J’arrivais devant un nouvel embranchement et soupirais. Étais-je déjà passé par là ? Ou non ? J’avais beau avoir un pas trop mauvais sens de l’orientation toute les galeries se ressemblaient et je ne trouvais aucun repère pour m’indiquer la direction à suivre.
Je balayais les deux tunnels avec ma lampe et partis vers la gauche, après tout je ne savais absolument pas si je m’approchais ou m’éloignais de l’entré.
On aurait pu penser qu’après avoir été enfermée sur le toit de la tour je me montrerais plus prudente mais non. Quelques jours plus tard j’avais déniché l’entrée d’un sous-terrain. Et comme j’aime beaucoup explorer, surtout les lieux qui ne semblent pas vraiment autorisé d’accès, j’avais, comme une idiote, décidé d’y foncer tête. Résultat j’étais bel et bien perdue.
Pas que ce soit grave. Ce dédale ne pouvait pas être si grand que ça en continuant à marcher je finirais bien par arriver quelque part où je pourrais voir autres chose que des parois de pierre et entendre d’autre son que le bruit de mes pas. D’ailleurs en parlant de bruit…
Je m’arrêtais et tendit l’oreille. L’éco continua à rebondir sur les parois. J’attendis mais le bruit persistait. Était-il possible que quelqu’un d’autre soit ici ?
Je mis une main devant ma lumière pour la réduire et ne pas l’alerter. Arrivé à une intersection j’hésitais car le bruit semblait venir des deux tunnels je pris finalement vers la droite et m’avançais rapidement et le plus silencieusement possible. Je glissais soudainement sur une pente.
La galerie que j’avais empruntée une autre trois mètres plus bas en une pente assez abrupte et instable que je n’avais pas vu avait d’y mettre le pied. Je poussais un cri de surprise et perdis l’équilibre, entraînant avec vacarme une partie du sol avec moi. La poussière soulevée obstruait mon champ de vision mais tentait aussi d’envahir mes voix respiration, je toussais pour m’en débarrasser.
Pour la discrétion c’était foutue. De toute façon y avait-il vraiment quelqu’un d’autre ici ?

Cette école est décidément bien étrange. Pendant le jour, la cour est bondée d'élèves tous plus bizarres les uns des autres. Certains crachent du feu, d'autres marchent sur les coudes ou bien lévitent carrément au-dessus du sol. Même les professeurs sont étranges. Aujourd'hui, j'ai eu mon premier cours avec monsieur Chateaubriand en contrôle de soi. Contrôle de soi... quelle drôle de matière, déjà. Mais le prof en tant que tel, il contrôlait le feu ! C'était vraiment effrayant, j'en ai perdu quelques os. Si je m'écoutais, je m'enfuirais de cet endroit pour ne plus jamais revenir. Sauf que j'ai promis à mes parents que j'apprendrais à me contrôler. Je suis un homme d'honneur, moi. Enfin... un adolescent d'honneur. Et maintenant, c'est la nuit. Je me suis perdu en tentant de rejoindre le dortoir des garçons. Il faut dire que ce système de sous-terrains n'est pas très pratique. J'ai compris qu'il a été mis en place pour protéger les étudiants d'une certaine menace surnaturelle mais moi je ne vois pas en quoi cela aurait un quelconque effet protecteur. Au mieux, le gros méchant monstre se perdrait lui aussi dans ce labyrinthe caverneux. J'aurais peut-être dû demander de l'aide à l'un de mes camarades de classe. Le hic c'est que j'étais bien trop occupé à retenir mes os à l'intérieur de ma peau pour simplement songer à adresser la parole à quelqu'un. C'est étonnant, j'ai toujours été plutôt social. Je devrais apprendre à vivre parmi les miens, parmi les monstres. Tout n'est pas perdu, je vais peut-être rencontrer l'homme-taupe dans ce tunnel. Ah, que d'humour ! Je tourne un coin et j'entends des pas. Ah bah voilà, je suis sauvé. Cet inconnu va m'aider à sortir d'ici et je pourrai rencontrer mon nouveau lit. Je me dépêche, impatient de rencontrer mon sauveur. Puis, il y a un gros bruit sourd. Finalement, c'est plutôt moi qui vais me retrouver le héros de quelqu'un. Il faut vraiment pas avoir de bol pour tomber au milieu de nulle part. J'espère que ce mystérieux personnage ne s'est pas blessé, manquerait plus que j'aie à transporter quelqu'un dans ce ténébreux labyrinthe.

« Hého ? L'homme-taupe, c'est bien toi ? »

Je roule mes yeux à ma propre lance. Plus je me rapproche et plus je discerne des sons. Des voix. Ou plutôt, une voix. Le timbre est féminin. J'ai donc à faire avec une dame. Au moins je suis plus avancé sur l'identité de la personne. Au mieux, je sais que je ne vais pas me retrouver devant un hybride entre l'homme et la bête. J'ai eu beau plaisanter à ce sujet, l'apparence de certains de mes camarades de classe m'auraient fait imaginer le pire. Je n'aimerais pas avoir à collaborer avec un être d'apparence monstrueuse. Ouais, je fais de la discrimination. Mais il est tard et je suis fatigué. Je fini par atteindre la fille et l'aide vainement à se relever. Elle y arrive très bien sans moi.

« Ça va ? Rien de casser ? »

Je la jauge d'un coup d’œil rapide avant de porter mon attention sur la paroi de pierre derrière elle. Vilaine chute. Quelle idée de construire ce genre de pièges dans un tunnel destiné à des étudiants ? J'aurais deux mots à toucher au concepteur de ce sous-terrain ! Je soupire. Franchement, c'est pas la joie.

« T'as pas de carte, hein ? »

Bien sûr que non. Je hausse les épaules. Allez, il ne faut pas se décourager.

« Je m'appelle Scott et ma super-anomalie ne peut rien faire pour nous sortir de là. Et toi non plus j'imagine, sinon tu ne serais pas là. Tu t'appelles comment ? »

Une idée commence à fleurir dans mon esprit. On va jouer à Hansel et Gretel avec des bouts d'os.

La poussière finit par se dissiper et contrairement à la partie du sous-terrain que je venais de quitter celle-ci était éclairée
J’éteignis donc ma lampe pour la ranger dans mon sac. Ceci étant je ne sacait toujours pas où je me trouvais mais des pas se rapprochaient très clairement et une voix m’interpella.
« - Hého ? L'homme-taupe, c'est bien toi ? »
L’homme-taupe ? Y avait-t-il vraiment quelqu’un comme ça ici ou c’était une plaisanterie ? N’importe où ailleurs je n’aurais pas eut de doute mais à Heroe's SUP je n’arrivais jamais à vraiment savoir. Il fallait dire qu’avec toute les étranges… personnes (?) qu’on y croisait beaucoup plus de choses était possible. Je répondis donc en toute honnêteté.
« -Non, pas l’homme taupe. »
Au bout d’un court instant mon interlocuteur finit par apparaitre. C’était un jeune homme de mon âge qui semblait complètement paumé.
Mais bien que ce ne soit pas très étonnant je fus un peu déçut car de toute évidence ce n’était pas lui qui allait me faire sortir de là.
Il s’approcha et tendit la main dans une vaine tentative de me venir en aide mais je préférais me lever seule car m’étant râpée les paumes dans ma chute je voulais déjà évaluer les dégâts. Je retirais donc la poussière en les essuyant sur les jambes de mon pantalon y laissant deux trainées blanchâtre. Au finale je constatais que ce n’était rien de plus grave qu’un peu de peau en moins. Ça me tiraillait un peu mais ça allait.
Le jeune homme posa plusieurs questions sans vraiment en attendre de réponse, dons la fameuse "j’en ai pas trop l’air mais : quel est ton pouvoir ?". Je souris intérieurement, je ne pouvais pas lui en vouloir car je faisais exactement la même chose, ce qui ne voulait pas dire que j’allais y répondre. Je pris bien soin de ne pas répondre à ses interrogations mis à par la dernière et ce seulement après un instant de silence.
« - Fanny Sharp. »
Je regardais autour de moi, les couloirs n’était pas bien différant de la partie dons je venais d’émerger, mis à part la lumière ça semblait plus ou moi la même chose, uniforme et sans indices sur la direction à prendre.
« - Inutile de retourner là d’où je viens, c’est un vrai piège, cette partie semble plus civilisée. »

