Une nouvelle, un guide, c'est parti pour la visite ! [PV : Bête du Gevaudan]

Le dossier d’inscription avait été rempli comme convenu, chaque feuille avait été complétée sans le moindre accroc. Maintenant qu’elle pouvait se présenter comme étudiante à la heroe’s sup, il ne restait plus qu’à Casey de connaître un peu mieux l’établissement et pour cela, elle devait se rendre une nouvelle fois dans celui-ci pour le visiter dans le moindre de ses recoins. Elle avait cru comprendre qu’elle serait de nouveau accompagnée par un autre élève, ce qui n’était pas pour lui déplaire, car toute seule, elle se serait peut-être perdue dans cet amas de salle et de pièce. Sur le chemin de l’établissement, elle repensait rapidement à cette journée avec Alec Wolff, un jeune homme qu’elle avait rencontré le premier jour ou elle avait pénétrée à l’intérieur de la heroe’s sup. Il lui avait fait un rapide tour d’horizon, lui montrant juste extérieurement les différents bâtiments qui se trouvaient ici et là sur le campus. Elle savait donc à quoi ils pouvaient servir, mais pas ce qu’ils contenaient intérieurement et aujourd’hui, elle comptait bien rattraper ce petit retard en usant de sa curiosité. Du moins, si cela ne gênait pas la personne qui l’accompagnerait. Elle ne savait pas vraiment à qui elle avait affaire et peut-être que le mieux était de rester humble tout en faisant attention à son comportement. Après tout, s’il était plus âgé, autant lui montrer le respect. Sauf s’il faisait comme Alec et qu’il n’avait pas envie d’être vouvoyez. D’ailleurs, devait-elle le faire d’emblée ? Ou essayer le tutoiement dès le début ? Secouant doucement sa tête comme pour redescendre sur terre, la jeune british considéra qu’il serait malvenu d’être familier avec un inconnu. Autant y aller en douceur et ne pas faire de faux pas en adaptant une attitude irrespectueuse. Elle se posait beaucoup de questions, mais en fin de compte, elle avait trouvée elle-même la réponse, soupirant longuement avant de pénétrer à nouveau dans ce fameux établissement qu’était la Heroe’s sup.

Serrant doucement la hanse de son sac, Casey se dirigea à pas lent vers l’accueil, non pas pour retarder le rendez-vous, c’était surtout une façon pour elle de mieux repérer les lieux et de se retrouver plus facilement par la suite. Ça ne faisait que la deuxième fois que la demoiselle venait ici et niveau sens de l’orientation, on ne pouvait pas dire qu’elle avait été gâtée à ce niveau. Ayant pas l’habitude de sortir souvent, il lui était difficile de se repérer aisément avec un simple décor. Décor qui ressemblait aux autres couloirs de cette grande école et encore, parfois, il devait y avoir au moins un détail qui le différenciait des autres. Que ça soit un panneau d’affichage, comme une porte en moins, ou comme des casiers exposés à cet endroit précis. Observant ses détails avec une attention particulière, la jeune anglaise savait dorénavant que l’accueil se trouvait non loin du tableau d’affichage, il suffisait juste de tourner à gauche et on y était. Enfin un peu avant il y avait une espèce de salle, mais pour le moment ce n’était pas le plus important. Toquant doucement contre la porte en bois, la jeune fille attendit une autorisation avant de pénétrer à l’intérieur de l’accueil, se présentant d’une petite voix, avant d’annoncer la raison de sa venue. La secrétaire qui se trouvait dans la pièce avait l’air particulièrement concentrée, mais en voyant Casey, elle releva rapidement la tête de ses dossiers, indiquant à la demoiselle de patienter sur une chaise avant l’arrivée de l’autre élève. S’exécutant, la jeune british s’installa sans un bruit, regardant timidement par la fenêtre tout en respirant calmement. Elle était un peu stressée, mais elle n’avait pas vraiment de quoi s’en faire. Du moins, c’est ce qu’elle préférait se dire intérieurement. Ce n’était qu’une visite de l’école rien d’autre et si ça se trouve, la personne qui allait lui servir de guide serait fort sympathique. Au pire, elle n’aura juste qu’à se taire et à ne pas trop embêter cet autre élève. Soupirant d’anxiété, Casey posa doucement sa main sur son cœur comme pour se calmer. Ce n’était rien. La rencontre avec Alec s’était bien passée, alors il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal pour celle-là.

Un bruit de porte s’était fait entendre à présent, comme si quelqu’un avait frappée. En entendant le bruit, la jeune british sursauta, laissant la secrétaire s’occuper de son interlocuteur avant de regarder timidement la scène. Un jeune homme venait de faire son entrée dans la pièce. Plutôt grand, la jeune demoiselle remarqua très vite ses yeux verts et sa couleur de cheveux qui était plutôt brun, à moins que ça ne soit châtain foncé ? Penchant doucement la tête sur le côté d’un air curieux, Casey écouta d’une oreille distraite la conversation, jusqu’à ce que la secrétaire appelle la demoiselle pour faire rapidement les présentations. Fin présentation, elle indiqua juste que ce jeune homme était son guide pour la journée et qu’elle ne devait pas se gêner pour poser des questions. Tournant rapidement son regard violacé vers l’élève, Casey hocha doucement la tête d’un air timide, comme pour saluer son nouvel interlocuteur. L’adulte de la pièce s’occupa de donner quelques formalités en plus au jeune homme avant de les laisser quitter la pièce pour commencer cette visite au sein de cette école. Décidément, le destin voulait que la jeune fille communique avec des garçons en premier lieu. Encore une fois elle se retrouva seule avec un homme qui d’ailleurs, semblait un peu plus âgée, à moins que ce ne soient les traits de son visage qui donnait cette impression ? Rougissant un peu, avant de poser sa deuxième main sur la hanse de son sac, la jeune anglaise se tourna doucement vers son interlocuteur, levant légèrement son regard pour essayer de lui faire face. Déglutissant silencieusement, il serait peut-être préférable de se présenter convenablement avant de faire quoique ce soit non ? Elle avait compté sur la secrétaire pour le faire, mais visiblement la dame âgée ne voulait pas s’embêter avec ce genre de formalité.

« Hum…Euh…Je m’appelle Casey Hill…Enchanté de vous rencontrer. » la jeune timide s’arrêta quelques instants avant de suivre le jeune homme dans les couloirs. « Je… Je vous remercie d’avoir pris de votre temps pour me faire visiter…J’espère que…Cela ne vous dérange pas ? »

Bien sûr, il était inutile d’indiquer que la jeune femme n’était pas au courant de la façon dont le jeune homme avait été désigné. Au fond, peut-être qu’il n’avait pas envie de s’embêter avec ce genre de choses et encore moins de rester dans cet établissement. De toute façon, la jeune bristish le remarquerait bien au fil de la visite, mais pour le moment, à part peut-être le fait que le jeune homme paraissait ne pas parler beaucoup, il n’y avait rien n’à signaler.

« Quoi ? Mais non, pourquoi forcement moi ?!
-Parce que tu n’as pas le choix. Normalement, c’est Jackson qui faisait visiter l’école aux nouveaux arrivants mais comme…
-Ça va vous fatiguez pas, j’ai compris. Il n’empêche que ça me soule. J’ai une tronche de guide touristique ou bien ?
-Tout à fait.
-Quoi ?!
-Pas de discussion, viens par-là elle t’attend. »
Et merde. Sa journée commençait bien, décidément. Toute ironie sortie, bien entendu. Faire la présentation de l’école à une nouvelle élève. C’te blague ouai. Ils l’avaient bien regardé, tous autant qu’il était ? N’était-il pas celui qui avait tenté de s’échapper d’ici un nombre incalculable de fois par le passé ? Enfin, plus maintenant mais bon, ça restait un prodige de la tentative d’évasion. Oh, mais, minute. Et si c’était pour ça qu’il l’avait désigné ? Ses connaissances se résumaient à connaître l’établissement sur le bout des doigts, ainsi. Oh le mauvais karma. C’était le retour de la pédale en pleine tronche. Et ce n’était pas agréable du tout. Un grogna un peu et puis manqua de gueuler un bon coup lorsque la surveillante appelée pour le trouver lui tira l’oreille, histoire de le rendre un peu plus aimable. « Aller, souris, c’est pas la mer à boire non plus ! » avait-elle dit. Mouai, ça se voyait que ce n’était pas elle qui se farcissait le boulot.

André n’aimait pas ça, basiquement. Aider les autres… Il n’était clairement pas bâti pour ça. En général, il faisait disparaitre les individus. Rien à voir avec ses nouvelles activités de GPS sur jambes, en somme. Nouveau soupir, silencieux. Il était bien forcé d’admettre que depuis son arrivée ici, il avait changé. Que ce soit par l’intermédiaire des récents évènements ou par les gens qui évoluaient ici, lentement mais surement, il se transformait. Et si au départ ça ne l’avait pas enchanté des masses – voir pas du tout, en fin de compte -, depuis qu’il était officiellement avec Xia, cette constatation devenait de moins en moins piquante. Au contraire, même. Pour la première fois depuis très longtemps, il se plaisait à s’imaginer un avenir. Avec elle. Un futur auquel il n’aurait jamais eu droit ou envie de penser du temps où il n’était qu’un criminel pouilleux sous les autres de son bâtard de père.

Il arriva plus vite qu’escompté dans la pièce ou se trouvait toute l’assemblée, uniquement composée de femmes. En temps normal, ç’aurait éveillé chez lui un instinct de mâle mal placé et satisfait mais là…. Non. Il eut même un bref frisson et afficha une mine déconfite. La secrétaire lui parla quelque peu, le mettant en garde sur ses idées farfelues –jamaiiiiis, il était sage comme une imaaaaage. Ou pas – et termina son faux sermon en lui présentant d’emblée et de vive voix la petite nouvelle. La fameuse. Eh ben. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle aurait pu porter un tatouage au feutre indélébile sur le front stipulant « Je suis nouvelle et perdue dans la vie aidez-moi ! » que ça n’aurait pas pu être davantage criant de vérité. Seigneur, mais c’était quoi, ça ? Une petite princesse qui ignorait tous des dangers extérieurs ? Et bordel de merde. On lui avait surement confié la palme des perles en la matière. Il n’aurait pas pu rêver pire, à ce niveau-là. Ça promettait pour la suite des évènements.

Au moins ça confirmait à André qu’il n’aimait pas les nouveaux. Même s’il devait bien admettre qu’il n’avait pas fait mieux lors de ses premiers jours en « liberté », ici. Et s’il avait commencé à y voir un peu plus clair, c’était très certainement grâce aux actions combinées de ces deux danois, Sven et Lykke. Ah. Ces deux-là. Ils étaient mémorables, vraiment. Elle avait été sans doute un début d’amour dissimulé pour le Russianov, qui ne l’avait jamais remarqué avant qu’elle ne soit partie. Et lui et bien, c’était le troubadour, le meilleur ami de notre protagoniste. Le premier véritable depuis des lustres. Bordel, ce que ces deux-là pouvaient lui manquer. Mais bien sûr, il préférerait crever que de l’avouer, devant eux ou non. Il secoua sa tête, ce n’était franchement pas le moment d’être nostalgique. Son regard blasé croie celui de la petite précieuse.
« André. C’est tout ce que t’as a savoir. Pas besoin de plus. »
Il sent le regard pesant des deux adultes sur lui mais il s’en fout.
« Bon, on y va ? Ou tu comptes prendre racines ici ? »
Venant d’André, ce genre de conversation pouvait paraitre comme étant du genre agressif alors que pas du tout. C’était là tout simplement une façon de s’exprimer, tout ce qu’il y avait de plus calme. Il sorti de la pièce et croisa ses bras derrière sa tête, comme s’il était parfaitement détendu. Ce qui n’était pas vraiment le cas.
« Bon, on va pas se serrer la main hein, on a pas trente piges non plus. »
En réalité, il réfléchissait en tentant de gagner un peu de temps au chronomètre. Par quoi commencer, au juste ? Non parce que des visites d’écoles, il n’en avait jamais fait jusque-là donc bon. C’était un peu compliquer d’effectuer une tâche pour laquelle on avait été ni rodé ni même informé un minimum. « Suis ton instinct » qu’elles avaient dit, les deux autres. Merci captain Obvious, ça l’aidait beaucoup. Tout en marchant droit devant lui, dans cet interminable couloir, il décida d’entamer les « hostilités » par une vérité tout sauf rassurante.

« J’sais pas si t’es au courant princesse, mais t’arrive pas au bon moment, là. T’es au courant que le dirlo est mort ? »
Il fallait bien la mettre dans le bain, non ? Autant commencer fort et aviser par la suite. Mine de rien, c’était encore la meilleure chose à faire pour qu’elle prenne conscience que le monde est cruel et sans pitié. Avec un peu de chances, elle retournerait, toute effrayée, chez papa et maman. C’était surement la meilleure option, pour elle, au fond. André n’avait plus de famille, lui. Enfin, plus vers laquelle il souhaitait retourner. Quelque part il l’enviait un peu, cette jolie petite poupée d’apparence facile à briser. Il jeta un nouveau regard furtif vers l’arrière, là détaillant de haut en bas, avant de retourner sa tête droit devant lui.
« Et je peux savoir ce qui t’amène dans notre magnifique repaire de monstres en tous genres, petite ? »
Parce que oui, ils étaient des monstres. Bienfaisants pour la plupart, mais des monstres quand même, il ne fallait pas se leurrer. Que ce soit par action divine – comme André – ou par mutation génétique de naissance, ils y avaient ici tous les styles de pouvoirs. C’était pour ça qu’on ne les acceptait pas vraiment, qu’on les pourchassait. Et le châtain était bien placé pour savoir de quoi il parlait, justement. Lui plus qu’un autre, d’ailleurs. Il s’arrêta devant une grande porte, celle qui menait à la cantine et attendit un peu en dévisageant la petite. Elle ne devait pas avoir plus de treize ans, d’après lui. Voir un peu plus, mais pas beaucoup. Il se promit de lui poser la question, pendant la visite. Le Russianov était curieux de savoir à qui il parlait, maintenant.

Visiblement le jeune homme avait l’air enchanté d’être là. Bien sûr c’était ironique, il suffisait de voir son air blasé pour le comprendre, ce qui d’ailleurs avait l’air de désespérer les deux adultes qui se tenaient là, présentes. Penchant doucement la tête d’un air curieux, la jeune lady ne savait pas si elle devait prendre de travers les paroles d’André ou si elle devait faire simplement comme si de rien n’était. C’était assez troublant, car même si les mots semblaient être tranchants et agressif, le ton de sa voix elle restait calme et posé. Il était assez familier et autant dire qu’il était même assez impressionnant dans sa façon de se comporter, tellement que la jeune anglaise ne discuta pas quand celui-ci lui demanda de bouger. Enfin, c’était quelques choses dans ce goût, mais ça voulait clairement dire ça si on traduisait. Adoptant une pose pour le moins détendue, le jeune homme à l’accent marqué ne tarda pas à s’adresser une nouvelle fois à Casey, dans ses paroles, la demoiselle avait l’impression qu’elle s’était montrée un peu trop polie, peut-être aurait-elle du se montrer moins formelle ? Si André réfléchissait à sa prochaine destination pour la visite, notre jeune bristish elle, méditait sur la façon dont elle devait se comporter avec cet individu sans trop en faire. Après tout, lui parler comme si elle le connaissait depuis longtemps serait hypocrite et malvenue. Au pire, elle n’avait qu’à rester comme elle était. Regardant autour d’elle tout en essayant de retenir des détails pour se repérer, Casey préféra se concentrer sur le chemin de façon à ne pas se perdre la prochaine fois. Alors qu’elle essayait de mémoriser les lieux et les points de repérer, le jeune russe éleva à nouveau la voix, mais cette fois, il aborda un sujet un peu plus « sensible » voir grave. Le directeur de cet établissement était…Mort ?

S’arrêtant pendant quelques minutes sur le coup de l’annonce, la demoiselle écarquilla peu à peu les yeux, plutôt étonnée par cette nouvelle. C’est vrai que ça faisait depuis peu qu’elle avait atterrit ici dans cette ville et elle venait juste de s’inscrire dans cet établissement. Elle n’avait pas vraiment pris le temps de se renseigner et encore moins de regarder les informations, que ça soit à la télévision, comme dans le journal. Une question se posait maintenant dans son esprit. De quoi était-il mort ? D’une maladie ? D’une attaque cardiaque où est-ce qu’il avait été…Assassiné ? Sur cette pensée, un frisson avait parcouru l’échine de la jeune femme, la dernière option était peu envisageable, mais pas négligeable. C’était un directeur d’une école de super-héros et les super-héros se devaient de traquer les criminels pour les enfermer ou du moins pour les empêcher de sévir encore avec de mauvaise action. Peut-être que l’un d’entre eux avait décidé de s’en pendre à cet homme pour empêcher cette école de continuer dans cette lignée. Imaginer des scénarios à foison était plutôt futile et le mieux était de demander à cet André la raison de la mort du directeur. Du point de vue du russe, la demoiselle devait paraître assez étrange à réfléchir de la sorte, mais après une telle nouvelle, ça ne devait pas l’étonner d’outre mesure. Sentant d’ailleurs un regard se poser sur elle, l’anglaise leva légèrement la tête, regardant André d’un air curieux avant de tendre l’oreille pour l’écouter. Qu’est-ce qui l’amenait dans cette école de monstre ? Visiblement, ce jeune homme avait l’air très ironique, à moins que l’humour noir soit son domaine de prédilection ? Bah peu importe, l’analyser ne serait qu’une perte de temps. Ils venaient juste de se rencontrer donc autant apprendre à se connaître petit à petit.

« Hum, je pense que…Comme beaucoup je suis ici pour apprendre à contrôler mon pouvoir…Est-ce que c’est votre cas à vous aussi…ou vous avez des raisons tout autre comme devenir un super-héros ? » Marquant une pause, la belle britannique préféra ne pas attendre d’avantage pour poser la question concernant la mort du proviseur, autant le faire dès maintenant. « Euh…Vous aviez dit que le directeur de cette école était mort…Est-ce que c’est indiscret si je vous demande comment ? Est-ce que c’est de maladie ou bien… »

Elle n’osa pas vraiment finir sa phrase, posant doucement sa main sur son cœur comme pour essayer de se rassurer. Ce n’était pas vraiment un mot tabou, mais ce n’était pas non plus très aisé à demander. Son regard s’était doucement levé regardant vaguement les grandes portes avant de poser ses iris violacées sur le jeune russe. Lui aussi il avait l’air intrigué par la petite anglaise, car il n’arrêtait pas de la dévisager depuis tout à l’heure. Bien qu’elle ne fût pas à l’aise, la jeune demoiselle lui adressa un fin sourire tout en rougissant avant de le suivre dans la salle qui donnait sur le réfectoire. La salle était plutôt grande, comprenant des tables et des chaises dans un nombre assez précis. Au loin, il y avait un présentoir ou la nourriture devait y être exposée à la vue de tous. Des rails en hauteur de la taille devaient servir pour y déposer le plateau garnis tout en facilitant un accès de déplacement. Cela faisait bien longtemps que Casey n’avait pas vu une telle salle, la dernière datait du primaire, avant qu’elle arrête d’y aller à cause de ses pouvoirs. Un air mélancolique trôna brièvement sur son visage, avant que celui-ci s’illumine avec un sourire assez timide.

« Ce réfectoire est immense…Il arrive à contenir tous les élèves de cette école ? » Bon ça pouvait paraître débile de se renseigner là-dessus, mais sait-on jamais. Au moins cela alimentait la conversation. « Oh euh…Est-ce que vous possédez une bibliothèque ici ? J’ai cru comprendre qu’il y avait des internes donc je me suis dit qu’il devait peut-être y en avoir une…Enfin, je ne voudrais pas non plus nous faire déplacer dans tous les sens…Je vais d’abord suivre votre parcours…Je verrais plus tard pour ce genre de détail superflu. »

Ce n’était pas pressé et de plus pour ne pas embêter ce pauvre André, il valait mieux le suivre sans faire de caprice bien que sans n’était pas un. Préférant se taire à présent, elle laissa donc le jeune homme lui présenter les lieux. Du moins, s’il voulait vraiment s’amuser à ça. Après ce n’était pas grave, car comme elle l’avait remarqué, il ne semblait pas tellement heureux à jouer les guides.

Ola. Il était tombé sur la crème des crèmes apparemment. Pauvre de lui. Dans la série « petite mignonne idéale à laisser en plan pour sauver sa peau », André pensait que cette demoiselle pouvait sans peine rafler la première place. Non mais… Sérieusement ? C’était quoi ce vocabulaire, cette façon d’être, de parler, de bouger ? Wow ! Okay, c’était élégant, mais uniquement pour du cosplay ou une soirée à thème. Présentement ça lui faisait surtout…. Pitié. Ouai, le terme était justement utilisé, à n’en pas douter. Elle le vouvoyait. C’te blague. Il avait l’air d’avoir plus de vingt-cinq ans ? Pas selon lui alors qu’il jetait un coup d’œil furtif dans une surface réfléchissante à deux mètres de lui. Non, il n’avait pas ride, encore. Sauf celle stagnant au milieu de ses sourcils puisqu’il tirait constamment la gueule. Mais ça, c’était différent. Donc ça ne comptait pas. Du tout. Celle-ci le suivait depuis des années donc il ne s’en formalisait plus.

N’empêche, plus il la détaillait du regard et moins il se sentait intéressé. On aurait dit qu’elle avait vécue toute sa vie dans une tour et qu’elle venait simplement de côtoyer le monde actuel, sans avoir jamais appris qu’on pouvait tutoyer les gens sans que ça puisse signifier leur trancher la tête dans la seconde. C’était navrant. Le Russianov afficha une mine plus que blasé. Il n’aimait pas ça. Et il allait le faire savoir, en plus. Non mais alors, un tel manque de respect – parce que oui c’était ainsi qu’il le voyait – n’aurait su rester impuni plus longtemps. Se pinçant l’arête du nez, il finit par faire de grands gestes avec ses mains pour faire capter à la jeune fille que quelque chose n’allait pas.
« Bon ! Je crois qu’il va falloir reprendre aux bases avec toi, p’tit sucre. Déjà oui il y a une bibliothèque mais elle est dans l’autre bâtiment donc tu la verras tout à l’heure et je te laisserai même t’y enterré s’il n’y a que ça pour te faire plaisir. Ensuite, sache qu’ici on ne mange pas tous à la même heure, ce qui permet de faire des roulements dans les services. Même si nous avons une salle à manger dans le manoir, nous sommes trop nombreux pour que tout le monde puisse s’assoir ici. Bon, perso’ j’préfère encore aller bouffer dehors c’est moins bruyant mais tu feras bien comme tu le sens après tout, c’est tout qui vois princesse. »
Première salve de faite. Celle-ci ne portait pas encore trop de reproches, mais il n’avait pas du tout regretté la balancer. Pas plus que celle qui allait suivre, d’ailleurs.
« Ensuite, trois choses que tu as tout intérêt à retenir si tu veux survivre longtemps ici. »
Il leva son index devant les yeux de la donzelle.
« Primo, si j’te le dis sur un ton pareil, c’est que le dirlo s’est fait refroidir, comme une bête en partance pour l’abattoir, par un gars qui n’a toujours pas été interpellé. Donc reste constamment sur tes gardes et ne fais confiance à personne. Fais pas les mêmes conneries que moi on a déjà suffisamment de cas sociaux ici pour pas en rajouter davantage. »
Son majeur vint rejoindre la formation.
« Deuzio, re-vouvoie moi encore une fois et ça va pas le faire du tout. T’as peut-être l’air d’avoir douze ans mais moi j’en ai pas plus de vingt. J’ai dix-sept ans et nous sommes tous les deux des jeunes, alors t’es mignonne mais tes bonnes manières, ici, elles te seront inutiles. Autant te le dire de suite. Un crimo se foutra royalement que tu amènes la politesse devant lui, il te descendra avec encore plus de joie, au contraire. J’sais ce que je dis, j’ai été comme ça aussi. Et des comme toi, j’en ai dézinguer des tas alors garde bien ça en tête. Ça énerve plus qu’autre chose. Surtout moi. Et crois-moi je suis de ces personnes qu’il ne vaut mieux pas se mettre à dos. »
Là, c’avait été un peu plus violent. Mais bon, dans l’actuel contexte, être trop doux aurait pu porter préjudice à l’ensemble de l’école. Malheureusement pour lui, André devait bien admettre qu’il était attaché à l’endroit, maintenant. Ça l’emmerdait profondément mais bon. Il verrait pour prendre de la distance… un peu plus tard. Il enchaina.
« Enfin, je t’ai demandé ton don. Captain Obvious, j’me doute bien que si t’es là, c’pas pour le plaisir des yeux ou encore faire un exposé sur le sujet devant ta classe de primaire. Je sais que je suis con, mais tout de même, même moi j’ai des limites à ce niveau-là. »
Il tira un peu la capuche de la jeune fille vers l’avant, comme une gentille réprimande. Oui, il s’était adoucit avec le temps, mais ça aussi, ça l’exaspérait. Un lâcha un grondement entre ses éternelles dents blanches et lâcha sa prise avant de tourner le dos à nouvelle, tout en fourrant ses mains dans ses poches de jean. Il reprit sa marche, en direction des salles de classes.
« T’es vraiment pas arrivée au bon moment toi. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à moi, j’te dirais de rentrer chez toi tout de suite. Tu dois avoir une jolie maison avec un mignon petit panier qui n’attend que toi non ? Alors qu’est-ce que tu viens foutre là, sérieusement ? Tu ne m’a pas l’air de ne pas avoir eu le choix, comme moi. Ça m’énerve tellement les gens comme toi. »
Son dos s’était un peu vouté et il avait soupiré. Non mais c’est vrai quoi, c’est quoi cette vagues de jeunes suicidaires ? Personne ne pensait aux conséquences de mener une telle vie ou bien… ? Lui n’avait demandé qu’à se barrer d’ici, fut un temps, étant parfaitement conscient de la situation. Alors pourquoi ? Cette vague d’altruisme lui donnait presque la nausée. Alors c’était ça, l’humanité ? Il comprenait un peu pourquoi Fenrir voulait en faire son repas dès que possible, maintenant.

Hrp:

Sentant le regard de son interlocuteur sur elle, Casey ne se sentait pas très l’aise, voir même carrément pas à l’aise à dire vrai. Bien qu’elle ait fait de même, la jeune femme n’eut pas le cœur à soutenir cet échange plus longtemps, rougissant doucement tout en se grattant la joue pour intensifier sa gêne. Qu’est-ce qui se passait ? Elle avait une tâche sur le visage ou bien ? Visiblement la raison était tout autre, car le jeune russe ne tarda pas à afficher un air blasé, pinçant même l’arête de son nez d’un air presque désolé, mais ce n’était pas pour s’excuser de son comportement. Non il était plutôt désolé pour lui-même d’avoir affaire à une jeune fille comme Casey. Regardant les gestes qu’exerçait le jeune homme avec sa main, André ne tarda pas à lui expliquer la situation, confirmant qu’il y avait bien une bibliothèque tout en citant qu’il était prêt à l’abandonner là-bas si elle le voulait. Ensuite il expliqua comment fonctionnait le réfectoire et son avis sur le sujet. Regardant les environs avant de se tourner vers le jeune russe, l’anglaise remercia un bref instant son interlocuteur. Bon il n’était pas très aimable, mais c’était mieux que rien. Au moins il répondait à ses questions.

Pensant qu’il en avait finit avec ses explications, la demoiselle commença à tourner les talons pour continuer à visiter la suite, sauf que le jeune russe n’avait pas l’air de vouloir en finir avec l’adolescente. Préférant clairement lui montrer l’envers du décor, plutôt que vendre du rêve. Se retournant tout en reculant un peu à cause de l’index qu’elle avait sous les yeux, Casey porta une attention toute particulière au premier conseil d’André. Enfin conseil, au début c’était plus la réponse concernant la question sur la mort du directeur. Alors comme ça, il avait été assassiné ? Sur le coup de la nouvelle, les yeux de la petite demoiselle s’étaient agrandis. Sa tête s’était doucement baissée alors que ses deux mains s’étaient rapprochées de son cœur, comme pour encaisser la nouvelle. Le meurtrier était encore en cavale d’après le jeune rebelle. Cette nouvelle avait de quoi refroidir un peu l’ambiance, surtout qu’André en rajouta une couche avant de conseiller à Casey de ne faire confiance à personne de façon à ne pas répéter les mêmes « bêtises » que lui. Oui connerie sonnait un peu trop vulgaire pour la jeune britannique, mais elle préféra ne pas souligner cet écart de langage. Elle risquait sûrement de se faire mal recevoir. Dés que l’adolescent eut finis son premier discours, un deuxième doigt se releva, marquant qu’il avait d’autre chose à rajouter. C’était bien la première fois que la jeune femme rencontrer un homme aussi bavard, mais fidèle, elle préféra garder le silence, relevant la tête pour regarder celui-ci dans les yeux, montrant qu’il avait toute son attention. Cette fois, le sujet traitait du vouvoiement et apparent, le jeune homme avait l’air de détester ça. C’était à tel point qu’il fit la morale à Casey, indiquant que ce n’était pas parce qu’elle avait l’air d’avoir plus de douze qu’elle se devait de se comporter avec lui comme s’il avait plus de vingt ans. Surprise, l’anglaise ne se doutait pas qu’il avait dix-sept. C’est vrai qu’elle lui donnait vers la vingtaine, mais pas moins. Se sentant un peu gênée par le ridicule de la situation, la belle lady n’écoutait déjà plus le reste des longues paroles. Attendant même que le jeune homme ait finis, Casey plongea à nouveau son regard violet dans ceux du jeune russe. Il ne risquait peut-être pas d’apprécier sa réponse, mais bon, elle avait le droit de s’exprimer quand même.

