Saa mite goran kanashii ohanashi ~  

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C'était un samedi soir comme les autres.
Emi était arrivée tôt ce matin, avec son énergie habituelle. Son patron -Un vieille homme proche de la cinquantaine- l'avait accueillit avec ce ton paternel qu'il prenait dès qu'il la voyait ou lui parlait. Il faut dire ce qu'il y est ; elle a beaucoup de chance d'avoir un patron aussi sympathique, ce qui n'est pas toujours le cas pour les autres. Une fois arrivée, elle passait par le vestiaire des employés, généralement vide à cette heure-là. Elle enfla la tenue du bar, une espèce de tenue noir et blanche assez simple, histoire qu'elle soit libre dans ses mouvements. Le bar où elle travaillait était assez fréquenté, et le travail ne manquait jamais. Elle finit d'enfiler les petites chaussures à talons qui allait avec sa tenue, puis elle sortit du vestiaire. A cette heure-ci, il n'y avait pas foule, hormis quelques collégiens ou lycéens qui revenaient des cours du matin. C'était peut-être le moment qu'Emi préférait, le matin, car le soir, les choses se corsent légèrement.

18h. Enfin, Emi pouvait rentrer chez elle. Sa pause déjeuner n'avait pas été du luxe, car les clients avait afflué en masse dès 11h, et maintenant, elle avait du mal à gérer, entre les commandes, les clients qui se plaignent que les machines ne marchent pas, les enfants qui pleurent parce qu'ils ont faim … Elle pourrait enfin souffler un peu. Alors qu'elle finissait de nettoyer sa dernière table, son patron s'approcha, l'air embêté et profondément désolé. Emi se redressa, et lui adressa un sourire interrogatif, lorsque celui-ci lui fit signe de venir dans son bureau. Elle le suivi, réfléchissant déjà à ce qu'elle ferait à manger ce soir, et sur quel jeu elle pourrait se défouler quand son patron mit fin à ses réflexion de façon rapide

« Écoute Emi … Je suis un peu embêté. J'ai une de mes serveuses qui ne peut pas venir ce soir, elle est tombée gravement malade et avec le monde qu'on attend, ses collègues ne s'en sortiront pas seuls. Est-ce que … Ça t'embêterais de faire le service jusqu'à minuit, voir 1h du matin ? Je sais que je te demandes beaucoup, mais en échange je ferais sauter ton service vendredi prochain et je te donnerais une petite prime ! »

A son visage, Emi savait que son patron était vraiment très embêté par cette nouvelle ; il transpirait beaucoup et il semblait très stressé. Mais ce n'était pas dans ses habitudes de s'occuper du samedi soir : elle n'avait pas tant d'expérience que ça et c'est la soirée la plus remplie de la semaine. Mais la promesse d'une prime et d'un vendredi soir tranquille pesaient lourd dans la balance. Après un court moment de réflexion, elle accepta, en demandant si elle pouvait prendre quelques minutes pour prévenir son père, et manger quelque chose avant de reprendre le service, chose que son patron accepta avec joie ; en contre-partie, elle lui rendait grandement service. Elle se dirigea dans le vestiaire puis s’asseyait sur le banc, sortit son portable et, avec un petit soupir triste, appela son père.

« Allô, otosan ? Oui, c'est moi. Ehm … Le patron m'a demandé si je pouvais rester plus longtemps ce soir, parce que Marissa est malade … Oui, oui je sais … Ça ira t'en fait pas pour ça … Je rentrerais tard donc mange sans moi. Promis je fais attention. Je t'aime, bisous. »

22h. Emi commençait à fatiguer ; les groupes de jeunes complètement énervés, les enfants, les hommes bourrés et les femmes en quête de jeunes hommes lui tombaient dessus les uns après les autres. Il était rare qu'elle voit ça, car même le vendredi soir était bien plus calme, en tout cas la plupart du temps. La jeune fille était un peu en nage, toujours un plateau sous le bras et l'autre dans la main. Au fond d'elle-même, elle préférerait être sous la couette, loin de tout ce bruit et de tout ce monde. Mais elle avait besoin d'argent, pour mettre de côté et devenir une « grande » personne. Mais ça, son père n'en savait rien, et il valait mieux pour lui qu'il l'ignore le plus longtemps possible ; cela lui ferait trop de peine. Puis, alors qu'Emi servait une table, elle vit un homme, assez étrange, qui entrait dans le bar. Pourquoi étrange ? Peut-être ses cheveux -d'un blond éclatant-, ou sa tenue, blanche et assez classe, pas vraiment le genre de costume que les habitués mettent dans ce genre d'endroit. Mais bon, après tout, pourquoi pas ?

Une fois l'homme installé, elle finit de servir les précédents clients, puis elle s'approcha, carnet à la main, pour prendre sa commande. Elle le regarda un peu étrangement, puis prit un sourire timide en demandant

« Bonsoir monsieur, vous désirez quelque chose ? »

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« _ Un mojito s'il vous plaît mademoiselle.

Bien monsieur. »

Emi tourna les talons, avec une étrange impression. L'homme assit semblait très « classe » ; la tenue, la posture, tout son être exprimait une certaine complaisance et aisance. Pourtant, il semblait légèrement …  Étrange. Emi était du genre à se sentir mal à l'aise dès qu'on la fixait plus d'une minute ; tout simplement sa timidité maladive qui s'exprime. Pourtant, le regard de l'homme semblait se poser sur son dos, comme un mini-poids sournois dont seule Emi connaît l'existence. Mais qu'importe, le travail passe avant tout ! Elle s'approcha du bar, puis donna la commande au barman, qui s'affaira avec rapidité et agilité. Emi l’aimait bien ; il était gentil avec elle, même lorsqu'elle renversait les verres avec sa maladresse légendaire. Généralement, dans cette situation, elle était la seule qui ne se faisait pas engueuler, probablement parce qu'elle est toujours de bonne humeur et souriante, à l'inverse de certaines de ses collègues qui se permettent de râler pour un oui pour un non, surtout auprès du barman : c'était toujours lui le « coupable » si une commande prenait du retard. C'était stupide, mais la vie est parfois un peu bête ou hypocrite.

Tout en attendant la commande, Emi fît le tour des nouvelles tables fraîchement arrivés, tout en gardant son doux sourire, et sa bonne humeur. Elle tentait d'oublier le regard pesant sur elle, et de continuer à faire ce qu'elle savait si bien faire : sourire. Puis, lorsqu'elle finit de faire son petit tour, elle retourna au bar où on lui passa sa commande. Elle prit le plateau, puis, avec une adresse étonnante, elle s'avança de nouveau à la table de l'inconnu, toujours souriante, puis déposa son verre tout en ponctuant son geste avec un « Voilà » léger et calme. Elle reprit son plateau entre ses bras, puis, après un sourire professionnel, elle retourna voir d'autres clients. Elle était soulagée, et, à la fois, intriguée. C'était rare de voir ce genre de personne dans un bar karaoké, là où les jeunes et parfois les familles se réunissaient. Mais après tout, pourquoi pas ? On était à la Heroe's, et les choses sont parfois … « Spéciales ».

Mais le repos d'Emi fut de courte durée ; quelques temps plus tard, alors qu'elle finissait de servir une table d'une demi-douzaine de personnes, elle entendit quelqu'un qui l'appelait. Elle leva la tête, puis se retourna. Elle vit l'homme en blanc lui faire un signe de la main, et après vérification qu'il n'appelait pas une autre serveuse, elle s'approcha, toujours souriante, tout en demandant ce qu'il désirait. La réponse étonna notre jeune serveuse

« Tu m'en apporte un autre s'il te plaît ma jolie ? »

Ma … Jolie ? Elle le fixa avec des yeux assez étonnés, puis reprit son sourire. « Il ne faut jamais vexer un client », lui disait tout le temps son patron. C'était comme ça, parfois certains clients prenaient des « aises », mais il fallait sourire et rester diplomate. Elle sentit que quelque chose s'agita doucement à l'intérieur d'elle-même, mais elle réussit à se contrôler et faire taire la petite voix de Miko qui lui hurlait à l'oreille. Elle secoue simplement la tête, avant de retourner au bar. Cette fois-ci, elle ne le quitta pas jusqu'à ce que la commande soit prête, car elle était un peu stressée ; c'était rare qu'on l'aborde comme ça si franchement. Ça arrivait, mais souvent elle se contentait de détaler comme un lapin apeuré, et elle pouvait courir très vite. Mais là, elle travaillait, aucun échappatoire possible. Elle prit la commande une fois celle-ci prête, puis se redirigea vers la table. Elle posa le plateau, peut-être un peu fort car le verre trembla légèrement, puis elle fit son sourire « spéciale serveuse » avant de commencer à se retourner. Mais l'homme l'interpella de nouveau

« Tu sais que tu es vraiment très mignonne~ ? ♥

Euh, je … »

Cette fois-ci, ses yeux s'agrandirent, et elle resta bouche-bée. Et maintenant elle était « mignonne » ? Elle commença à regarder furtivement voir si son patron était proche, mais elle ne vit personne hormis la masse de clients bien trop occupés à chanter. Elle se tourna de nouveau vers l'homme, puis essaye de dire en gardant le sourire

« Excusez-moi monsieur mais … C'est un peu … Indélicat de votre part. C'est gentil, mais je trouve un peu déplacé. Est-ce que vous êtes sûr que vous vous sentez bien ? Vous semblez un peu … Rouge. »

Elle dit ce dernier mot en faisait un cercle autour de son visage, pour lui signaler qu'il avait un drôle de teint. Puis, elle fit de nouveau un sourire, un peu plus rassurée ; Miko ne semblait pas trop énervée, elle contrôlait les chances. Après tout, il n'avait pas l'air « méchant », alors pourquoi pas faire preuve de diplomatie avec lui ? Elle lui tendit une main, geste très « viril », puis lui dit d'une voix assez professionnel

« Je m'appelle Emiko. Mais s'il vous plaît, éviter ce genre de propos la prochaine fois, d'accord ? »

… Sinon Miko risque de se mettre très en colère, pensa-t-elle.


[HRP:]

Spoiler:

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« L'ivresse sans doute...

Probablement ! »

La jeune fille dit ce mot avec un ton entre l'amusement et la douceur. Après tout, il n'avait pas été « bourru » ; il avait fait preuve d'un galanterie certaine, et, bien qu'elle avait du mal à accepter les compliment d'un inconnus, il n'avait pas eu de geste déplacé. Heureusement, d'ailleurs ; sinon, Miko aurait prit la mouche et elle n'aurait rien pu faire, et là … Là, ç'eut été dangereux. Alors que sa main, fine et blanche, était tendue près de l'étranger, ce dernier la fixa quelques instants avant de la serrer délicatement, comme si Emi' était faite de porcelaine, puis y déposa un chaste baiser dessus, ce qui tira un sourire à la jeune fille qui en profita pour piquer un fard sans même essayer de le cacher ; c'était bien trop tard de toute manière.

« Vous ne m'y reprendrez plus, Emiko. Je m'appelle Liam et je m'excuse sincèrement.

Eh bien … Enchantée, Mr Liam. Et j'accepte avec plaisir vos excuses. »

Elle lui offrit un joli sourire, plus sincère de professionnel. A ce moment, elle eut une pensée -Coupable, et Dieu seul sait pourquoi- envers Réon, qui aurait sûrement prit la mouche à la voir sourire ainsi à quelqu'un d'autre. Mais il n'y avait rien de mal dans le fait d'être polie … N'est-ce pas ? Et puis pourquoi se sentir coupable, après tout, c'était un simple ami. Un simple ami, ricana une voix au fond d'elle même, la voix de Miko qui fût rapidement rembarrée par l'esprit d'Emi. Puis, elle retira avec douceur sa main de celle de l'inconnu, tout en faisant une petite salutation très japonaise, en inclinant les genoux et la tête, puis reprit son plateau sous le bras.

« Je vous prie de m'excuser, mais j'ai encore beaucoup de travail. Si vous avez le moindre soucis, dites-le moi, d'accord ? Et faites attention avec l'alcool ! »

Elle dit cette dernière phrase avec un petit rire gentil, et pas du tout moqueur. Elle lui fit de nouveau signe, puis elle repartit vers les nouvelles tables, avec un sourire aux coins des lèvres.
Les minutes passaient, et Emi avait reprit son travail de plus belle. Des familles, des amis, parfois des gens un peu plus lourd que Liam qui prenaient un malin plaisir à la faire tourner en bourrique, tout en riant à s'en exploser le gosier. Et tout ça, Emi devait le vivre avec le sourire aux lèvres, sans cesser d'être polie. Quelques personnes calmèrent rapidement les jeunes un peu trop « énervés » au goût des serveuses, mais Emi sentait que cette paix serait de courte durée. Elle s'affairait, avec une habilité que peu de gens connaissent, car elle n'y arrive que lorsqu'elle est très concentrée. Autrement, le naturel revient au galop, et elle serait certainement tombée plusieurs fois, avec les commandes entre les mains. Mais elle gérait, le patron comptait beaucoup sur elle.

Alors qu'une bonne vingtaine de minutes étaient passés, Emi demanda si elle pouvait prendre une petite pause de quelques minutes, le temps de manger rapidement et surtout de boire. D'ailleurs, en parlant de boire, elle repensa à Liam, qui était toujours là, assis, en fixant son verre. Elle, elle ne connaissait pas trop ce genre de sensation, celle d'être ivre. En même temps, la demoiselle ne tenait pas du tout à l'alcool ; la dernière fois qu'elle avait bu, c'était lorsqu'elle s'était trompée de verre, et qu'elle avait bu la bière de son père, d'une traite. La dernière chose dont elle s'est rappelée, c'est d'avoir tout trouble, puis de s'être réveillée dans son lit. Depuis, elle évite de se tromper ou même de boire ne serait-ce qu'une petite goûte d'alcool. Mais bon, elle ne s'en plaignait pas, cela avait son bon côté ; elle pourra jouer les « Sam » lorsqu'elle aura son permis, et puis elle sera là au besoin lors des soirées. Tout en pensant à tout cela, elle entendit du remue-ménage du côté de la table de Liam. Elle sortit de son « coin » pour s'approcher vers la table.

Devant elle, Liam, l'air calme mais près à mordre, et un des jeunes un peu énervés de tout à l'heure, se disputaient.

« Qu'est-ce qu'un comme toi fiche ici ?! T'as assez de fric pour te payer tes fringues de bourge mais pas pour te payer un verre ? Retourne chez toi ou on t'y renvoie nous-même ! On pas autant de thunes que toi mais on a plus de force !

D'où tu te permet de sous-estimer ma force ? »

Subitement, Liam se leva, l'air plutôt en colère. Emi' s'approcha encore plus, avec la ferme intention de calmer les choses avant que cela s'envenime. Mais, bizarrement, après les mots de Liam, le jeune semblait comme … Bloqué. Elle ne comprenait pas trop ce qu'il se passait, mais simplement que si une bagarre éclatait, avec ses petits bras, elle ne pourrait pas faire grand chose.

« J'ai largement de quoi te faire la peau alors barre-toi de là ! »

A ce moment là, Liam semblait prêt à lui bondir dessus, avec un calme où se mêlait une excitation un peu … Étrange. A ce moment-là, Emi ne réfléchit pas, puis tenta de se mettre entre les deux hommes, bras grands écartés, puis dit d'une voix qui se voulait ferme

« STOP ! Arrêtez, ne vous bagarrez pas ! »

Mais elle arriva un peu tard ; le jeune homme semblait sortir de sa torpeur, puis fonça vers Liam tout en lui assénant un coup de poing au niveau du ventre, ce qui donna comme résultat de lui arracher un juron assez grossier, ce qui ne collait pas du tout avec ce qu'en avait vu Emi. Elle assista, comme impuissante, à la situation. Liam se releva, à peine décoiffé par le coup, puis se positionna en face de lui, de toute sa grandeur, et de nouveau l'homme se retrouva comme en torpeur. Emi commençait à se poser de sérieuses questions, mais avant, il fallait mettre un terme à tout ça, avant que la situation devienne ingérable.

« Les minables dans ton genre ne valent même pas la peine que quiconque s'intéressent à eux.

Stop, STOP ! Ça suffit maintenant, Liam, laissez-le ! »

Instinctivement, elle savait que Liam tramait quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Tout en lui hurlant ça, elle sentait Miko qui hurlait avec elle, mais avec un timbre de voix bien plus grave. Puis, sans même réfléchir, Emi attrapa Liam par le bras, et avec une force que personne ne lui devinerait, elle le traîna puis l'emmena dans la salle de repos des employés, totalement vide. Sur le chemin, elle interpella d'une voix presque rauque un des gardiens en lui disant de « Foutre dehors ce jeune abrutis et ses amis avec ». Puis, une fois dans la salle, elle lâcha Liam, puis s'attrapa la tête à deux mains. Toute cette agitation avait drôlement secoué Emi et Miko, et cette dernière menaçait doucement de s'exprimer plus que raison. Puis, se laissant glisser le long de la porte, elle dit d'une voix encore légèrement stressée à Liam

