Ah, que c'était bon de ne pas être limité par des lois où des gens trop exigent. Que c'était bon de pouvoir rien faire pendant toute une journée rien que pour le plaisir de ne pas se fatiguer. Ahlala, être criminel, c'était quand même super cool sur certains points. Bon, en même temps, il se devait bien ça, pour les fois où il passait ses nuits à se faire courser par certains abrutis excités qui ne pensaient qu'à sa mort. Ce qui arrivait plus souvent qu'il ne l'aurait cru depuis que cette école s'était ouverte. La Heroe's Sup. Elle semblait pleine d'informations tellement importantes qu'Elliot mourrait d'envie d'aller l'infiltrer pour en savoir plus. Mais bon, à chaque fois qu'il essayait, ça foirait. Il savait pas vraiment pourquoi, peut-être un manque de réelles motivations ? Ou alors c'était parce que les étudiants de cette école étaient vraiment trop imprévisibles pour lui. Ouais, ça semblait plus logique, avec tous les adolescents qui s'y trouvaient.

Enfin, il disait ça, mais il y en avait quand même certains bien plus amusants que d'autres, d'étudiants. Tiens, prenez le petit là, celui qui a voulu l'arrêter alors qu'il cambriolait une baraque, une fois. C'est pour dire que le gosse était vraiment mal tombé parce qu'Elliot avait carrément rien récupéré de son escapade étant donné qu'on lui avait fourni de fausses informations sur ce qu'il cherchait la fois là et que donc il avait détruit le système de sécurité pour rien. En bref, le petit était venu en mode super-héros trop fort alors que lui n'avait rien dans les mains, rien dans les poches. Du coup ça l'avait bien fait rire et il l'avait laissé là en prétextant qu'il fallait d'abord grandir. Ignorant tout à fait le fait qu'il possédait actuellement l'apparence d'un gosse de son âge. Oui, ça lui échappait, parfois.

Mais bon, tout ça, ça s'était passé il y avait déjà un bon moment, et c'était pas vraiment le moment de s'en rappeler. Pas alors qu'il lorgnait la glace au beurre de caramel salé que le marchand était en train de lui préparer. La nourriture vous enlève souvent toutes capacités de réflexion, c'est bien connu. Il déposa les quelques pièces que coûtait la glace sur le comptoir et récupéra son gain avec excitation. Cette glace semblait tellement bonne. Rien à voir avec celles pré-fabriquées à l'américaine, ça, c'était de la vraie glace, avec des belles couleurs et de belles formes irrégulières qui faisaient tout son charme. Vraiment à l'italienne, et délicieusement délicieuse pour les papilles. Il n'attendit pas plus longtemps avant d'en déguster un morceau qui fondit presque aussitôt sur sa langue. Oh, bonheur, il ne serait pas senti mieux dans les bras d'une femme, vraiment. Enfin, bref, c'est pas très important en fait.

Elliot se trouvait au centre commercial, cet après-midi là. Un but particulier ? Pas le moindre. Juste parce que les murs du manoir commençaient à se faire un peu trop oppressant et que ça lui faisait du bien de sortir, parfois. Et puis il avait carrément du temps à perdre, pour une fois. Alors comme sa dernière escapade en ville s'était soldée par un échec, il avait préféré le centre commercial et ses boutiques toutes plus chatoyantes les unes que les autres. En plus ça lui permettait de croiser plein de gens intéressants. Tenez, il y avait ce chef d'entreprise et sa maîtresse qui espère ne pas se faire repérer par sa femme, cette vieille femme qui attend son petit-fils probablement resté un peu trop longtemps à la salle d'arcade et...

« Oh, ben ça alors. Si on m'avait dit que je te retrouverais là ♪ »

Devant une librairie dont la vitrine exposait nombreux comics et autres bandes-dessinées se tenait le gamin dont je vous ai parlé un peu plus haut. Oui, lui-même. Voyez quand on parle du loup, le jeune Damian Wayne October Cattran en personne semblait captivé par les dessins présentés devant lui. Et notre cher britannique allait se faire un plaisir d'aller l'embêter. Ils étaient en civils tous les deux, dans un lieu public, alors à priori, il n'y avait pas grand risque que ça vire en cauchemar. Dans le pire des cas il fuirait lâchement, comme il savait si bien le faire. Mais bon, pour le peu qu'il savait à propos du jeune garçon, il y avait rien à craindre, pour une fois. Ainsi donc, le brun s'approcha de lui, une main dans une poche, l'autre tenant la friandise si précieuse, le sourire aux lèvres, d'un pas rapide et furtif. Il finit par arriver à sa hauteur et, prenant soin de garder sa glace à distance, il lui sauta littéralement dessus.

« SURPRIIIIIIIIIIIIIIIIIISE ! »

C'était bon, on venait de perdre le cerveau d'Elliot. Déconnexion, reconnexion difficile. Mode auto-défense activé. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Mais rien mon garçon, reste tranquille. Quoi ? T'es perturbé par un gamin ? Allez, arrêtes ton cinéma, c'était rien. Oui, mais. Il y avait eu un truc. Quelques secondes à peine. Elliot était resté figé. Il ne s'était pas attendu à ça, pas du tout. Il chérissait sa glace plus que tout au monde. Mon Dieu. A quoi venait-t-il d'échapper ? Son cerveau avait clairement bugué. Il ne savait plus ou il en était. Les paroles de Damian par la suite mirent un temps fou un remonter jusqu'à son cerveau pour qu'il les analyse ce qui fut encore plus difficile que le simple fait de les entendre.

Elliot connaissait bien Damian, voir même très bien si on considérait le fait qu'il était autant au courant de sa vie civile que de sa vie de jeune héros. Et puis bon, ils étaient amis depuis deux ans déjà. Deux ans, bordel, et l'autre était déjà capable de savoir ce qui le perturbait le plus au monde. Rien que pour ça, il aurait pu lui faire la gueule à vie. Non, vraiment, il venait de lui jouer un tour comme il n'en avait pas l'habitude. Et tout ça pour lui chiper un morceau de glace ! Quel fourbe ! Et dire que pendant un quart de seconde il s'était demandé ce qu'il convenait de faire dans ce genre de situation, vous savez, celle ou votre ami, voir peut-être meilleur ami, vous embrasse sans prévenir. Il l'avait regardé s'approcher d'abord sans comprendre et ensuite complètement interdit, parce que son imagination voyait la suite des évènements avant qu'ils n'arrivent. Mais il n'avait pas eu besoin de réponse. Et de toute façon il aurait certainement fui lâchement, comme d'habitude. Sauf que là il se serait fait une psychose toute la nuit aussi. Enfin, voilà, vous avez compris, ne mettez pas Elliot en face de ce genre de chose ou il vous semblera comme une coquille morte pendant un moment. Et je déconne même pas. C'était actuellement presque le cas.

Il finit pourtant par se ressaisir et les paroles du brun finirent leur chemin jusqu'à son cerveau. Attendez, c'était lui l'abruti ? Et comment ça il ne s'était rien passé ? C'était une des rares fois dans la vie d'Elliot qu'il ne suivait plus quelque chose. Il aurait dû avoir l'habitude pourtant, du tempérament changeant du garçon. Mais là, il y avait trop d'informations en même temps. Alors son organisme fit le trie par lui-même puisqu'Elliot n'en était plus capable consciemment, et il garda l'essentiel. Il ferma les yeux et secoua doucement la tête avant de les rouvrir. Damian avait disparu ? Ah non, il était un peu plus loin.

« Tu viens ? »

Hein ? Quoi ? Venir où ? Bon, après tout, peu importait, tant qu'il avait repris un comportement normal. Il mangea un nouveau morceau de glace, elle commençait sérieusement à fondre, tout en ignorant la marque des dents de l'autre garçon sur le côté opposé. Non, ne pas se souvenir de ce moment. Oui, même s'il s'était passé il y avait à peine quelques minutes. Fallait attendre le soir pour qu'il fasse le point correctement et qu'il essaye de comprendre ce qu'il s'était vraiment passé. Ah, Damian, qu'as-tu donc fait ? Perturber Elliot au possible, ça c'est sur. Mais bon, pas pour trop longtemps non plus, il ne faut pas exagérer. Il n'était pas assez idiot pour se montrer faible ne serait-ce qu'une minute de trop. Alors il y avait eu le moment d'absence, ce qui était en soit déjà amplement suffisant.

