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e soleil de fin de journée commençait à éclairer le ciel d’écharpes colorées formant des dégradés d’une beauté à couper le souffle. Ce genre de phénomènes se produisaient tellement souvent pourtant que maintenant, plus personne n’y prêtait attention. C’était juste la « fin d’après-midi » pour tout le monde, et voilà tout.

Même André, qui pourtant n’était pas avare des beaux panoramas – lorsqu’il n’était pas trop occupé à sauver sa peau, tout du moins – ne voyait plus la beauté de ce genre de paysages. C’était juste « normal ». Pas la peine de s’y arrêter, donc. Il se dirigeait actuellement vers le quartier résidentiel de cette ville où il était arrivé depuis peu de temps, maintenant. La raison ? Elle était on ne peut plus simple, il rendait visite à l’une de ses amantes régulières – et Dieu sait qu’elles étaient rares, celles-ci ! D’ordinaire, Loukas n’était pas du genre à réitérer les sensations avec la même personne deux fois. Ou alors il fallait que ladite demoiselle –parce qu’il n’était définitivement pas tourné vers les hommes, ne l’oublions pas – ai éveillé chez lui suffisamment d’intérêt pour le faire revenir.

C’était donc un exploit que de parvenir à se hisser dans l’estime du Russianov de cette manière et faire en sorte, en plus de cela, qu’il se souvienne parfaitement de votre prénom ! C’était le cas pour cette italienne au sang plus que bouillant, si l’avis du principal intéressé vous intéresse. Miléna Di Marzo. Ça sonnait noble, tout ça. En même temps, à voir l’allure de la demeure, il était difficile de douter de la puissance financière d’une telle famille.

Mais bon, là n’était pas le sujet. Une bouteille de vodka neuve dans la main droite et un bouquet improvisé dans la main gauche – il avait eu envie d’être gentleman ce soir, chose des plus hors du commun- il était bien décidé à passer une bonne soirée en compagnie de l’Européenne. Enfin, au moins une aussi bonne que dans ses souvenirs, lorsqu’ils se sont rencontrés en boîte de nuit, la toute première fois. C’avait été un crescendo de sensation du tout long de leur entrevue et il espérait bien remettre le couvert, étant étrangement d’humeur joyeuse, en ce début de soirée.

Marchant sur les dalles de pierres qui formaient le chemin menant à l’habitation, André fut soudainement prit d’un doute. Est-ce qu’il avait au moins prévenu Miléna qu’il passait ? Il ne s’en souvenait plus, enfaite. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis qu’il avait eu cette idée folle et comble de l’ironie, il avait la flemme de sortir son portable pour vérifier l’historique de sa messagerie. Bwarf, il aviserait bien une fois sur place. Au pire, la maison close du coin n’était pas très loin.

Parvenu devant la porte, il réajusta rapidement son col, comme il le put, tenant à être présentable au maximum. C’était une belle dame qu’il allait voir, tout de même ! Le russe avait beau être un sacré connard dans l’âme, il n’en était pas moins qu’il savait respecter les femmes autant qu’il était possible de le faire … Lorsqu’il était d’humeur à le faire, en tout cas.

Il toqua trois fois sur la plaque de bois qui demeurait être la porte, histoire de s’annoncer correctement et pas comme un sauvage.

« Bellissima ? C’est moi, André. Je peux entrer ? »

Il avait fait un effort en plus en se souvenant magistralement d’un mot natif du dialecte italien ! Si ça, ce n’était pas une preuve de sa bonne foi…

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on ouïe, parfaitement en état de marche, perçoit sans aucun mal la douce et délicate voix de l’italienne, dont il imagine déjà les courbes au travers de la pièce de bois sur laquelle il vient de toquer doucement. Il ne se fait pas prier et obéit immédiatement, en tournant la poignée de la porte d’entrée pour s’engouffrer dans cette caverne d’Ali baba des sensations. Oui, s’il reconnaissait au moins une chose à la jeune femme qu’il allait rejoindre sous peu c’était qu’elle avait le don d’exalter tout ce qui lui passait sous les doigts. Le goût, le toucher, la vue, l’odorat… Tout était décuplé avec elle. Oui, cette européenne avait un petit truc qui la différenciait de ses consœurs. C’était sans doute ce qui plaisait tant à André, finalement, le fait de savoir se démarquer avec brio de la masse grouillante que forme la population comme d’ailleurs.