« … Qu'est ce que vous étiez en train de lui faire ? »

Elle leva les yeux vers lui, des yeux bizarrement calme par rapport à son comportement. Après tout, elle était à la Heroe's, et elle n'était pas aveugle. Mais cela ne lui faisait pas peur ; malgré le changement violent du comportement de Liam, elle sentait qu'il ne deviendrait pas agressif avec elle tant qu'elle restait courtoise. Et puis, après tout ; qu'est ce qu'elle pouvait bien lui faire ? Elle n'avait rien à lui reprocher … Pour le moment.

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Saa mite goran kanashii ohanashi ~  

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« Je le faisais flipper un peu. Pour qu'il me foute la paix.

Je pense que vous avez plutôt bien réussit, vu sa tête. »

Ce n'était ni une boutade ni une critique ; c'était surtout vrai. Lorsqu'elle l'avait conduit dans la salle des employés, elle avait vu le regard du jeune homme : il était tétanisé de peur. Comme s'il s'était rendu compte que quelque chose n'allait pas. La jeune fille, le dos posée contre la porte, se frotta les cheveux. Tout en défaisant son chignon, elle observait Liam. Il avait l'air totalement dans les choux, le regard hagard. C'était étrange, mais elle n'arrivait pas à être réellement en colère, malgré tout le remue-ménage. Il n'avait pas l'air « méchant », juste fort bourré comme dirait l'autre. Et d'une certaine manière, il avait un côté attachant, le genre de personne qu'on a envie d'aider. Malgré ses agissements plus que douteux, qui faisait hurler de rage Miko à l'intérieur d'elle-même. Mais Emi', elle, essayait de passer outre, et de calmer sa nervosité. Puis, alors qu'elle l'interrogeait d'une voix calme, Liam lui répondait d'une voix un peu vaseuse, réponse qui étonna Emi ; elle ne pensa pas vraiment qu'il lui répondrait avec sincérité.

« J'ai la faculté de manipuler les esprits. En gros, je le forçait à n'écouter que moi pour qu'il ai les jetons. C'était pas méchant. »

Elle resta quelques secondes sans rien dire. Alors, pensa-t-elle, lui aussi à un pouvoir … Mais la question se posait ; était-il du « bon » ou du « mauvais » côté ? A vrai dire, Emi savait d'elle-même qu'il n'y avait jamais de personne toute blanche ou toute noire, elle était bien « amie » avec Orphée. Qui était loin d'être un saint, mais loin d'être un homme détestable. Elle ne savait plus trop quoi penser ; la voilà coincé avec un homme dont elle ne sait rien, si ce n'est qu'il a le pouvoir de manipuler les gens via leur esprit. Si jamais il devenait, subitement, agressif, elle n'avait aucun moyen de le contrer, sauf si elle laissait Miko faire … Mais là, devant tout le bar ? Mauvaise idée. Elle se frottait le front, comme en proie à une grosse réflexion. Bon. Le mieux, c'était de trouver un endroit où il pourrait cuver, puis ensuite qu'il reparte chez lui ; oui, pensa-t-elle, c'est ce qu'il y a de mieux à faire, pour tout le monde. Au moins, comme ça, il redeviendrait lui-même, et qui sait, peut-être qu'il réagirait très bien lorsqu'il apprendra qu'elle sait. Ou bien elle ne lui dirait pas, là aussi était le dilemme.

Mais avant qu'Emi puisse continuer à réfléchir, non sans nervosité, elle sentit un mouvement dans la direction où se trouvait Liam. En tournant la tête, elle vit qu'il était debout, titubant très légèrement mais toujours avec son sourire un peu étrange ; ni méchant, ni gentil, un sourire qu'Emi avait rarement vu, à vrai dire. Il se rapprochait d'elle, et Emi, un peu surprise, ne sût comme réagir. Puis, Liam se posa devant elle, et elle sentit son souffle près de son cou, comme s'il respirait l'air qui se trouvait autour d'elle. Aussi rouge qu'elle put l'être, Emi se raidit subitement, n'osant même pas le repousser, le cœur qui battait vite. Étrangement, elle se sentait gênée, mais aussi elle entendait une petite voix dans sa tête qui disait « Non non non », en boucle. Alors que Liam s'approchait encore plus du visage empourprée de la jeune fille, son corps un peu trop près du sien, elle entendit sa voix comme si elle venait de très loin

« Bah quand une fille amène un gars dans un endroit désert, c'est une invitation, non~ ♥ »

Oh. Non. Mauvaise idée. Très mauvaise. Soudainement, alors qu'Emi commençait à bégayait de façon totalement exagérée, elle baissa la tête, puis fût saisis de petits spasmes. Oh, ils n'étaient pas très impressionnant, mais c'était relativement inhabituel de voir cela. Puis, d'un coup, la jeune fille leva les yeux vers Liam, avec un air proche d'une psychopathe à deux doigts d’éviscérer sa victime. Les yeux d'Emi, d'habitude bleu/vert, étaient devenus noir, un noir d'encre presque angoissant. Et, avant même qu'une seconde puisse s'écouler de nouveau, sa main droite décolla pour atterrir avec pertes et fracas droit dans le visage de Liam. La douce jeune fille délicate et timide avait disparu ; Liam se retrouvait face à Miko, une Miko très en colère. C'est normal, après tout, personne ne touche sa Emiko, sauf une personne en particulier. Et encore, pensa-t-elle, il est encore trop nigaud pour pouvoir l'approcher d'aussi prêt. Elle préparait déjà son deuxième coup, quand elle dit d'une voix presque rauque et violente

« J'te préviens, si tu t'approches encore d'elle, j'te marave tellement que t'auras même pas l'temps d'appeler à l'aide que son sang t'servira de cercueil ! »

Oui, c'était une toute autre personne. Sa posture, ses yeux, son expression, tout indiquait qu'Emi était loin, très loin. Miko serrait les poings, faisant craquer ses phalanges, prête à transformer toutes les molécules de son corps en une ombre terrifiante ; mais pour le moment, elle se contenterait d'une bonne rouste envers le jeune homme. Puis, toujours avec cette même voix, elle se pencha vers lui, le regardant droit dans les yeux

« La prochaine fois qu'tu dragues la donzelle, m'sieur le charmeur, évite de t'en prendre à elle. Je te surveilles. Et je la protège. »

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« Tu la protèges... Elle en a de la chance... »

Cette petite phrase, minuscule et si semble si insignifiante, eu comme un effet électrique chez Miko. Subitement, la jeune fille s'arrêta, ses poings encore serrés mais qui ne semblaient plus du tout motivés à fonctionner. Elle baissa les bras, qui se retrouvèrent comme deux chiffons le long de son corps. Merde, pensa-t-elle, tout en détournant la tête. Elle avait été encore à deux doigts de foutre sur la tronche de quelqu'un pour pas grand chose. Enfin, pas grand chose ; la jeune fille avait toujours été comme ça, à « chasser » les démons d'Emi. Elle n'avait plus grand monde, cette enfant : un père adorable mais qui se faisait vieux, une mère morte trop tôt, et malgré son entourage qui commençait à s'élargir, elle repensait à cette petite fille qui pleurait dans son coin en appelant sa mère, après avoir prit des claques et parfois des coups dans le visage. Elle rentrait ensuite chez elle, ses vêtements en partis déchirés, et son père la serrait entre le creux de son bras comme pour chasser ces mauvais moments. Mais même encore aujourd'hui, Miko savait, que toutes ces attentions, ces gentillesses et la présence de son père n'avait pu remplacer sa mère, qui lui manquait terriblement.

Il y a longtemps, Miko s'était attaqué à un jeune homme, qui tout comme Emi, souffrait simplement d'une absence, d'un manque, et d'un mal incurable. Et elle s'en était voulue, même encore aujourd'hui le visage en pleurs de ce garçon la hantait. Elle était violente et parfois cruelle, mais elle ne voyait qu'un seul objectif ; sauver Emi, à chaque fois. Et si pour cela, il fallait qu'elle s'en prenne à des innocents, elle le ferait, quoi qu'il lui en coûte. C'est sa seule et unique motivation, même si à chaque coup elle culpabilisait « d'abîmer » le corps de la jeune fille, n'ayant pas de corps propre. Mais elle s'était habituée, à cette vie dans l'ombre, elle qui ne devrait même pas exister. Elle qui est née des Ténèbres, enfant de rien, venue de nulle part. Si seulement je pouvais la laisser tranquille, pensa-t-elle avec une mine presque triste, tout cela serait si facile. Elle n'aurait plus à blesser la jeune fille, blesser sa propre « âme », elle serait enfin complète, et Emi serait enfin unique. Elle posa une de ses mains -Ou plutôt, une des mains d'Emi- sur son front. Emi se débattait pour reprendre le contrôle, mais Miko avait encore besoin de quelques minutes d'autonomie, et tout en pensant cela, la douleur disparu peu à peu.

