Ma nouvelle future recrue se prénomme Jena. Je la traque comme un loup. Les griffes du désir commencent à se refermer lentement sur elle. Peut-être croit-elle que je l'aime, que je me languis de sa présence. La vérité est plutôt autre. Je tiens à elle car elle est encore pucelle. Posséder une pucelle dans le métier c'est vraiment très lucratif. Je connais des hommes qui pourrait me payer cinq mille dollars pour avoir l'honneur de la défleurir. Elle m'est donc précieuse comme la prunelle de mes yeux. Je m'en suis occupé ces derniers temps et j'ai négligé mes autres filles. J'ai donc décidé d'aller leur jeter un coup d’œil aujourd'hui. C'est pour cela que je suis dans ma décapotable de l'autre coté de la rue que trois d'entre elles arpentent et que je joue avec mon téléphone. Le matin il n'y a jamais de clients. Je les envoie sur le terrain pour l'image plus qu'autre chose. C'est simplement dans l'idée de marquer mon territoire face à d'autres qui voudraient me le piquer lorsque je ne regarde pas. Elles aussi elles s'emmerdent. Elles discutent entre elle et écoutent de la musique. Leur seul vrai problème c'est de rester debout quelques heures sur des talons aiguilles. Elles sont habituées, l'humain s'habitue à tout. Sauf à être une bonne personne je crois. Enfin, moi je n'ai jamais réussi à être autre chose qu'un minable. Dès que j'essaie de m'en sortir, j'échoue lamentablement. Arf. C'est vraiment les pires pensées. Je verrouille ma caisse et saute par le vide toit. J'ai envie d 'un café. J'y vais. Il y a foule de monde. Des travailleurs pour la plupart. Ils ne vont certainement pas me rapporter de l'argent ce matin. J'en achète pour les trois putes qui se les gèlent dehors. Ne suis-je pas adorable ? Je ricane. Bien sûr que ce n'est pas de la gentillesse gratuite comme ça. C'est simplement qu'il y a une vilaine brise ce matin et que j'ai pas trop envie que les filles chopent la crève. On me donne un espèce de porte verres/ plateau en carton. Je gambade jusqu'à l'entrée de la ruelle où attendent encore mes salopes d'amour. Je sifflote, de bonne humeur. Avant que les filles ne me remarque, il y en a une nouvelle qui débarque de nulle part. Elle parle. Je regarde aux alentours, il n'y a personne d'autre. Ce doit être à moi qu'elle cause. À moins qu'elle ne soit une de ces débiles de lunatiques qui débitent tout seul. Je m'approche et ce qu'elle dit ne me plaît pas du tout. N'empêche, j'aime m'amuser avec les frustrés de la vie. Les saintes ni-touches offusquées. Ces féministes qui ont la chatte pleine de sable. Bref, des barbantes dans son genre.

« Ah oui, y'a de quoi aller porter plainte aux flics. Ces putes évoluent dans le pire environnement qui soit. Je suis dégoûté, vraiment. Où va le monde quand même. »

Je souris à l'inconnue de toutes mes dents. Puis je la contourne et présente les boissons chaudes aux filles. Elles me remercient, une mollement et une autre plus enthousiasme. La troisième en renverse sur elle et ricane en contournant la cigarette difforme d'entre ses dents. Je rigole aussi mais plus modérément. Des pétasses qui se font éclabousser, j'en ai vu d'autres. Je tape le derrière de la fille la moins pétillante et dessine un sourire sur mon propre visage. C'est vrai quoi, les pervers vont pas se payer une fille aussi froide qu'un congélateur. Elle aurait dû prendre de la meilleure dope ce matin, celle-là ne lui va pas du tout. Je prends une gorgée de mon café et passe devant l'inconnue qui semble encore sur ses grands chevaux.

« Bonne journée à vous madame. »

J'exagère sur le madame et lui fait un salut digne d'une pièce de théâtre. Je retourne à ma bagnole et sirote mon café. Je vois approcher l'inconnue dans mon rétroviseur. Je souris. Voilà qui se veut intéressant comme débat. Je dépose ma boisson dans la cavité adéquate à cette usage et laisse ballotter ma main hors du véhicule.

« Désolé chérie mais je ne suis pas à vendre ce matin. Les filles là-bas sont plutôt bon marché. Conseil d'ami : la blonde est la meilleure des trois. Elle te fait des trucs avec sa langue, wahou. Vraiment, je te la conseille. »

"Je m'en contre fous de ça. Je veux pas me faire brouter le gazon par des filles de joie."

La métisse s'appuya sur la portière de la voiture, se penchant vers l'homme, un large sourire narquois aux lèvres.

"Je vais entrer dans le vif du sujet. De un évite de m'appeler chérie, on ne se connait pas. De deux je suis trop jeune pour qu'on m'appelle madame et puis de trois tu devrais arrêter ce travail mon garçon, tu pourrais faire jardinier ou bien technicien de surface. Au moins tu gagnerais ta vie honnêtement et pas sur le dos de pauvres femmes exploitées comme des mines à charbon par des trous de balle."

Séphora se releva, toujours avec son large sourire moqueur aux lèvres et fit un clin d’œil qui se voulait provoquant, elle caressa la portière du bout des doigts avant de lui tourner le dos pour continuer sa route habituelle qui l'amène chez son client. Mais elle s'arrêta avant pour lancer à l'inconnu :

"Ah, au fait. Juste pour te prévenir, au cas où. Les pourris dans ton genre risquent fortement de se faire prendre entre deux poubelles puantes, par un un homme qui respecte les femmes, il te récurera le plat à lasagne et là ! Tu le sentira passer, c'est le cas de le dire, môsieur. Ou alors il t'étouffera avec son phallus. Bon appétit bien sûr."

L’acuponctrice prit son sac et leva la main droite comme pour lui dire au revoir. Elle se retourna finalement vers lui :

"Défend toi quand même, je ne voudrais pas me faire passer pour la méchante. Même si je le suis un peu."

Son sourire narquois s’effaçait, plus besoin de jouer la comédie. Son spasme à la main recommençait, tout ses doigts se craquèrent, il se montre toujours quand elle s'énerve, ce qui a le don de l'agacer. Elle mit sa main dans sa poche pour éviter de montrer ce spasme fort écœurant. L'envie de frapper était très forte, le visage de cet homme qui souriait de toutes ses dents lui donnait la chair de poule.

Cette fille a vraiment du sable dans le vagin. Je la regarde s'échauffer en sirotant mon café. Est-ce qu'elle croit être la première bonne femme à venir me voir pour revendiquer les droits de mes filles. Je trouve toujours la situation plutôt amusante. Les personnes qui travaillent pour moi le font souvent par leur propre volonté. Je ne les piège pas toutes comme je le fais avec Jena. Prenez Nino ou Scarlett par exemple. Elles font tout sans prendre de drogue et aiment beaucoup leur job. Et puis, ce n'est pas comme si je les traitais comme des moins que rien. Je ne les bats jamais, je leur offre un logis et du café. Est-ce que vous avez déjà vu un proxénète aussi attentionné avec ses employées que moi je le suis ? Bien sûr que non. C'est pour êtres traitées aux petits oignons que toutes les putes de la ville viennent se réfugier sous mon aile. Et puis, si c'est le simple principe du métier de prostitué qui la dérange, elle est vachement en retard sur son temps. La prostitution est le plus vieux métier du monde et proxénète le deuxième plus ancien. L'un allant de soi avec l'autre. Mais ce qui me fait le plus me marrer dans le discours de cette fille, c'est quand elle commence à me proposer des alternatives d'emploi et de vocation. Je m'étouffe presque avec mon café. Je ne serai jamais capable de fonctionner dans un emploi dit normal. Je suis trop pathétique, misérable... je sais rien faire de bien. J'ai déjà essayé de m'en sortir avec la Heroe's Sup mais j'ai échoué lamentablement. J'ai même causé la mort d'une innocente. Bon, c'est pas moi qui l'ai tué mais j'aurais pu intervenir et lui sauver la vie. Je suis une mauvaise personne et il n'y a rien à faire contre. Mmm... Je ne souris plus. C'est étrange, non ? J'ai l'estomac noué même. Il me faudrait une bonne ligne de coke. J'y retrouverais sûrement le sourire.

L'inconnue y va alors de quelques menaces. Je dépose mon café et entreprend de me coiffer dans le rétroviseur de ma voiture. Juste pour lui faire comprendre que j'en ai rien à faire. Ce n'est pas comme si je ne craignais pas les représailles mais ses menaces à elle, je ne les prend pas au sérieux pour le moment. Je me suis déjà fait battre à quelques reprises depuis mon enfance. La rue est un milieu impitoyable et hostile. J'ai toujours peur de me retrouver seul... sans défense. Une chance que j'engage maintenant des gros bras pour me protéger, moi, et mes employées. Surtout pour m'éviter de me faire entrer une quéquette de force dans la gorge, comme elle dit. Je fais payer les mecs pour me faire ça, il n'est pas question qu'on m'arnaque de telle sorte. En tout cas, je trouve qu'elle y va fort avec ses menaces. Elle cherche à me faire payer en passant par une autre personne. C'est légèrement lâche, je trouve. Elle me fait sourire. Et celui-ci ne peut que s'élargir lorsqu'elle fait signe de partir avant de se retourner vers moi. Alors, ça... Les filles qui sont révoltées par mon occupation ont toujours ce fantasme d'êtres elles-mêmes à mon service. Regardez-là qui revient au galop, supportant mal l'idée d'être séparée de moi.

« Mais moi, je n'ai pas besoin de me défendre. Tu n'es pas une menace, c'est ton gros gaillard et sa bite dont je dois me méfier. »

Je me penche par-dessus ma portière, je vais la taquiner un peu vu qu'elle reste et qu'elle aime.

« Avoue qu'en fait tu rêves de te faire baver dessus par des inconnus. C'est pour ça que tu viens me parler. Tu peux pas te l'avouer alors tu fais semblant d'être révoltée et tout ça. »

Je lui tire la langue, je fais mon dégueulasse. Les filles aiment les mecs bien vicieux.

« À moins que tu aies vraiment du sable dans le vagin et un parapluie dans le cul. Mais ça, sérieux, ce serait vraiment triste. »

J'attends sa réaction. Elle est furieuse mais je n'ai pas peur d'elle. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien me faire, la bonne femme ?

Elle ria mais d'un rire totalement narquois puis le regarda d'un air "tu te fous de moi ?".

"Moi, me faire baver dessus par un mec ? Ces personnes qui considères les femmes comme de simples jouets pour se dégorger le poireau. Et puis quoi encore ? Sur un point, je suis entièrement d'accord avec eux, une femme bien faite c'est vraiment excitant."

Séphora colla sa poitrine contre la portière, un sourire sournois et malsain bien accroché aux lèvres. Elle glissa sa main sous son haut pour vérifier si elle avait bien de quoi se défendre en cas d'éventuels conflits trop violents. Ce qui lui avait sauvé la mise plusieurs fois. En l’occurrence elle n'avait qu'un simple couteau, claqua la langue. "Juste de repousser, j'ai oublié mon gun... Comment je fais si il a une arme plus importante que la mienne ?"
La métisse rapprocha son visage de celui de l'homme.

"J'ai pas de bonhomme à grosse bite. Ne t'inquiète pas. Je ne fais pas confiance au sexe opposé. Mais ce bonhomme qui pourrait te faire du mal c'est moi. Ne me sous estime pas parce que je suis une femme. Même si le corps d'une femme est fait pour être passif je sais me défendre et frapper fort."

Ses ongles crisèrent sur la carrosserie, toujours un sourire provocant collé au visage. "Ce type est vraiment sale surtout quand il me montre sa langue. il me dégoute vraiment."

"Je peux ?" Elle posa ses fesses sur le rebord de la portière avant même qu'il ne lui réponde, faisant encore grincer ses griffes sur la voiture.

"Je dois reconnaitre que certaines le font parce qu'elle ont envie et qu'elles aiment leur job, mais ça c'est des nymphomanes. Certaines le font parce qu'elles n'ont pas le choix. Pas de diplôme, pas de bon travail. D'autres pour se payer de la drogue et certaines parce qu'on les embrouilles. et toi, tu t'y prend comment pour les avoir tes putes ? Je suis bien curieuse. Après tout mon boulot à des point commun avec le leur sauf que je ne me fais pas passer dessus."

Un des point commun, se faire payer pour faire ce que le client souhaite. L'autre ? Elle adore son second boulot, les sensations qu'elle ressent, le corps qui se rigidifie, le froid cadavérique du corps. Les frissons d’exaltation, le dernier soupir d'un Homme à qui ont a ôté la vie. Le métier de tueur à gage lui plait vraiment. Surtout quand on prend du plaisir à tuer les gens.