Alors qu’il refermait la porte derrière lui, avec l’agilité que lui permettait ce corps investi d’un animal pour le moins particulier, ses grands yeux verts aperçurent la fine silhouette affriolante de Miléna qui, dans cette tenue rouge, était encore plus désirable que la dernière fois. Loukas aimait bien le rouge, c’était sans doute l’une de ses couleurs favorites, bien qu’il n’aurait su expliqué la raison de cette appréciation particulière. De très bonnes odeurs de nourriture encadrent également les lieux, ajoutant un supplément particulier à l’ambiance déjà bien posé sur une base de séduction pure et dure.

« Waouh, mais tu es splendide, dis-moi. »

Il rit quelque peu et pose la bouteille de vodka sur le meuble le plus proche. Ils ne devraient pas en avoir besoin dans l’immédiat, la mise en bouche n’avait même pas encore commencée. Sans doute était-il meilleure de conserver cet alcool pour un dessert pour prononcer et plus apprécié par la suite. S’approchant de la sylphide, qu’il ne cesse de détailler – pour mieux la déshabiller mentalement sans doute – il lui offre les fleurs, qui font malgré tout bien pâle figure à côté de la jeune femme. Puis le Russianov profite du léger avantage de taille qu’il possède sur sa compagne de l’instant et lui murmure un chaleureux « Tu m’as manqué. » au creux de son oreille gauche. Oui, il aimait bien créer le feeling de cette façon, c’était plus « naturel » qu’en boîte de nuit, même si le résultat promettait d’être tout aussi prometteur là encore. Il fallait savoir aiguiser sa patience et ses instincts, homme ou pas.

Heureusement qu’il avait cette soirée de prévue car avec tout ce qui lui tombait dessus en ce moment, un peu de détente ne lui ferait pas le moindre mal, même si en définitive, il ne faisait que jouer un rôle. C’était tellement dur d’être honnête maintenant qu’il avait fini par oublier totalement comment on s’y prenait réellement. Alors il passait d’un rôle à un autre sans jamais vraiment trop se poser de question ; a tort sans doute. Mais ce n’était pas le moment de philosopher à ce propos. Le masque du séducteur gentleman enfilé sur ses traits, il était prêt à consommer la compagnie de la Di Marzo.

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out promettait d’aller pour le mieux. L’ambiance était certes, loin d’être électrique au point d’exalter les sens, mais il y avait déjà une bonne base de poser. Que demander de plus pour le moment ? Ne pas brûler les étapes, n’était-ce pas là le credo de tous les gentlemen dignes de ce nom ? Bon, il était bien vrai qu’André ne méritait pas vraiment ce surnom non plus étant donné qu’il ne l’était – gentleman- que quand ça lui chantait et que, bien souvent, ça lui apportait quelque chose –souvent charnel en plus de ça – en retour. Fort heureusement, Milena ne semblait pas se vexer pour si peu. Enfin, « si peu », là encore tout était relatif, mais le Russianov se comprenait parfaitement en usant de pareils mots. Il ne considérait pas Milena comme une fille à aimer. D’ailleurs, il ne savait même plus ce que ça voulait dire, « aimer ». Et il ne s’en préoccupait pas plus que ça.

Il ne faisait qu’agir par les quatre volontés de son corps et rien de plus. Satisfaire ses envies sur le moment, c’était ça le plus important à ses yeux. Le reste ne comptait pas. Parier sur l’avenir ? Construire quelque chose ? Pff, très peu pour lui. Il vivait libre et sans entrave un point c’est tout. A l’extrême limite et si l’on cherchait bien, l’italienne pouvait éventuellement se compter parmi ses rares amis, mais rien n’était moins sûr, soyons clairs. Malgré tout ça ne changeait rien au fait qu’il appréciait sa présence et ne se gênait pas pour lui faire savoir. Enfin, quand il pouvait se voir, soit une fois tous les trente-six du mois, pour reprendre une célèbre expression d’antan. La seule chose que ces deux-là faisait, c’était profiter de la présence de l’autre tout du long que cela leur était permis, sinon possible. Après ils reprenaient leurs chemins respectifs et ne cherchait pas à aller plus loin dans l’expectative. C’était très clair entre eux. Et ça l’avait été dès le début.

Le profit de la chair sur celui du cœur était donc prédominant ici et jamais l’un des deux protagonistes ne s’en était plaint jusque-là. Sans doute parce que les bénéfices avaient été partagés de manière égale à chacune de leur rencontre. Oui, ce devait être ça, aucun doute à ce propos.
Il voit la demoiselle s’en retourner vers la cuisine après une petite série de phrases appréciable à l’écoute. Lui ? Sortir le grand jeu ? Oh non, ce soir n’était pas entièrement le cas, bien au contraire. Il pouvait faire mieux. Simplement, il avait manqué de temps, jusque-là, c’est tout. Ses doigts viennent effleurer l’endroit où la jeune femme eut posé ses lèvres chaleureuses, il y a peu. Comme si une trace allait surgir sous le contact de ses phalanges. Puis, il lui emboîte le pas, ravi de voir que les effets sont partagés.

Arrivé dans la cuisine, l’odeur des mets lui parvint et il se mit à apprécier d’autant plus la soirée à venir. André se plaça ensuite derrière Milena, enlaça ses hanches et tout en soufflant de l’air chaud à son oreille, lui demanda, presque innocemment :

« Alors, qu’as-tu prévu de bon, pour ce soir ? »

Il maniait les mots superbement bien, pour quelqu’un de dissimulé sous un masque de mensonges.

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out était propice à engendrer une très bonne suite des choses. André se laissa aller à réfléchir un tantinet sur le type de vin qu’il souhaitait déguster. Il ne s’y connaissait pas vraiment en matière de vin. Il fallait tout de même avouer que dîner dans les restaurants n’était pas ce qu’il faisait de plus régulièrement – voir jamais pour dire vrai – ce qui n’aidait en rien à sa culture œnologique, cela va de soi. Et pourtant, alors qu’il allait choisir le français, en hommage masqué à sa tendre mère, née sur les terres de ce très beau pays sans doute, sa camarade de jeu de l’instant l’interrompit et il se décolla de son unité. Il ne devait pas interférer avec ses activités de cuisinières, c’aurait été un crime ! Enfin, pas vraiment, mais la comparaison faisait bien rire le russe qui s’adossa au meuble derrière lui, pour mieux patienter. Il connaissait le doigté particulier de Milena pour tout ce qui touchait au culinaire et il se promit de ne plus la gêner tant que tout ne serait pas définitivement prés.

Dans le même temps, il prenait quelques secondes pour réfléchir à la proposition de l’italienne. Voyons, aller se baigner après ? Pourquoi pas après tout ? Il n’avait pas prévu ce petit écart mais ce n’était pas pour ça que ce devait lui être interdit. Déjà que lui-même ne s’interdisait rien ou presque, ce n’était pas ce genre d’imprévu qui se ramenait comme une fleur qui allait le freiner, bien au contraire. Laissant la Di Marzo retourner un instant à ses fourneaux, il finit par répondre, après un petit silence, brusqué par l’agitation de la maîtresse de maison :

« Je pense qu’un vin français serait plus approprié pour marquer notre soirée, tu ne penses pas ? »

Et puis il avait pivoté jusqu’à sortir de l’espace cuisine pour aller se poser sur l’une des deux chaises qui encadrait une belle table parfaitement napée et prête à servir. Tiens, ça lui donnait des idées, à l’expatrié, après le futur bain de minuit maintenant très attendue par la jeune homme. Son corps, rendu plus chaud que ceux de la moyenne de l’humanité à cause de la bête qui l’habitait, allait très certainement apprécier ce détour par le point d’eau frais. Il lui tardait d’y plonger, maintenant. Et même s’il n’avait pas songé un seul instant à cette possibilité et qu’il ne s’était pas muni d’un short de bain – d’ailleurs en avait-il seulement un dans le peu de choses qui lui appartenait ? – il ferait sans. Se baigner en boxer, il n’y avait bien que ça de vrai, après tout ! C’était ça, vivre sur l’instant. Ne rien prévoir et tout ressentir dans l’immédiat.