« Ouais, j'arrive. »

Il le rejoignit en traînant légèrement des pieds. Non pas qu'il ne veuille plus s'approcher de son ami désormais, loin de là, il s'était tout de suite souvenu du caractère particulier du jeune garçon pour ne pas se formaliser trop longtemps sur cette « altercation » d'un nouveau genre, bien que moi la narratrice c'est ce que je fais depuis cinq paragraphes ahah. Bref. Elliot reprit donc son sourire et fit exactement ce que lui avait demandé Damian : oublier ce qu'il s'était passé auparavant. Que s'était-il passé auparavant ? Mais je ne sais pas, moi, de quoi parlez-vous ?

« T'as plus qu'à me repayer une glace, maintenant ♪ »

N'empêche qu'il perdait pas le nord. Bah oui, l'autre venait de lui bouffer un morceau. Et bien œil pour œil, dent pour dent. Il n'allait pas se laisser faire comme ça.

« Enfin, pas tout de suite, le temps que je finisse celle-ci. »

Et en plus il avait un estomac sans fin. Ah Elliot, quel morfale tu fais. En attendant, il se dirigea en sifflotant vers le magasin de jeux vidéos et autres joyeusetés de la sorte. Cool, ils allaient pouvoir rivaliser sur le nouveau Call Of.

Spoiler:

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« Je savais bien que ça finirait par me retomber dessus, un jour ou l'autre. C'est juste bête que ça soit tombé avec toi. »

« Te repayer une glace ? Dude, t'as rêvé ! »

Elliot fit la moue. C'était pas sympa de la part de Damian de lui avoir détruit sa gourmandise et de ne pas vouloir réparer les dégâts ensuite. Même s'il savait que ce n'était que de la plaisanterie, entre eux, il aurait voulu que ça se résolve de cette manière. Hors le brun ne semblait pas vouloir que ça se passe comme ça. Et Elliot se sentait de plus en plus mal vis-à-vis de lui. Peut-être que ça n'aurait pas été le cas s'il ne l'avait pas vu pleurer, ni même s'il n'avait pas croqué dans sa glace d'une manière qui avait eu le mérite de le perturber au plus haut point. Pourquoi fallait-il toujours qu'il se lie d'amitié avec des personnages tous plus imprévisibles les uns que les autres ? Oh, bien sur, il appréciait Damian, c'était son ami, voir peut-être son meilleur ami si l'on prenait en compte toutes les choses qu'ils avaient faites ensemble durant deux ans. Mais voilà. En même temps, il ne l'était pas. Il lui mentait tous les jours un peu plus, histoire de se donner bonne conscience, histoire de ne pas faire virer une énième relation positive en haine comme ça lui arrivait trop souvent. Et on est pas sensé mentir à celui qu'on considère comme son meilleur ami. Alors Damian ne pouvait pas l'être. C'était comme ça, ce n'était lui qui décidait. Enfin, c'est ce qu'il se persuadait.

Elliot n'ouvrit plus la bouche durant la montée en escalator, faisant en sorte que ses lèvres soient toujours occupées par la glace pour ne pas avoir à engager la moindre conversation. Il avait bien remarqué que son ami semblait être dans la lune et espérait qu'il y resterait assez longtemps pour leur permettre de ne pas s'adresser la parole jusqu'à ce qu'ils soient arrivés à la boutique. Il était tellement concentré à éviter le regard de Damian qu'il ne remarqua pas que celui-ci était resté en arrière. Et puis son esprit était bien trop assailli de questions en tout genre pour qu'il fasse attention à quoi que ce soit dans l'ensemble de ce qui l'entourait. Il venait à peine de croquer dans le cornet de sa glace lorsqu'il sentit qu'on s'agrippait à lui. Il eut un hoquet de surprise qui le fit avaler son morceau de biscuit de travers et il crut bien mourir pendant un instant.

