Aujourd'hui est un grand jour. Aujourd'hui, je suis seul ! J'ai ni les jumeaux (mes petis frères de coeur) pour me casser les pieds, ni Nicky (ma maman de coeur) pour me dire quoi faire. Quelle bonne idée de leur avoir offert une semaine à la plage. Enfin bref, je suis libre ! Et ça c'est chouette ! Et que faire quand on a du temps libre et qu'on est canardophile ? Bah on va nourrir les canards de l'étang du parc ! C'est donc de bon train que j'ai été acheté du pain pour mes potes à plumes avant de me rendre au parc.
J'aime beaucoup cet endroit il y a des canards tout le temps de l'animation entre les couples qui se baladents, les enfants qui jouent, les chiens qui courent partout. En plus il fait grand soleil et il y a une petite brise rafraîchissante, le temps idéal pour se promener. J'avais mon casque sur les oreilles avec une bonne musique. Bref, perfection ! J'ai été m'asseoir au bord de l'étang il y avait au moins une douzaine de canards qui nageaient en cancanant. Et c'est avec un grand sourire que j'ai commencé à émietter le pain pour leur lancer. Et qu'est-ce qu'il y a de plus drôle qu'un canard ? Un combat de canards ! C'est tellement amusant de les voir se chamailler pour un misérable bout de pain. Et comme à mon habitude, je donne des petits surnoms aux habitants de la mare :

«Rex, ne donne pas de coup de bec à Jacky ! Pas bien !»

Ouais, j'ai l'air d'un con à leur parler mais je vais pas le laisser s'en prendre à un plus petit canard que lui ! Heureusement que je fais régner l'ordre sur ce plan d'eau, non mais ! C'est pas des bestioles à plumes aussi cool qu'elles soient qui vont faire la loi ! Ca non !
Enfin, je leur ai donné tout mon pain avant de m'allonger dans un coin à l'ombre. Puis je me suis mis à réfléchir à ce que je pourrait bien faire pendant ma semaine de liberté. Me trouver quelqu'un serait pas mal. Enfin, j'espère plus la relation sincère et durable. Pour moi, c'est du mythe. Avec moi les gens sont plutôt du genre : "Je t'aime. Mais j'aime encore plus ton argent ! ♥" Enfin bref, vide intersidéral de l'intérêt. Et puis, vu que les jumeaux ne sont pas là je n'aurais pas à les engueuler parce que je les aurais entendu parier sur ma conquête (ils le font tout le temps). Je pourrais manger ce que je veux, aller où je veux et... Et... Et puis merde je réfléchirais plus tard !
J'ai donc fermé les yeux, confortablement installé dans l'herbe fraîche. J'ai fini par m'assoupir sous mon arbre. J'ai jamais cru personne quand on me disait que j'avais le sommeil profond. Mais je crois que je vais y croire maintenant... Je me suis pas réveillé dans le parc sous le grand arbre mais dans un endroit que je ne connais pas du tout. Je sais même pas combien de temps j'ai dormi. Pourquoi je me retrouve dans la mouise ? Je voulais juste nourrir les canards moi...

Je ne sais qui m'avait trimballé je ne sais où et puis j'y voyais rien, on m'avait mis quelque chose sur le visage. Où je suis bordel ?! Qu'est-ce que j'ai fait encore ?! Pourquoi on me prend toujours pour le méchant ?! Y en a marre ! Les deux imbéciles qui m'avaient kidnappé me laissèrent tomber sur le sol. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, mais il était hors de question que je me laisse faire. J'ai toujours mon arme sur moi, et s'il le faut, je la sors.
Une voix se fit ensuite entendre. Une voix masculine, douce et suave avec un accent chantant, anglais à n'en point douter. Mais le plus effrayant était que cette voix me menaçait de mort si je ne lui rendais pas "son argent". Je déteste être fourré dans des histoires de fric. Surtout que j'ai jamais rien volé et que la voix ne me rappelle personne que je connais.
On m'enleva ensuite ce qui me masquait la vue. Voilà donc l'anglais et oh mon dieu qu'il a des belles lèvres. Il avait l'air très amical avec son revolver pointé sur moi, son regard méchant et sa voix qui me qualifiait de "vil rapiat".

«Je suis Liam Victoria», ai-je commencé. «Et les qualificatifs "vil rapiat" ne me semble pas spécialement adaptés puisque je ne suis pas spécialement vil avec les inconnus comme vous et que je n'ai volé personne. Encore moins de l'argent puisque j'en ai à ne plus savoir quoi en faire.»

J'ai gratifié mon ravisseur d'un sourire un peu gêné. Je ne savais pas si ça l'avait mis en colère et qu'il m'exécuterait quand même ou s'il se rendrait compte de l'erreur sur la personne.

«S'il n'y a que ça, je rends l'argent qu'on vous à volé», ai-je ajouté. «À moins que vous ne vouliez tuer l'auteur de cet odieux larcin.»