« Je suis désolée si je t’ai offensé en te vouvoyant. Je vais essayer de faire attention. Marquant une pause, Casey se gratta un bref instant la joue avant de continuer. Euh…Tu sais j’ai…seize ans et pour tout te dire…Je pensais réellement que tu étais plus vieux que moi. »

Bon bah ça, c’était dit. Pas sûre que ça plaise, mais malgré sa timidité légendaire, Casey ne restait pas moins franche et sincère et le jeune homme aussi d’ailleurs. C’est fou le nombre de parole qu’il venait de déblatérer depuis le début de leur rencontre. Comme quoi, les apparences étaient bien trompeuses, car en le voyant, la jeune femme était persuadée qu’il était le genre à ne pas parler pour rien. Ou du moins qu’il n’avait pas envie de s’embêter surtout avec une personne comme la jeune anglaise. Enchaînant tout de suite avec d’autre suite de mot, la lady ne savait plus ou en donner de la tête, mais malgré ça, elle se montra attentive. Il avait demandé son don ? Elle était pourtant certaine qu’il n’avait pas demandé plus de détails. À moins qu’elle n’avait pas compris le sens de la question. Ça ce n’était pas impossible. Se sentant un peu bête sur le coup, Casey fut assez surprise de voir que le jeune homme avait tiré sur sa capuche comme pour le réprimander. Sur le coup, elle avait bien faillit le repousser, mais elle s’était retenue de le faire, de façon à ne pas l’énerver. Au final, elle ne savait pas vraiment si cet André était gentil ou désagréable. En fait il avait l’air d’avoir sa façon de s’exprimer. Bon elle était au point et un peu étrange, mais fallait bien avouer que ça foutait le doute. Relevant un peu sa capuche tout en lançant un doux sourire au jeune homme, Casey hésitait à répondre à ce jeune rebelle. Jusqu’ici, elle n’avait encore parlée à personne de son don. Bon elle avait fait comme une sorte de sous-entendu au jeune Alec, mais ce n’était pas sûr qu’il l’ait compris. Inspirant doucement comme pour prendre le temps de réfléchir, la jeune britannique regarda un moment le sol, avant de lever le regard vers le jeune russe qui lui tournait le dos à présent. Sans prévenir la jeune demoiselle, André avait déjà emboîté le pas, reprenant sans attendre la visite de cet établissement aussi grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Restant derrière lui, la jeune britannique regardait d’un air curieux son dos, sursautant dés qu’elle entendit le son de sa voix. Cette fois, ses paroles étaient un peu plus dures, mais Casey avait du mal à savoir s’il y avait du regret ou non dans sa voix. Enfin c’est ce qu’elle pensait au début, car en entendant la suite, il y avait plus de doute à avoir là-dessus. Néanmoins, l’adolescente voulait essayer de comprendre cet homme devant elle. Il était étrange et presque mystérieux. Ses paroles auraient de quoi déstabiliser, mais bizarrement ça n’eut pas le même effet sur la petite Casey. Levant doucement le regard vers une des fenêtres qui donnait vers l’extérieur, la jeune inspira avant de répondre aux questions que se posait le jeune homme.

« C’est vrai que la décision de venir ici ne m’appartient pas vraiment. Cependant, je doute que je sois mieux chez moi à attendre que le temps passe. Pour l’avoir fait pendant quelques années, je dois avouer que ça n’a rien de réconfortant. Au contraire. Vivre sans contact extérieur, seule, c’est plutôt déprimant. S’arrêtant un bref instant, la demoiselle attendit que le jeune se retourne avant de poursuivre le plus naturellement au monde. Au final, je ne suis pas mécontente d’avoir atterrit ici. Il faut un jour apprendre à être indépendant. Je suis désolée de voir que je t’énerve, mais est-ce que je t’énerve à cause de ma façon d’agir, ou parce que j’ai fait la même chose que toi ? »

Une réaction qui en aurait étonnée plus d’un. Bizarrement Casey n’avait affichée aucun signe de timidité. Comme si le sujet qui avait été évoqué avait finis par la mettre assez en confiance pour qu’elle n’y pense pas. Lançant un bref sourire, comme pour montrer qu’elle n’était pas blessée par ses propos, la belle lady s’approcha du jeune russe avant de lever son index devant elle de façon à montrer qu’elle voulait revenir sur un précédent sujet qui était son don.

«Concernant mon don. Je n’en ai encore jamais parlé à personne. Tout ce que je préfère te dire, c’est qu’il vaut mieux que je n’ai pas de contact corporel avec toi…Enfin quand je dis ça, c'est par exemple te tenir la main. Cette fois, elle était un peu plus à l’aise pour définir la base de son pouvoir, pas comme avec le jeune Wolff ou la discussion avait pris une tournure assez bizarre. Et aucunement je n’ai soulignée que tu étais …Bête ? Je me doute que tu sois un peu plus intelligent. »

Non, Casey ne cherchait pas du tout à flatter le jeune andré, elle exposait juste son ressentis d’une manière polie. Rien de plus, rien de moins. Un autre sourire s’afficha sur les fines lèvres de la jeune adolescente. C’était bien la première fois qu’elle se montrait aussi confiance, bien qu’au fond ce n’était pas encore ça. Bien sûr, elle redoutait un peu les réponses du jeune André, mais au fond il n’avait pas l’air si méchant que ça. Du moins, c’était l’impression qu’elle avait.

« Hum, sans te vexer tu es quand même un peu spécial. Tu parles toujours d’une façon aussi froide ou c’est pour te donner une image ? »

Là, elle risquait de s’aventurer sur un terrain un peu plus glissant. La franchise avait parfois quelques atouts, mais dans certaine situation, elle devenait aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Peut-être qu’au fond, cette question allait amuser le jeune homme. Aller savoir. Il faut dire, que ce n’était pas facile de deviner ses intentions et encore moins de lire en lui comme dans un livre ouvert.

Franchement, il ne s’était absolument pas attendu à une telle réaction. Mais alors pas du tout. Bien au contraire. Avec son manque d’amabilité, il s’était même préparé à ce que miss princesse des temps modernes fasse demi-tour et ne revienne jamais, en hurlant à qui voudrait l’entendre qu’il n’était qu’un monstre proférant des horreurs à tort et à travers.

Pourtant, elle n’en fit rien. Cette fille était étrange. Ou complétement timbrée. Voir les deux à la fois. Le métis eut un court instant d’hésitation quant à l’interrompre en plein milieu de ses réponses ou non. Mais finalement, la laisser blablater seule était un peu plus intéressant qu’un débat dont personne n’accepterait de sortir vaincu par l’autre. Là au moins, il y avait un échange d’opinions. Ce n’était pas transcendant, mais c’était déjà ça. Et puis rien que l’effort fait pas la noble miniature pour ne plus le vouvoyer avait mis André en suffisante bonne humeur pour faire un rare effort de retenue devant son homologue. Bon, elle restait timide et un peu terrorisée, son malaise se voyait sans aucun mal comme le nez au milieu de la figure. Ce qui surprenait un peu plus le Russianov, c’était son âge, aussi. Seize ans ? Naaaaan, pas possible. Et pourtant, elle ne semblait pas mentir ou autre du genre. C’était … perturbant. Parce qu’André n’y croyait pas trop. Mais entre croire et voir il y a une marge. Donc bon, il semblait à notre expatrié qu’il n’allait pas avoir trop le choix de se plier à la vérité qui courbait l’échine devant lui. Le jeune homme racla sa gorge et continua d’écouter ce qu’elle avait à dire, tout en pensant à sa propre situation de l’autre côté. Ah, donc elle l’avait vraiment pris pour plus vieux qu’elle ? Ahahah, la faute à la drogue, surement. Parait que ça vieillit les tissus, cette saloperie. Et vu le temps que le russe avait passé à en consommer… Ca ne paraissait pas illogique, quand bien même ce n’était pas non plus un addict’ fini.

Lorsque la demoiselle entama un nouveau couplet au sujet de sa présence ici, André, sans bien pouvoir l’expliquer, se sentait un peu mal pour elle. Oui, leurs situations étaient clairement opposées, très certainement, mais même. Il y avait un point commun. L’enfermement. Enfin c’est ce qu’il comprenait, en regardant un peu entre les lignes de ce qu’elle déblatérait bien sagement, comme pour répondre à ses questions, plus ou moins muettes et mal exprimées. Vivre sans voir l’extérieur, il connaissait. Il avait vécu ça aussi. Sans doute pas avec les mêmes genres de motivations, mais tant pis, ça restait un peu équivalent dans ce goût-là. Sa foutue empathie commença même à prendre pitié de la donzelle. Tout ce qu’il haïssait. Car oui, Loukas n’aimait pas être sympathique comme tout ou avoir l’impression de comprendre les autres. Ca rendait faible, selon lui. Et il n’aimait pas être faible. Mais qu’importe, il secoua la tête pour penser à autre chose.

Ahah, faire comme lui ? C’te blague va. Oui, certes, lui non plus n’avait pas vraiment eut le choix d’atterrir ici, mais ce n’était pas du tout par les mêmes circonstances que cet ado en mal d’autorité s’était retrouvé prisonnier ici. Mais bon il n’aimait pas en parler. Du tout.

Heureusement qu’elle embraya sur un autre sujet ; son don. Bon, okay elle était restée évasive, mais c’était toujours mieux que rien. Pas de contact corporel, hein ? Parfait, André n’en avait jamais eu l’intention de toute manière. Ni de près ni de loin. Et il supposait que son don devait être assez contraignant vu la crainte qui semblait s’en dégager via sa porteuse. Il se massa la nuque avant de se stopper. Euh, elle lui faisait vraiment un compliment, là ? Enfin, elle lui disait qu’il n’était pas bête –même s’il n’avait pas vraiment usé du même langage pour lui parler auparavant – ce qui n’était pas une mauvaise chose, pas vrai ? Il détourna le regard, n’aimait pas trop être ainsi dévisagé de la sorte.
Et puis la jeune femme s’engagea sur un terrain glissant. Que… Quoi ?! Lui ? Se donner un genre ? De rage, il empoigna tout d’abord le col des vêtements de la demoiselle.
« DIS DONC ! J’TE PERMETS PAS ! »
Oui, il avait haussé la voix, mais il réalisa bien vite que c’était inutile et bientôt, les muscles contractés de son visage se détendirent doucement, redonnant place à une expression plus douce et plus humaine. Il relâcha sa pise et ses bras rejoignirent le long de son corps avant d’aller presque enlacer ses côtes alors qu’il se mit à rire à gorge déployée. Oui, c’était drôle d’imaginer ça. Agir de la sorte pour se donner un style… Il avait vu des voyous de bas étage le faire, autrefois. Mais lui, non, il ne le faisait pas pour ça. Non, c’était différent.
Lorsqu’il eut terminé, il entreprit de continuer la visite des lieux, plus.. Calmement, semblait-il.
" Si seulement c’était le cas…. » Soupirât-il, plus pour lui-même que pour la jeune femme.

Il ne revint plus davantage sur le sujet, mais la suite de la visite du premier bâtiment se fit alors moins pénible, sans doute. Ses gestes et même sa voix s’était détendus. A croire qu’il n’attendait que ça, qu’on asticote sa corde sensible.

À l’annonce de la question posée, le jeune russe changea du tout au tout. Si au début — malgré le ton de sa voix — il semblait être calme, ce n’était dorénavant plus le cas. Sentant soudainement son corps partir en avant, puis en arrière, avec une force qui lui maintenait le col de son vêtement. Casey avait toute la peine du monde à ne pas fermer les yeux devant ce changement de comportement. La voix du jeune homme sonnait avec violence, comme si la jeune demoiselle avait été trop loin dans ses propos. Elle n’aurait pas cru qu’une telle question aurait suscité autant de réprimande. Si elle avait su, elle n’aurait rien dit et en serait resté là. Contre toute attente, malgré la colère qui s’était exprimé sur son visage — déjà pas aimable de base — André sembla se détendre petit à petit, relâchant sa prise avant de se mettre à rire subitement comme ça sans prévenir. Devant son attitude changeant, la jeune britannique ne savait plus comment réagir. Pour le moment, elle préféra calmer sa frayeur plutôt que de chercher à comprendre. Remettant en ordre le col de ses vêtements, la violine s’estimait plutôt chanceuse de ne pas avoir eu de contact avec lui. Bon ce n’était pas vraiment sa préoccupation première, mais elle préféra penser à autre chose pour lutter contre les tremblements qu’elle ressentait. Ses jambes étaient aussi molles que du beurre mou, mais il valait mieux pour elle qu’elle prenne sur soi. Après tout, comme dirait certaines personnes, elle l’avait bien méritée et vu que l’ambiance commençait à être moins lourde, autant en profiter. Le jeune brun mystérieux avait reprit la parole dans un bref soupir, mais manifestement, ses quelques mots n’étaient pas adressés à la jeunette qui préféra garder le silence, regardant plutôt André d’un air curieux tout en penchant la tête sur le côté. Il était vraiment étrange et difficile à comprendre. Il était ténébreux dans sa façon d’être, mais aussi dans sa façon d’agir. C’était vraiment intriguant. Au final comment fallait-il se comporter avec lui ? Ne trouvant pas la moindre réponse dans son esprit, la demoiselle soupira à son tour, laissant un peu de distance entre cet homme et elle avant de reprendre la marche dans cet établissement. Au moins, il devait être content, la petite bourgeoise semblait rester silencieuse depuis qu’il l’avait choppée par le col. Au moins, ça lui évitait des monologues, bien que ça ne l’a dérangeait outre mesure. Surtout quand c’était pour répondre aux questions posées. Pourtant, bizarrement, elle voulait en apprendre plus sur ce cher André. Après tout, il avait suscité sa curiosité surtout dans ses paroles. Regardant les alentours avec une curiosité déconcertante, la violine entendit un petit moment avant de lui poser la toute première question qui lui venait à l’esprit.

« Hum…C’est indiscret si je te demande comment tu es arrivé Ici ? Où c’est un sujet sensible qu’il vaut mieux éviter d’aborder ?

C’était un sujet non abordable. À croire que Casey n’avait pas vraiment compris la leçon. Au final, elle devait être maso, ou du moins quelques choses dans ce goût-là. Regardant timidement le jeune russe, la belle lady espérait au moins qu’il ne s’énerverait pas à nouveau. Elle n’aimait pas vraiment réveiller la violence chez les autres et de plus, elle n’était pas assez sociable pour se rencontre compte de ses erreurs. Sa franchise la perdra sûrement, mais pour le moment, elle préféra garder son calme que de faire monter inutilement le stresse en elle. Préférant prendre sur elle, peut-être était-il préférable d’oublier cette interrogation et de discuter d’autre chose ? Après tout, elle était là pour la visite non ?

« Ce n’est pas grave si tu ne veux pas répondre, par contre il y a combien de bâtiments ici ? J’ai cru comprendre qu’il y avait un internat et un gymnase avec tout un complexe sportif. Il y a-t-il un domaine où tu excelle ? Je ne sais pas pourquoi, je dirais que tu es plutôt doué en sport, mais je ne voudrais pas juger trop vite. »

On se rattrape comme on peut hein ? Bon c’est sûr que niveau discussion, il y avait mieux. En même temps, ce n’était pas difficile vu comme ça. Adressant un fin sourire comme pour améliorer un tant soit peu l’ambiance, bien qu’elle se fût un peu améliorée depuis qu’André avait poussé sa gueulante. Regardant à nouveau vers l’une des fenêtres du bâtiment, le jardin se présenta sous les yeux de la britannique. Son herbe verte était d’une couleur apaisante. Les arbres laissaient leurs feuillages danser au gré du vent et quelques fleurs donnaient une petite note colorée sur ce majestueux tableau. En repensant à sa rencontre avec le jeune Wolff, la petite violine se rappela qu’il y avait des coins qu’elle avait déjà visités dans cette école. Surtout le dehors pour tout avouer. Se tournant vers son guide d’un air un peu déterminé, Casey ravala doucement sa salive et sa timidité avant de s’adresser de nouveau à lui. Autant le prévenir pour qu’il évite de s’embêter pour rien.

« Euh An… André ? Visiblement elle avait du mal à l’appeler par son nom. En fait, ça lui faisait bizarre de tutoyer quelqu’un, mais si elle voulait ne pas se prendre une nouvelle soufflante, autant faire des efforts. De plus, ça ne pouvait que lui être bénéfique. Hum…je préfère te prévenir à l’avance. J’ai déjà un peu visitée la cour et son environnement. Donc, j’ai déjà observée le jardin et ses alentours. Par contre, je n’ai pas vu l’intérieur des autres bâtiments. Enfin…Je préfère te le dire pour ne pas t’importuné encore plus. »

Bon maintenant grâce à lui, elle avait vu que ce contenait le premier bâtiment. Elle savait donc que c’était ici qu’elle devait se rendre pour tout ce qui était administratif, mais aussi pour se présenter aux cours et se rendre dans les salles de classes. Elle pouvait aussi manger dans l’enceinte du lycée et se mêler ainsi à la foule, mais à cause de son don, Casey se demandait si elle ne ferait pas mieux de manger dehors comme le faisait André. C’était peut-être plus prudent tout compte fait. Bon pour le moment, elle n’avait pas visité les autres endroits importants comme l’infirmerie, mais après tout, autant faire confiance au jeune russe, vu qu’il était le guide de la demoiselle.

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