Pour une fois que je voulais genre juste rien savoir ! [Kay & Shin-Mu ~]

Everyday routine is boring, especially during summer.

Cette chaleur infernale qui s'en prend directement à ta peau, ces rayons éblouissants qui t'empêche de voir plus loin que le bout de ton nez. C'est l'été, la saison la plus attractive de l'année, celle qui brille de mille feux – et littéralement – pour les touristes et autres gens qui veulent vivre sous un ciel de feu et bronzer jusqu'à attraper le cancer de la peau. Les maillots de bain sortent des tiroirs, les lunettes de soleil aussi, et on en profite pour dire que le voyeurisme double sa présence, aussi.

Bref, tout ça pour dire que Kay aime pas l'été. Ou du moins, elle n'a jamais grandement aimé de sentir sa sueur perler sur son cou, son torse, et de se promener à moitié nue. Durant cette période, elle essaie de rester le plus souvent au frais chez elle, au grand désespoir de ses parents et son cousin. Par ailleurs, c'est à cette saison que les activités de Kay concernant les comics, mangas et autres choses provenant de la culture « inutile » du monde professionnel est à son paroxysme.

C'est alors sans doute un très grand événement de la voir sortir aujourd'hui. Habillée d'un simple short lui arrivant aux genoux, d'un tee-shirt criblé de tags très américains, ainsi que d'une paire de tongs simples, Kay a réussi à prendre son courage en main et mettre les pieds en dehors de chez elle. Elle n'avait pas d'autres choix que de franchir le seuil de la porte d'entrée.

Les glaces et les pizzas commençaient à se faire rares dans le frigo. Donc oui, on doit vous avouer qu'elle sort uniquement pour de la bouffe. Et pas bonne pour la santé, qui plus est. Mais que voulez-vous.

Pour arriver au supermarché, Kay passe toujours par le parc. Un lieu convivial, où de nombreux enfants jouaient autrefois au ballon et autres, avant que les jeux vidéos prennent de l'ampleur et qu'ils se mettent tous à squatter la télé du salon pour jouer au nouveau « Call of Pigeons ». Heureusement, il en reste encore aujourd'hui, des n'enfants, et des personnes âgées également. Voyez par ailleurs cette étrange image des personnes âgées que l'on a toujours : celle où ils sont assis sur un banc, seuls, avec du pain, et qu'ils donnent des miettes aux … Pigeons.

Kendall s'épongea le front. Le soleil était vraiment cruel, aujourd'hui. Elle avait chaud, elle transpirait, et se demandait bien si par hasard elle pourrait trouver un petit coin paradisiaque pas trop loin, histoire de se poser avant d'aller au supermarché. La clim' l'attendait, à quelques centaines de mètres plus loin, mais cette boule de feu géante ne lui laissait aucun répit. Elle s'avança alors lentement vers un banc, placé à l'ombre.
Seulement voilà, quelqu'un y était déjà. Et pas n'importe quelle personne, il a fallu comme par hasard que sur le seul et unique banc à l'ombre, une drôle de jeune fille au teint plus que pâle y soit. Elle semblait souffrir encore plus que Kay de cette température infernale, et inspirait peu de confiance à celle-ci à cause de ... de cette aura qu'elle dégage. KFC se retint de pousser un léger soupir. Pourquoi il a fallut que le destin s'acharne sur elle, pourquoi ?

Sanders hésita à prendre place quelques instants, avançant encore plus lentement. A quelques mètres, elle se décida enfin à aller s'asseoir, faute des rayons UV menaçants. Sans rien dire. Elle posa son postérieur sur les planches de bois du banc, et son regard ennuyé chercha à éviter celui de la jeune fille. Quoi de plus clair pour dire : Je suis là parce que j'en peux plus de cette chaleur et que c'est le seul banc à l'ombre, donc ne crois pas que j'ai particulièrement envie de te parler. Parce qu'en fait tu me parais aussi bizarre que l'énergumène masculin de l'autre fois qui du coup m'oblige à m'enfoncer encore plus dans des mensonges. Et d'ailleurs tu me fais encore plus penser à lui avec tes yeux vairons, alors s'il te plaît, contrairement à lui, ignore moi. Ne me fais pas recommencer l'erreur de parler aux inconnus. Je t'en supplie. »

Evidemment, ça ne sortait pas de sa bouche. Ca aurait sans doute été le meilleur moyen de justement engager une conversation.

I'm not a strange person

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque j'ouvris les yeux. Je ne fus pas réveillée par la lumière éblouissante que diffusait celui-ci, mais par l'incroyable chaleur qu'il dégageait. Il n'y avait pas d'erreur, j'allais encore avoir affaire à une journée caniculaire. Je me mettais à regretter la météo d'il y a quelques mois, la pluie et le froid me manquais déjà.

Je déteste le soleil, il fait pourrir ma chaire si rapidement ! Je vais encore devoir me balader avec mon ombrelle pour me protéger. Je risque aussi de mourir de chaud avec mon costume, même si je suis déjà morte depuis bien longtemps.
Je n'aime pas beaucoup l'idée de revêtir ma tenue de lycéenne, mais je n'ai pas vraiment le choix. Après tout, ce n'est pas en vendant des bonbons que je vais avoir de quoi me payer des vêtements dignes de ce nom.

Le seul problème avec mon uniforme scolaire, c'est la chemise. Même âpres de multiples lavages, il reste encore du sang dessus et ce genre de choses fait bien souvent fuir les clients. J'espère que les personnes d'ici ne vont pas me prendre pour une meurtrière ou je ne sais quoi. Et je ne pense pas que dire quelque chose comme « Ne vous inquiétez pas, ce n'est que mon sang » est réellement rassurant. Je sens déjà que la journée va être difficile.

Devrais-je me lever ou rester là perdue dans mes pensées ? Avoir l'air d'une véritable SDF et être allongé sur du goudron qui n'est... comment dire ? Pas réellement confortable, je finis par opter pour la première option. Oui, allongé sur du goudron... « Cette idiote », comme dirait ma chère Shui-Kan, n'ayant pas de quoi se payer un studio ou une chambre d'hôtel s'était finalement endormie dans la rue. Cela ne me gênais pas vraiment, après tout cela fais depuis plusieurs années que je vis de cette manière. Il arrive parfois que certaines personnes m'invitent à rester quelques temps chez eux. Mais vivre avec un zombie ne doit vraiment pas être agréable, c'est pour ça que je m'en vais dès que mon hôte est endormi.

Je me dirigeais vers des toilettes publiques, je ne vais pas vous détailler toute ma vie non plus. Je me suis simplement lavé grâce au lavabo, rien d'exceptionnel. On peut juste noter que ce lieu est plus qu'insalubre et que j'étais incroyablement soulagée une fois sortie. J'étais habillée d'une courte jupe quadrillée rouge à volants blancs, d'une chemise plus rouge que blanche et d'un noeud papillon. N'étant pas naturellement du genre suicidaire, j'avais enlevé ma veste noire. Ma tenue revêtue, mes cheveux coiffés d'un petit ruban jaune, j'étais enfin prête à partir.

J'installais mon ombrelle sur le porte-parasol de mon chariot, de manière à être protégé de ce fichu soleil. Je me mettais à pousser ma confiserie ambulante dans les rues de la ville. J'avais un peu la même allure que les vendeurs sur les plages de la côte d'azur, il ne me manquait plus que le chapeau de paille, les tongs et le bronzage qui va avec.

Les personnes assez courageuses ou folles pour sortir malgré cette chaleur s'écartait de mon passage dès qu'ils m'apercevaient. Rien d'étonnant, je devais probablement les effrayer. C'est un peu étrange de voir les passants longeaient les murs alors que vous aviez toute la place pour vous aux centres des rues.
Ce n'est pas en faisant peur aux habitants que j'allais les rendre heureux. Je me mettais à distribuer quelques échantillons gratuits avec difficulté. Pourquoi avoir mis cette fichue chemise ?!

Au bout d'une heure, ne résistant plus à la chaleur je finis par m'en aller me réfugier dans un parc. Un endroit de verdure agréable. J'aperçus des enfants, je n'oublierais pas d'essayer de leur vendre quelques produits après m'être reposée. Je finis par m'installer sur un banc à l'ombre, mon charriot n'était pas posée très loin. J'étais éreinté et mes vêtements me collaient à la peau.

Quelques minutes plus tard, je vis une jeune fille brune s'approcher du banc. Elle avait l'air d'être gênée par quelque chose et ce n'était visiblement pas l'étrange couleur de ma tenue. Elle s'assit à mes côtés. Elle n'avait pas l'air triste, mais plutôt lassée. Elle aussi souffrait de la chaleur je suppose.

Ne supportant plus ma situation, j'allais chercher des rafraîchissements à mon stand. Je sortie une bouteille d'eau et je retournais m'asseoir près de la jeune fille. Je bus deux gorgées. Je sentais le liquide tiède descendre jusqu'à mon estomac. Je me tournis en direction de ma voisine.

« Quelle chaleur ! » dis-je en lui souriant.

« Dis-moi, tu as peut-être soif non ? Si tu veux j'ai d'autres bouteilles dans mon stand. Elles sont un peu tièdes, certes, mais c'est important de s'hydrater par ce temps ».

''Ne regardes pas ma chemise, s'il te plait ne regarde pas ma chemise'' pensais-je tout en essayant de masquer mon stress en accentuant mon sourire.

Oh boy, please, I beg you, stop it ...

« Quelle chaleur ! »

POURQUOI. Pourquoi as-tu ouvert ta bouche, pourquoi as-tu laissé échapper des mots obligeant la pauvre Kay à répondre, à commenter, elle qui voulait fuir, éviter la discussion en se tournant du côté opposé ? Pourquoi a-t-il fallu que tu dises exactement des mots qui sont impossibles à ignorer ? Pourquoi t'as pas compris qu'elle voulait pas parler ? Pourquoi tu … Tu es si stupide ?

Dès que le son de sa voix se fit entendre par les oreilles de la feignasse, elle ne put se retenir de poser sa main sur son front. Elle était exaspérée, même si, remarquons-le bien, elle l'avait cherché. S'asseoir sur ce banc ou bien continuer à souffrir et suer comme un porc au soleil. Il fallait faire un choix sans retour, et elle l'a fait.

Assumer.

« Dis-moi, tu as peut-être soif non ? Si tu veux j'ai d'autres bouteilles dans mon stand. Elles sont un peu tièdes, certes, mais c'est important de s'hydrater par ce temps. »

Dans un premier temps, elle jeta un regard à moitié désespéré à la jeune fille, avant de remarquer à nouveaux ses yeux. Ce détail unique la déstabilisa sans grand mal et lui fit baisser la tête automatiquement par embarras. Si au début elle trouvait que des yeux vairons pouvaient être magnifiques, maintenant c'est tout le contraire. Tout ça à cause de ce gars bizarre de la dernière fois il y a 2 ans. Kay chercha alors à lever le bout de son nez et regarder autre chose. Principalement la bouteille d'eau qu'elle tenait. Tiens, c'est vrai … Cette fille avait justement fait allusion à de l'eau dans son stand …

Elle observa autour d'elle et vit justement le stand. On aurait dit une baraque de plage, qui aurait malheureusement pas bien trouvé sa place en étant au parc. Puis elle revint à la jeune fille et haussa les sourcils par surprise.

Comment pouvait-elle ne pas avoir remarqué plus tôt ? Des taches de sang se trouvait ici et là sur la chemise de son uniforme. Pourtant, elle ne semblait pas particulièrement mal en point et ni armée. Elle avait également un sourire plutôt innocent, chaleureux. La Sanders resta un peu sur ses gardes. Peut-être même un peu plus que d'habitude.

« - Non merci, ça va aller. Je viens juste m'asseoir avant d'aller au supermarché. »

Puis, sans porter attention à la réaction de son interlocutrice, elle attrapa un pan de sa chemise où une tache de sang se trouvait et l'examina. Le sang était sec. Incrusté dans le tissu. Impossible d'enlever la couleur. Cela devait remonter à longtemps …

« - Tu m'expliques juste c'est quoi ces taches de sang sur ta chemise ? Tu serais pas un peu stupide de te balader dans les rues comme ça avec une chemise ensanglantée, aussi ? »

Prenant un peu plus ses aises sur ce banc, elle croisa ses jambes et posa son bras le long du dossier du banc. De l'autre main, elle continua à toucher le pan de chemise ensanglanté.

« - A ta place, j'aurai déjà laissé tomber cette chemise depuis longtemps. Surtout si je tenais à faire du commerce. Ca ne fait que fuir les clients. Et même, les gens tout court. T'as de la chance de tomber sur moi pour te dire, où tu aurais déjà dû te rendre au commissariat ou te faire attraper par un quelconque héros, qui te prendrait pour un criminel stupide de se montrer en plein jour. »

Puis elle lâcha le pan de chemise et mit sa main sur son front pour écarter quelques mèches de cheveux brunes qui tombaient devant ses yeux. Elle ne laissa aucunement le temps à l'inconnue de s'exprimer et continua dans sa lancée.

« Cela dit, vu comment tu me parais stupide, tu sembles pas être une criminel. Plutôt quelqu'un de paumé, en fait. Je me trompe ? »

Elle regarda de plus près le visage de la demoiselle et fronça les sourcils.

« - Y a pas grand chose de normal chez toi en plus. T'as la peau pâle comme si tu étais morte, tu as des yeux plus que bizarre et tu m'inspires pas vraiment confiance avec ta chemise en sang et ton stand de … De je sais pas trop quoi en fait, y a quoi dedans ? … Bref. Explique moi tout. En gros, c'est ça ce que je te demande. »

Autant aller droit au but, non ?

Je parle à une détective ?
Elle me regardait avec un air implorant, allait-elle accepter mon offre ? Vu la chaleur ce n'était pas étonnant, c'est impossible de survivre sans boire par ce temps. Elle me regarda droit dans les yeux, quelque chose avait l'air de la déstabiliser. Elle baissa la tête. Je mettais un certain temps avant de comprendre que mes yeux étaient responsables de son trouble. Ma peau pâle, mes cicatrices, ma chemise ... Il y'a tellement de choses inquiétantes au niveau de mon physique, pourquoi être gênée à cause de mon regard ?!

'' Au moins elle n'a toujours pas vu les tâches de sang '' pensais-je

Je repris une gorgée d'eau, tout en priant pour qu'elle ne s'attarde pas sur mes vêtements. Mais ce qui devait arriver arriva. En voyant l'expression de surprise s'affichait sur le visage de l'adolescente, je compris que c'était la fin. Elle allait probablement partir en courant ou hurler et je ne voyais pas vraiment quoi faire à part continuer de sourire. A ma plus grande surprise, elle s'exprima avec calme.

« - Non merci, ça va aller. Je viens juste m'asseoir avant d'aller au supermarché. »

J'avais l'impression qu'elle s'en fichait un peu, incroyable non ? Peut être trouvait-elle ça normal... Non, ce n'était pas possible. D'un coup, elle attrapa le pan de ma chemise et se mit à l'examiner minutieusement. Comment-vous dire que j'étais partagé entre diverses réactions...

''QUESQUE JE DOIS FAIRE ? QUESQUE JE DOIS FAIRE ?''

''C'est quoi ce soudain intérêt pour le sang ? Sérieux manquerait plus qu'elle prélève de l'ADN sur ma chemise !''

''J'ai peur, que quelqu'un m'aide... Par pitié»

Elle reprit la parole :

« - Tu m'expliques juste c'est quoi ces taches de sang sur ta chemise ? Tu serais pas un peu stupide de te balader dans les rues comme ça avec une chemise ensanglantée, aussi ? »

'' J'adore cette fille, elle a tout de suite comprit qu'elle s'adressait à une idiote ! ''s'exclama Shui-Kan.

''Sors-moi de là au lieu de faire ce genre de commentaire!''

Elle ne me répondit même pas. J'avais vraiment l'impression qu'elle était là seulement dans le but de se payer ma tête dès qu'une occasion se présentait. Je devais trouver une excuse le plus rapidement possible.

La jeune fille continuait sur sa lancée, s'installant confortablement sur le banc. Elle devait surement faire ça pour pouvoir me questionnait tout en étant bien installée.

« - A ta place, j'aurai déjà laissé tomber cette chemise depuis longtemps. Surtout si je tenais à faire du commerce. Ca ne fait que fuir les clients. Et même, les gens tout court. T'as de la chance de tomber sur moi pour te dire, où tu aurais déjà dû te rendre au commissariat ou te faire attraper par un quelconque héros, qui te prendrait pour un criminel stupide de se montrer en plein jour. »

Comment lui dire que je n'ai pas d'autres vêtements adaptés à cette météo ? Bon ben au moins je savais que je n'allais pas finir derrière les barreaux, c'est déjà bien non ? Je ne voyais qu'une chose à faire dans cette situation, continuer de sourire et essayer de paraitre calme. Ma détective en herbe était visiblement une véritable pipelette.

« Cela dit, vu comment tu me parais stupide, tu sembles pas être une criminel. Plutôt quelqu'un de paumé, en fait. Je me trompe ? »

J'entendis Shui-Kan exploser littéralement de rire, je la remercie aussi pour son soutien.

On peut au moins complimenter cette personne pour sa franchise. Elle approcha son visage et m'examina. J'étais plus que mal à l'aise, mais je souriais toujours, comme si de rien n'était.
« - Y a pas grand chose de normal chez toi en plus. T'as la peau pâle comme si tu étais morte, tu as des yeux plus que bizarre et tu m'inspires pas vraiment confiance avec ta chemise en sang et ton stand de ... De je sais pas trop quoi en fait, y a quoi dedans ? ... Bref. Explique moi tout. En gros, c'est ça ce que je te demande. »

Au moins c'était plutôt direct. Cette fille était extrêmement perspicace. Je pris une grande inspiration, histoire de me remettre un peu les idées en place. Comment allait-elle réagir si je lui disais la vérité ?

'' Normal, je suis une zombie. Sinon tu veux une glace ? '' songeais-je.

Mauvaise idée. J'étais face à un mur. Je ne devais pas paraitre hésitante, ça me rendrais encore plus louche et je risquerais de l'effrayer .

« Ravie de faire ta connaissance pour commencer ! »Déclarais-je d'un air joyeux et insouciant.

Je me mis à gratter l'arrière de ma tête un peu gênée

« Je suis désolée, je t'ai probablement effrayée. C'est vrai que mon apparence est étrange... Mais en tout cas je ne suis pas une personne dangereuse ou je ne sais quoi ! Je te le jure » Disais-je d'un ton paniqué.

''T'as l'air tout sauf convaincante là''

J'ignorais cette remarque.

« Pour commencer je me nomme Shin-Mu Xǐyuè , comme tu l'as remarqué je suis une commerçante et je vends des sucreries. Si tu veux je peux te donner des échantillons gratuits. »

Peut être qu'en détournant la conversation je n'allais pas être forcée à lui révéler ma vraie nature, c'est ce que j'espérais en tout cas. Peut être va-t-elle faire une fixation sur mon nom imprononçable ?

Which planet do you come from, seriously ?

Un sourire éclatant, innocent, et toujours scotché sur le visage, voilà ce que cet étrange énergumène féminin ne cessait d'afficher sur son visage pâle. Ce simple détail qui attira l'attention de Kay à la fin de son long speech la rendit encore plus méfiante. Elle sentait aussi s'irriter face à cette insouciance, et, sans le cacher, un brin de compassion. De nombreuses émotions lui vinrent, tous aussi méprisants que compatissants envers la lycéenne. Kay n'est pas totalement un cœur de pierre, ne l'oublions pas.
Son regard s'adoucit alors à l'instant ou elle acheva sa phrase et que de longues secondes passèrent, tandis que la jeune fille persistait à sourire. Un court silence s'installa, du moins il parut court pour la Sanders qui se posait réellement des questions au sujet de cette personne.

« Ravie de faire ta connaissance pour commencer ! »

Ca aurait été un vrai miracle que Kay puisse être aussi compatissante avec quelqu'un d'autre, qui plus est de son âge, alors qu'elle vient à peine de la rencontrer. Oui, vraiment. Parce que ces quelques mots la firent hurler en son fort intérieur : « As-tu seulement écouté tout ce que je viens de te dire, pauvre abrutie !? » Véritablement, elle était totalement désespérée de cette réponse complètement idiote et à côté de la plaque, hors sujet et qui n'inspirait que l'envie de donner une paire de claques.

La suite ne fut pas mieux. En fait, malgré ce sourire des plus chaleureux, ce simple geste de la main vers la tête tout en essayant de se justifier – et même jurer être innocent – est l'archétype des réactions nerveuses, qui sait pas quoi dire et qui est peut-être effrayé de la personne se trouvant en face. Du moins, quand on a vécu une vie aussi étrange et loufoque que Kay, on remarque très bien ce genre de choses qui veulent tout dire. Le pire évidemment, c'était le ton. Lamentable, et encore, c'est gentil.

« Pour commencer je me nomme Shin-Mu Xǐyuè , comme tu l'as remarqué je suis une commerçante et je vends des sucreries. Si tu veux je peux te donner des échantillons gratuits. »

Une chose que Kay a complètement oublié, la politesse. Ca, forcément, c'est pas facile de s'en rappeler quand on est obnubilés par la stupidité de la personne à laquelle on s'adresse. D'après son nom, qui était plus ou moins difficile à retenir avouons-le – Kentucky a même des doutes quant à comment l'écrire -, elle semblait venir de Chine … Ah, on trouve vraiment des personnes venant des 4 coins du monde à la Heroe's. En tout cas, Kay est loin d'être super originale quant à d'où elle vient.
Après … Elle ne savait pas qu'il existait des vendeurs de bonbons ambulants. Ni qu'ils faisaient des petits cadeaux comme ça pour que les gens testent dans un premier temps leurs produits. Ce n'était pas rare de voir des vendeurs laisser aux clients le droit de tester des produits, mais dans le cas d'un commerce ambulant, jamais vu. En tout cas, puisque Kendall aime les bonbons comme un enfant de cinq ans, la proposition lui semblait … A … Alléchante.
D'un air se retenant de paraître très intéressé, et donc un sourire léger, Kay dit alors d'une voix se retenant d'être forte, tout en tenant les épaules de Shin-Mu :

« - Ca … Ca m'intéresse. Je veux bien essayer. Après tout, c'est fait pour. Puis elle recula et croisa ses bras, reprenant un air impassible. Puisque ça serait malpoli de pas me présenter alors que tu l'as fait, alors je vais te dire mon nom. Je m'appelle Kay Sanders. Mon deuxième prénom, c'est Kendall, mais j'vois pas trop en quoi ça servira de le dire. En tout cas, tout le monde m'appelle Kay.

Sur ces paroles, elle soupira.

« - Il m'arrive d'appeler les gens par leurs noms de famille ou par un surnom, mais comme ton nom me paraît plutôt compliqué … Je pense que je t'appellerai … Shin. Tout court. »

Oui. Shin. C'était très bien comme ça. Simple, pas difficile à prononcer, et rapide à écrire sans doute.
Ken' leva le nez vers le ciel. Le soleil était toujours aussi massacreur, surtout à cette heure de la journée. L'horloge de son smartphone, qu'elle sortit presque instantanément après de nombreuses pratiques en classe, affichait 14h13. Puis elle reposa son regard noisette sur Shin-Mu, ses yeux vairons, son ruban, sa bouteille d'eau, et, pour finir, sa chemise blanche et rouge de sang. Elle faillit oublier le sujet principal de pourquoi elle avait commencé à lui parler … Intelligente dans le fond, la lycéenne.

« - Mais revenons en à là où on en était … Hm …, hésita-t-elle. Devait-elle le dire en bonne Kay qu'elle est, ou être gentleman et ne pas faire la remarque ? Car si elle le dit, elle la mettrait encore plus mal à l'aise qu'elle l'était. Mais, cela dit, peut-être qu'elle répondra enfin à toutes ces questions, par peur ou par abandon. Tu es pas très bonne comédienne. »

Ca a finit par sortir. Méchante Kay.

« - Tu devrais arrêter de sourire … Ca se voit encore plus que t'es pas à ton aise. Tes gestes ne sont pas fluides. Ta voix vacille. Tu fuis le sujet. Bref, t'as pas l'esprit tranquille. Détends toi. Je vais rien te faire de mal. Pas que ça à foutre en fait … M'enfin, ça dépend de ce que tu fais, hors tu n'as rien fait … A part avoir commencé la discussion. »

A force de rester dans la même position, « Mad Eyes » s'étira, tendant les bras en l'air et les jambes en avant.

« Est-ce que tu tiens vraiment à cette chemise dégoûtante pour la porter, ou c'est le seul truc que tu as pu trouver dans ton placard ? Quand je t'ai fait la remarque, ça se sentait que tu savais pertinemment que c'était complètement idiot de la mettre. »

C'est la première fois depuis longtemps qu'elle parlait autant. Qu'elle se posait beaucoup de questions sur le compte de quelqu'un, même si Shin-Mu semblait un cas à part car elle devait attirer les regards de tous les passants. En tout cas, elle avait abandonné tout espoir de pouvoir partir sans que Shin-Mu se rappellera d'elle un jour ou l'autre. D'une parce qu'elle sentait qu'elle les attirait, les gens bizarres – un cousin au corps cicatrisé encore plus que celui du héros de Hok*** no K**, un homme enfantin qui la prend pour une fée, c'est pas bizarre selon vous?-, de deux parce que … Parce que elle a franchi le point de non retour ici également et que c'est foutu de revenir en arrière. Voilà.

Je plaide non coupable !

J'avais joué carte sur table. Je ne devais pas oublier que j'avais affaire à une enfant, je pourrais peut être la berner. Je suis sûr que le sucre détournera son attention. Après tout, l'ultime technique pour arrêter les pleurs d'un enfant à toujours était quelque chose comme: '' Si tu continues de pleurer je ne pourrais pas te donner de bonbons''. J'évitais souvent les situations délicates de cette façon, normalement tout devrait se passer comme prévu.

Je voyais son expression se radoucir, j'avais gagné la bataille ?

« - Ca ... Ca m'intéresse. Je veux bien essayer. Après tout, c'est fait pour.

''Victory ! '' m'exclamais-je.

Comment vous expliquer à quel point j'étais fière de ma performance ! Elle lâcha mes épaules. Je me retenais presque de pleurer de joie et d'entamer un sprint au milieu du parc, les bras victorieusement levés.

«Puisque ça serait malpoli de pas me présenter alors que tu l'as fait, alors je vais te dire mon nom. Je m'appelle Kay Sanders. Mon deuxième prénom, c'est Kendall, mais j'vois pas trop en quoi ça servira de le dire. En tout cas, tout le monde m'appelle Kay.»

Sherlock Holmes se nommait donc en réalité Kay, un joli prénom.
J'étais contente qu'elle me révèle ce genre d'informations, car cela me donnais l'impression qu'elle me fessait presque confiance. Le sucre est vraiment incroyable. Elle fit un commentaire sur mon nom de famille, rien d'étonnant.
« - Il m'arrive d'appeler les gens par leurs noms de famille ou par un surnom, mais comme ton nom me paraît plutôt compliqué ... Je pense que je t'appellerai ... Shin. Tout court. »

M'appelais simplement Shin était en soit une bonne idée. Kay était visiblement occupée avec son téléphone portable. J'allais me lever pour aller chercher l'objet de ma réussite quand elle se mit soudainement à me regarder. Elle refixa ma chemise. Ce geste me fit l'effet d'une véritable claque. Ma diversion venait de tomber à l'eau

« - Mais revenons en à là où on en était ... Hm ... »

''Non par pitié ! Épargne ma pauvre vie. Mange simplement des bonbons comme les autres enfants au lieu de mener à bien ton interrogatoire.''

« Tu es pas très bonne comédienne. »

Anéantie... Cette fille venait de me mettre mentalement K.O Je n'avais qu'une seule envie, me cacher dans un trou et ne plus jamais en sortir.

''Je crois qu'elle a pitié de toi, ta prestation était plus que pathétique. Je t'aurais insulté sans hésiter à sa place.''S'étonna Shui-Kan.

J'étais forcé de reconnaitre que mon alter ego n'avait pas vraiment tort. Même si pour elle, un simple bonjour de ma part est propice à une série de nom d'oiseau.

« - Tu devrais arrêter de sourire ... Ca se voit encore plus que t'es pas à ton aise. Tes gestes ne sont pas fluides. Ta voix vacille. Tu fuis le sujet. Bref, t'as pas l'esprit tranquille. Détends toi. Je vais rien te faire de mal. Pas que ça à foutre en fait ... M'enfin, ça dépend de ce que tu fais, hors tu n'as rien fait ... A part avoir commencé la discussion. »

''C'est vrai qu'entamer une conversation avec toi et surement l'une des pires erreurs de ma vie. ''

Je sais maintenant que ça ne sert à rien de mentir face à elle. Ca ne passera jamais. Les jeunes de nos jours sont tellement imprévisibles.

« Est-ce que tu tiens vraiment à cette chemise dégoûtante pour la porter, ou c'est le seul truc que tu as pu trouver dans ton placard ? Quand je t'ai fait la remarque, ça se sentait que tu savais pertinemment que c'était complètement idiot de la mettre. »

On dirait que je n'avais plus le choix. Je me levais, rejoignait mon stand et pris une poignée de friandises que je mettais dans un sac plastique. Le sac soigneusement noué avec un ruban bleu, je retournais voir Hercule Poirot. Je lui tendais le sac, toujours en souriant pour me donner du courage. J'y avais mis des bonbons à la pêche, des caramels mous et une sucette à la cerise.

« Voila pour toi. S'il te plait, n'oublie pas de me dire ce que tu en penses. Tu sais, mon travail ne me rapporte pas beaucoup d'argent et je n'ai pas vraiment les moyens pour me payer des vêtements neufs.»

Je venais de révéler ma nature de SDF. J'espère que je n'aurais pas à lui dire que je dors dans la rue. Je pourrais me faire plus de bénéfices si je ne distribuais pas mes produits gratuitement. Mais en contre partie, les sourires des humains se feraient plus rares. Ma mission serait donc un échec.

Sans vraiment m'en rendre compte, j'abandonnais mon éternel sourire. La joie disparue de mon regard. Je prenais un ton sérieux, j'avais perdu face à mon adversaire. Je devais aussi assumer les conséquences de mon choix de tenue. Je ne voulais pas parler en détail de ce genre de choses à une adolescente. Je plongeais mon regard dans le sien.

« C'est mon sang » Disais-je simplement. Histoire de bien lui faire comprendre que je ne suis pas une tueuse en série.

Revenant à la réalité et réalisant que je venais de tenir des propos plus que morbides, je repris mon air insouciant. Craignant la réaction de la jeune fille, je ne pus m'empêcher de lui dire en me forçant de paraitre heureuse.

« Et si tu goûtais le contenu de ton sac cadeau ? »

Peu importe que je sois bonne ou mauvaise comédienne, les choses seront bien mieux si j'ai l'air joyeuse.

''Toujours aussi pitoyable, ma chère Shin-Mu. Contentes-toi de lui dire la vérité, puisque c'est ce qu'elle désire''

Maybe I went a little too far ?

Son sourire persista, même lorsqu'elle lui tendit un sachet de bonbons que Kay hésita à prendre mais qu'elle finit par attraper du bout des doigts. Il était léger, et contenait plusieurs types de bonbons qu'elle appréciait plutôt bien. Puis elle le posa sur ses jambes après les avoir de nouveau croisés.

Elle se sentit un peu mal à l'aise lorsque Shin-Mu fit allusion à sa situation financière. Kendall avait toujours vécu dans une famille aux revenus plutôt bons, et n'avait pas besoin de se soucier véritablement de comment ses parents vont faire pour payer le loyer du mois. Et même si elle n'a pas beaucoup d'amis ou de personnes à qui se confier, elle se sentait bien car elle savait que cela venait de sa franchise et du mal aise qu'elle donnait aux gens – ici, il s'agissait de Shin-Mu qui subissait ses pensées blessantes.

Lorsque Shin-Mu perdit son sourire et annonça qu'il s'agissait de son propre sang, ce fut le pompom.

* - On dirait que j'ai été un peu loin … Attends, quoi ?*

Kay écarquilla les yeux. Son sang ? Son propre sang ? C'est une blague, une caméra cachée, ou tout simplement la vérité ? Vu comment la chinoise paraissait très sérieuse pour cette fois, difficile de penser à un quelconque bobard. Pourtant, malgré son teint pâle, elle semblait en très bonne santé.

« - Attends, tu veux dire que---
- Et si tu goûtais le contenu de ton sac cadeau ? »

Kay garda le reste de sa phrase dans sa gorge. Son sourire était revenu, et agissait comme si de rien était. Comme si elles n'avaient pas pas parlé de la chemise, rien. Comme si une faille s'était faite dans l'espace temps, ou que elle était tout bonnement atteinte de la maladie d'alzheimer. Ce genre de trucs qui frustrent, qui nous empêche de tout déballer, mais qui nous énerve à un haut point tellement que c'est difficile de supporter la colère, mais aussi cette tristesse d'être pas compris. Enfin, qui parle de tristesse ? Quoi ? Kay ? Triste ? Pour quelqu'un qu'elle vient de rencontrer ? Vous rigolez j'espère ?

« - T'es pas croyable, ma parole ! »

Empoignant le sachet de bonbons, la Sanders se redressa soudainement du banc et prit de haut Shin-Mu, le regard noir. Pourquoi autant persister pour pas tout dire ? C'est saoulant, les gens qui veulent jamais rien dire, qui pensent que ça ferait que blesser les autres, et qui, en échange, se prennent tout les problèmes bêtement sur leur compte. C'était ridicule, stupide, et complètement idiot.

« - Si tu veux clairement dire la vérité, dis-le. Ne réfléchis pas si ça peut blesser ou non, tant que tu as dit ce que tu pensais. Reste droite et fière. Ainsi, tu n'auras pas à te faire rouler dans la farine par les autres. Exprime toi plus ! »

Une envie de s'énerver, de faire bien comprendre, mélangé à la chaleur. L'envie aussi d'aider. Enfin, comment dire ? Cette envie d'aider, c'était en partie l'envie de faire bouger, de faire sortir la personne de sa détresse, tellement c'est frustrant. Oui. En fait, toute la journée, Kay a été une frustrée ; ce manque de vivacité et de rébellion l'irrite et lui donne envie de donner un coup de boost.
Elle reprit du poil de la bête, même avec une chaleur caniculaire, et chercha du regard avec intensité du matériel pour son idée. Malheureusement, c'est impossible ; dans un parc, il y a de l'herbe, des bancs, du goudron, de la poussière, des gens, bref, pas vraiment de quoi écrire. Puis elle reposa son regard frustré sur Shin-Mu … Qui la redirigea instantanément vers le stand de bonbons. Gotcha.

« - Je sais ! »

D'un pas vif et forcené, Kentucky Fried Chicken s'avança vers le stand, y entra et fouilla dedans. Les tiroirs, les placards, elle passa tout au peigne fin, trouvant la plupart du temps des bonbons et sucreries de toutes sortes. Ce fut que lorsqu'elle fouilla le comptoir qu'elle trouva ce qu'elle cherchait ; un stylo et du papier.
Sans plus attendre, elle griffonna ces quelques mots, d'une écriture propre et soignée :

Citation :

Maison des Sanders
N°15 rue ...

Elle se relit quelques instants, et, lorsqu'elle vit que tout semblait correct, sortit du stand et revint auprès de Shin-Mu, avant de lui poser sans réelle délicatesse le papier dans les mains.

« - Ecoute moi bien ! J'ai écrit mon adresse sur ce papier. T'as pas intérêt de le perdre, sinon la prochaine fois que je te vois, tu risques d'avoir de mes nouvelles. Parce que si je te la donne, c'est pour que tu viennes et que je te passe des fringues, de quoi t'habiller ! Des questions !? »

Gonflant le torse et croisant les bras, le regard toujours supérieur à Shin-Mu, elle attendit. Elle attendit que celle-ci s'exprime enfin. Peut-être pour la première fois de sa vie, mais qu'elle dise clairement ce qu'elle pense. Bon sang, pour une fois que Kay veuille bien donner de son temps … Pourquoi elle veut donner de son temps à une imbécile pareille, d'ailleurs ? C'est pas croyable.

En tout cas, sa voix était forte, claire, et si des passants se retournaient après avoir entendu cette voix loin d'être très féminine, ça n'aurait pas été étonnant. La discrétion a toujours été le point fort de Kay, sauf lorsqu'elle est décidée.

Pourquoi aider un cadavre ?

Je pensais que changer de sujet était la meilleure chose à faire. Pourquoi parler de choses aussi morbides avec une lycéenne ? J'avais simplement envie de bien faire et de ne pas lui faire du mal. Après tout, aborder un sujet aussi douloureux ne rendra personne heureux, j'en ai conscience.

« - T'es pas croyable, ma parole ! »

La jeune fille était d'un coup très remontée. Mon comportement devait surement l'irrité au plus au point. Elle s'était relevée et elle me regardait avec des yeux débordant de haine. On pouvait constater qu'elle me dépassait de quelques centimètres. J'avais l'impression que son comportement dominé ma personnalité.

« - Si tu veux clairement dire la vérité, dis-le. Ne réfléchis pas si ça peut blesser ou non, tant que tu as dit ce que tu pensais. Reste droite et fière. Ainsi, tu n'auras pas à te faire rouler dans la farine par les autres. Exprime toi plus ! »

Même vivante je n'ai jamais bronché face à une insulte. Je partais simplement du principe que si me traiter de tous les noms pouvaient rendre une personne heureuse, autant la laisser faire. Je ne suis pas insensible à ce genre de mot, mais peu importe.

Je savais que j'étais surement la seule à réagir de cette manière. On peut me blesser, mais je ne pourrais jamais faire du mal à quelqu'un en retour. Sinon personne ne sera heureux, ça je l'ai vite compris. Le bonheur des autres est important, pas le mien. La seule personne qui s'exprime réellement ici, c'est Shui-Kan, pas moi.

Elle était donc en désaccord avec ma manière de penser, mais après tout nous ne partageons pas le même objectif. Dans tous les cas, j'avais mal agi. Je l'avais mise en colère. Je devais donc réparer mon erreur. Mais son aptitude ne modifiera jamais mon comportement.

''Il est impossible de faire entendre raison à une idiote comme toi.''

Je rigolais intérieurement. Kay semblait cherchait frénétiquement quelque chose du regard.

« - Je sais ! »dit-elle tout en se dirigeant vers mon stand.

Elle fouilla dans tous les recoins, ouvrit un grand nombre de tiroirs et de placards.

''Elle se gêne pas la gamine. Bien sûr, c'est pas toi qui va lui faire la moindre remarque ''

Encore un commentaire qui ne mérite pas de réponse. Elle revint me voir quelques instants plus tard et me donna un papier. Vu ses gestes, elle était toujours particulièrement irritée. A ma grande surprise, c'était une adresse qui était inscrite dessus. Son adresse, pour être plus précise. L'adolescente s'exprima d'une voix très forte :

« - Ecoute moi bien ! J'ai écrit mon adresse sur ce papier. T'as pas intérêt de le perdre, sinon la prochaine fois que je te vois, tu risques d'avoir de mes nouvelles. Parce que si je te la donne, c'est pour que tu viennes et que je te passe des fringues, de quoi t'habiller ! Des questions !? »

''On dirait que tu n'es plus la seule à vouloir veiller sur moi.''

''Elle ne sait pas dans qu'elle galère elle s'engage.''

J'avais l'impression d'être face à Shui-Kan. Même si je l'exaspérais, elle voulait tout de même m'aider. Ce n'était plus le même sourire niai qui s'afficha sur mon visage, celui-ci lui montrait mon soulagement. J'avais peut être un peu les yeux humides. J'espère simplement qu'elle ne l'a pas remarqué. Je prenais ses mains et je plongeais mon regard dans le sien.

« Je te remercie pour ta générosité. Je garderais ce papier précieusement, je te le promets.»

Je réfléchis un instant, puis je finissais par la lâcher.

« Je suppose que tu veux vraiment savoir la vérité... C'est ton droit. »

Peut être qu'en lui révélant ma véritable nature, elle me fuyerai ? Au moins, de cette manière elle n'aura pas à faire preuve de charité envers moi. Je ne lui apporterais plus aucun problème. Et je ne l'énerverais plus jamais. Je voulais savoir comment elle allait réagir face à tout ça. Même si je suis persuadé qu'elle sera effrayée. J'avançais de quelques pas en direction de mon stand, elle ne voyait plus que mon dos. Je ne voulais pas qu'elle voit mon visage, j'avais les yeux un peu trop humide à mon gout.

« Pardonne moi, mais je me suis mal présenté tout à l’heure. Je suis Shin-Mu Xǐyuè, adolescente chinoise mystérieusement disparu il y a maintenant 8 ans. »

Ca au moins, c’était dit. Je devais continuer sur ma lancé. Je frottais mes yeux d'un revers de manche.

« Il y’a beaucoup de sang sur cette chemise hein ? C’est celle que je portais le jour de ma disparition. »

Je me retournais et je la fixa, retrouvant mon air particulièrement sérieux.

« Personne ne peut survivre à de telles blessures, même pas moi. »

Une légère brise vint faire légèrement voleter mes cheveux et les pans de ma jupe. C’était vraiment agréable par cette chaleur.

Is that what you meant ?

Kay sentit le toucher des mains de Shin-Mu. Elles étaient chaudes, et plus petites que les siennes. Frêles, aussi ; mais ce qui ressortait le plus, c'était la blancheur de ses mains. Même avec cette chaleur corporelle et météorologique, elles étaient aussi pâles que du linge.
Kendall se détendit et regardait Shin-Mu dans les yeux, celle-ci faisant de même. Elle avait l'impression de voir que ses yeux s'embuaient, comme si elle s'apprêtait à pleurer. Etait-ce la chaleur qui jouait des tours ? Elle n'en savait trop rien, cette soudaine colère qui s'était montée en elle en un temps presque record l'avait quelque peu épuisée.

Une promesse. Shin-Mu lui fit la promesse de précieusement conserver le papier. Kay en fut plutôt contente, mais est-ce qu'elle serait tenue ? Restait à voir plus tard, dans quelques jours, semaines, ou bien mois. Tout dépendrait des choix de la lycéenne en face d'elle. Celle-ci se redressa, sa tête faisait une demie-tête de moins que Kay, voire une tête entière. Elle allait tout expliquer.

« - Tu t'es enfin décidée à ne plus faire de sous-entendus. »

Sur ces mots, elle se laissa aller sur le banc, reprenant sa position de tout à l'heure : le bras le long du dossier, les jambes croisées. Elle reprit son calme olympien, cet état de blues continuel que l'on connaissait si bien venant d'elle. Les choses devenaient plus sérieuses, l'atmosphère plus lourde, mais aussi plus légère ; puisque plus rien ne serait caché. On pouvait sentir le vent se soulever un peu. Agréable sensation lorsque l'on souffre d'une température aussi élevée qu'aujourd'hui.

Le temps que la chinoise se plaçait face à son stand, fuyant peut-être le regard de Kay, il se passait seulement quelques secondes. Si pour les passants, ces secondes étaient insignifiantes, alors pour les deux, elles étaient longues, et pleines de songes. Kay ne savait pas quel genre de révélation l'attendait. Puis des syllabes, des mots, des phrases s'échappèrent de la bouche de Shin-Mu.

Une disparition. Huit ans. Shin-Mu était le sujet d'une disparition il y a de cela huit ans, dans le plus grand et le plus connu des pays asiatiques, aujourd'hui touché par une république populaire. Huit ans. Huit longues années. Et cette chemise, elle existe depuis déjà huit ans également, voire plus. Une chemise de lycéenne.
La Sanders eut un léger sourire, pensant qu'elle ne faisait que se moquer d'elle. Elle regardait encore ses pieds à ce moment-là. Puis le ciel. Suivi du stand, et pour finir, la chemise de sa nouvelle rencontre, et ses yeux. Des yeux sincères, accompagnés du teint blanchâtre de sa peau, qui ne fit que ressortir ce jaune et ce bleu de son hétérochromie. Qu'est-ce qu'elle pouvait mépriser ce trait physique particulier, aujourd'hui. Enfin, dans le sens de Kay, mépriser était surtout pris pour fuir.

Elle ne lui mentait pas. Elle était plus que sincère. Elle n'avait d'ailleurs aucune raison de lui mentir, maintenant que la gamine de 15 ans avait encore joué sur la franchise blessante. Tout comme elle avait pu le faire avec un bon nombre de personnes qui ne pouvaient lui plaire – la plupart ayant tout bonnement eu de la rancoeur envers elle, et on ne sait quoi d'autres sentiments plus ou moins négatifs.

« - Donc, tu me dis que tu as été assassinée il y a huit ans par quelqu'un, qui t'a fait des blessures mortelles, et que par un quelconque moyen, tu as pu ressusciter ? Après, par la suite, tu as vagabondé pendant huit ans ? »

KFC ne put vraiment s'empêcher de hausser un sourcil et faire un sourire forcé. C'est vraiment bizarre, comme histoire. Mais au vu de la pâleur de la Xiyue, son air très sérieux, et sa stupidité à mettre une chemise pleine de sang séché – d'il y a huit ans à ce qu'il paraît -, en plus qu'elle ne peut vivre que grâce à ses confiseries … Il est difficile de remettre sa parole en question. On est obligés de la croire. Et puis, aussi, cette histoire rappelait vaguement la capacité de son cousin, Maximilian, qui, quoi que l'on fasse, comme lui couper un bras, une jambe, voire même la tête, il se recolle automatiquement comme si de rien était. Un mutant ambulant, autrement dit.

Alors quand on connaît quelqu'un qui a échappé plusieurs fois à une mort certaine, on ne peut que croire ce qu'on nous raconte.

« - Je te cache pas que j'ai du mal à gober ce que tu viens me dire … C'est assez spécial. Mais puisque j'ai un cousin qui dépasse les lois humaines, j'suis bien obligée de te croire sur parole. Et physiquement aussi. Si c'était une blague, ça serait un peu trop poussé. Du stand jusqu'à la couleur de ta peau. »

Sourire nerveux. Rire jaune. Pour s'entraîner dans des trucs louches, c'est pas difficile dans cette ville.

Élémentaire, mon cher Watson !

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Je pensais qu'elle allait partir, s'en aller, me fuir. Mais l'adolescente resta là. Comme si les mots que je venais de prononcer ne lui avait fait aucun effet. J'espérais vraiment l'effrayer grâce à cette révélation. Mais elle ne bougea pas et demeura assise sur ce banc à m'observer.

''Elle est toujours là... ''M'étonnais-je

Pourquoi ? Pourquoi ne pars-tu pas ? Tu te retrouves face à une revenante et on dirait que c'est presque normal pour toi. Tu pourrais au moins faire semblant d'être choquée non ? C'est habituel pour une personne, en apparence normale, de voir des morts au coin de la rue ? !

Puis, la jeune fille sourit. Ma situation l'amusait ? A moins qu'elle ne croit simplement pas un mot de ce que je lui ai dit. Ce qui expliquerait ce cruel manque de réaction. Dans un sens, cela pourrait peut-être simplifier les choses. Je n'aurais pas à lui parler de mes souvenirs. Rien que d'y penser, j'en ai les larmes aux yeux.

Il faudrait, tout de même, être fou pour croire mon histoire. Une fille morte, qui revient mystérieusement à la vie, et qui ne trouve rien de mieux à faire que de vendre des sucreries.
Je me demande comme j'en suis arrivée là. Et encore, je ne parle même pas de ma situation de clocharde. Mais de cette façon je peux réaliser mon rêve et cela n'a pas de prix.

On ne dirait pas qu'il est chose aisée de rendre Kay heureuse. Peut être qu'en me rapprochant d'elle je trouverais une solution.

L'intéressée regardait un peu dans toutes les directions. Le ciel, ses propres pieds, mon stand, mes vêtements, mes yeux... Tout était passé au crible par son regard perçant. Elle avait l'air d'essayer d'examiner le contenu de mes pensées.

''En tout cas, elle risque pas de trouver grand-chose si elle tente d'examiner le contenu de ton cerveau... ''

Par pitié Shui-Kan, épargne-moi tes remarques. Ca en devient presque fatiguant.

« - Donc, tu me dis que tu as été assassinée il y a huit ans par quelqu'un, qui t'a fait des blessures mortelles, et que par un quelconque moyen, tu as pu ressusciter ? Après, par la suite, tu as vagabondé pendant huit ans ? »

Columbo venait de résumé mon histoire sans même en savoir les détails. Comment peut-on déduire cela avec si peu d'indice ? Est-ce seulement de simples suppositions ? Je ne pense pas que ma disparition est pu ne serait-ce qu'un jour arriver à ses oreilles. Et à cette époque, elle n'était encore qu'une enfant. N'oublions pas que personne ne m'a retrouvé, même en vagabondant sur le continent Asiatique.

Mais peu importe que je reste une éternelle disparue. Toutes les personnes qui me connaissaient ont définitivement tournée la page. De toute façon, qui voudrait d'un zombie ? Personne !

Kay m'expliqua qu'elle avait du mal à croire à mon histoire. Plutôt logique, non ? Un cousin défiant les lois humaines ? Elle serait entourée de personnes comme moi ? Un être revenu à la vie ? J'ai entendu dire qu'on trouvait par ici des gens aux capacités surnaturelles. Je ne suis donc pas la seule personne hors du commun dans cette ville. Elle se mit à rigoler nerveusement.

« C'est un peu près ça. Mais je préfère ne pas trop entrer dans les détails... Comment es-tu arrivée à cette conclusion ? J'aurais très bien pu fuguer...» Dis-je avec toujours le même sérieux.

Il m'était clairement impossible de sourire en pensant à cette période de ma vie. La douleur était encore vive, même huit ans après.
Je devais tout de même m'estimer heureuse qu'elle ne soit pas au courant pour Shui-Kan. L'histoire serait encore plus étrange, une fois cet élément ajouté. Un cadavre errant schizophrène, il ne manquerait plus que ça !

« Ainsi je ne suis pas seule ? Il y'a donc d'autres atrocités capables, comme moi, de déjouer la mort ? Je suppose qu'on a chacun notre manière. Car je pense bien être la seule à m'être transformée en cadavre sur pattes. »

Heureusement j'étais un zombie différent de ceux qu'on peut voir à la télévision. Je ne ressentais pas le besoin de me nourrir des tripes ou de je ne sais quel organe d'un être vivant. Et puis vous imaginez si, à moi seule, je déclenchais l'apocalypse ? En mordant simplement une personne ! Je ne suis pas ce genre de monstre. A la place je suis juste accroc au sucre, c'est tout de même moins grave.

Je ne pus retenir un rire en voyant une petite partie de la peau de mon coude gauche devenir peu à peu grisée. Je devais probablement manquer de sucre. Je n'en ai pas consommé ce matin et cette chaleur a dû accélérer le processus.

« Je pense bien que je suis la seule à conserver cette répugnante apparence. »Susurrais-je tout en souriant tristement.

Ma peau pouvait attendre encore quelques jours. J'irais tout de même prendre quelques berlingots dès que j'en aurais l'occasion. Je ne supporte pas voir ma peau se décomposer petit à petit.

What's happening to your arm ?

Hahahahah ! Encore quelqu'un qui se demande comment Kay arrive à de telles conclusions. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un peut croire que la stupide lycéenne est capable de lire dans les pensées des autres, mais ça remonte quand même à un bout de temps.
M'enfin, ça s'appelle l'imagination, ma chère. Tu sais, cette chose qui permet d'avoir des idées irréelles, un monde infini de pensées plus ou moins véridiques, une étendue gigantesque d'images que le cerveau produit. Que cela soit utile ou non, l'imagination va très loin, bien plus que le cerveau humain ne pourrait l'imaginer. C'est sans doute même ce que l'humanité ne pourra jamais explorer entièrement, de fond en comble.

Kendall a toujours été dans un état de transe petite. Tous ses proches savent qu'elle n'était pas tout à fait réglo enfant. Parce qu'elle a toujours été ici, dans la réalité, mais au fond, loin dans les nuages. Elle imaginait sans cesse. Elle pensait. Réfléchissait. Quand il ne s'agissait pas de ses devoirs en tant que minuscule demie-portion inscrite à l'école primaire, elle restait dans sa bulle et n'écoutait personne. Au départ, c'était assez chiant et problématique, elle faisait n'importe quoi, mais au fil du temps elle abandonnait peu à peu ce monde infini. Jusqu'à aujourd'hui, où elle ne cherchait que à penser de manière logique, terre à terre, que ça en devint du cynisme à côté des autres personnes qui, contrairement à elle, continuent d'imaginer. Ca, tous ses proches le savent sans doute, à moins d'être complètement aveugles. Mais la concernée aussi est au courant.

C'est pour ça qu'à cette question, elle ne put s'empêcher de laisser transparaître un sourire. Indescriptible.

« - T'es pas la première à te demander ça. Mais si tu veux savoir, j'ai pensé que tu n'as pas disparu de ton propre gré. Parce que t'as du sang partout sur toi, et que tu aurais pas eu le courage de partir d'un coup pour te démerder seule dans la vie sans rien de plus qu'un stand. »

Sur ces mots, elle leva le nez en l'air. Aaah … Le ciel est bleu … Les nuages sont blancs … Et … Le soleil est si chiant … Vraiment, il a rien d'autre à faire que briller et saouler le monde à forcer les gens à mettre des lunettes de soleil ? Par ailleurs, Kay a totalement oublié de prendre ses lunettes de soleil. Camarades de conservation d'identité, impossibilité aux gens de savoir où elle regarde, et, surtout, atout principal pour ressembler aux Men in Black et donc repousser les gens qui croient qu'ils vont avoir des ennuis avec la mafia. Même si elle est relativement petite et qu'elle est une gamine de quinze ans.

Elle commença à avoir soif. Elle se déshydratait au fur et à mesure que le temps passe, et aussi, que le soleil change de position. L'ombre devenait de plus en plus petite, et Kay dû retirer son bras pour ne pas avoir les rayons du soleil taper dessus. C'est là qu'elle remarqua qu'elle tenait toujours le sachet de bonbons.

* - Bah … Pourquoi pas en goûter un maintenant ? Et puis, au moins, comme ça, j'aurai pas besoin de la chercher partout pour lui donner mon avis.*

Le sac en plastique ouvert dans la plus grande finesse, et délicatesse des doigts de Kay – parce qu'elle est délicate, c'est une fille ~ -, elle piocha un bonbon à la pêche et le mit dans sa bouche. Doux. Sucré. Il était particulièrement bon, peut-être même plus que tous les bonbons à la pêche qu'elle a mangé à ce jour.

Alors qu'elle s'apprêtait à commenter, Shin-Mu prit la parole. Tiens donc, elle voulait en savoir plus sur l'énergumène masculin qu'elle hébergeait chez elle ? Ou plutôt, elle était curieuse de comment d'autres personnes pouvaient éviter la mort comme lui.
Rictus. Sourire en coin, sourcil haussé, on pouvait comme croire que Kay se demandait bien si la chinoise était sérieuse en voulant demander ça. C'était justement sa pensée sur le moment et ce qu'elle voulait exprimer par cette grimace.

« - Errh … Ben ... »

Elle détourna le regard. Difficile de dire ça comme ça. Non, elle ne pouvait pas dire comme ça « mon cousin est un grand gars, il a des dizaines et des dizaines de cicatrices partout sur le corps, et maintenant, si on lui coupe un membre, il a juste à faire comme si c'était des légos et ça se recolle tout seul. Ouais, comme un lézard, t'as vu ? ». Non, non, c'était pas correct. Elle avait peut-être déjà trop dit aujourd'hui sur son compte. Pas autant que Shin-Mu, mais c'était déjà trop envers une inconnu. Mais … Est-ce qu'elle peut toujours continuer à considérer la chinoise comme une étrangère ? Dis comme ça, ça fait stupide, de l'appeler la chinoise. M'enfin …

Elle rit. Shin-Mu fit un rire. C'est si drôle de rire de l'embarras des gens ? Hein ? Et puis hey, attends, Kay t'as bien écrasée comme un insecte – on va dire presque – avec ses propos, et tout ce que tu trouves pour ne pas la provoquer encore plus, c'est rire, hein ? Hein ? … Remarque, elle ne riait pas vraiment de Ken', en fait. Mais de son coude.

« - … ? Quoi ? »

Aucune réelle réponse, ne serait-ce qu'elle murmurait des mots presque inaudibles de là où elle se trouvait. Seulement, son regard était figé sur son coude. Mais il n'y avait rien sur. Pas de marque, ni d'insectes ou quoique ce soit. Froncement de sourcils. A y regarder un peu mieux, on pouvait remarquer que la zone prenait une couleur grisâtre … Comme les morts. Son sourire s'effaça, tandis qu'elle avalait le bonbon.

« - Et si tu m'expliquais mieux ton cas, toi ? Contrairement à mon cousin on dirait que tu frôles la mort à chaque instant. »

Elle se leva à nouveau, s'avança vers Shin-Mu et n'hésita pas à prendre son coude, l'examiner, bouger son bras de sa main libre, l'autre tenant encore et toujours le sachet à bonbons à présent ouvert. Elle ne porta même pas attention à ce que la jeune femme – car si elle était lycéenne et qu'elle a vagabondé pendant huit ans, elle a dépassé la majorité depuis quelques années déjà – pouvait dire ou afficher comme expression. Puis elle le lâcha et regarda Shin-Mu d'un air interrogatif.

« - Pour que tu trouves ça normal que ta peau devienne comme ça, c'est que ça doit souvent arriver. Tu fais quoi pour changer ça ? Des médicaments ? Un soin particulier avec de la crème ou je ne sais quoi ? »

Le don surnaturel attirait la curiosité de la Sanders, qui se demandait bien comment elle pouvait faire. Elle ne connaissait que son cousin capable de pouvoir échapper à la mort par décapitation ou autres trucs dégueulasses, alors les méthodes de Shin-Mu lui paraissaient assez nouvelles. Son cas également … Bon, habituellement, elle s'en ficherait complètement, mais si ça pouvait par la suite aider ce stupide vieux squatteur, pourquoi pas ?

Et surtout, n'oubliez pas les enfants,

Il faut toujours se méfier du ketchup !

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Je devais probablement ressembler à une psychopathe... Non, je ressemblais à une psychopathe ! Je suppose qu'une femme qui se prend une crise de fous rires juste en regardant son coude c'est inquiétant... Je suis vraiment pas discrète.

Et dire que ma tenue est simplement responsable de tout ça. Si j'avais seulement un peu plus réfléchie j'aurais enfilé mon costume. Mais je serais, sans aucun doute, actuellement évanouie et le résultat serait tout aussi dramatique. Me retrouver entouré de médecins ne me réjouis pas énormément. La fascination que pourrait provoquer mon étrange don envers ces savants est sûrement bien plus dangereuse que la curiosité débordante d'une adolescente. Et je vous avoues que les scientifiques m'effraient depuis quelques années. je vous laisses deviner la raison.

La curieuse n'a d'ailleurs, pas répondu à ma question. Comprend-elle mon désir de parler avec quelqu'un qui se trouve dans la même situation que moi ?

''Mais je suis là pour ça !'' s'écria Shui-Kan indignée.

C'est différent. Au fond, Shui-Kan reste une partie de moi. C'est le résultat de plusieurs années de douleurs masquées par un sourire. C'est aussi le fruit de quelques longues journées passé avec l'une des personnes les plus cruels de ce monde. N'oublions tout de même pas que ma protectrice est née de ma folie.

"Après réflexion, je refuse de perdre mon temps à parler avec une personne aussi minable que toi."

C'est mignon de la voir bouder, n'est-ce pas ?

Maintenant que j'y pense, je comprends toujours pas comment ses détails par rapport à mon passé peuvent être si précis. Il faut dire que les éléments qui le justifient ne sont pas très convaincants. Je ne vais tout de même pas insister sur ce point. On va supposer qu'elle est simplement dotée d'une incroyable logique, ça m'évitera de me torturer l'esprit avec de telles questions !

Mais, si vous le voulez bien, revenons à notre sujet de départ ! J'étais donc actuellement morte de rire devant mon coude. Le seul problème c'est que la jeune fille, ne se trouvant pas loin de moi, avait tout vu.

Je me demande, d'ailleurs, pourquoi Kay n'as toujours pas appelée un asile psychiatrique, cette fille n'a vraiment pas froid aux yeux. Elle n'a pas eu peur du sang qui couvrait mes vêtements, ni du fait que je sois en réalité une morte. Les jeunes de nos jours sont préparés à tout, on dirait !

C'est alors que là, coup de théâtre, elle me fit encore une démonstration de son courage sans failles et vint carrément prendre mon coude. Elle s'amusa même à bouger entièrement mon bras. De la même manière qu'une petite fille secouant sa barbie favorite avant de la lancer de toutes ses forces contre le mur de sa chambre. Comment ça cet exemple est exagéré ? Mais ouvrez les yeux, bon sang !

C'est triste à dire, mais les enfants sont devenus de véritables brutes machiavéliques. Croyez-moi, après huit ans d'errance j'ai vu beaucoup de choses. De simples pleurs peuvent se révéler être une véritable manipulation mentale que doivent endurés à longueurs de journées les pauvres parents. Maintenant, si votre petit (e)monstre désire, par exemple, l'affreuse poupée de Ghoulia Yelps (camarade zombie, je précise) des Monster High, il n'hésitera pas à se rouler par terre et à hurler jusqu'à s'en bousiller les cordes vocales pour l'obtenir. La créature en culotte courte a compris que le ridicule lui permettra d'arriver à ses fins. Le pire, c'est que ça marche. On peut voir à la caisse du magasin le sourire rayonnant de l'enfant, visiblement fière de sa performance et les géniteurs au bord des larmes au moment de composer le code de leurs cartes bancaires (cartes bancaires qui risquent bientôt de ne plus fonctionner, si vous voulez mon avis).

Les gamins sont tellement cruels. Mais n'oublions pas que le sourire d'un enfant est l'une des meilleures choses au monde et que ce genre de situation est assez courante à mon stand. Les enfants ne sont-ils pas les plus grands consommateurs de friandises ?

Je dois vraiment pas lui faire peur ou alors c'est une véritable suicidaire. Mon alter ego lui aurait déjà gentiment tranché la tête pour cet affront. Remarque, Shui-Kan à l'air de particulièrement l'appréciée. Mais vous savez bien que je ne suis pas du genre à m'énerver pour ce genre de choses, je trouve même ça plutôt gênant. C'est donc naturellement que je détournais, encore une fois, mon regard.

Je crois bien qu'elle s'en fichait royalement de ce que je pouvais ressentir. Toute façon ça m'apprendra à faire des choses aussi bizarres alors que je ne suis pas seule. Ce fut une véritable délivrance quand elle me lâcha. Là encore, elle m'interrogea. Elle pourrait peut-être répondre à ma question avant de me demander de nouvelles informations, non ?

« Ne me poses pas de nouvelles questions alors que tu n'as même pas répondu à la mienne, voyons ! » Lui dis-je avec mon air niai favori. Comme si ce qu'il venait de se produire était tout à fait normal.

Je vis alors des enfants s'approcher de mon stand. On pouvait lire de la curiosité dans leurs regards. C'était une occasion en hors pour se faire de nouveaux clients.

« On dirait que les affaires reprennent ! »constatais-je pleine d'entrain.

Mais avant d'aller voir ces clients je voulais d'abord me changer. Hors de questions de répéter la même erreur. Malheureusement mon unique tenue de rechange se trouvait dans mon stand, les enfants verront donc forcement les tâches se trouvant sur ma chemise. La seule solution à ce problème était probablement le mensonge. Je n'aime pas employer ce genre de méthode, mais dans cette situation, c'est ma survie qui est en jeu.

« Tu m'excuses, mais je dois m'occuper de mes clients. Tu dois toi aussi te rendre quelque part, non ? J'espère te revoir rapidement et n'oublies pas de gouter mes friandises s'il te plaît, j'y tiens énormément. »Dis-je avant de me retourner et de partir en direction des enfants.

Je me retournais même sur le chemin afin de lui faire un signe de la main. Vous vous demandez ce que j'allais bien pouvoir dire à ces enfants afin de justifier ma tenue ?

'' Voilà ce qui arrive lorsqu' on aime un peu trop le ketchup. Faites attention vous aussi, vos parents risquent de ne pas être content sinon !'' Je n'oublierais pas d'y ajouter un rire discret. L'heure est maintenant venue d'accomplir ma mission.

So, it's a good bye, then. See ya next time dudette.

L'air niais, comme toujours. Kay ne pouvait plus être étonnée des réactions de la commerçante, tellement elle commençait à s'habituer à ce qu'elle ne dise rien et laisse tout passer. C'en devenait si désespérant, qu'elle ne chercha plus à faire changer ce trait de caractère qui lui déplaisait. Et elle était peut-être pas la seule à trouver cet air angélique irritant.

Nouveau soupir. Faisant volte-face pour retourner sur le banc, elle manqua de heurter quelque chose. Ou plutôt quelqu'un … Un nain. Un sale nain de jardin, un sale mioche, un sale gosse, un nabot débile, stupide avorton et progéniture de sale gens. Le genre de gamin qui fait pas attention ou il va en souriant comme un con, manquant – ou pas – de vous écraser le pied, vous rentrer dedans – et casser vos burnes si vous avez la poisse.

Cette créature pas plus haute que trois pommes était suivie par d'autres. Une marmaille entière. Une meute de petits agneaux – ou loups, nous vous laissons libre interprétation de ces êtres – qui se ruaient vers quelque chose derrière Kay et Shin-Mu. Pas la peine de dévoiler leur objectif.
Pour les machos, la belle vie, c'est les femmes, l'alcool et l'argent. Pour les enfants, c'est jouets, Mcdo et … BONBONS. Tout ce qui est cité et présent dans le champ visuel de ces imbéciles de morveux les attire comme des aimants, et accélère leur vitesse de marche, allant de 1,5 % à 3 %. Ils deviennent des berserks et sont prêts à tout pour y arriver. N'essayez pas de contredire ces paroles, on en a l'exemple-même ici présent !

D'un côté, la vue de ces gosses exaspérait, énervait et irritait, d'un autre, donnait encore plus le sourire, et ajouta encore plus d'agitation. Ah, oui, l'heure était venue pour la jeune femme au nom de famille imprononçable de reprendre les affaires... Dans un premier temps, elle hésita à s'y rendre. Kay ne put s'empêcher d'avoir un léger rire court, et un sourire moqueur sur le visage. Elle savait très bien qu'est-ce qui pouvait la bloquer et l'empêcher de se rendre sans problème à son stand.

Puis finalement, elle se décida à s'y rendre. Kay restait finalement là où elle manqua d'être bousculée pour observer comment Shin-Mu allait se débrouiller, malgré le fait qu'elle lui dise soudainement que c'était la fin de leur discussion. C'était intéressant de savoir comment elle allait se débrouiller, la gentille commerçante … Elle allait mentir, dire la vérité ? Ou faire comme si de rien était, devenir dure de la feuille quand le sujet viendra à son apparence « repoussante » - car, la chemise doit être « propre », avec juste la couleur du sang incrusté, non ?

Elle observa alors d'un air neutre la scène, Shin-Mu entrer dans son stand, sourire aux gosses – qu'elle fixait d'un mauvais œil lorsque son regard noisette se posait sur ces minuscules choses idiotes. Kay tendit l'oreille, cherchant à entendre son « excuse », sa manière d'éviter une situation embarrassante.

Tout ce qu'elle trouvait à dire, c'était qu'elle a renversé du ketchup. Facepalm.

Idée ingénieuse ou complètement stupide, en tout cas, ces abrutis de demi-portions ont cru à ce mensonge dur comme fer. C'est toujours comme ça avec les enfants, et c'est pour ça que Kay a du mal à les supporter, même si elle en est encore un. Ils croient tout ce qu'on leur dit, même les choses les plus improbables ; et quand ils apprennent la vérité, ils pleurent, gémissent, embêtent, soulent, font carrément chier l'auteur de leur mal-être alors qu'ils sont juste trop stupides pour avoir cru un truc pareil.

A présent, Kendall n'avait plus grand chose à faire. D'autres personnes commençaient à se rassembler vers le stand qui devint un peu plus animé qu'au départ, ce qui risquait d'occuper la chinoise encore un bon moment... Elle soupira. Puis elle eut un léger rire, avant de mettre le sachet de bonbons dans sa poche. L'heure défilait rapidement … Il fallait bien qu'elle fasse ses courses, non ?

Un pas en avant, puis un autre ; Kay reprit sa route vers le supermarché. Elle jeta un dernier coup d'oeil à Shin-Mu. Elle saura se débrouiller … Jusqu'à ce qu'elle décide à venir chez elle.

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