Faites vos jeux !

Je passe la porte de la salle de jeux «Game&Watch» d'une démarche assurée. Je n'étais encore jamais venue ici, et je dois avouer que ça me titillait depuis un bon moment.
Après une journée passée à dormir d'un sommeil profond et réparateur afin de récupérer de mes dernières aventures, si on peut nommer ça ainsi, je m'étais enfin décidée à visiter cet endroit. L'avantage d'exercer mon métier, c'est qu'on a souvent des journées de libre, sans rien à faire. La plupart de mes collègues passent ces journées en question à multiplier nombre de soins pour rester jeunes et jolie, mais moi je n'en ai pas besoin. Je serais toujours belle à couper le souffle.

Je ne m'étais jamais résolue à acheter une console de salon, par nostalgie des jeux d'arcades. Rien ne pourrait les remplacer, selon mon point de vue.
Un responsable me souhaite la bienvenue, avant de retourner à son ménage, j'entre dans la salle et regarde les différentes machines de jeu.
Je repère rapidement Mortal Kombat, et je me souviens des nombreuses parties auxquelles j'ai pu jouer lors du siècle dernier.
Manque de pot, un type est en train de l'utiliser.
Je m'approche, et regarde l'écran. Il n'a aucun style, vraiment. Je lève les yeux au ciel et pousse un petit soupir. L'envie de le virer d'ici me démange, mais je ne peux pas. Il y a trop de monde autour, et je ne veux pas ternir mon image.
Je me racle la gorge assez ostentiblement, il finit par me remarquer et par se retourner. Je le salue d'un petit clin d'oeil, et demande d'une voix aguicheuse :
«Dis-moi mon chou, tu pourrais me laisser cette machine le temps d'une partie ?»

Il me reluque de haut en bas, yeux exorbités. On dirait presque que ses globes oculaires vont tomber au sol. Il finit par redresser les épaules et murmurer d'une voix qui se voudrait attirante mais qui en fin de compte ne l'est pas du tout, qu'un jeu comme celui-là n'est pas fait pour les demoiselles. Génial, en plus d'être repoussant comme tout, ce mec est un macho... Je me retiens de lui rappeler d'un coup de boule que l'égalité homme-femme est bien d'actualité dans notre pays, avant de battre des paupières à la Bambi.
«Un homme fort tel que vous pourrait peut-être m'apprendre à jouer, qu'en dites-vous ?», je murmure, imitant avec talent une demoiselle effarouchée. Des années d'entraînement... j'avais même, durant quelque temps, intégré la Comedia dell'arte sous la direction de Carlo Goldoni. Une bonne expérience, vraiment.

L'homme (même si j'ai encore un doute qu'il en soit un) ne peux résister à l'appel de la jouvencelle en détresse, et ne peux s'empêcher de bomber son simili-torse. Il me propose une partie à deux. Moi contre lui. J'accepte.
Il m'explique en quoi consistent les boutons, et me résume comment jouer. Pfff... C'est inutile mon gars, je jouais déjà à ce jeu que tu n'étais même pas né. Mais je le laisse faire.
Je choisit mon personnage fétiche, Kano, le criminel arracheur de coeur, et le premier round commence.
Je le bats à plat de couture, son orgueil en prend un coup. Bien sûr, il se justifie avec la sempiternelle phrase «Je t'ai laissé gagner par galanterie». Bien sûr, je te crois pauvre idiot.
Au second round, il se fait littéralement laminer, et j'utilise la finality pour l'achever. Je regarde avec une certaine satisfaction mon personnage arracher le cœur de mon adversaire. Bien fait.
Le tableau des scores s'affiche. Deuxième du classement. Je m'enregistre sous le nom de «Lizziec», référence à mon véritable patronyme. Je suis heureuse de voir que je n'ai pas perdu la main durant ces années.

Le type me regarde, d'un air assez ébahi, puis me demande le plus naturellement du monde si je voudrais bien prendre un café avec lui. J'hausse les sourcils.
«Les boutonneux maigrichons, c'est pas mon genre. Le jour où tu te seras enfin décidé à laver ces horribles auréoles sur ton... T-shirt, si on peut appeler ce truc ainsi, j'envisagerai peut-être de t'accompagner... à une séance de relooking. Parce que franchement, t'en as besoin. Et fais pas cette tête. Je ne couche qu'avec des hommes moi, pas des tapettes ratées. Maintenant casse-toi et laisse moi jouer en paix.», je réponds, irritée.
Il me lance un regard assez surpris, pour finalement partir. Je ne supporte pas les gens en son genre. Ceux qui sont moches, quoi.

