élèves. Pourquoi pas, ça pouvait être sympa. Surtout que je ne connaissais personne donc ça pouvait être un bon moyen de connaître des gens. En espérant juste qu'ils n'attendent pas de moi que je parle trop et pour ne rien dire. Les gens bavards ne me dérangeaient pas (de trop), tant qu'ils ne me forçaient pas à m’épancher en palabres. « Oui, ça peut être cool. » Je pris ma cigarette pour expulser de la fumée puis j'allai faire tomber la cendre dans la gazelle. C'est à ce moment qu'il eut un mot louche avec une attitude louche. « Euh... » J'imagine que mon regard devait afficher un magnifique mélange d'incompréhension et d'étonnement. J'ai rien contre ces choses là hein, mais outre le fait que je n'y suis pas habitué, je suis quand même sacrément plus jeune que lui. Ou alors. Ou alors, c'était un pedobear et il aimait justement les jeunes garçons de mon âge. Ce qui expliquerait pourquoi il était si gentil et m'avait proposé sa chambre. Étais-je sa nouvelle victime ? Ce scénario me semblait tout de même tiré par les cheveux. Ou alors, il essayait juste de me taquiner. Oui, ce devait être ça. Ce ne pouvait être que ça ! « Tu aurais pu me prévenir que tu es un pedobear avant que j’emménage dans ta chambre, quand même. » finis-je par répondre le plus calmement du monde.

Bref. Un autre sujet de conversation, vite ! J'avais noté qu'il avait fait des ronds avec la fumée, c'est classe. Je savais pas faire ça. Faut dire que j'avais jamais essayé non plus. « Tu fais comment, les ronds avec la fumée ? C'est classe. » Voilà comment je changeai, l'air de rien, la conversation. Like a boss.

C'était consciemment et délibérément, que j'ai superbement ignoré son compliment. Surtout dans ce contexte ! Certes, il venait de m'assurer qu'il tenait plus du gros toutou affectueux que de l'ours violeur d'enfants, mais bon. Déjà de base, je sais pas trop comment réagir quand on dit que je suis mignon, alors qu'en en plus, ça vient d'un garçon ! Et puis, je suis pas mignon, je suis un mâle virile moi, non mais oh ! Comme il ne sembla pas insister et me montra plutôt comment s'y prendre pour faire les ronds de fumée. J'étais sauvé. Pour cette fois. J'avais le pré sentiment qu'il ne consentait à arrêter de me taquiner pour le moment, seulement pour mieux reprendre plus tard...

Je m’attelai donc à essayer de faire des ronds de fumée. Ma foi, c'était pas trop trop compliqué. Mes ronds étaient pas aussi jolies que les siens, mais je les trouvais pas trop mal pour un premier essai. Visiblement, Dante était aussi de cet avis puisqu'il me lança que je m'en sortais bien. Héhé.

Après un autre rond, je déposai de la cendre dans la gazelle, pendant que... Dante eut l'envie de regarder vêtements. Oui, oui. J'aurai pu faire mon outré, qu'on fouille ainsi dans mes fringues, m'enfin, j'allai pas déclencher la 3e guerre mondiale pour ça. Et puis, même si je trouvais ça étonnant sur le coup, parce que j'aurais jamais pensé trouver une personne comme lui dès mon arrivée, dans le fond, il était sympa. J'étais sûr que je m'entendrai bien avec lui. Dante est cool et semble le genre de personne qui se prend pas la tête pour des conneries et j'aimais bien ce genre de personne. J'étais persuadé aussi qu'il allait s'amuser à me faire chier mais bon, ça encore, c'est pas bien méchant. En tout cas, mes fringues semblait lui plaire. « Merci. » répondis-je simplement au compliment. Même mes boxers lui plaisaient. Hum... Quoi ? « Hey ! Ça, tu étais pas obligé de regarder ! » Bon certes, à l'avenir, on allait sûrement être amené à ce voir en boxer, genre le matin, mais quand même ! Décidément, la colocation avec lui, ça promettait...

Après avoir pris soin de ranger mes vêtements, le grand blond me proposa d'aller manger. C'est vrai que je commençais à avoir faim également, mais il était déjà l'heure ? Je sortis mon portable, 19h13. Et bien, cette première journée était passé bien vite ! Faut dire qu'on avait déjà passé un moment de l'aprem à visiter l'endroit. « Bonne idée, j'ai faim aussi. » J'écrasai le mégot dans le cendrier avant d'aller fermer la fenêtre.