Visiblement, ma compagne d'infortune n'est pas bavarde. Ou bien elle est gênée, ou bien elle se méfie de moi. C'est plutôt moi qui devrait être méfiant, elle ne m'a dit son nom que sur le bouts des lèvres. Mille dollars que c'est un faux. En d'autres termes j'aurais peut-être profité de la situation pour pratiquer mes méthodes d'interrogation ( hum ) mais il y avait ô combien plus important à faire à l'instant. Comme par exemple trouver un moyen de sortir d'ici. Heureusement pour nous, j'ai un plan. Arrivé au bout du tunnel, à l'embranchement, j'extirpe de mon poignet une pique en os de trente centimètres. Je la projette en plein sur la paroi Est du tunnel que nous quittons. Elle y pénètre profondément, je la tape un peu pour m'assurer de la solidité puis me tourne vers '' Fanny ''. Je viens pour dire quelque chose mais renonce. Elle a sûrement compris toute seule mon plan, je n'ai pas besoin de lui faire un dessin. Je la laisse choisir entre les deux chemins qui s'offrent à nous. Vraiment, cette école a de drôles de façons de protéger leurs élèves. L'assassin qui rôde nous aurait tout les deux déjà étripé, on ne connaît pas plus le chemin que lui. Oh et sans parler de cette règle d'anonymat étrange. Le tueur n'est sûrement pas intéressé par nos identités, les deux morts n'avaient rien de personnelles, on en veut à l'école, pas aux individus en tant que tel. C'est évident. Moi, je ne vais pas jouer le jeu. C'est déjà assez bizarre que les gens aient un super-pseudo, si en plus il en faut un deuxième, jamais on ne verra la lumière au bout du tunnel. Ah tien, voilà un sujet qui pourrait intéresser miss ténébreuse d'à coté. Je l'avais presque oublié, c'est bizarre.

« Dis, t'étais là quand le directeur s'est fait zigouiller ? »

Je ne suis là que depuis quelques temps et j'en connais déjà pas mal au sujet du meurtre publique de Damage Greem. J'ai même eu connaissance de certaines versions des faits qui sont, selon toutes  probabilités, entièrement étonnées. Parmi les plus farfelues, il y aurait celle où  ce serait le directeur lui-même qui aurait mis fin à ses jours. Ou encore, la version où des extra-terrestres avait embarqué l'homme pour une autre planète. Puis, il y avait les théories. Certains allaient jusqu'à insinuer l'implication des légendaires dans l'attentat. D'autres blâmaient le gouvernement. Une chose était pourtant évidente: personne ne bougeait pour dénicher le coupable. Vraiment, cet univers de super-héros où tout le monde ne se préoccupe que de son petit nombril... ça me décourage !

« Je ne comprends pas pourquoi les légendaires n'ont pas sauté sur le meurtrier pour l'arrêter ? S'ils ne peuvent pas nous protéger, qui le peut ? Pas ce stupide tunnel en tout cas. »

Si je suis de mauvaise foi ? Bon, peut-être que je suis de mauvaise humeur. Je suis fatigué aussi. Mes idées ne sont peut-être pas complètement claires et réfléchies. Nous arrivons au bout d'un autre tunnel. Il y a là un graffiti à connotations sexuelles. On dirait bien que ce sous-terrain profite à certains pour assouvir leurs ébats en toute intimité. Nous rebroussons chemin et je prépare un nouvel os de repaire. Je sens en moi un espoir naître. Il ne reste qu'un seul chemin à prendre, le sommeil est de plus en plus près !

« T'es dans quelle classe, toi ? Je ne t'ai jamais vu. Faut dire que je viens d'arriver. »  

Je plante l'os à l'entrée du tunnel et me dirige vers celui qui est dénudé de quelques ossatures. Déjà, l'éclairage est plus régulier. Je sens que nous sommes dans la bonne direction ! Puis, une porte. Je pousse. C'est verrouillé de l'intérieur. Je donne une tape rageuse du plat de la paume. Saloperie. Le couvre-feu doit déjà être dépassé. Je cogne.

« Hého ! Ouvrez ! Hé ! »

Aucune réponse. Je me tourne vers ma partenaire de malheur. Quelle poisse, sérieux.

« T'es sûre que ton pouvoir peut pas nous aider, là ? Merde de merde de chiasse. »

Je me laisse tomber en position assise et me colle le dos contre la porte. Je n'ai jamais défoncé une porte avec mes os. Faudra que j'essaie.