Les choses n’avaient que meilleur gout ainsi. Enfin, c’était le point de vue du métisse slave, en tous les cas. Et il avait rarement tort, c’était certain. Il se demandait ce que songerait sa partenaire du soir de tout ça s’il lui divulguait ses idées et leurs déclinaisons. Il secoua la tête et embraya sur un tout autre sujet, voulant soudainement faire un compliment.

« Ouah, belle tenue, belle table … Je ne suis pas le seul à sortir le grand jeu, pas vrai ?~ »

Il s’adossa mieux à sa chaise, attendant que la belle jeune femme n’arrive.

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I

l avait grand hâte d’entamer le repas. Non seulement parce qu’il connaissait très bien les talents en matière de cuisine de Milena, mais aussi et surtout parce qu’il savait pertinemment que ce serait une étape de franchi avant le véritable amusement. Et tout son corps était de plus en plus en ébullition. Ça promettait d’être très intéressant. L’invitation à la luxure n’était pas encore très subjective, mais le Russianov faisait clairement confiance à sa compagne actuelle pour lui faire clairement comprendre les choses au moment où cela prendrait une tournure dés plus sérieuses. Ils étaient habitués l’un à l’autre maintenant, ainsi qu’aux tics et manies qui pouvaient traduire une quelconque envie chez l’un d’eux. Plus besoin de paroles, ils se comprenaient sans même avoir à se parler.

Ahah, un sourire dont on n’aurait su confirmé la véracité se traça sur les lèvres de l’expatrié.

Épicurienne. Oui, l’italienne était de ce genre-là. Tout comme Loukas. C’était d’ailleurs la seule chose qui les rapprochaient, sans doute puisqu’au-delà de ça, tout était fait pour les éloigner. Elle vivait confortablement, lui pas toujours – les toits n’étant pas un lieu de résidence très appréciable en hiver par exemple -, elle était très croyante, il n’avait jamais cru en l’existence d’un quelconque dieu au-dessus de sa tête, et cetera. Si l’on faisait la liste de toutes leurs différences, nous n’aurions probablement pas terminé de sitôt. Autant nous arrêter là, tant que c’est encore possible.

Le russe ne se fit pas prier pour commencer le repas, savourant l’explosion de saveurs qui se libéraient sous sa langue. Oui, il reconnaissait bien là la manière de cuisiner de la Di Marzo. C’était inqualifiable, dans le très bon sens du terme. Doux d’apparence avec tout de même un arrière-goût amer et enfin un crescendo ambitieux dès les premières bouchées. Plus d’une fois, André s’était demandé si son amante n’avait pas totalement raté sa voie en tant que chef étoilée. Ça lui serait tellement bien allé, sans aucun doute. Et autant le rôle que la tenue qui … bref. Le brun secoua la tête pour s’enlever ces bêtises du crâne et continuait à déguster lentement ce qui lui était permis de ressentir. Ça le changeait de son régime alimentaire ordinaire. Là, il ne se nourrissait plus uniquement pour la nécessité mais également pour le plaisir ressenti. Et c’était très agréable.

Puis, sa main relâche la pression sur la fourchette d’argenterie et vient prendre en otage le pied du verre à vin statuant en maître de table devant lui, juste sous ses yeux affamés. Il le porta à ses lèvres, laissant ainsi les volutes d’alcool enivrer ses sens. C’était un très bon vin, même lui pouvait l’affirmer, même s’il n’avait jamais été un professionnel du domaine. Reposant son verre après quelques gorgées, le jeune homme finit alors par sourire de nouveau à l’italienne et tenta d‘engager la conversation. Avec plus ou moins de résultats, mais bon il n’était guère là pour faire office de statue de sel après tout.

« Tu t’améliore à chaque fois, ma parole. »

Ça ne lui allait vraiment pas de faire ce genre de compliments. Enfin, lorsqu’il n’était pas lui-même en tous les cas. Ce qui était présentement le cœur de la situation. Ah. Arrivera-t-il un jour à être honnête ? Seul l’avenir le dira.