Nous nous dirigeâmes donc faire le self pour manger. En marchant, la question fatidique me vint à l'esprit. Comment était la bouffe ici ? « Dis moi, c'est bon ? » Je me doutais bien que ce serait pas de la cuisine gastronomique cinq étoiles, mais entre ça et le steak aussi dur que de la semelle, il y a un juste milieu. M'enfin, je me consolais en me disant que ce serait jamais pire que la cuisine de mon ancienne école. En général, je mangeais pas au self, mais quand je pouvais pas faire autrement, j'étais bien obligé et vraiment, c'est pas terrible ! Après, c'est sûr que pour moi, la meilleure cuisine au monde restait celle de ma mère ! Qu'est-ce que je donnerai pas pour de bons kabab koobideh ba gojeh, des brochettes de viandes hachés.

Nous voilà arrivé, rapide coup d’œil. Oui bon, ça ressemble à un self lambda quoi. Je pris plateau et couverts avant de me mettre dans la file. En entrée, je pris de la macédoine, puis du blanc de poulet avec du riz et un yaourt au chocolat. Un bonjour et merci plus tard aux gens qui servaient, je suivis Dante pour le laisser choisir une table.

Une fois installés à ladite table, je lui lançai un « Bon ap ! »

HRP:

Le moment était donc venu de goûter à la nourriture qui allait devoir me rassasier les trois prochaines années. Alors, la macédoine, ouais, ça allait. Idem pour le poulet et le riez n'était pas collé – chose notable puisqu'il m'était déjà arrivé de voir du riz collé dans un self, et le désert, ça allait aussi. Bon finalement, je pense que je devrai pouvoir manger correctement ici. Évidemment, rien ne remplacera la cuisine de ma mère, mais au moins, je pourrai manger à ma faim. « Ça va, c'est pas mauvais. » En parlant de manger à sa faim, justement, il semblerait que Dante soit un petit – grand plutôt – morfalou ! Il se leva pour prendre du rab de riz. En ce qui me concerne, ce que j'avais pris me suffisait pour ce soir, mais c'était bon à noter qu'on pouvait prendre du rab. « Morfale ! » lui lançai-je pour le taquiner. Comment j'avais connu l'Heroe's ? « Il faudrait poser la question à Ahura-Mazda, c'est lui qui m'a dit de venir ici pour m'entrainer. » On finit par amener nos plateaux à la plonge, puis nous regagnâmes notre chambré.

Une fois rentré, je m'assis sur mon lit en baillant. Je n'allai pas geeker sur le PC ce soir-là, j'avais du sommeil à rattraper, à cause du décalage horaire, si je voulais être fais et pimpant le lendemain. Il sortit une housse de vêtement de son placard et la fourra dans son sac avec d'autres choses. Il m'avertit qu'il bossait ce soir, j'en déduis que le vêtement dans la housse devait être son costume de scène ou un truc dans le genre. 4 ou 5 heures ? Et beh... « Ne t'en fais pas, quand je dors, une tornade pourrait passer que je me réveillerai pas. » le rassurai-je. C'était encore plus vrai ce soir-là que j'étais bien dead. « Tu as du courage en tout cas ! » Déjà que travailler de nuit, ça doit être bien pénible, mais alors, travailler de nuit pour ça, ça doit l'être encore plus. J’espérai pour lui qu'il finirait par trouver quelque chose de plus intéressant.

« Fais gaffe à toi. » On sait jamais, il pourrait tomber sur des types louches qui ne se contenterait pas d'un strip... Même si vu sa carrure, je pense qu'il pouvait se montrer dissuasif. Je laissai donc là-dessus mon coloc partir au bagne, pendant que je disais que j'irai au lit après avoir pris une douche. Hop, je jetai mes fringues pêle-mêle sur mon lit avant de partir dans la salle de bain. Les dents brossées, je filai sous la douche. Ah, que ça faisait du bien une bonne douche chaude ! J'avoue profitai un peu de me délaisser, puis je sortis. Pyjama, check ! Je jetai un œil à mon portable, histoire de vérifier si j'avais pas de textos. Remarque, je doutais que mes amis d'Iran m'enverraient des textos aux States. Je rangeai ma veste dans mon armoire et mis le reste dans un sac pour le linge sale que je glissai ensuite sous le lit puis... dodo ! Je m'allongeai dans mon lit.

J'eus à peine le temps de me dire « je m'endors », que déjà je rejoignais les bras de Morphée.

HRP: