Lulu était venue à cette soirée afin de mieux comprendre cette époque qui commençait, tout doucement, à devenir la sienne.

Vêtue d’une ravissante robe dite « de samba », les cheveux ramenés en un chignon. Du rouge… Elle n’avait pas l’habitude d’en porter, mais celui-ci lui avait réellement « tapé » dans l’œil, comme disait certaines personnes de ce siècle. Alors c’est sans hésiter qu’elle l’avait enfilé avant de se rendre au lieudit, pile poil à l’heure prévue sur son invitation –qu’elle avait pris soin de prendre avec elle, au cas où.

Lorsqu’elle arriva, de gentille serveurs lui prirent sa veste et la guidèrent délicatement vers la table qui lui avait été attribuée. Un sourire se bâti sur ses lèvres tandis qu’elle reconnaissait la personne assise à cette table.

« Aaron, bonsoir ! C’est donc avec vous que je vais passer la soirée ? »

Elle se souvenait de leur première –et unique- rencontre jusque-là. C’était une bonne chose de le revoir. Justement, récemment, elle avait pensé à lui ! Comme quoi le hasard, parfois…

"Moi je même!" lança, aux anges, la belle amérindienne.

Il ne lui fallait que peu de choses pour sourire et, présentement, la simple présence de ce jeune homme, qu'elle avait rencontré il y a peu, suffisait à la détendre et la mettre en joie. Elle ne connaissait pas vraiment cette coutume de "Sait Valentin", aussi elle était un peu stressée par tout ça, sans vouloir se l'avouer elle-même.
Au compliment de l'homme, elle sourit de nouveau, laissant bientôt place à une quiétude toute faite pour elle, sans la moindre hésitation.

S'installant confortablement sur sa chaise, elle lui retourna le compliment avant d'ajouter, adorablement curieuse;

"Alors, c'est ainsi que l'on passe cette fête appelé Saint Valentin?"

Là, pour le coup, c'était tout de même étrange...

Pour être honnête, Lulu ne savait que répondre à cette question. Non pas qu'Aaron la dérangeait ou la mettait mal à l'aise - au contraire, même! - mais... Elle venait d'une autre époque et en avait pleinement conscience, désormais. Ainsi, parler librement de tout ceci n'était peut-être pas une bonne idée.
Et puis... Même si son précédent mari ne lui avait jamais fait le moindre mal, à toutes ces fêtes populaires en amoureux, il s'absentait pour aller rejoindre sa maitresse que Lulu, bien qu'elle ne la connaissait pas, jalousait quelque peu certains soirs.

"Eh bien... Disons que je n'ai jamais eut l'occasion de goûter à ses délices, tout du moins."

Elle préféra éluder la question et la renvoyer directement à son acolyte;

"Vous de même?"

Elle n'avait même pas voulu faire mal exprès, la douce Lulu.