Non, mais, sérieusement, qu’est-ce qui lui arrivait ? Quand exactement, avait-il commencé à changer comme ça ? A devenir plus supportable ; plus … social ? Oui, ce terme est un bon choix. Nul ne saurait le dire et certainement pas le principal intéressé qui était, encore une fois, isolé du reste de la joyeuse bande d’attardés aux pouvoir tous plus flippants les uns que les autres. Malgré le fait qu’il commençait à s’adoucir – quand bien même ça l’emmerdait profondément – il ne tenait absolument pas à trainer tout le temps avec eux ; il y avait une limite à ne pas dépasser non plus, il ne fallait pas déconner avec ça.

André était normal, pas comme eux. Enfin, était. Mais ça revenait au même. Avant que Fenrir ne prenne possession vilement de lui, c’était un adolescent normal dans un monde pas normal. Le grand classique, en somme. Par certains aspects, il regrettait sa vie d’antan, ou il pouvait faire ce que bon lui semblait, quand il le voulait. Bien entendu, c’était sans prendre en compte le joug de son foutu paternel, qu’il était bien content d’avoir semé de manière définitive.

Posé sur le toit de l’un des bâtiments de la Heroe’s Sup, le Russe réfléchissait ardemment, chose qu’il n’avait plus fait depuis bien longtemps. Ses bras croisés derrière sa tête pour lui servir d’appui, il scrutait le ciel bleu, presque parfait, comme si ce dernier pouvait lui répondre. Quelle idiotie que voilà. Un soupir passa ses canines blanches. Non, vraiment, à partir de quand avait-il entamé ce brusque retournement de personnalité ? Il n’aimait pas ça mais quelque chose en lui l’empêchait de prendre la poudre d’escampette. Il ne le souhaitait pas. Pas maintenant, en tout cas. La raison était si futile qu’elle en devenait drôle, en plus. Cette fille.

Xia Shelter. Il avait mit du temps avant de se souvenir correctement de son nom entier. Déjà, parce qu’au départ, il en avait simplement rien eu à foutre, parlons peu mais parlons bien. Et ensuite, il s’était tellement prit la tête avec elle lors de l’après réunion chiantissime qui s’était tenue dans la salle de conférence ou cet enflure de Damage Greem avait fait un discours suintant de ridicule. Apparemment, miss n’avait pas franchement apprécié que le Russianov parle tout haut, par la suite, en dénigrant à la fois les élèves – « Ce n’est pas comme si vous en étiez à un monstre près, non ? » avait-il dit, aussi – mais aussi l’idée même de cet établissement scolaire.

C’avait commencé ainsi et chacune de leurs incartades n’avaient été que plus violente par la suite. Si bien que certains et certaines les pensaient bientôt prêts à en venir aux mains. Et ils n’étaient pas dans le faux, en fin de compte. Mais non, ceci n’arriva guère. Enfaite, Loukas n’avait pas franchement compris les tenants et les aboutissants de sa « nouvelle » relation officielle. Oui, déjà le statut d’officiel le changeait du tout au tout. Oh, il avait déjà eu des tas de petites amies, mais il ne s’affichait que rarement avec elles ; ce que, manifestement, il faisait énormément avec Xia, ou Alcée, comme elle se faisait appeler maintenant.

Flashback a écrit:

« PUTAIN MAIS VA CREVER !
-LES FEMMES D’ABORD PRINCESSE !
-FERMES TA GRANDE GUEULE !
-TU PEUX COURIR GAMINE !
-Alors sort avec moi.
-D’accord. »

Maintenant qu’il repensait à ce dialogue digne d’une série humoristique, il souriait un peu. Non, il devait bien admettre que ce n’était pas désagréable d’avoir une partenaire de ce type-là. Après, de là à dire qu’il était amoureux, c’était beaucoup s’avancer mais … Effectivement, il y avait un petit quelque chose qui faisait que même Fenrir se tenait tranquille plus qu’à l’accoutumée, maintenant. L’espace d’un instant, il laissa même son esprit vagabonder vers les doux souvenirs de sa mère. Il se sentait serein, détendu. Une première, en somme.

Une sonnerie de portable le dérangea dans sa rétrospective improvisée. Ah bah, justement, Xia. Elle voulait qu’il passe chez elle ce soir. Bien sûr qu’il allait venir, comme si une invitation pareille se refusait. D’ailleurs, il partait de suite, suivant l’adresse indiquée sur l’écran de son portable et, accessoirement, se perdant deux fois avant d’arriver au bon endroit. Son doigt pressa la sonnette et on vint lui ouvrir. C’était elle. Il prit une grande inspiration, elle était magnifique, comme ça. Encore plus de d’habitude.