Je continue de jouer, seule cette fois. Je réussis, au bout de quelques tentatives, à atteindre le meilleur score. J'éclate d'un rire arrogant. Une petite foule de joueurs s'est approchée et regarde mon écran. J'aurai apparemment battu le champion en titre depuis plusieurs semaines. Après tout, logique, non, étant donné que j'ai commencé à défoncer ces stupides ninjas dès la sortie du jeu. Et puis, je suis juste super forte, c'est un fait.
Je lance un appel à toute la communauté :
«Je défie votre stupide champion, s'il est ici à venir me battre. Mais il n'y arrivera pas ! », je m'exclame.
J'ai toujours adoré les défis et la compétition, et je suis certaine que je suis en mesure de gagner. Ne suis-je pas la meilleure en tout ?
Les curieux se pressent autour de moi, impatients de voir si quelqu'un répondra à mon invitation...

Fin de journée. Plus rien à faire. Travail au Maid Café, terminé. Melody s'était décidée à faire un petit tour à l'arcade de jeux Game&Watch, un endroit qu'elle appréciait assez, et pas seulement parce qu'elle était la meilleure placée au classement de la plupart des jeux. Toujours est-il que là-bas, on la connaissait sous le pseudo de "Mel", seul les employés et les habitués de la salle d'arcades savaient que ce "Mel" qui explosaient à chaque venue le score de beaucoup de jeux, était en réalité une femme. Oui, car il était rare qu'une fille puisse garder son rang de "championne" aussi longtemps, d'après les joueurs en tout cas.

Melody poussa les portes du lieu qui la faisait s'évader dans un autre monde au-moins une fois par semaine. Elle salua l'homme à tout faire de la salle de jeux.

-Bonjour Fabio !

Fabio hocha la tête et retourna à son ménage. Il était tout le temps comme ça, il ne parlait pas beaucoup et quand il ouvrait la bouche, c'était pour sortir des paroles du genre "PAS DE SODAS PENDANT QU'ON JOUE AUX JEUX." "ON NE COURT PAS DANS LA SALLE DE JEUX.".Oh, il lui arrivait aussi d'être aimable, avec les nouvelles têtes, dans ces cas-là, il leur souhaitait la bienvenue, tout en continuant de les épier du coin de l'oeil, comme il l'avait fait avec Melody durant ses premières visites à la salle d'arcade. Il n'avait confiance qu'en peu de monde, si on voulait s'accorder sa confiance, il fallait déjà être bon aux jeux vidéos, l'air de rien, ce vieux bonhomme muet arrivait dans le top 5 des meilleurs joueurs. Melody lui demanda si le jeu Final Fight était libre. L'homme lui répondit que oui, apparemment, durant la journée plusieurs avait essayé d'arriver au-delà du 3ème niveau mais aucun n'y était vraiment arrivé. Melody pouffa de rire, il était clair que certains avait encore un bon bout de chemin. Final fight était l'un de ses jeux favoris, il alliait combat de rue et arts-martiaux. Autant dire qu'il était fait pour elle. Elle se dirigea vers ce jeu, quand elle entendit du grabuge du côté du jeu Mortal Kombat.

*Hum...Je ne sais pas ce qui se passe mais j'espère qu'il n'abîmeront aucun jeu.* pensa-t-elle.

Elle se mit à jouer sans y prêter attention, mais quelques minutes après, elle entendit des gens s'exclamer admirativement devant la performance d'un joueur. D'une joueuse? Melody se demanda qui pouvait bien être cette personne. Elle finit par exploser son précédent score, et apparemment, le/la joueur/joueuse dont tout le monde était béat d'admiration l'avait emporté sur un pauvre bonhomme qui se dirigea vers la sortie l'air fantomatique. Alors ça, ça intéressait vraiment Melody. Elle se dirigea vers le jeu Mortal Kombat pour voir quelle pouvait bien être cette personne qui retirait les âmes de ses adversaires en aussi peu de temps. Quelle ne fût pas sa surprise de voir une femme, belle, il fallait se l'avouer, jouer avec une telle aisance, une telle facilité. Il était clair que le jeu auquel elle jouait jurait avec son physique. Mais dans tous las cas, elle était bonne, très bonne. Melody était excitée, elle voulait savoir si elle arriverait à battre son ancien score, et d'après ce qu'elle avait devant les yeux, elle n'aurait eu aucun mal.

Les minutes défilèrent et...elle y était arrivée, elle l'avait battu. Elle était épatée. Et cela allait de surprise en surprise, la fille qui était sur le jeu se retourna et clama haut et fort qu'elle souhaitait défier le champion, enfin dans ce cas-là, la championne, de plus, elle appuya bien sur le fait que le champion n'arriverait pas à la battre. Alors que les gens regardaient de tous côtés pour savoir si le champion était là et qui il était, Melody poussa la population, qui ce jour-là débordait d'hommes et arriva devant la fille qui l'avait si gentiment défiée.

-On m'appelle?

Elle s'avança vers la machine, sortit quelques pièces de sa poche et regarda sa rivale d'un oeil narquois.

-Tu m'as l'air bien confiante, c'est intéressant. Alors? On commence?

Elle se mit en face de la machine et introduisit la pièce. Position de combat, mains sur le joystick.

*On verra qui de nous deux sera la meilleure miss.*

Je suis première. J'y suis arrivée. J'ai battu tous les scores précédents. Quoique... rien d'étonnant là-dedans, j'étais sûre que je réussirais. Mes années à tuer ont sans nul doute aiguisé mes réflexes et fourni une connaissance sans pareille en matière de combat. J'ai toujours préféré me battre au corps à corps. C'est plus amusant, de pouvoir massacrer sa victime à main nue qu'en lui tirant une flèche dans le cœur. Quoique ça peut aussi faire l'affaire, ça. Mais le combat rapproché est, selon mon point de vue, le plus excitant.

Je ne prête d'abord pas attention aux spectateurs autour de moi. Je veux dire, j'ai l'habitude qu'on me regarde sous tous les angles, par rapport à mon métier de mannequinat. Mais là, ce n'est nullement à cause de mon physique que je suis observée, mais bel et bien grâce à mes compétences.
Flattée, je me prends au jeu, et lance un défi à l'ancien champion de Mortal Kombat. Je l'ai déjà battu, je peux facilement recommencer, non ?
Quelques joueurs murmurent le nom de Mel. Apparemment quelqu'un d'assez impressionnant, d'après ce que j'en entends dire. Je m'imagine déjà un homme baraqué d'environ deux mètres, tatoué partout et avec un musculature inhumaine, lorsqu'une jeune femme traverse le petit comité et se place devant moi.
D'abord surprise, je lui souffle d'un air exaspéré :
«J'ai demandé au champion de venir ici, pas à une petite niaise qui voudrait apprendre à jouer, et qui se croit puissante parce qu'elle a réussi à marquer dix stupides points un jour où elle était en forme.»

Mon insolence en surprend toujours plus d'un, comme d'habitude. Et encore, là je reste gentille. Un type que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam me murmure à l'oreille que Mel le mysérieux champion, c'est cette fille.
Premièrement, je pousse ce gars collant loin de moi. D'où se permet-il de m'approcher à moins de cinq mètres sans mon accord avec une odeur pareille ? Non, franchement il faudra m'expliquer pourquoi ces humains sont si collants. Un besoin affectif peut-être. Moi je me contente d'une nuit, et ça me suffit largement. Et encore, ce n'est que physique, aucun sentiment là-derrière.
Deuxièmement, j'examine la fille. Assez petite, mince, bazanée, des yeux gris, des cheveux châtains. Un physique plutôt banal, quoi. Elle n'a pas réellement la carrure que je m'imaginais. Mais peu importe. Beaucoup de gens peuvent très facilement cacher leur jeu. J'en suis la preuve.
Enfin, je souris. Un sourire de compétitrice. Un sourire narquois. Elle fait de même, sors une poignée de pièces de sa poche et me demande d'une voix qui me paraît assurée «On commence ?».
Je réponds avec hargne :
«Je ne te laisserai pas gagner, si tu veux avoir une minuscule chance de me vaincre, il va falloir te battre !»

J'introduis les jetons dans la fente de la machine, l'écran s'illumine de milles feux tandis que des bruitages annoncent le début de la partie.
«Je te propose un combat simple., je décrète d'une voix autoritaire. En trois rounds, quoi. Celle qui perdra devra proclamer un discours devant cette assemblée de ploucs (je montre la petite foule autour de nous) , d'accord ? »
L'assemblée de ploucs en question commence à s'agiter, sûrement excitée par mon charisme hors-pair, et fixe l'écran d'un air impatient. Juste pour les faire languir (et pour les importuner accessoirement), je bouge avec une lenteur exagérée le curseur permettant de choisir les personnages. Je me décide, comme toujours, sur Kano, mon protagoniste fétiche.
Après réflexion, je demande à mon adversaire :
«Ça te va la zone de combat [i]The Pit ? Histoire de rajouter un peu de piquant et de violence au jeu.[/color]
Une fois ces formalités terminées, j'appuie sur le bouton START.
La partie commence.

HRP:

Quand Melody s'avança, la réaction de sa challengeuse fut assez...désagréable. Elle avait du mal à croire que Melody était la championne de la salle de jeux, tellement qu'il eut fallut l'intervention d'un des habitués de l'arcade pour lui dire qu'en effet, c'était elle qui avait explosé la plupart des scores et qui ne cessait d'étonner les joueurs. Melody avait eu la même réaction vis à vis de celle qui voulait l'affronter. Deux belles filles excellant aux jeux vidéos... Eh oui messieurs, l'ère des hommes qui étaient les plus doués dans les salles d'arcades était révolue, désormais il fallait faire place aux belles femmes. C'est d'ailleurs une belle femme que Melody avait choisi de jouer, alors que son adversaire avait pris Kano, qui était un bon choix tout de même, elle préféra choisir Jade qui était exactement à son image lorsqu'elle était en "malfrat".

-Ça te va la zone de combat The Pit? Histoire de rajouter un peu de piquant et de violence au jeu.

Melody sourit.

-Du moment que tu me montres ce que tu as dans le ventre, tout me va.

Et c'est ainsi que la partie commença. Toutes les deux avaient l'air d'être parfaitement calmes, cependant chaque coup donné dans le jeux suggérait que chacune d'entre elles, se battait sérieusement. Et pour cause, le niveau était élevé.

Au bout de plusieurs minutes de jeu, Melody en eut marre des regards des jeunes hommes sans vie sociale qui s'exclamaient avec des "oh" et des "ah" pathétique dans l'espoir -peut-être?- que l'une des deux belles jeunes filles se retourne pour leur dire "Je suis flattée que vous vous extasiez devant ma performance." Manque de pot, ce n'était pas le genre de la maison. Pour Melody du moins. Celle-ci préféra se retourner et les regarder quelques secondes le temps de leur dire :

-Taisez-vous un peu, allez jouer autre part.

De son côté, son adversaire se faisait draguer lourdement par des garçons aux visages ornés de boutons d'acnées et de plaques rouges ; aux cheveux en batailles et pour certains d'entre eux des lunettes totalement laides. Melody pensa : *Les pauvres, s'ils pensent pouvoir la draguer ils se fourrent le doigt dans l'oeil. Elle n'a pas l'air d'être très emballée par les techniques de drague, encore moins si c'est par eux.* Melody voulut pouffer de rire mais s'arrêta net quand d'autres garçons, de ceux qui ne sont pas habitué à venir, vinrent employer la même technique. Comment savait-elle qu'ils n'étaient pas habituer à venir à l'arcade? Ceux qui se sont adaptés à la salle de jeu, savent très bien que déranger la championne, surtout si c'est pour des détails insignifiants d'adolescents en manque est fatal. Festival de mawashi-geri, et là, ce n'était pas dans un jeu qu'elle le leur accordait, mais bel et bien dans la réalité.

Une fois que toutes les deux se furent débarrassées de leurs « prétendants » Le jeu reprit de plus belle. Melody n'était pas à fond, certes, mais même ainsi, elle était assez forte. Malgré tout, elle remarqua qu'il en était de même pour sa rivale. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu d'adversaire à sa taille, voire peut-être plus fort qu'elle. Ce que, bien sûr, elle n'était pas prête à avouer.

-C'est du joli. Tu es pas mal douée disons.

