❝ Non, je te l'ai déjà dit! Il n'y a pas de monstres sous ton lit! ❞
❝ Mais... mais... Papa... ❞

Le petit garçon avait des larmes plein les yeux. Tous les jours, il entendait la même chose, tous les jours, il se faisait passer pour un petit menteur trouillard. Tous les jours, et ce depuis un an. Jim avait alors quatre ans, quand cette histoire de monstre commença. Ses parents n'avaient jamais daigné regarder sous son lit, pour le rassurer, trop pressés par le temps qui bousillait leur vie de famille. Jim était seul contre les bruits et les grincements qui émanaient de sous l'entre du matelas. Il n'avait jamais osé regarder sous son lit, parce qu'il savait ce qu'il s'y cachait, même si ses parents lui promettaient le contraire. Il savait. Ce qu'il ignorait c'était la forme de sa peur et surtout son origine. Oui, le monstre vivait sous son lit depuis un certain temps, mais d'où venait-il? Pourquoi le regardait-il? Et jusque quand resterait-il à attendre? Attendre quoi?

Seule sa grand-mère savait le calmer dans ces crises de paniques. Elle ne savait pas trop comment expliquer, mais elle savait que son petit fils ne pouvait pas inventer ce genre d'histoire. Un soir, alors que le petit dormait, elle entra dans la chambre et voulu regarder dans le lit de l'enfant. Il avait disparu. Elle entendit alors un petit bruit sous le sommier, bruit craintif mais peu rassurant. Bruit qui ne pouvait pas venir de son bout de chou, ou pas entièrement. Courageuse, elle se baissa pour regarder sous le lit. Elle découvrit alors une créature étrange. Elle en aurait effrayé plus un, mais la vieille femme ne montra pas ses craintes. Mais sans comprendre, elle ouvrit les bras et appela le monstre rose fluo, grand comme une armoire mais aussi fin que son petit, tout petit garçon. Les yeux brillants de l'horreur croisèrent ceux de cette dame qui ne doutait pas. Elle souriait. Un sourire apaisant, rassurant, plein de bonté. Le monstre se déplaça lentement vers la silhouette et l'enlaça. Peu à peu, la créature commençait à perdre sa taille, rapetissant doucement, perdant sa crinière. Le petit garçon s'endormit ainsi dans les bras de celle qui découvrit son secret et qui allait le partager avec lui.

Il se réveilla lentement, sa grand-mère à ses côtés. Ils se regardèrent silencieux, l'un comme l'autre dans une sorte d'incompréhension. Le petit garçon fondu en larme, même s'il ne se rappelait de rien, il savait ce qu'elle avait du voir. Il savait ce qu'il était, il savait que c'était lui le monstre et rien d'autre, et ça l’effrayait. La main ridée se posa sur la tête de Jim, d'une légèreté sécurisante. De ce geste, elle lui fit comprendre qu'elle n'avait pas peur, d'un sourire, elle lui permit d'arrêter de pleurer. Il n'avait pas à avoir peur de ce qu'il était, quelle que soit cette nature. Ce qui l'inquiétait, c'était ce qu'il avait pu faire pour obtenir une telle atrocité dans son corps. La mamie posa alors son autre main sur le torse de l'enfant, celui-ci se crispa de douleur. Elle retira la chemise de l'enfant et pu observer une cicatrice naissante. Elle ne datait pas du jour même mais elle n'était pas ancienne. La bonne femme commença tout de suite à s’interroger, mais elle avait des doutes par rapport à la nature de ce pouvoir, de ce don maléfique.

De là commença une traque, une chasse aux informations. Des doutes commencèrent à se former, de la peur et de la tristesse. Elle savait que Jim n'était à la base qu'un enfant qui n'avait pas été souhaité, qu'un enfant qui était censé devenir un enfant cobaye. Mais elle avait fait promette à son fils qu'il ne ferait rien à son fils. Rien d'irréparable. Jusqu'ici, elle l'avait cru incapable de trahir cette promesse. Mais qu'en était-il réellement? Et si son propre fils avait fait subir à l'enfant un tel traitement? C'était inconcevable, et pourtant, ce qu'elle découvrit n'était pas loin de ce qu'elle pensait...


Jim allait sur ses quatre ans, deux jours avant son anniversaire. Le petit enfant était habillé d'une longue chemisette blanche et traversait de longs couloirs blancs immatriculés. Des cri fusaient parfois d'un endroit à un autre. Il sursautait à chaque son. Son père lui tenait sa petite main frêle, crispé, il tenait l'enfant d'une forte poigne, comme s'il avait peur que celui-ci s'en aie en courant. Bien que le petit ne l'aurait pas fait. Jim tenait à son papa. Il l'aimait très fort. Ils arrivèrent dans une salle où trônait juste un long fauteuil, les couleurs de la pièce était très colorée, l'enfant sembla même amusé par toutes ces couleurs qui lui rappelait sa classe d'école.

❝ Papa, papa! Joue avec moi! On dira que tu es le loup et on dira que je suis la souris! Hein dis papa? ❞

Le père ne pu s'empêcher de verser une larme, tant il était désolé. Il ne se l'était jamais avoué, mais il tenait à son fils, il commençait à l'aimer sincèrement, et tout allait devoir changer. Plus aucun de ses plans n'étaient ceux qu'il avait prévu, plus rien ne tournait comme il le voulait. Il aurait tant voulu revenir en arrière, mais c'était impossible. Il savait que c'était trop tard que pous espérer faire marche arrière. Mais si seulement il l'avait pu, il l'aurait fait. Sincèrement. Un homme entra à son tour dans la pièce et posa sa main sur l'épaule de ce père perdu.

❝ J'ai changé d'avis. S'il vous plaît. Trouvez quelqu'un d'autre! Ne vous approchez pas de lui! Pitiez...❞

Mais il savait qu'il ne pouvait rien faire, c'était trop tard, la machine était enclenchée. L'homme s'approcha du garçon. Jim ne comprenait rien, il regardait son père désemparer. Que se passait-il?

❝ Papa, pourquoi tu pleures? Tu es triste? ❞

Il voulu s'approcher de son paternel mais l'homme en blanc l'en empêcha et le prit dans ses bras. Tout doucement, l'enfant s'endormit dans les bras de cet homme trop grand, au regard sombre. Il allongea le corps du môme sur le fauteuil et sorti de sa poche une seringue; à l'intérieur, un liquide rose étrange. D'un geste franc, il planta l'aiguille dans le coeur du petit. L'enfant hurla de toute ses forces tant la douleur du fluide qui entrait dans son corps était intenable.

Jim ne se réveilla qu'un mois plus tard, dans sa chambre. Son corps était douloureux mais il ne se rappelait de rien, ses parents lui dirent qu'il avait fait une très mauvaise chute mais les raisons étaient en réalité toute autre...


La grand-mère en larme avait réussi à faire parler son fils qui s'en voulait à mourir. Il savait que son fils se plaignait de monstre depuis lors, mais lui même n'avait jamais osé aller voir de plus près. Peur de voir les horreurs qu'il avait engendrer par sa bêtise, par la vente du corps de son enfant à un scientifique fou. Il n'avait jamais tant regretter une action, bien qu'il avait déjà provoqué énormément de malheur. Il était lui-même à l'origine du produit qui avait parcouru le corps de son garçon et modifié entièrement son ADN. Il était à l'origine du malheur d'énormément de mutation. Il avait détruit énormément de vie. Pour ne pas risquer la prison, il avait vendu le corps de son fils pour la plus grosse de ses expériences, qu'il avait mené avec ce taré, cet homme au intentions peu sympathiques. Mais aujourd'hui, la prison lui aurait semblé tellement plus sage. Le monstre, c'était lui. Et il se rappela alors d'un de ses collègues... Greem. Lui aussi avait provoqué bien des dégâts. Lui aussi avait perdu son enfant dans l'une de ces mutations horribles... Mais que devenait-il au juste?

Quoi qu'il en soit, Jim grandit avec cette monstruosité en lui. Il la sentait prendre de l’empleur mais ne savait pas comment la contrôler. Peu à peu, l'enfant devint un adolescent, avec des rêves plein la tête, des envies de tous les genres. Il chérissait sa famille et fut pas mis au courant de la cause de son tourment.

Mais un jour, alors qu'il rentrait de l'école, il voulut passer chez sa grand-mère, celle qui l'aidait à contrôler son pouvoir, celle qui avait toujours été là. En arrivant chez elle, il découvrit une maison totalement dévastée. Lui qui avait toujours vu cet endroit bien rangé, il comprit tout de suite ce qui arrivait. Il fit le tour de la maison, et tomba nez à nez avec sa mamie, sa marraine, sa confidente, en sang. Un couteau planté dans le cœur. Une présence se fit alors sentir, il sentait son corps bouillir de méchanceté, d'horreur et d'angoisse. La présence qu'il ressentait était ce qui l'aidait à le transformer. Il se nourrissait de tout ce qu'il sentait de mauvais autour de lui. L'homme en noir sorti de l'armoire et bondit sur le jeune homme qui l'attrapa à la gorge avant de balancer contre un mur. Jim n'était plus. Un monstre totalement différent de celui qu'il essayait de contrôler depuis qu'il était enfant était apparu. Ce monstre ce n'était pas le sien, mais bien celui de son adversaire.

Lorsque Jim se réveilla, il était à nouveau lui-même, dans une mare de sang. Il ne restait que du tueur quelques bouts de chaires. Sa grand-mère était allongée au même endroit. L'adolescent enlaça sa défunte grand-mère une dernière fois. S'étouffant dans les cris et les pleurs.

Les voisins ayant entendu les bruits avaient alertés la police qui ne comprit pas toute la scène. Jim ne fut pas accusé du meurtre de l'homme en noir, ni même de sa grand-mère. Les traces ne correspondaient pas. Il fut prit comme témoin et comme agressé. Il mentit pour sauver sa peau parce que c'est ce qu'elle aurait souhaitée, elle qui n'était plus là.

Voyant la détresse de son fils, malgré les années qui passaient, Jack Silver repensa à Damage. A ce père de famille qui avait tout perdu mais qui avait réussi à tout reconstruire et à créer une école pour les gens comme Jim. Aux pouvoirs inespérés et aux talents fous. Jim ne voulait pas devenir un héros, mais il avait besoin d'apprendre à contrôler son pouvoir et Damage était le seul à pouvoir l'aider. Il le contacta ainsi et lui expliqua la situation. Jim fut ainsi envoyé à la Heroe's SUP. Sans vraiment savoir ce qu'il allait y faire...