Savoir l'avenir réserve des surprises, parfois bonnes, d'autres mauvaises. Je m'étais toujours refusé de trop en abusé pour moi-même, car connaître l'avenir dans ses moindres détails, c'est enlevé une part de mystère à la vie. Comment y prendre plaisir si on sait déjà tout ? Il y avait un risque encore plus grand, celui de ne pas vivre l'instant présent, mais ne faire qu'attendre le futur. Ce serait une vie d'attente ou la spontanéité n'existe plus.

Les événements récent avait mis à mal mon moral et d'une certaine façon, ma confiance en moi. À quoi bon savoir l'avenir si on ne peut l'anticiper, voire le changer ? Les grandes lignes de chaque destin sont déjà tracées, je le sais, mais cela me tuait de me penser inutile. De savoir tout le potentiel de mon don sans en pouvoir en tirer parti. On avait déjà eu deux meurtres à l'Heroes. Combien en avais-je prédis ? Aucun, je n'avais pas posé les bonnes questions.

Allai-je pour autant baisser les bras ? Sûrement pas ! C'est pourquoi, chaque jour je m'étais à contribution mes fantômes pour m'assurer que tout allait bien. Ou plutôt, que cela n'empirerait pas. C'est comme ça, que pour la première fois, je me suis vu confronter à une prédication dont je n'aurai jamais pensé avoir à faire. J'ai appris ma propre défaite face à Dark Hours.

Si comme je le disais, les grandes lignes sont déjà tracées, ont peut néanmoins en changer les détails. Ainsi, ce n'est pas par hasard, alertée par des bruits suspects, que je me dirigerai dans la foret de l'école, mais de mon plein grès, pour faire face, sans surprise. Ainsi, je savais que je serai gravement blessé au ventre et que dans ma chut, je me cognerai contre un arbre. Dark Hours me considérera sûrement comme morte, même s'il n'en sera rien. C'est plutôt un long sommeil qui m'attend. À ma demande, de savoir quand je me réveillerai, je n'ai pas eu de réponse. Cela veut dire deux choses, soit je ne me réveillerai jamais, soit dans un future trop lointain.

Ce matin, j'ai écrit une lettre à mon père, ou je me livre à lui et ose lui dire ce que je n'avais jamais osé. Que le lien qui unissait Dana et moi, n'avait pas été que de l'amitié. J'avais pris du temps à le comprendre, l'accepter et d'ailleurs, j'avais encore des progrès à faire, mais j'aimais les filles. Et je ne voulais pas partir sans être au clair avec mon père. Le reste de la journée, j'ai simplement profité de ma dernière journée de cours, qui avaient été remanié par la principale, avec mes amis.

Maintenant, j'attends. Je l'attends, dans la forêt, après les cours alors que la nuit commence à tomber. Je suis en avance. J'ai envoyé un dernier message à mes amis. Je ne voulais pas partir sans leur laisser un mot. Je sais que Junko viendra me voir à l’hôpital et qu'elle sera triste. Je sais les fleurs qu'elle m'offrira, le mot de rétablissement écrit dessus. Comme je sais qu'Éric va s'en vouloir et manquer de craquer si M. Chateaubriant ne serait pas là. Je sais que cette andouille d'André ne va rien comprendre à mon message et je dois dire que l'embêter une dernière fois m'amuse. Je ne suis pas résous cependant, à dire « au revoir » à la fin, parce que c'était comme dire « adieu, à jamais » et c'était trop triste. J'ai aussi mis en garde M. Chateaubriant, car j'ai appris que Dark assisterait à son prochain cours. Je sais qu'il fera le nécessaire. Intrusion ? Pire, étudiant ? Voilà qu'on avait jamais pensé à cette possibilité, pas moi en tout cas. Je sais aussi que je n'aurai pas le temps de leur répondre, parce qu'il va arriver. Je sais que « le renouveau viendra après la destruction », voilà une bien étrange prophétie. Et puis, je sais qu'une fois mon état stabilisé, je retournerai dans ma chère Albion.

Et le voilà. Je prends une inspiration, au fond de moi j'ai peur, mais savoir l'avenir est rassurant quelque part. Et puis, je ne vais pas vraiment mourir. Je lève une main, parallèle au sol. « Vous savez, les morts ne meurent pas vraiment. Ils sont toujours là, prêt à parler à ceux qui savent les écouter. » Une main sordide sort du sol, puis une autre, et une autre. « Ce sont vos victimes et elles brûlent d'envie de vous parler. » Je n'ai même pas besoin de faire d'efforts pour les invoquer, la simple présence de leur bourreau les motivent à revenir. Alors les squelettes sorent de terre, dans un cliquetis macabre et ils se ruent sur ce monstre. Ils l'insultent, le menacent, le maudissent, même s'il ne peut sûrement pas comprendre, il faut un don particulier pour cela. Évidemment, il va se débarrasser sans mal d'eux. Le but n'est pas d'essayer de l'affronter, juste de lui montrer toutes ces victimes, pour lui rappeler qu'un jour ou l'autre, il devra leur rendre des comptes.

Et puis, le temps est venu pour moi. « Souvenez-vous : le destin est déjà écrit pour chacun de nous et je ne suis pas sûr que le vôtre soit celui que vous attendiez. » Et je ferme les yeux. Je sens mon portable vibrer. Comme je l'avais prévu, je n'ai pas le temps de consulter les réponses de mes amis. Il est trop tard maintenant, je vais entamer un voyage.

Je me demande juste une chose, là où je vais, vais-je voir ma Dana ?