Jour 3. Je ne me suis pas encore bien habituée à cette école. Il faut dire, c'est tout récent, il me faudra surement encore un peu de temps avant de m'adapter à ce nouveau mode de vie. Je partage ma chambre, je vois plein de gens, je bouffe avec des gens, j'essaye d'être sociale. Une nouvelle vie pleine de chose... Génial quoi. Enfin heureusement, j'ai déjà repéré des coins sympas dans la propriété, des endroits calmes, jolis, simplement reposant. Par exemple, au bout du jardin, il y a un grand saule pleureur magnifique qui n'attend qu'une chose: que je vienne me poser dessous pour lire un bon livre tranquillement. Il y a aussi le toit, on peut y arriver par une petite porte cachée au bout de notre couloir. Je ne sais pas si elle est normalement interdite ou non, mais tant pis, je ferais tout pour être seule au moins une heure par jour.

Enfin pour le moment, direction la piscine car heureusement, l'école en a une ! Et j'ai bien besoin de me défouler dans l'eau. Quelques longueurs et je serai d'attaque face à tout ce qui arrive ici. En plus, elle est chauffée alors je dis, dix fois oui ! En fait, c'est vrai que je me plainds un peu, mais il faut tout de même le dire, cette école c'est le pied au niveau de l'infrastructure. Un véritable petit bonheur de confort. Du luxe pour des étudiants.

Bien bien, la piscine, elle est où encore ? Ah oui, piscine, il faut tourner à gauche, puis à droite, tourner au niveau du salon puis sortir par ici. Et HOP pisc... Ah non, ici c'est le jardin... Demi-tour.

En bref, il me fallu un peu plus de trente minutes pour trouver cette belle piscine à l'eau claire.

Je pris une cabine et me déshabillai pour enfiler mon maillot blanc à lignes vertes. Puis laissant dans ma cabine ma robe, je fonçai droit dans la piscine. Je fis un joli plongeon et commençai mes longueurs de compétitrice acharnée. L'eau me redonnait du courage, de la vitalité, de la force, bref c'était ma pillule contre l'angoisse à coup sûr. Dés que j'étais dans l'eau, j'oubliais pratiquement tout sauf la façon de nager. Après vingt longueurs, je me mis sur le dos, flottant à la surface, une vraie planche profitant du soleil de midi. Le pied quoi.

Je me rappelai alors mon premier contact avec la piscine. Drôle de premier contact en vérité. J'étais encore toute petite, je devais avois trois ans, peut-être quatre. Mes parents m'avaient emmené dans un parc aquatique avec des amis à eux. Tandis que ceux-ci se mouillaient et gonflaient mes brassard, j'étais partie jetter un coup d'oeil sur les bruits que j'entendais par écho. Je découvris alors la belle et grande étendue d'eau claire à l'odeur infecte qu'étais la piscine. Je voyais des gens sauter, des enfants nager et même naviguer sur de grosses bouées. Je sais que j'ai vu un petit garçon, peut-être plus grand que moi plonger à l'eau sans peur et je fis pareil. Petite naïve. Je sautai le plus loin possible dans cette eau qui me parrut glacial. Personnelement, je ne me rappelle pas de la suite, mais maman m'a raconté que c'est Nicolas, le meilleur ami de papa qui m'a sortie presque immédiatement de l'eau. Mais bon, ce premier contact ne m'a pas paru assez flippant pour que j'aie peur de l'eau, bien au contraire. A croire que la peur m'avait fait aimer ça. C'est d'ailleurs amusant de ce dire qu'on a faillit mourir et que pourtant on n'a plus peur de ce qui a faillit nous tuer. Je ne sais pas si c'est pour tout le monde ainsi. Par contre, ma peur de la vitesse, elle, n'a pas fini d'exister, hélas. Il y a trois jours dans cet avion, j'étais tétanisée. Je n'en suis pas du tout fière, mais faute avouée, faute à moitié pardonné. C'est ce qu'on dit. Pourquoi j'ai peur de la vitesse ? Peut-être parce que la vitesse peut contrer l'apesanteur ? Oui peut-être. Je ne vois aucune autre explication à cette ridicule frayeur.

Je fis un cumulet dans l'eau, le soleil m'avait presque séchée l'entièreté de la face et je n'appréciais pas ça. Puis je donnai une impulsion avec la pointe des pieds pour recommencer quelques longueurs. Je n'avais aucune notion de l'heure qu'il était, et j'étais bien trop sereine que pour m'en inquiéter. C'est vrai, l'eau, ça porte les bateaux.

Le soucis, c'est que quand on a soif, on ne peut pas vraiment boire l'eau qu'il y a en masse dans le grand contenu, pour s'abreuver, il faut sortir de là, et je n'en avais pas vraiment envie ; vraiment pas. Je pris tout de même mon courage à deux mains et sorti de là pour aller chercher ma bouteille en chantonnant :

❝ Un petit poisson dans l'eau, nage nage nage comme il faut, un petit poisson dans l'eau, nage aussi bien que les gros... ♫ ❞

Avant même d'avoir posé le deuxième pas au sol, je me fis bousculer par quelqu'un et tombai à la renverse dans l'eau. J'avais glissé à cause de ce... de ce... grrrrrrrrrrrrrr. Je bus la tasse; chose que j'adorais par dessus tout, vu le délicieux goût que pouvait avoir l'eau chlorée. Non mais c'est ironique hein, une énorme blague! Bref, ça m'avait un peu foutue en rogne cette histoire alors que j'avais enfin trouvé le calme, la paix, la zénitude. Et là, l'équilibre était brisé, c'était foutu pour le reste de ma journée. FOUTU. Je sortis enfin la tête hors de l'eau après une ou deux secondes et j'entendis:

« Pardon, Mademoiselle. »

Pardon? PARDON?! Et quoi? Même pas un regard, même pas un sourire. Que dalle? Il avait vu que j'étais une fille, encore heureux mais quand même. Pas un pet de compassion. C'était quoi ce type là? Puis passer à une vitesse pareil du bord de la piscine... Bref mon côté bipolaire reprenait le dessus. Ok, je vous l'accorde, je suis une rageuse mais toute fille qui se respecte aurait réagit de manière aussi démesurée. C'est pas chouette de boire la tasse.

❝ Non mais on fait attention où on met les pieds quoi! ❞

Un peu sans savoir pourquoi, je sortit de la piscine et attrapai rapidement ma serviette sèche qui se trouvait non loin du lieu du crime. Je la passai autour de ma poitrine et poursuivis le malotrus qui avait poursuivi son chemin comme si de rien n'était. Goujat. Je n'avais plus envie de me relaxer dans la piscine tant mon sang bouillonnait. Depuis mon arrivée dans l'école, mes nerfs semblaient moins patient qu'autre fois. Les hormones de héros devaient réveillés mon esprit compétitif et mes envies meurtrières sur les gens appartenant à cette école.

A vingt ans, je pouvais dire que je réagissais comme une gamine, adolescente débile de cinq ans de moins. Au moins, je m'en rendais compte, c'était déjà ça.

❝ Dites donc vous pourriez au moins regarder les gens quand vous vous excusez jeune homme! Elle est où la politesse? ❞

Je fis voltiger une mèche qui me dérangeait fortement pour la replacer derrière mon oreille, avec la masse rousse mouillée et ondulante.