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l se laissait volontairement dominer – en apparence du moins- par cette sylphide au goût prononcé pour la luxure. Ce n’était qu’un masque, mais sans doute était-ce l’un de ses favoris, lorsque l’on y regardait de plus prés. André avait ses goûts et ses habitudes, comme tout le monde, en somme. Sauf que tout comme lui, ces derniers étaient particuliers. Et il avait trouvé en Miléna un catalyseur parfait pour les assouvir dans les meilleures conditions qui soient. Déjà, il sentait sa langue chauffée sous les effets des exquises épices qui parsemaient les entrées, et savait d’ores et déjà que ce n’était que le début d’une mise en bouche. Connaissant l’italienne, ce genre de chose servait simplement à planter le décor. Le sérieux ne commencerait que bien après. Tant mieux, il avait envie de prendre un peu son temps, ce soir. L’air de rien, sous ses airs de goujat et de connard en puissance – ce qu’il était tout de même un peu, voir beaucoup – André, comme sans doute déjà dit précédemment – sinon c’est une faute qu’il faut immédiatement rectifier – restait respectueux à l’égard des femmes. Du moins, autant qu’il pouvait le faire dans les conditions dans lesquelles il se trouvait. Il jouait tout à l’Alea Jacta Es, en réalité.

Ses yeux verts dardèrent l’unité affriolante de la jeune européenne, se délectant de chacune de ses paroles. Elle savait comment jouer avec lui comme personne d’autres. Du moins ici, sur les terres d’Amérique, pour le moment. Rien ne disait que plus tard elle ne serait pas détrônée mais pour l’heure, c’était bien elle l’Impératrice du temple des plaisants offices du Russianov. Sans doute le savait-elle et en profitait-elle un peu. Ou pas. Dans tous les cas, cela ne gênait en rien. C’était un domaine où il appréciait de jouer tous les rôles qui se proposaient à lui. Un des rares d’ailleurs. Non, le seul, en réalité. Autrement, il aimait être maître de lui-même et de la situation jusqu’au bout.

Ahan, la perfection ne peut s’améliorer… Ce n’est pas faux. Voici pourquoi nul n’était parfait, sans doute. Mais ça, André s’en fichait pas mal. Si cela pouvait faire plaisir à la Di Marzo de se voir ainsi et ne pas perturber la plaisante soirée qui s’annonçait, alors tant mieux, il laisserait faire. Ça faisait trop longtemps qu’il n’était pas venu la voir – ahem…- pour se priver d’une chose pareille. Il l’observa se lever après une ultime recommandation qui eut le mérite de lui arracher un sourire vrai, pour une fois.

Garder de la place pour le dessert ? Aucun problème à ce propos, il gérait parfaitement. Et il savait dissocier son appétit culinaire et charnel. Les deux étant très éloignés l’un de l’autre, bien entendu.
Il l’a voit se relever, la robe mal remise, dévoilant ainsi un peu plus de la texture laiteuse et irisée de ses longues jambes. Il n’en fallut guère plus pour raviver d’enflammés souvenir dans l’esprit de Loukas. Il n’était point un homme pour rien, après tout. Il se fit donc patient, se remémorant les douleurs exaltantes de son dos les fois où l’italienne trouvait le moyen de manifester sa satisfaction de façon… plutôt bestiale disons-le. Une gorgée de vin pour baisser un peu la température durant un petit instant et voilà, le tour était jouée. Le temps que l’alcool s’ajoute à l’équation, il aurait le temps de savourer un peu plus sa soirée. Il lui tardait maintenant que la Maîtresse de maison revienne.

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es sens décuplés par l’action de son hôte monstrueux, en cette soirée, André se sentait comme … un autre homme. La bête semblait d’humeur coopérative, ce soir. Ahah, l’envie de chair de cet ordre la travaillait donc aussi ? Si jamais c’était le cas, c’était une bonne chose à savoir, pour l’avenir. Ça lui permettrait de ramener le nombre de dérapages incontrôlés au niveau des transformations au plus proche du zéro. Encore. Car oui, il lui arrivait encore de perdre la parfaite maîtrise de l’ensemble de temps à autre. Et c’était désagréable. Donc toute solution pour venir à bout de ce « petit » problème » était bien entendu la bienvenue. Et plutôt deux fois qu’une, en plus de ça.

