Doux et délicats étaient les morceaux de tissus qui recouvraient sa peau bronzée, aux rythmes des traditions américaines, ramenant d’Occident. Voici bien la seconde fois qu’elle connaissait pareille cérémonie dans sa courte - ? – vie. La première avait été par le biais d’un mariage arrangé avec le fils d’un noble, qu’elle n’avait pas choisi. Pour protéger sa tribu, elle avait servi d’échange et ne l’avait jamais regretté. Léon avait été un mari modèle, aimant. Les circonstances les avaient malheureusement séparés à cause de l’ambition des hommes et aujourd’hui, bien qu’elle savait ce genre de scénario impossible, voir improbable, Lulu angoissait un peu de passer de nouveau par la case « deuil » post- mariage. Elle ne le voulait pas ! Aaron était une personne merveilleuse, aux côtés duquel elle avait découvert la vie nouvelle de ce siècle et tant d’autres choses encore. Parfois, elle s’était même demandé si elle n’était pas redevenue une adolescente ingénue lorsqu’elle se surprenait à ressentir des papillons dans le ventre alors qu’il lui parlait, tout simplement.

L’amour. Ce sentiment pouvait à la fois tout détruire et tout bâtir. Une force de la nature, voici comment l’amérindienne le voyait. Elle le vivait et le craignait à la fois. Surtout en ce jour où elle allait enfin dire oui. Un seul mot et toute sa vie en serait changée. A tout jamais.
Ses mains tremblaient un peu sous ses gants de soie blanche, alors, pour essayer de se calmer par elle-même, la jeune femme s’empara du magnifique bouquet de fleurs immaculées en tout genre et le porta prés de son nez. La composition sentait divinement bon… C’eut le mérite de la détendre quelque peu. En fermant les yeux, elle se souvenait même de son époque – qui lui manquait tout de même un peu, avouons-le – et de ce qu’elle y faisait, enfant. Jouer dans les plaines et prairies, célébrer les unions au sein de la tribu… Pour un peu elle en aurait presque été nostalgique.

Rouvrant ses immenses biles céruléennes, Lulu décida de reposer un peu le bouquet et de s’inspecter une dernière fois dans le miroir qu’on lui avait amené tout spécialement pour son mariage. Elle trouvait sa robe magnifique. Le bustier laissait ses épaules découvertes, certes, mais son cou était serti d’un très beau collier surmonté d’une pierre d’aigue-marine, pour assortir avec ses yeux. Le voile de l’ensemble dissimulait une bonne partie de son unité, cela dit. Elle sourit. Et tangua, un peu. Elle n’avait pas trop l’habitude des hauts talons par contre et ceux de la parure étaient assez élevés par rapport à l’accoutumée. Fort heureusement, elle ne s’étala pas au sol, dieu soient loués ses réflexes naturels.
On frappe à la porte. Elle prononce un « Entrez ! » très enthousiaste. Qui était-ce donc ?

Je me suis réveillé tôt et relativement dans le pâté. Je me fit violence et me levai non sans difficulté pour me préparer. Et ça allait prendre du temps. Aujourd'hui, je voulais être parfait. Enfin encore plus parfait qu'un jour ordinaire. Car aujourd'hui, c'est mariage ! "C'est le mariage de ta soeur et pas le tien", me direz-vous mais quand même ! J'ai une image à tenir s'il vous plaît ! Je me suis donc préparé un long moment : visage, cheveux, tenue... Tout était réglé au moindre petit détail. J'avais opté pour un costume gris clair avec une cravate vert pastel pour trancher un peu et ne pas paraître trop terne. De plus j'avais réussi tant bien que mal à dompter ma folle crinière blonde.

