( Désolé, ça m'a prit du temps '-' )

Klaas a un cours à trois heures cet après-midi. Avec des adolescents. C'est la première fois qu'il donne un cours à ce genre de clientèle. Il est un peu nerveux. N'importe qui serait nerveux à l'idée de se retrouver en face d'une dizaine d'enfants blasés qui ne pensent qu'à texter et à raconter leurs vies sur Facebook. Mais il se force à garder son sang froid. Après tout, il est à la tête d'une organisation criminelle internationale. Il ne devrait pas être intimidé par des pré-pubères blasés. C'est ridicule. Il n'est pas n'importe qui. C'est ce qu'il se répète alors qu'il se prête à son train-train quotidien. Il déplie son éditorial du matin, trempe sa moustache dans une lourde tasse bien brûlante de café noir. Un témoin qui passerait par là n'aurait jamais pu deviner que cet homme mature était en fait un maître en arts martiaux et un assassin de talent. Lorsque deux heures sonne, Klaas met fin à sa session de peinture à l'huile. Il contemple pendant quelques secondes l'ébauche du visage qu'il reproduit. C'est le visage de Mariana Huberton. Une femme banale avec une mâchoire trop avancée. L'homme nettoie son arsenal de peintre. Il est déjà toiletté et habillé. Trente minutes plus tard, il est au centre communautaire de la ville. Il a garé sa voiture économique un peu plus loin que nécessaire. C'est une vieille habitude qui lui vient de sa deuxième identité. Il passe quinze minutes à préparer son local et cinq à se changer. Il attend ensuite ses élèves, vête d'un uniforme de karaté noir. Il n'enseigne pas le karaté plus qu'un autre style mais il a l'impression que ce vêtement impressionnera ses élèves. Cette idée lui soutire un léger retroussement des lèvres. À quoi bon sourire véritablement quand il n'y a personne pour observer le rare phénomène, se dit-il.

Les minutes passent et Klaas laisse ses pensées vagabonder. Le chic lorsqu'on est télépathe, c'est que cette activité est beaucoup plus amusante. Il va d'abord fouiller dans la tête d'une dame de la réception du centre communautaire. Il apprend que celle-ci songe à se faire lifter le visage, le trouvant trop ridé. Le professeur d'auto-défense trouve que cette idée est complètement saugrenue. Lui-même âgé de cinquante-trois ans, jamais il ne voudrait passer sous les bistouris seulement pour améliorer son physique. Pour lui, un esprit sain passe par un corps sain. Et un corps sain n'est jamais artificiel. Son esprit se déplace encore un peu plus loin. Il percute celui d'une jeune fille. Une adolescente, sûrement l'une de ses futures étudiantes. Il s'y intéresse un peu. Elle semble être plutôt douée en ce qui concerne la technologie. Elle voudrait aller à la Heroe's Sup et affectionne particulièrement Robot Rock, la légende. Klaas n'aime pas que le gouvernement permette à n'importe quel gamin de devenir un super-héros. Il a déjà quelques réticences à l'idée même de ce principe là. Pour lui, la justice devrait être beaucoup plus sévère et non exécuté par des hurluberlus en collants moulants. Cette mode ne fera, selon lui, qu'inspiré les criminels à se déguiser à leur tour. La ville se retrouvera bientôt aussi loufoque que Gotham dans Batman. Klaas soupire et ouvre les yeux lorsque Paige entre dans la salle de cours. Elle est la première mais sera sûrement rejoint rapidement par les autres. Il lui fait un signe de tête poli.

Au lieu de se plonger de nouveau dans l'exploration astral du centre communautaire, Klaas passe au peigne fin la salle. Derrière lui se trouve un mur couvert de grandes plaques de miroirs. Il devine qu'il doit s'y donner des cours de danse et d'aérobie, c'est l'endroit idéal après tout. Les dimensions ne sont pas énormes mais la salle a du potentiel. Dans un coin étaient empilés les tapis qui recouvrent maintenant le sol. Sur le mur opposé : des ballons d'exercice. Finalement, sept autres jeunes pénètrent dans la salle. Ils ne se parlent pas et lancent à Klaas des regards intrigués. En sondant leurs pensées, l'homme est content de constater qu'ils ont tous ( à un degré variable ) de l'intérêt réel pour son art. Un sourire, franc cette fois, retrousse la barbe de l'homme. L'expérience pourrait être moins pénible que prévu finalement.

« Bonjour tout le monde. Je m'appelle Klaas Helden. Vous êtes ici car vous voulez apprendre à vous défendre en situation de rue. Si vous avez le moindre doute sur votre motivation, sortez et ne revenez jamais. »

Klaas reste assis en tailleur et promène son regard bienveillant sur les jeunes. Peut-être que l'un d'eux aura l'honneur de rejoindre un jour les rangs de la Ligue. C'est dans ses cours qu'il aime recruter. Surtout les jeunes aux cœurs purs.

« Maintenant, levez-vous. Vous allez me faire six minutes de course aller-retour pour commencer. Si vous avez mal, continuez à courir, ça passera. Si vous tombez, relevez-vous. Je sais que certains ne sont pas du tout en forme. En plus de vous apprendre à vous défendre, je vais vous apprendre à fuir. »

Pendant qu'ils cours, Klaas se lève et glisse entre les jeunes.

« La fuite est plus efficace que n'importe quoi pour se sortir du pétrin. Si vous avez le choix entre vous battre ou fuir, fuyez. Ce sera meilleur pour vous. »

Et personne ne remarqua que les lèvres de l'homme ne bougeaient pas. Ou peut-être qu'une personne le remarqua ?

( Désolé du retard ! )

Tout va bien. Pour l'instant. Certains de ces jeunes ne sont pas en forme. Ils soufflent fort pendant la course. Klaas les observe, eux plus que les autres. Il n'y a pas de place pour les faibles dans sa classe d'habitude. Mais en auto-défense, c'est le contraire. Ce sont eux qui ont besoin d'apprendre à se défendre le plus. Pourquoi ? C'est simple. Les super-héros qui sillonnent la ville ne peuvent pas être partout à la fois. On ne peut pas simplement attendre que l'un d'eux tombe du ciel pour nous tirer d'un mauvais pas. Ce monde est une jungle. Il vaut mieux apprendre à être un prédateur que de se plaire dans son rôle de proie. Quand le cinq minutes est passé, Klaas leur fait signe de rester debout. Il sourit. Et cette fois, il ouvre la bouche pour communiquer avec ses étudiants.

« Le cours va se dérouler à chaque semaine de la même manière. Quelques minutes de courses pour s'échauffer, trente minutes de Taijûtsu et vingt minutes de contrôle articulaire. À la fin du cours, je vous invite à vous étirer sans quoi vous passerez les jours suivants pliés en deux. »

Klaas sourit plus franchement suite à sa blague. Personne ne réagit dans la salle. Tant pis. Il n'est pas humoriste, il est un combattant. Chacun son truc comme on dit. Il alla se placer dos au miroir recouvrant l'un des murs. Les étudiants se tournèrent vers lui. Il leva les poings vers eux et salua avant de se pencher. L'homme encouragea ses élèves à en faire autant. Question de respect. Le respect qui est très important dans la discipline dont Klaas est maître. Il leur montre la position de combat de départ, les bases. Bases comme les déplacement en glisse, la défense et trois coups de pieds simples. En feuilletant leurs pensées, le professeur s'arrête sur une jeune fille. Paige. Il s'approche d'elle pour établir un meilleur lien psychique. Pour justifier son geste, il lui replace les jambes comme il faut. Il voit en elle un grand potentiel. Pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas n'importe qui. Elle est la fille de Robot Rock. Oh. Mais là vous vous dites, comment il peut le savoir alors qu'elle ne le sait pas elle-même ? Klaas peut lire dans la tête des gens. Et lire des mémoires anciennes. Aussi anciennes que celle qu'avait Paige bébé. Il la fixe. Une lueur de désir passe derrière ses lunettes. Il a toujours été impressionné par ces cinq héros de légende. Surtout par leur inconscience face à la Ligue des Assassins. Mais si il réussissait à recruter la progéniture de l'un d'eux, il est convaincu qu'elle ferait un puissant allié. Alors il s'éloigne. Il n'est pas question de lui mettre la puce à l'oreille, de l'inquiéter. Il va y aller doucement. Ce n'est qu'une enfant après tout. Et voyons voir si elle est fidèle au potentiel que son esprit laisse à croire.

« Il est important que vous appreniez à vous défendre. Ce n'est pas ces clowns de super-héros qui vont vous sauver si la situation devient critique. »

Il appui bien sur le mot ''clown'' et lance un coup d’œil qu'il veut des plus arrogants en direction de Paige. Voyons voir comment elle défend ses convictions. Oh, histoire de pousser le clou un peu plus profondément:

« De toute manière, à vous voir vous tenir, aucuns de vous n'aurait le potentiel d'entrer à la Heroe's Sup alors on arrête d'y penser et on se concentre sur quelque chose de plus réaliste. »

Ça aurait semblé hors propos s'il l'avait dit à haute voix. Mais seule Paige l'a entendu. Car les lèvres de Klaas sont complètement closes et il aide une jeune fille à donner un coup de pied frontal sans perdre sa garde.