« T'as failli me tuer ! »

S'écria-t-il alors que l'autre le regardait tout sourire, semblant heureux de l'avoir surpris. Oui, « semblant » seulement. Son sourire sonnait faux, atrocement faux. Elliot était assez doué pour voir ce genre de choses comme il était doué pour décrypter quelqu'un en lui jetant quelques coups d'œils. Pourtant il fit comme si c'était naturel, comme s'il n'avait pas remarqué. Histoire de rester dans l'hypocrisie encore un moment. Et puis il essaya de reprendre une respiration normale après s'être étouffé, aussi. Il y eut quelques secondes de flottement où il toisa Damian, mal à l'aise, et puis il sourit à son tour, avant de rire finalement. Oui, c'était vrai, c'était contagieux, horriblement contagieux. C'était un faux rire qui se propageait comme la peste, comme les faux-rires savent si bien le faire. Ils finirent par repartir vers la boutique, riant toujours. Mais le sourire d'Elliot s'évanouit avant qu'ils ne franchissent le seuil de l'entrée.

« Hm, Damian, il fallait que je te dise. »

Il s'était arrêté à quelques pas de la porte, à quelque pas de l'oubli total d'absolument tout ce qu'il venait de se passer entre eux auparavant. Il ne riait plus du tout et il remarqua que l'autre en fit autant presque aussitôt. Il ne savait pas exactement comment lui expliquer. Lui dire serait déjà un exploit en soit. Il ne supportait plus de se voir lui mentir. Définitivement plus. Pourtant ça ne le gênait pas, d'habitude. Mais il fallait croire qu'aujourd'hui était différent. Il en avait marre de porter le masque de l'adolescent puéril, il voulait retrouver celui du criminel qu'il était réellement. Alors il le sortit de sa poche, histoire de bien faire comprendre à l'autre que ce n'était pas une blague. Il ne s'en séparait jamais, tout comme ses lunettes, même lorsqu'il était en civil.

« Tu sais, Smile, le criminel ? »

Il aurait dû s'en douter non ? Franchement, après tout ce temps, il ne pourrait pas lui faire croire qu'un seul soupçon ne lui avait jamais effleuré l'esprit, ou alors c'était que Damian était définitivement dans son monde. Il lâcha finalement les deux mots qu'ils savaient d'ors et déjà lourds de conséquences.

« C'est moi. »

Il lui tendit le masque comme simple preuve. Il aurait pu sourire en même temps, ça n'aurait fait qu'appuyer un peu plus son aveu. Après tout, ce n'était pas pour rien qu'on le surnommait ainsi. Il soutint le regard de l'adolescent sans un mot. S'attendant à le voir fondre en larme en le traitant de salaud ou il ne savait quoi d'autre digne du pire des films niais de cette terre. Après tout, même si Damian allait jusqu'à le frapper, il n'aurait eu que ce qu'il méritait. C'était ça, de vouloir toujours jouer avec les autres, ça finit par se retourner contre soi et on en fait ensuite les frais.

Elliot finit par détourner les yeux derrière ses lunettes noires. Il soupira. Il sentait un poids en moins s'enlever de ses épaules, ceci était un fait. Mais le regard du petit brun le compensait à merveille pour le moment. Il espérait bien qu'il prendrait la fuite le plus rapidement possible et qu'il le détesterait encore plus qu'avant. Au moins comme ça il serait débarrassé. Perdre un ami pour un ennemi ? Et alors ? Elliot n'a plus de morale depuis longtemps. Il ne se sentait pas mal, non, ça ne lui arrivait que rarement. Il n'éprouvait aucun regret. Il était simplement las. Après tout, ce qu'il venait de faire, ce n'était pas pour lui. Et tout ce qu'il avait fait jusqu'à maintenant, ça n'était pas pour lui non plus. C'était juste pour Damian. Parce que de toute façon, celui qui allait le plus souffrir dans cette histoire, c'était lui, et personne d'autre. Que c'était pathétique. Mais bon. Il fallait bien sauver les meubles. Que voulez-vous ? Vous auriez préféré voir l'autre se complaire dans l'hypocrisie jusqu'à ce qu'il remarque qu'Elliot avait un sacré problème de croissance ? Ça n'aurait fait qu'empirer les choses.