Soudainement, alors qu’il pensait à ce qu’il allait bien pouvoir faire pour satisfaire sa compagne un peu plus tard dans la soirée, l’attention de Loukas fut capté par une toute autre fragrance, qui se détachait du reste. Mais pas d’une appréciable façon. On aurait dit, une odeur … féline. Il grimaça, tâchant l’espace d’un instant son beau visage sculpté d’une mou affreuse. C’était plus fort que lui, il avait un peu de mal avec les chats depuis … depuis qu’il était devenu « ça ». Certes, il n’avait jamais été particulièrement attiré par les animaux au point de se montrer sympathique envers eux mais ça s’était largement empiré depuis son espèce de malédiction. Il ne cherchait pas vraiment à comprendre, pour dire vrai. Les chiens et les chats ne s’entendent pas, n’est-ce pas ? C’est une loi établie par la Nature elle-même, pourquoi changer ce genre de chose futile, donc ? Il supposait donc que ce devait être la même chose pour un loup, après tout – oui il avait eu le temps de se voir dans une vitrine un jour qu’il était sur quatre pattes, il savait donc prosaïquement à quoi il pouvait bien ressembler lorsque ses instincts reprenaient le dessus.

Mais bon, en dépit de tout ça, il restait agréable de voir des félins rappliquer à la rescousse lorsqu’il hurlait pour appeler à l’aide, ce qu’il faisait de temps à autre. En clair, son avis à propos de ces bestioles était mitigés, mais, sa gorge le déménageant, il se retint d’héler – sans agressivité néanmoins, ce qui est rare pour lui – Miléna en lui demandant le plus naturellement du monde « Depuis quand tu as un chat toi ?... ». Mais finalement, il préféra fermer sa grande gueule et étouffer – quel jeu de mot !- le chat qu’il avait justement dans la gorge avec une gorgée de vin salvatrice. Les effluves de l’alcool surpassèrent bientôt celles de l’animal dont l’expatrié avait pu sentir la présence. C’était très bien ainsi.

Mais maintenant, la température de son corps avait augmenté d’un cran. Il lui tardait d’être dans les bras aqueux de la piscine de la belle italienne, ça lui ferait le plus grand bien, dans tous les sens du terme.
Et puis enfin, la maîtresse de maison, l’aguichant comme pas permis. Heureusement que ses traits s’étaient détendus alors. Un sourire ourla ses lèvres, d’une façon suffisamment carnassière pour faire clairement comprendre ce que ce ballet de découvertes parfumé d’une bonne dose de sensualité lui évoquait, là, tout de suite.

A l’annonce de l’Européenne, il entama donc son assiette. Mais il se sentit presque obligé de faire un commentaire, ne serait-ce que pour éviter que l’ambiance ne se refroidisse dans un mutisme qui n’était pas le bienvenu, présentement. Nouveau rictus tranchant son visage d’ordinaire si froid.

« Ai-je réellement besoin de dire ce que j’en pense ? »

Ceci voulait se faire valoir comme un commentaire plus ou moins masqué. En attendant, ses joues, elle, se coloraient d’une fine pellicule rouge, signe que la boisson commençait à prendre place en son être.

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e sang tapait aux tempes du russe avec une certaine virulence. Difficile de trouver la cause de ce genre de sensations… Probablement parce qu’il n’en existait pas qu’une, en fin de compte. C’était le résultat d’une alliance rondement menée par bien des facteurs. Déjà, il y avait le fait que l’expatrié ressentait maintenant des instincts typiquement masculins se réveillés, comme s’ils le faisaient après une très long sommeil indésirable – ce qui était presque le cas, soit dit en passant. Ainsi, leur appétit ne pouvait en être que décuplé – sinon davantage. De facto, le sang du parasité ne pouvait que prendre quelques degrés de température supplémentaire. Et puis … La tenue de son hôtesse italienne, son parfum qu’il sentait de là où il se trouvait, l’ambiance tamisée des lieux … Difficile de faire davantage explicite. Il n’en fallait pas plus pour qu’André comprenne le message. Il n’était pas dupe au point de ne pas savoir lire entre les lignes ; surtout lorsqu’il s’agissait de ce genre-ci.