Scott se mit en marche et je lui emboîtais le pas, l’intersection suivante n’était pas loin. Il s’y arrêta et sembla tirer quelque chose  de sa manche. Non, pas de sa manche… De sa peau ! C’était une longue aiguille blanche qui alla se fixer dans un mur à hauteur d’épaule. Apparemment il marquait le chemin, j’imagine qu’il venait seulement d’y penser sinon il aurait retrouvé son chemin plus tôt. Désormais on pourra savoir si on repasse par là. Une fois qu’il se fut assuré que son repère ne tomberait pas il se tourna vers moi. Quoi ? C’était à moi de choisir le chemin ? On dirait bien mais j’étais tout autant perdu que lui alors un hasard valant un autre je partis vers la gauche. Au bout de quelques pas je ralentis pour le laisser devant mais il en profita pour poser une question soudaine.
« - Dis, t'étais là quand le directeur s'est fait zigouiller ? »
Je secouais négativement la tête.
Les journaux en avaient beaucoup parlé et j’avais suivit les débats durant ma procédure de déménagement, j’avais tenté de faire valoir à mon père que ce n’était pas le meilleurs moment pour m’envoyer dans cette école mais il avait qu’un "petit incident", personnellement je n’aurais pas employé cette qualification, n’avait aucune importance.
« - Je ne comprends pas pourquoi les légendaires n'ont pas sauté sur le meurtrier pour l'arrêter ? S'ils ne peuvent pas nous protéger, qui le peut ? Pas ce stupide tunnel en tout cas. »
Le pauvre petit il semblait que les belles illusions qu’il nourrissait à propos des légendaires aient été déçu. C’est la raison pour la quelle il valait mille fois mieux ne pas trop conter sur les autres. On n’était pas dans un conte de fée ou les gentils gagnent à chaque fois.
En tout cas ce sous-terrain semblait contenter certaine personnes. Faite l’amour pas la guerre. Pensais-je en observant la le graffiti très… suggestif qui décorait le bout du couloir.
Arriver dans un cul-de-sac il ne nous restait plus qu’à faire dei tour.
« - T'es dans quelle classe, toi ? Je ne t'ai jamais vu. Faut dire que je viens d'arriver. » Demanda Scott en refaisant le petit tour avec une nouvelle aiguille.
Cette fois j’eu l’occasion de passer juste à côté. La matière dans la quelle elle est taillée semblait être… ça ne pouvait pas… mais si en faite vu d’où il la tire. C’était un morceau d’os ! Son os. C’était un peu barbare et ça devait faire hyper mal.
« - Seconde. Je suis aussi arrivée récemment. C’est ton os que tu utilises ? Ça doit être horriblement douloureux. »
Le troisième tunnel déboucha sur une porte, fermée bien entendue. Je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression de m’être attirée la malédiction des portes fermées.
« - T'es sûre que ton pouvoir peut pas nous aider, là ? Merde de merde de chiasse. »
C’était une serrure classique à piston. Si on savait comment faire, aucune clé nécessaire, bien que ça fasse gagner un temps considérable.
« - Mon pouvoir non mais j’ai des épingle à cheveux on peut essayer de crocheter la serrure. »

Je suis content de la réaction de Fanny. Elle semble plus débrouillarde que ce que je m'étais imaginé. Ça m'apprendra à juger les gens par leur apparence. Elle a même de meilleurs réflexes que moi. Je suis habitué que ce soit le contraire. Je sens qu'on pourrait bien s'entendre elle et moi. Si on ne fini pas par s'entre-tuer en quête de nourriture, évidemment. Mais je pense pas que ça va arriver. Je veux pas que ça arrive. Alors ma camarade commence à crocheter la serrure de la grande porte. Je la regarde plus attentivement. Elle ne ressemble pas à un monstre, elle. J'imagine que son pouvoir il doit être tranquille genre empathie animale ou bien télépathie. Pas quelque chose d'effrayant comme le mien.

« Bravo, Fanny. Tu fais preuve d'un grand sang froid, je respecte ça. »

J'en profite pour me relever et attendre près d'elle l'ouverture de la porte. Je suis vraiment très concentré sur son action quand je me dis que ce serait bien que je lui réponde. Elle m'a posée une question tout à l'heure à propos de mon pouvoir. C'est bizarre de pouvoir en parler librement.