La fin de la première manche arrivait. Les spectateurs étaient tenus en haleine. Melody voulut tous les envoyer balader tour à tour, mais elle n'avait pas le temps, quand on avait une adversaire de taille, il valait mieux se consacrer toute entière à elle.

(Je suis vraiment désolée de t'avoir fait autant attendre, surtout qu'en définitive mon post n'est pas terrible ._. )

Le jeu commence. Je ne peux tout simplement pas perdre, il faut que je montre à cette gosse de quoi elle est capable. Enfin, je dis gosse... elle doit avoir dix-neuf ans... mais ce n'est rien à coté de moi !
J'empoigne le joystick, une moue déterminée sur le visage. Je gagnerais. Et si ce n'est pas le cas, ce qui m'étonnerait fortement, je tuerais la nana. Haha, c'est une bonne idée ça. Peut-être que je l'assassinerais aussi si je la bats à plates coutures... c'est à voir.
Elle a pris Jade, un personnage que je ne peux tout simplement pas me voir. Tant mieux, ça en sera encore plus amusant à le tabasser.
J'enchaîne un Yoko Geri et un Heiko Tsuki, ricanant à la vue de mon adversaire en sang. Mais la bougresse m'envoie un foutu Mawashi Geri en pleine face. Nous en sommes au même niveau. La chance des débutants je suppose.
Et puis j'étais distraite, sinon j'aurais pu aisément esquiver son attaque. C'est vrai, le débile d'à coté n'a pas arrêté d'essayer d'attirer mon attention en faisant tout et n'importe quoi. Il a même osé poser sa main sur ma taille... Je me tourne quelques instants et le regarde fixement dans les yeux.
"Dégage ou je te castre après t'avoir arraché un à un tous tes boutons."
Ah, cette fois il a compris la leçon, ou du moins je l'espère, puisqu'il se dirige vers la sortie. Tant mieux.
Mais pas de chance, mon adversaire a profité de ces quelques secondes pour m'enlever une bonne partie de ma jauge de vie. Merde.
J'appelle, les yeux toujours rivés sur l'écran, un type qui me collait lui aussi au cul. Il accourt d'une démarche de licorne (beurk), sûrement trop heureux qu'une fille aussi magnifique que moi l'interpelle.
" Tu vois la fille contre qui je combats ? Eh bien elle m'a avoué qu'elle en pinçait pour toi. Saisis ta chance !"
Je ne sais pas si elle m'a entendue, et honnêtement je m'en fiche un peu. Au moins maintenant Mr. Cheveux Gras s'occupe de l'emmerder un peu, ce qui me permet de l'attaquer en toute tranquillité.
Et ce n'est pas de la triche, j'essayais simplement de lui arranger un coup, comme toute bonne copine le ferait. Hum.
L'inconvénient, c'est que ça a pas duré longtemps puisqu'elle l'a envoyé balader. Dommage.
La partie reprend avec plus d'intensité que jamais, chacune essayant d'être plus violente que l'autre. Ce qui est injuste, c'est qu'à cause du boutonneux, j'avais moins de points de vie qu'elle, et que par conséquent je suis vite envoyée au tapis.
La vue du corps de Kano empalé sur les pieux du terrain me dégoute au plus haut point, mais je n'abandonne pas pour autant. Il me reste encore deux rounds pour gagner.
Je prend mon inspiration. Sur ce coup, je suis sure de moi. Ne suis-je pas Satania, criminelle à temps plein, qui a combattu une quantité impressionnante de personnes depuis près de trois siècles ?
Ce soudain accès de rage me permet de me battre mieux que jamais à ce jeu, et je gagne avec brio ce second tour. Je me retiens de justesse de sauter partout en criant "J'ai gagné, j'ai gagné", avant de me souvenir qu'il reste encore un round. Celui qui déterminera la grande vainqueuse de ce défi. Cette égalité me met une pression incroyable. J'adore les défis, mais je déteste perdre.
Les yeux entrouverts, signe d'une concentration extrême, je lâche :
"Que la meilleure gagne. "
La meilleure, c'est moi, sans contestation possible. Mais il n'est pas dit que je gagnerait. Car cette fille, même si je ne l'admettrais que sous la torture, excelle à ce jeu tout autant que moi. Je me mordille les lèvres, avant de sourire. Ce n'est que lorsqu'une tâche est ardue qu'elle est amusante à faire. Impatiente de continuer à me battre, j'appuie sur "START" avec énergie. Au pire, si je suis dans une situation délicate, il y a toujours les codes triche, que je connais par coeur. Je gagnerais.