Il fut tellement absorbé dans ses pensées qu’il ne fit même pas cas du fait qu’il avait bientôt terminé son assiette – qui, au demeurant, était excellente. Il sentait sa langue chauffée sous le coup des épices et arômes utilisés pour la préparation du plat que Miléna lui avait servi il y a peu. Ca ne faisait que pimenter un peu plus cette séance de douce torture, qui savait se faire appréciée des convives. D’autant plus lorsqu’elle était porteuse de prometteuses réjouissances par la suite. Il but d’une traite le reste de vin qui restait au fond de son verre, le dégustant à peine. Il était avide d’autres genres de saveurs, présentement, et cela se lisait très certainement sur ses traits, quand bien même il faisait tout pour se retenir un peu.

C’était un fait rare que de le voir e comporter ainsi. D’ordinaire, il ne se perdait ni en palabres inutiles ni en mises en scènes grotesques. Mais l’italienne avait quelque chose qui lui permettait de passer outre ce genre de choses et même, dans une moindre mesure, de s’en trouver friand. Il ne mettrait pas un couvert pareil tous les jours – le jeux de mots convient d’ailleurs bien au contexte – mais une fois de temps en temps, il fallait qu’il reconnaisse qu’effectivement, cela avait son charme. Il lui tardait, maintenant, d’aller piquer une tête dans la piscine, afin de se ressourcer quelque peu par le biais d’une fraicheur des plus bienvenue.

Il eut une inspiration un tantinet plus forte lorsqu’il sentit, tout contre sa jambe, se mouvoir le pied de son homologue féminine. André se racla la gorge tout en souriant en coin, carnassier. Bon, apparemment, l’heure n’était plus vraiment à la délicatesse. Il se décida à bousculer un petit peu l’ordre établi en parlant un peu plus crûment qu’il ne l’aurait fait il y a peu. Mais bon, elle le cherchait aussi un peu, non ?

Joignant ses deux mains alors que la table supportait ses coudes, le russe posa son menton sur ses phalanges, ramenées en un lien de chair, et demanda ouvertement :

« Que cherches-tu, Miléna ? Que je vire d’une main le contenu de la table pour mieux t’y allonger ? »

Ça, c’était un début de provocation made by Loukas. Restait à voir ou cette imprudence en terrain presque connu allait le mener.

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’italienne avait des atouts persuasifs qui lui étaient propres et ce n’était guère pour déplaire à l’expatrié. Il avait taillé le sujet qui les intéressait très probablement tous les deux dans le vif, afin de savoir à quoi s’attendre, en provoquant le maximum de réactions hautes en couleurs. Et, telle qu’il connaissait Miléna, il n’avait pas été déçu. Elle s’était ravisée avec son pied baladeur et lui annonçait de but en blanc, des maintenant, la suite des événements. Enfin un peu d’action, s’était dit André. Il lui semblait que ça faisait une éternité que la jolie européenne et lui n’avait pas découchés de concert. Mais bon, c’était le prix à payer ; attendre pour mieux se régaler.

C’était tellement hors de ses habitudes d’agir ainsi qu’il s’étonna lui-même de sa patience et de sa docilité. Mais bon, sans doute cela ne durerait-il pas très longtemps encore. Le meilleur de ces réjouissances restait encore à venir. Effectivement, il avait très hâte d’attaquer le dessert. Enfin, les desserts, s’il englobait à la fois les préparations de son accueillante hôtesse avec le corps tout entier de cette dernière. Rien que d’y penser le faisait saliver d’avance et tant pis pour la morale ; ça faisait bien longtemps qu’il avait fait une croix sur cette chose-là.

Voici que la jeune femme lui dit qu’elle a hâte, elle aussi. Soit. Il termine donc son verre de vin d’une traite, ce n’est pas ça qui le gêne – surtout quand on sait qu’il a l’habitude de se descendre de la vodka pure à lui tout seul – et se dirige vers la terrasse, près de la piscine. Il connait bien l’endroit maintenant. C’en est presque familier, tout ça. Parvenant jusqu’au rebord du bassin, Loukas commence à s’étirer un peu, malgré les épaisseurs de vêtements l’engonçant et, alors qu’il entamait son déshabillage dans les règles de l’art, continua un peu sur sa lancée provocatrice.

« Ça me ferait presque bizarre, cette situation. D’habitude, c’est toi qui me déshabille, lors que je viens. »

Il voulait verser dans l’humour, tient donc. Étonnant.

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