Maintenant, mission numéro une : faire en sorte que mon futur beau-frère soit parfait et qu'il me prenne pour un gentil. Je lui avait donc proposé de l'aider à se préparer pour ce grand jour, "le plus beau jour de sa vie". Il avait un beau costard trois pièces, blanc évidemment. Je me chargeais de régler les petits détails : enlever les plis, serrer correctement sa cravate, arranger une mèche rebelle... J'étais plutôt fier de mon "boulot". Il avait de l'allure, bien assez pour que je le laisse se présenter devant Lulu.
Je sais que j'ai pas toujours été super sympa avec Aaron bien qu'il soit quelqu'un de tout à fait respectable et sympathique. Mais que voulez-vous, je me fais du souci pour Lulu moi ! Aujourd'hui encore elle a toujours un peu de mal, plongée dans une époque qui n'est pas la sienne. D'ailleurs il faut que je passe la voir aussi. Je laisse donc le suédois en lui disant de ne pas stresser car tout se passera pour le mieux. Oui, je vois très mal Lulu dire non le moment venu.

Je rejoignis Lulu en vitesse, histoire de ne pas perdre de temps et de m'assurer que tout va bien. Je frappe à sa porte. Elle répond avec enthousiasme que je peux rentrer, ce que je fais donc. Et je peux vous dire qu'elle était absolument radieuse dans sa robe. Belle et aussi délicate qu'une fleur. Je ne pu m'empêcher de sourire.

«Tu es magnifique. Prête pour le grand moment ?»

Elle semblait plus détendu que son futur mari, ce qui n'était pas plus mal.

HRP:

Elle vit Liam, parfaitement bien habillé, entrer dans la pièce, avec elle, afin de voir comme elle « allait ». A voir la tête amusée de son frère, elle en déduisit que son futur homme ne devait pas être très détendu, ce qui la fit rire quelque peu. Puis elle profita d’un petit moment avec son plus proche membre de la famille à l’heure actuelle et lui retourna son compliment, pour le moins flatteur.

« Et toi alors ? Tu t’es regardé ?! Un vrai mannequin ! »

Nouveau rire. Mais elle devait bien lui répondre, également.

« Oui, je suis prête. Plus que jamais. »

Ils discutèrent un peu, de tout et de rien jusqu’au moment fatidique de la conduite jusqu’à l’autel. Heureuse, elle remit correctement son voilà pâle devant sa belle figure et s’accrocha par la suite au bras de Liam, qui était naturellement celui ayant le privilège de l’y conduire, scellant ainsi un lien incassable entre deux êtres que, pourtant, il n’aurait sans doute jamais imaginé qu’ils finiraient ensembles au départ. Et pourtant… Le destin est définitivement plein de surprises.

Parvenu devant les marches de l’autel, Lulu remerciait son frère et gravit les quelques marches, bouquet en main et robe parfaitement ajustée de la tête aux pieds. En fond sonore, l’on pouvait déjà entendre l’orchestre s’apprêter pour accompagner les âmes sœurs parés à échanger leurs vœux. En entendant Aaron parler suédois, Lulu ne put s’empêcher de sourire. Il était encore plus angoissé qu’elle ne l’aurait jamais imaginé !

Alors, tendrement, et pour essayer de le calmer, elle lâcha d’une main le bouquet, ne le retenant qu’avec l’autre et porta l’extrémité libre, recouverte de la couche blanche d’un gant de soie blanche, jusqu’à la joue de son cher et tendre.

« Tout va bien se passer, Aaron, ne t’en fais pas. Je t’aime, aussi. »

Oui, malgré tout, elle avait vaguement compris le message. Elle avait déjà eu l’occasion de se renseigné sur le suédois depuis qu’elle connaissait le professeur. Elle ne le parlait en aucun cas, certes, mais qu’importe, les notions de base lui revenaient sans peine aucune. Se réinstallant convenablement, patientant jusqu’à la suite des évènements, la belle amérindienne ferma un instant les yeux, afin de réaliser ce qu’il se passait. Un nouveau mariage. Elle n’aurait jamais pu imaginer qu’un jour elle aurait de nouveau droit à une telle cérémonie. Sa joie ne faisait alors que s’exalter, à nouveau.