Sur ces réflexions, la jeune fille se pencha vers Liam, ce dernier ayant rapproché ses genoux sur son torse, la tête cachée. Mais elle sentait sa peine, et son malaise face à tout cela. Elle se mit donc à genoux, et, comme si elle cherchait à se faire pardonner, elle posa doucement sa main -Qui cinq minutes avant avait servit à lui taper dessus- sur son crâne, frottant de façon maternelle les cheveux blond de Liam. Après tout, il n'était pas vraiment méchant ; comme Emi, il se créait une carapace qui lui créé plus d'ennuis qu'elle ne le protège. Puis, après ce geste assez affectueux -Surtout venant de Miko-, elle s'assit à côté de lui, et prit la même position que lui : les genoux relevés, et les bras qui passaient autour.

« Je suis désolée, Liam. Simplement, cette petite est mon seul soutient, la seule chose qui fait que j'existe, alors, je la protège, comme je l'ai toujours fait. »

Elle soupira, tout en se grattant les cheveux, ces cheveux qu'elle trouvait toujours aussi doux malgré les années.

« Écoute, tu n'as pas l'air spécialement mauvais. Je ne sais pas ce que tu as fait ou pas fait dans ta vie, que ça soit bien ou mal. Mais je pense que t'es pas l'genre à profiter d'une nana comme Emi comme ça. »

Elle poussa un petit rire plus rauque que celui d'Emi, puis elle continua sur sa lancée tout en tournant la tête vers lui.

« Je te propose quelque chose. Je ne pourrais peut-être pas toujours défendre Emi, et je crois que toi, en contre-partie, tu as du mal avec la solitude. Donc, je te fais une promesse ; si tu as besoin, où et quand que ce soit, de quelqu'un à tes côtés, je serais là. »

Elle donna un petit coup de coude à Liam, comme pour vérifier que le jeune homme était toujours là.

« Et, je te demande juste de rester correct avec Emi. Tu n'es pas obligé de la protéger, ou de te « sacrifier » pour elle, mais c'est encore une grande gamine, et elle a besoin d'un entourage solide si elle veut grandir et devenir plus forte. Et surtout, pour qu'elle reste égale à elle-même. »

Puis, Miko fit preuve d'énormément de concentration pour s'exprimer à Liam sans qu'Emi puisse « l'entendre ». Car oui, le défaut d'avoir deux consciences en un corps, c'est que les deux communiquent et s'entendent, même si reprendre le contrôle n'est pas toujours simple. C'est donc avec toute son énergie que la jeune fille puis dire cette phrase, tout en penchant doucement vers Liam, vidée de ses forces

« Mais, ne te fais pas d'idée … La gamine a déjà le cœur prit ; mais je suis sûre … Qu'un jour tu trouveras quelqu'un de bien. »

Puis, le corps d'Emi fût subitement saisit d'une crise de narcolepsie, car son corps glissa lentement sur le mur, pour finalement atterrir sur Liam. Pour que Miko laisse, même quelques secondes, Emi sans défense en présence de quelqu'un, c'est qu'elle lui faisait énormément confiance. Généralement, quand elle la laissait reprendre le contrôle, elle cherchait un endroit isolé et sans personne dans les parages. Puis, la jeune fille poussa un petit grognement assez doux, tout en relevant la tête, ses cheveux cachaient son visage. Puis, lorsqu'elle se redressa, elle tourna la tête et lorsqu'elle vit Liam, elle poussa un petit cri ; Miko avait encore « frappé ».

« Oh, non ! Je, je suis désolée … Rah, je savais que j'aurais pas dû l'écouter, je suis vraiment désolée, mais j'ai paniqué et puis … Ça va aller ? »