« À propos de mon pouvoir... t'inquiète pas, ça ne me fait pas mal du tout. Je ne sens rien. En fait, les os repoussent dès que... euh. »

La porte s'ouvre sur un grand type sombre. Je fige. On dirait que le temps aussi. J'ai à peine le temps de réaliser qu'il me serre la gorge que je sens une intense douleur sur ma langue. Je comprends vaguement que nous nous trouvons face à l'assassin de Damage Greem. Puis je tombe par terre et je sens mes yeux me piquer. Je pleure un peu. On a faillit mourir ! Là, sans que personne ne sache où on se trouve ! Ce type aurait pu nous tuer. À mains nus ! C'est épouvantable. Je me sens vraiment comme un moins que rien. Je n'ai même pas plus me défendre. Nous défendre. Et maintenant je saigne de la langue, j'ai la gorge comme du papier sablé et je pleure comme un enfant. Ça va mal. Je tourne mes yeux embués vers Fanny. En même temps, je remarque que nous ne sommes plus dans ce tunnel étrange mais bien dans la cave de l'école, au milieu d'un débarras. Je rampe vers Fanny et la retourne vers moi. Elle est vivante. Je suis content. J'essuie mon visage brûlant avec rage. Pas question que je me montre faible devant elle. Je retiens mes sanglots ce qui a effet de me donner un hoquet incontrôlable.

« Fanny...hic... Fanny ? Fanny ! »

Trois fois, c'est assez je pense. Elle ne réponds pas. Elle doit être inconsciente. Je lui tape la joue fermement.

« Vite ! Il faut aller avertir hic les professeurs ! »

Je m'essuie encore le visage et réussi à me lever. La porte est grande ouverte et je jurais que c'est notre agresseur qui a élaboré cette mise en scène. Après avoir parlé, j'ai un goût de fer désagréable dans la bouche. C'est ma langue. Je la tâte avec mes doigts sales. Il y a comme une enflure bizarre. J'ai la chaire de poule. Je ne voulais pas venir ici. Je ne voulais pas avoir de pouvoir surnaturel. Je ne voulais pas être différent ! Je veux rentrer à la maison.

Scott se décala de contre la porte et je pus aller m’accroupir devant la serrure.
« - Ça risque de prendre un peu de temps. »
Je savais crocheter les serrures, du moins la plus classique mais je ne crochetais pas très vite surtout avec pour tout matériel deux épingles à cheveux.
Je tâtais l’intérieur de la serrure et sentis cinq pistons. Je savais que Scott m’observais mais faisais mine d’être trop concentrée sur ma tache pour m’en rendre compte. J’engageais le premier piston, la serrure tourna légèrement.
« - Bravo, Fanny. Tu fais preuve d'un grand sang froid, je respecte ça. »
Heu… merci ? En même temps il n’y avait pas vraiment de raison de paniquer. Au pire des cas qu’es-ce qui pouvait nous arriver ? Si je n’arrivais pas à ouvrir cette porte, on devrait attendre le matin que quelqu’un vienne nous ouvrir.
Deuxième piston.
Je pouvais aussi bloquer définitivement la serrure en cassant mes épingles à l’intérieurs mais même dans ce cas là rien de dramatique. Il suffirait de défoncer la porte et je savais par expérience qu’une balle dans le verrou réglait le problème même si je ne comptais pas réellement sortir mon arme devant quelqu’un que je venais juste de rencontrer. Ou de trouver une autre sortie.
Troisième piston.
Je trouvais que je me débrouillais plutôt bien.
« - À propos de mon pouvoir... » Dis soudainement Scott.
Il fit une pose hésitant peut-être à en dire plus. Je comprenais, moi non plus je n’aimais pas en parler.
Quatrième piston.
Mais il continua.
« - T'inquiète pas, ça ne me fait pas mal du tout. Je ne sens rien. »
Cinquième piston.
Je me relevai et actionnai la poignée en priant pour ne pas avoir crocheté dans le mauvais sens. Elle s’ouvrit
« - En fait, les os repoussent dès que... euh. »
Il s’interrompit en apercevant l’individu qui se trouvait dans l’encadrement de la porte. Légèrement plus grand que la moyenne, habillé en noir et dissimulant son visage derrière un masque à l’affreux sourire.
Etait-ce un gardien du pensionna. Non, trop effrayant pour ça. Mon instinct me hurlait de fuir mais avant que je fasse un demi pas vers l’arrière sa main m’agrippa le cou serrant avec force. Ce malade essayait de m’étrangler !
Trop tard pour m’effacer. Je tentai de me débattre, de planter mes ongles dans sa main, de donner des coups de pieds mais le type ne broncha même pas. Des paillettes dansaient devant mon regard. Du coin de l’œil je vis qu’il tenait également Scott. Merde ! On n’allait tout de même pas mourir ici, si soudainement ? Je plongeai ma main dans mon sac, agrippant mon SIG. Scott s’effondra au sol. Mort ? Je n’en avais plus pour longtemps non plus.
Noir.