(Je te laisse choisir qui gagnera :D )

HRP:

Premier round, Melody avait gagné. Plutôt fière d'elle, elle se relâcha au second. Ce qui voulait dire que tout allait se jouer sur le troisième et dernier round. Melody avait une pression faramineuse sur les épaules, cela faisait longtemps qu'un de ses adversaires n'avait été à égalité avec elle et que tout se joue sur le dernier round. Cela l'inquiétait, un peu, car il fallait se l'avouer, perdre de cette manière allait lui rester en travers de la gorge pour un bon moment. D'ailleurs Melody pensa qu'elle n'était pas la seule à le penser, son adversaire avait l'air aussi stressée qu'elle. Mais quand on les voyait, on voyait leur inquiétude mais aussi leur excitation de se confronter à une personne peut-être plus forte qu'elle-mêmes. Lors de l'annonce du troisième round, la tension était palpable.

"-Que la meilleure gagne."

La joueuse affrontant Melody avait dit ça, avec, comme un ton d'impatience.

-Tu m'ôtes les mots de la bouche.

Elles s’apprêtèrent à appuyer sur "start". Melody mordilla sa lèvre inférieure. Elle oublia jusqu'à la dernière personne se trouvant aux alentours. Dès lors, tout se joua entre elle et sa concurrente. La partie fut rude, et dévastatrice. Les observateurs s'exclamaient avec des "Oh!" et des "Ah!" à chaque coup. Evidemment, chaque coup comptait. Un seul faux pas, une seule fausse manip et l'une d'entre elles pourraient ne plus se relever et admettre sa défaite ; et il était hors de question que cette fille qui admettrait sa défaite soit Melody. Mieux valait mourir.

La fin approchait. A grands pas. Les deux challengeuses étaient complètement à fond. Chacune désirant montrer sa force aux jeux vidéos. Chacune ayant un sens de la compétition hors normes. Chacune ayant une traînée de loosers boutonneux derrière elle les supportant. Et ça d'ailleurs, chacune s'en serait bien passé. Certains avaient pris parti pour la championne de la salle de jeux. D'autres avaient préféré la charmante inconnue qui l'avait emporté sur ce grand gaillard qui était sorti de la salle avec un air totalement vide. Tout cela allait mal finir. A chaque coup porté, l'un des partis provoquait l'autre et vice-versa. A un certain moment ça allait en venir aux mains. Les deux opposantes, agacées par ces gamins sans cervelle, hurlèrent en même temps.

-LA FERME.

Le silence se ré-installa dans la salle, et là, on se serait crus à un match de golf. On entendait les mouches voler. Forcément, quand deux filles aussi belles que dangereuses vous disent de la fermer, voyez-vous un autre moyen que de vous exécuter gentiment? A moins que vous ne soyez un fou suicidaire bien sûr...

Et c'est dans ce silence de mort que le dernier coup fut porté.

C'était la fin du combat. Sur l'écran du vainqueur était marqué "YOU WIN" et sur celui de la perdante "Game Over". La salle en resta ébahi. C'était fini. Le combat était bel et bien terminé. Les partisans de la gagnante se mirent à hurler de joie, tandis que ceux qui avait encouragé la fille qui avait perdu gardèrent le silence. C'était un bien beau combat après tout, mais il fallait bien une gagnante et une perdante, autrement, tout ceci n'aurait pas été drôle.

Melody s'approcha de sa rivale et lui tendit la main.

-Tu es forte. Ca a été un plaisir de combattre contre toi dans ce domaine.

La gagnante, c'était Melody. Elle avait eu peur pour son titre le temps d'un round mais ça y est. Elle avait réussi à le garder en main même si ça avait été dur de le défendre. Elle ne se fit pas prier pour tout de même rappeler le gage que la perdante devait accomplir.

-Hum...Il me semblait qu'une certaine perdante se devait de proclamer un discours, devant nos chers amis puceaux ici-même. N'est-ce pas? Je te laisse donc faire ce que tu as à faire. Et ne te fais pas prier, tes fans t'attendent.

Elle pouffa de rire. En réalité elle voulait seulement voir la réaction de son "amie".

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