Bah oui, si ça se trouve, c'est un criminel un peu mafieux, puisqu'il a des hommes de main qui m'ont kidnappé pour lui. Et je voudrais pas me retrouvé mêlé à des histoires qui ne me regardent pas, c'est pas mon genre. Enfin c'est pas mon genre... Ca peut l'être un petit peu parce que c'est un beau ravisseur anglais.
Mais à quoi je pense ?! Je suis si en manque que ça ?! En plus, je suis peut être sur le point de me faire buter ! J'ai plongé mon regard dans celui de l'inconnu (qui a de beaux yeux verts soit dit en passant), prêt à prendre possession de son esprit et l'empêcher de me tuer si besoin est.

On me fit détacher les mains puis l'on m'ordonna de vider mes poches si je voulais avoir l'espoir de quitter cet endroit. A vrai dire je n'ai pas vraiment envie de quitter mon ravisseur, j'aimerais essayer de me le mettre dans la poche plutôt ! Des anglais comme ça, ça ne court par le rues. C'est donc avec un calme désarmant que j'ai posé parterre : mon portable auquel était relié mon casque, mon paquet de clopes, mon briquet et mon portefeuille en cuir que j'ai vidé. Il y avait dedans la monnaie du pain, ma carte de crédit, celle d'identité, des cartes de fidélité, une photo des jumeaux, une de Nicky et une capote. J'ai aussi déposé mon revolver que je planque au niveau de ma cheville.

«C'était pas dans une poche, mais c'est cadeau. Vos hommes de mains n'ont même pas pensé à vérifié si j'étais armé. Faudrait songer à les former.»

J'ose espérer que lui est plus futé que les deux autres crétins. Parce que si j'avais eu un canif et que j'avais coupé mes liens, j'aurais pu lui tirer dessus et poum ! A plus anglais.
J'ai croisé les bras et attendu la réaction de mon ravisseur. Allait-il me libérer, s'énerver ? J'en sais rien. Je m'en fiche. Il sembla passer en revu tout ce que j'avais laissé. C'est pas grand chose, mais c'est quelque chose. J'ai décroisé les bras tout en prenant garde ne ne pas regarder autre chose que ses yeux. S'il réagit trop violemment, je le bloque et j'en profite pour me tirer d'ici fissa. Okay, il est charmant, même très charmant. Mais je tiens à la vie quand même. Quoi que je sais même pas si j'aurais le réflexe de m'emparer de son esprit tellement se sont ses yeux à lui qui me captivent.
Bien, c'est officiel, j'ai le syndrome de Stockholm.

Mon ravisseur m regarda un instant avant de cligner des yeux et de saisir mon revolver pour le pointer sur le front. Le tout avec la classe. Mais ça me fit tout de même sursauter. Il n'allait quand même pas me buter ?! Ah non. Il me le confirma en disant qu'il gardait le meilleur pour la fin. Ma mort est tout de même au programme c'est assez contrariant... En plus à l'entendre on dirait qu'il a hâte d'arriver à la fin. Sans un mot de plus, il fourra mon pistolet dans sa poche puis retourna se rasseoir sur son grand fauteuil aux allures de trône, s'amusa avec une arme et se servit à manger. Alors que moi mon estomac commence à manifester l'envie d'être rempli.
Sur un ton quelque peu tranchant, il me demanda de lui parler de ma personne. J'aime bien parler de ma personne mais ma vie est plutôt vide. Il se mit à mâcher des bonbons, m'observant. Je me suis senti obligé de lui répondre.

«Et bien, si je devais dire quelque chose sur moi ce serait que j'ai une vie relativement ennuyeuse... Je commence tout de même à rencontrer des gens en dehors de ma cage dorée. Sinon je jongle entre mes "petits frères"», dis-je en faisant le geste signifiant "entre guillemets" puisque je les ai adopté. «Il y a aussi la musique, la danse. Je suis un passionné de classique. Et enfin les repas d'affaires pour mon papa -cet imbécile.» J'ai marqué un temps pour réfléchir mais j'ai fini par dire avec un petit sourire sadique : «Le plus palpitant c'est quand même la vengeance. Pousser les gens à se suicider ou s'il ont de la chance finir dans un asile. Juste pour me venger. C'en est presque jouissif.»

Oui, ce qui osent m'affronter perdent toujours. La seule vengeance que je n'ai pas obtenue est celle de mon amie tuée par un fou furieux. Mais je finirais pas réussir. Assurément. Je n'échoue jamais.
J'ai ensuite arboré un grand sourire :

«Vous voulez savoir autre chose ?»

Quelque soit la question je répondrais. Même si la réponse est une balle entre les deux yeux. Quand je suis sous le charme, je deviens très con. Mais ses yeux émeraudes qui ne regardent que moi... Je ne peux pas y résister.