Ma gorge était douloureuse, l’intérieur de ma bouche aussi. Que c’était-il passé ? J’avais du mal à respirer, j’essayais d’avaler ma salive. Mauvaise idée, ça ne passait pas, je m’étouffais. Que c’était-il passé ? Je roulai sur moi-même pour cracher au sol ce qui m’obscurcissait la respiration. Il y avait du sang dans ma salive mais je n’en ressentais pas du tout le gout. Que c’était-il passé ? Je pris peu à peu conscience de ce qui m’entourait. Mon sac était toujours à mon épaule, j’étais allongée sur un sol dure et poussiéreux, dans ma main je serrais toujours mon arme. Je me souvins. Je tentai de me redresser, trop rapidement, je vacillai ayant de nouveau l’impression de manquer d’air, je me rattrapai à quelque chose. Non. À quelqu’un. Scott. Il était toujours vivant. J’étais toujours vivante.
« - Que … C’est quoi ce mec ! »
La voix franchissant mes lèvres était incroyablement grave et grinçante. Prononcer ces quelques mots me fit un mal de chien.

Scott se tourne vers toi et te souris, dément.

'' Ce mec ? C'est le diable. ''

J'éclate de rire. À vous regardez tous les deux, vous qui ne savez rien de moi, je réalise comme l'esprit humain est faible. Je n'ai qu'à claquer des doigts pour y créer la distorsion. Comme un pantin, Scott monte les marches de l'escalier et va retrouver son dortoir. Toi aussi te devrais aller dormir, je suis trop fort pour toi.

Scott se retourna pour me répondre et pour ne pas entraver son mouvement je lâchai le bas de son pull auquel je m’étais agrippée un instant plus tôt. Sauf que ce n’était pas Scott.
« - Ce mec ? C'est le diable. »
Je tentai de pousser un cri mais ma gorge n’était pas d’accord et tout ce qui sortit fut un gémissement rauque. En revanche j’arrivai très bien, même de ma position assise, à reculer précipitamment laissant le maximum d’écart entre nous.
A bien y regarder la personne devant moi était vraiment Scott. Du moins il avait le même visage mais son expression était … étrange, non plutôt … ou même carrément maléfique. Et d’autant plus effrayante que c’est exactement la même que celle du masque du diable (?) qui nous avait attaqués. Je ne n’étais pas croyante alors je ne croyais pas qu’il s’agissait du diable en personne, mais si je ne pouvais pas nier que ce type était sans doute un hyper-méchant. Mais allons-y pour l’appellation diable.
Scott se détourna sans plus un mot et monta l’escalier d’une démarche mécanique. Je n’osai pas bouger jusqu’à ce qu’il ait franchit la porte et que ses pas se soit éloignés dans le couloir. Je rependis ma respiration me rendant compte qu’à cet instant que je l’avais retenu.
Je ne connaissais pas vraiment Scott et peut-être avait-il une seconde personnalité mais durant un instant j’avais réellement eut l’impression de me retrouver de nouveau face à notre agresseur.
Et qu’en était-il de l’état de Scott ? J’étais inquiète à son sujet mais pas assez pour tenter de le rattraper. A la place je ferais bien d’aller prévenir les professeurs mais je risquerais de me retrouver au centre de l’attention. Alors je décidais de faire ce que je faisais le mieux, rester discrète et me faire oublier au moins jusqu’à qu’un nouvel évènement qui pourrait m’en apprendre plus se produise.
Je m’effaçai.

[HRP : Fini pour moi.]