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« Mec. Je viens de te dire que j''étais ton pire ennemi, là. Tu réagis ? »

Damian avait exactement réagi comme il ne le voulait pas. Ce sourire, ces gestes, ça ne lui plaisait pas. Il n'aurait pas pu tout simplement s'énerver et s'en aller en coupant définitivement les ponts ? Ça aurait été tellement plus simple pour Elliot, et tellement moins fatiguant à supporter, aussi. Mais non, ils étaient là, tous les deux, le plus jeune avec son sourire si innocent et simple et l'autre avec sa mine grave. A vrai dire, c'était Elliot qui aurait voulu crier, cette fois. Secouer Damian, le prendre par les épaules et lui expliquer que stop, définitivement stop, il devait arrêter de se voiler la face comme ça, que ça ne faisait que plus le blesser qu'autre chose et que ça n'arrangerait jamais leurs problèmes. Mais il ne bougea pas.

Ils en reparleraient demain, qu'il dit. Ouais, demain. Mais Damian, qui te dis qu'Elliot sera là demain ? Qui te dit qu'il reviendra te voir comme si c'était normal ? Qui te dit qu'il sera le même Elliot qu'avant ? Qu'il n'aura pas changé ? Qu'il sera toujours autant ce gamin espiègle que tu apprécies tant ? Personne. Et surtout pas Elliot lui-même. Pour l'instant, il ne dit rien, pas un mot, il regarde Damian et il se demande ce qu'il doit faire. Il attend la moindre réaction de sa part, histoire de savoir si ça vaut le coup de s'énerver ou pas pour cela. Pour toute cette histoire plus qu'idiote entre eux deux.

Finalement, le petit brun a une réaction. Il prend la manche de son aîné et le traîne derrière lui sans un mot. Jusqu'à l'intérieur du magasin, jusqu'à un rayon de jeux vidéos en particulier. Elliot ne peut s'empêcher de sourire -faussement ?- Damian est un gamer invétéré, ce n'est pas une nouveauté. Et puis, la boutique était leur destination de départ, avant qu'Elliot ne se sente obligé de tout gâcher avec ses... aveux ? Pour une fois que ce ne sont pas des mensonges, il peut être fier de lui, cet enfoiré.

« Quinze dollars. Tu débourse quinze dollars pour ce jeu, et tu es pardonné ! »

La boîte de jeu que Damian tend à l'autre brun ne lui est pas étrangère, même s'il n'y a encore jamais joué. Lui aussi est à jour dans les sorties de jeu vidéo, quand même. Elliot hésite. Vraiment. Il n'a pas de problèmes d'argent mais il n'arrive pas à se faire à ce sourire sur le visage de son ami. Cet horrible sourire, il le lui aurait fait bouffer, s'il l'avait pu. En attendant, il plongea une main dans sa poche pour voir si quelques billets ne traîneraient pas par là. Oui, il va céder. De toute façon, Damian le savait, il ne pourrait rien lui refuser. Même si ça l'énerve, il ne peut pas faire autrement. Et puis, refuser aurait signifié qu'il mettait un terme à quelque chose, qu'il finissait par couper ce mince bout de ficelle déjà complètement effilé qui les reliait encore, mais avec du mal. Et malgré tout ce qu'on pouvait croire, Elliot ne voulait pas ça. Alors il allait céder.

« Tu sais Elliot, je...je veux que tu m'aide à acheter ce jeu ! »

Ce n'est pas ce qu'il voulait entendre, mais il s'en fiche. Il sait bien que Damian ne dira plus rien à propos de sa condition de criminel, qu'il fera comme s'il ne s'était rien passé, et qu'il continuera à sourire... « Bon sang tu ne peux pas arrêter ? » aimerait-il lui dire « Pourquoi faut-il qu'on continue ce petit jeu imbécile ? » rajouterait-il encore « On est pathétiques. Arrêtes de faire semblant, je sais que tout est faux chez toi. » finirait-il par conclure.

A la place il sort les quinze dollars demandés et les lui tend.

« C'est bien parce que c'est toi. »

Le sourire qui s'affiche sur son visage n'est que l'écho de celui de Damian. Presque de la pure politesse. Et même si ça se voit, il fait comme si c'était normal.

« Par contre je veux pouvoir y jouer au moins une fois par semaine ! »

Au final, avoir fait tomber les masques n'aura servi à rien. A peine abandonnés, ils en reprennent aussitôt de nouveaux, plus faux encore, mais qu'importe.