Il s’avance de lui-même, la prend dans ses bras et l’embrasse doucement, sans doute bien plus qu’il ne l’aurait fait avec une autre fille. Enfin, suavement, il lui glisse à l’oreille un « Tu m’as manqué ». Il ne comprend pas cette phrase. A vrai dire, c’était sorti tout seul. Comme quoi, il avait encore beaucoup à apprendre. Après tout, il n’était qu’un gamin de dix-sept ans et rien de plus.

Mais pourquoi était-il encore surprit ? André aurait dû connaître la chanson depuis, c’est une habitude qui ne prend pas longtemps à s’encastrer en soi, pourtant, non ? En plus, il était habitué à ce genre de comportement malgré son –jeune – âge. Ce n’était plus un mystère pour lui, que les échanges charnels entre deux individus paraissant conçus l’un pour l’autre depuis le tout départ. Ils n’étaient pas ensembles depuis très longtemps et en dépit de ça, ils avaient déjà eu l’occasion de se découvrir sous bien des angles, de manière délicieuse. Ca n’avait pas été pour déplaire à l’expatrié, bien au contraire. Avec Xia, il ne pouvait nier que c’était différent d’avant.

Ce n’était pas comme avec Milena, Addie, Maryline ou encore Lucky. Non, c’était plus … quelque chose. Il n’aurait sur le définir clairement, mais au fond, il s’en fichait car peu importe ce que cela pouvait être, il adorait ces sensations presque nouvelles qu’offraient ces étreintes douces et amères en même temps, sur sa peau trop touchée par les sévices d’une vie qu’il n’avait jamais voulu. Quelque part, il ne sentait un peu moins honteux, voir coupable, lorsqu’il était avec elle. Avec le temps, il était devenu le goujat de base avec les jeunes filles. Aussitôt l’amour fait qu’il repartait, même si certaines de ses amantes avaient eu, par la suite, un rôle occasionnel. Il ne s’était jamais rien passé de plus, autrement. Mais en sa présence, il n’avait plus envie d’aller voir ailleurs.

Peut-être était-il réellement amoureux, finalement. Il ne cherchait pas à comprendre, c’était trop instable pour qu’il veuille risquer une défaillance par trop de questions. A la place, il se contenta d’apprécier le baiser reçu, et tout ce qui s’en suivit alors qu’il posait à peine un pied dans le salon. Non, décidément, il ne saurait mentir ou faire fausse figure. Avec Xia plus qu’avec d’autres, ce qu’il ressentait était vrai. C’était comme si on le ravivait à chaque fois, comme une mèche de bougie éteinte. A la fois douloureux et enivrant, il avait cette envie d’en avoir toujours plus. Et pour ne rien arranger, il se répétait. Même si sincèrement, il n’en avait rien à foutre. Cette fille avait le don d’embrumer ses pensées, même les plus fines. C’était étrange. Il adorait ça.

Sentant qu’elle entamait les hostilités de luxure, il se laissait glisser dans ce courant qu’il apprenait à aimer de nouveau. Il ne couchait pas uniquement pour coucher. C’était plus fort. Plus vrai. Plus intense. Plus … passionnel. Avec cette étrangère, il se donnait à deux cents pour cent et ne gardait jamais de réserves, comme s’il se l’était lui-même interdit sans même le savoir. Bref, suffit de réfléchir, il n’était pas là pour ça. Il n’en avait guère envie. C’était elle qu’il voulait. Elle et personne d’autre.

Elle joue avec ses vêtements, passant en dessous. Ah ah. Ça plaisait au semi-russe.

Immédiatement, voyant que sa robe est bien prompte à s’ôter sans difficulté pour peu qu’on lui vienne en aide, il souleva alors la demoiselle, bandant ainsi les muscles de son corps pour supporter ce poids en plus. Et un peu en retrait, une part de sa conscience, qui fondrait bientôt pour sûr, cherchait la chambre. Il l’a trouva bien vite et fit s’échouer les deux corps sur un lit qui semblait n’attendre qu’eux, depuis bien longtemps.

Ses doigts partirent à la recherche d’une fermeture capable d’ôter cet amalgame de tissu qui l’empêchait encore d’admirer la magnificence de sa partenaire. Et puis …

Krrrrrrrrr.

Oups. Plus de robe. Il avait donc tant de force que ça ? Sans doute. A moins qu’il ne fut particulièrement impatient. Hum. Oui. Ça se valait, aussi.

HRP: