Mon histoire ne commence pas là ou une histoire commence habituellement, ma naissance ne vient que bien après une série d'évènements qui n'ont en fait que très peu avoir avec moi. Mais pourtant, ils vont déterminer qui je suis par rapport à cet univers.

Tout commence un après-midi de printemps, un jour très doux, où un jeune couple était invité chez une dame qu'il connaissait à peine. Les deux jeunes gens venaient de fêter leur un an ensemble, ils étaient particulièrement heureux ensemble, malgré quelques chamailleries, ils savaient qu'ils étaient fait l'un pour l'autre, comme chaque personne les connaissant. C'était l'amour fou. Mais voila, ce qu'ils ne savaient pas, c'est que leur future vie commune allait changer à cause de cette journée.

A côté de la villa des Dolches -les hôtes de cette journée-, existait un manoir, une belle demeure aux allures sinistres mais à la façade envoûtante. La belle demoiselle Estelle, jeune architecte indépendante et pleine de vie alla prêt de l'hôtesse l'ayant invité et lui posa une simple question : "Votre voisin, du manoir, a-t-il été invité? Je me pose énormément de questions par rapport à sa dem..." Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que son interlocutrice gloussait déjà, manquant de s'étrangler.

- En vérité, s'exclama t'elle, nous pensons tous qu'il est mort. Déjà qu'il ne se montrait pas souvent, voila un mois qu'il ne s'est montré!
- Et vous n'avez pas alerté les autorités?
- Mademoiselle, cet homme n'avait aucun ami, personne n'osait l'approcher. Tout ce que nous savons vraiment de lui, c'est que son terrain est un ancien champs de mine, mais vous savez, les rumeurs... Puis vous savez, il y avait des bruits...
- Des mines? Des bruits? Non mais vous auriez quand même pu appeler quelqu'un!
- On avait peur de lui! Même la police n'osait pas passer sa porte!! Des bruits, de toutes les sortes, surtout la nuit. On avait entendu dire que ce type était chimiste, dans le coin on l'appelait l'alchimiste. Il y a eu des rumeurs bizarres à son propos! Mais arrêtons de parler de ce vieux fou voulez-vous mademoiselle? Nous sommes là pour nous amuser n'est-ce pas?

Malgré les derniers propos, la mistinguette de vingt-cinq ans ne pouvait s'empêcher de se soucier cet homme, peut-être encore vivant et dans un sale état. Elle alla directement parlé à Luc, son amoureux pour lui expliquer ce qu'elle venait d'entendre. Luc était un jeune homme un peu plus jeune qu'elle, il avait le contact facile et buvait déjà un verre de rosé avec quelques autres invités. Estelle le tira de sa conversation pour lui parler de tout. Il écouta attentivement sa chérie, mais prenait une mine un peu perplexe vis-à-vis de ce qu'elle avait pu entendre. Luc n'était pas un homme de terrain par rapport à elle, et il était loin d'être accro aux risques. Peu téméraire il n'avait pas trop confiance en cette vieille baraque qui trônait un peu plus haut.

- Que tu sois d'accord ou non, je ne peux pas laisser un pauvre homme!
- Ma belle, je sais comme tu es, mais dis toi qu'il est surement trop tard. Tu ne le connaissais même pas, et puis j'ai un mauvais pressentiment...
- S'il te plait, pour me faire plaisir et surtout pour avoir la conscience tranquille?

Il laissa tomber un sourire, face aux yeux de sa bien aimée, il n'aurait pas su dire non, pour elle, il aurait été au bout du monde, même s'il avait pu voir l'avenir... C'est ainsi qu'ils laissèrent l'assemblée d'invités pour partir secourir le vieillard d'en face. Arrivé devant le manoir, Estelle frappa à la porte qui s'ouvrit sans broncher, dans un petit grincement peu sympathique. Mais elle n'hésita pas à faire le premier pas dans la demeure. Luc tenta une dernière fois à la retenir, mais elle était partie. Il la suivi donc dans son périple. Ils traversèrent le long couloir avant d'arriver devant une autre porte, elle la poussa à nouveau, une gorgée de salive ce fit entendre de la part du garçon, un peu paniqué. Ils étaient arrivés devant une sorte de labyrinthe étrange, au paroi transparente, on pouvait voir au sol des petits dômes clignotant. "Les mines..." Elle en était certaine, c'était ça dont la dame avait parlé. Oui surement, son flair la trompait rarement. Son compagnon la regarde perdu.

- Co..comment ça des mines?!
- Je ne sais pas si c'est ça, mais admettons que ça le soit?... Évitons les d'accord?
- Tu ne veux quand même pas traverser un truc dont tu n'es même pas sure de sortir et en plus dans lequel tu peux exploser? Tu rigoles j'espère!!
- Tu peux faire demi-tour, mais moi je reste!

Elle continua ainsi, sans regarder derrière elle si son ami continuait à la suivre, ce qu'il fit.
Ils passaient d'endroit à endroit, sautant au dessus de ce qu'ils pensaient être des mines. Mais patatras, Estelle manqua de tomber en avant droit sur l'une d'elle. Luc la rattrapa de justesse. Il était moins une. C'est à ce moment là qu'ils entendirent un "clic", tous deux savaient que quelque chose n'allait pas. C'était devenu trop bizarre que pour rebrousser chemin, surtout qu'ils ne savaient plus où était la sortie. Un bruit se fit entendre, un bruit de bête, ça ressemblait à un hurlement de chien, mais ce n'était pas tout à fait ça. "Cours..." bégaya le garçon qui venait de devenir aussi pâle qu'un linge blanc. "Cours...". Il l'attrapa par le bras, et se mit à courir comme un dératé, il ne connaissait rien de cet endroit, il ne connaissait pas la sortie, il se fiait juste à son instinct. Le bruit se rapprochait violemment. C'était oppressant, flippant, tout simplement morbide. Elle les vit alors. Des créatures immondes, au corps de chien mais à la gueule de monstre hideux, elle ne savait pas ce que c'était, lui non plus. Ça ressemblait à des monstres tout droit sortit d'un livre d'horreur, ça ne ressemblait à rien de concret, rien de connu. Ils avaient pénétré un manoir, ils avaient pénétré un endroit qui les poursuivrait à jamais...

Puis plus rien, le noir pour ces deux jeunes gens. Ce qu'il s'est passé durant les heures qui suivirent est un mystères, une chose est sûre, c'est qu'ils ont survécu, on ne sait pas comment, l'histoire ici ne le raconte pas. Mais nous avons une suite, dix ans plus tard. Ils étaient parents de deux enfants, des jumeaux, Nova et Léo, deux magnifiques enfants âgés de cinq ans.

- Tu te rappelles, il y a dix ans?
- C'est aujourd'hui hein?
- Pourquoi est-ce que je m'en rappelle juste maintenant?

Une larme s'écoule le long de la joue de la jeune maman. Luc l'essuie délicatement comme on toucherait une fleur fragile. Il secoue négativement la tête, lui non plus ne sait pas pourquoi de douloureux souvenirs remontent à la surface. Ils la serrent contre lui. Les enfants dorment paisiblement dans la couchette du wagon qu'ils ont réservés pour eux seuls. Ils les regardent et s'endorment à leur tour, ils savent que quelque chose ne tourne pas rond en cette nuit de printemps, quelque chose de terrible les guètes mais ils sont lourds de fatigue d'attendre, ils se sentent mal et finissent par fermer les yeux, la dernière fois, ils eurent pareil. A la vue de ces immondes bestioles, ils s'étaient endormis de fatigue. Pourquoi?... Pourquoi...

A leur réveil, une odeur maussade les surprirent. Ils étaient attachés, ligoté par des liens trop serrés, les couchettes des enfants étaient en feu... Du sang coulait sur les murs, les enfants hurlaient encore de douleur, la vision qu'eurent les parents étaient horribles. Estelle ne pouvait pas détaché ses yeux du massacre. Elle les voyait, ces monstres, en train de charcuter ses amours, sa vie. Ils les mangeaient encore vivants. Elle ne savait pas retenir ses larmes. Elle ne savait pas quoi faire, elle se débattait avec torpeur, elle aurait voulu les sauver, mais elle n'était pas capable. Même s'ils hurlaient encore, elle savait que c'était déjà fini pour eux. Elle écoutait attentivement chaque son provenant de leur bouche, elle les entendait l'appeler elle et son mari. Elle ne détournait pas son regard. Elle savait que c'était de sa faute, qu'elle avait conclu un pacte avec le diable. Elle avait jusqu'ici oublié, mais tout était clair. Pour le sauver elle avait miser la vie de ses enfants en pensant que ce n'était qu'un mauvais rêve. Elle avait joué avec l'alchimiste. Luc était à ses côtés, il voyait le même spectacle que sa femme. Il essayait de se détacher pour venir en aide à ses enfants, il pensait toujours qu'il y avait une solution, c'était inévitable, il ne voulait pas que ça arrive. Il devait rêver, il tentait de se défaire de sa prison de corde, il y parvint avec douleur, se jeta sur ces horribles bêtes et parvint à les faire sortir du wagon. Il tenta tant bien que mal à arrêter le feu qui consumait ses bambins. Mais c'était trop tard. Il vit alors que sa femme était en vérité détachée, qu'elle était juste tétanisée, il s'approcha d'elle, la prit dans ses bras, et lui banda les yeux. La serrant fort contre lui. C'était leur malédiction, ils devraient vivre avec, et tous les dix ans, ces créatures reviendraient anéantir ce qu'ils auraient de plus cher au monde. C'était ainsi...

Les années repassèrent, cette fois plus lentes. Luc et Estelle n'étaient plus ensemble depuis le triste évènement, ils ne savaient plus se voir, ils ne pouvaient plus. Elle avait laisser tomber ses architectures pour la science et lui était devenu un homme solitaire bravant les jolis paysages, une sorte d'aventurier des temps modernes.
Depuis la mort de leurs enfants, l'homme n'espérait plus rien de sa vie, et il espérait qu'il en était de même pour sa femme, mais il n'en était rien. Estelle avait cherché mainte et mainte solution pour ramener ses enfants à la vie, menant des expériences follement dangereuses, elle était devenue l'ombre d'elle même. Tombée dans la folie, elle n'était plus celle qu'il aurait pu aimer. Mais un soir, elle le recontacta. "Luc... LUC... J'ai trouvé! J'ai la solution! Nos enfants vont revivre! Je te le promet! Reviens, pitié reviens!!"
Il savait que ce n'était pas possible, mais il avait besoin de revoir celle qu'il avait aimé avec tant de passion, la seule femme de sa vie.

Elle savait qu'il avait gardé avec lui deux mèches de cheveux, deux jolies mèches, une de leur fille et l'autre de son petit garçon. Elle était persuadée d'avoir trouver.
Une semaine plus tard, ils se retrouvèrent, mais sans étreinte, il ne la reconnaissait plus, ce n'était plus elle. Elle voulu lui arracher les deux mèches mais ne reconnaissant rien de celle qu'il avait aimé, il abandonna l'idée de lui laisser ses chéris. Il lui expliqua que les faire revivre même si c'était impossible, ne serviraient qu'à risquer d'à nouveau les perdre. Mais elle ne voulu rien écouter, elle arracha une des mèches des mains de son ancien amour et alla se réfugier dans son entre devenu son empire, son monde, son laboratoire. Il eut du mal à se séparer de ce qu'il lui restait de Nova, mais il fit demi tour et laissa une partie de lui périr avec ce qu'il avait pu revoir comme folie.

Aujourd'hui, Luc a disparu de la circulation, personne ne sait ce qu'il est devenu, personne...

Mon histoire commence ici. Je ne suis pas Nova, je ne suis même pas un des cheveux de cette petite fille. Du moins je n'en suis pas certaine. Je suis un être humain venu au monde normalement. A vrai dire, je suis juste la fille d'une des assistantes de cette dame. Enfin "juste", c'est hélas plus compliqué. A partir d'un cheveu de Nova, cette petite fille, sa mère, devenue folle, a commencé de multiples expériences. Elle a bien sûre essayé de recréé son corps, elle a tenté de la modelé, mais sans succès. Elle a ensuite testé différentes expériences sur ses propres employés, dont ma mère. Je n'entrerai pas dans les détails, je n'ai rien avoir avoir toutes des formules scientifiques, et je ne veux pas vous faire un cours la dessus, ce n'est pas du tout là mon domaine. Mais il semblerait, parce que rien est sûre, que je sois née à cause d'une des expériences de cette femme devenue cinglée. Effectivement, elle aurait trouvé une sorte de sérum pour envoyé ce qu'elle avait de plus précieux, une mémoire moléculaire ou je ne sais quoi, dans le corps de ma mère alors enceinte de quelques semaines. Est-ce que l'expérience a marché? Est-ce que les résultats ont été corrects? Franchement, personne n'a su le dire, car Estelle n'a jamais pu dire ce qu'elle attendait réellement. Elle n'en eu pas le temps. Elle n'avait jamais divulgué de photos de sa fille, ni même de sa famille. Il était donc impossible de dire si je ressemblais un minimum à la gosse disparue, ce qui, je crois, rassura ma mère.

Bref, en vérité, j'avais surtout envie de vous narrer une histoire très triste qui marque un peu le questionnement sur ma vie. Je pourrais effectivement débouler sur une question philosophique mais ce n'est pas mon intention. Encore une fois, ce n'est pas mon domaine. Donc en fait, oui, voila, je me suis perdue avec tout ça, ahah. Je me présente, Je m'appelle Ruben Aramis et j'aimerais postuler comme professeur d'identité secrète. Comment ça pourquoi? Ah oui... Mon histoire à moi... Ah, oui, vachement moins intéressante vous savez. Tellement plus banale. Oh arrêté vous allez me faire rougir. Ohohoh quel charmeur. Ah non mais vous voulez vraiment savoir en fait. Vous l'aurez voulu, croyez-moi.

Donc comme vous avez pu l'entendre, ma naissance a plutôt été un grand moment de suspense avec cette histoire de manipulation, on ne savait pas vraiment si ça pouvait porter préjudice au petit bébé que j'étais, ou si j'allais être tout à fait banale. Heureusement pour mes parents, je l'étais. Mon enfance se résume à beaucoup de choses joyeuses, une vie de petite fille gâtée, ainée de deux petits frères. Je ne peux pas me plaindre, bien qu'à l'école ça n'ait jamais été trop ça. Grande solitaire, j'aimais bien qu'on me laisse tranquille et qu'on me laisse faire ma popote seule. Ma vie se complique à l'adolescence en vérité. Ou les effets secondaires ont fait leurs apparitions. Encore une fois, on ne sait pas si j'aurais été ainsi ou non sans cette intrusion génétique, mais voila, c'est fait, c'est fait.

Donc mon début d'adolescence c'est correctement déroulé, c'est vers quinze ou seize ans que j'ai senti mon corps devenir vraiment étrange. Je vous entends déjà dire "quoi de plus normal chez les demoiselles?", oui mais bon, ressembler au papier peint de ma chambre au point de croire que je disparaissais, je trouve que c'est pas tout à fait normal! J'ai bien évidemment paniqué, je me suis demandée si je n'étais pas folle, j'en ai parlé à mes parents, j'entendais aussi parlé de tous ces gens qui commençaient à devenir bizarres, anormaux. Pour une jeune fille vous savez, c'est flippant. On se cherche déjà assez ainsi comme ça que pour avoir des soucis en plus. Je me demandais bien évidemment pourquoi moi. Je pense que je m’effrayais, je n'osais plus me regarder dans le miroir. Je n'aimais plus mon reflet, quoi qu'à l'époque je pense que je ne l'avais jamais vraiment aimé. Mais là c'était encore pire. Mais là où je voyais une force, d'autres voyaient une possibilité.

- DEVENIR AGENT SECRET?!?

A vingt ans, l'idée était plaisante, ils avaient observés mes progrès de loin, et leur venue m'avait plus que surprise. A ce qu'il parait ils avaient toujours eu un œil sur tous les gens que je trouvais anormaux, et c'était surement pareil pour les légendes, ces gens qui avaient été les premiers supers-héros avant même qu'on en parle. En vérité, personne ne sait quand cette "épidémie" appelons là ainsi, avait commencé, mais là n'était pas la question du jour. On me proposait un poste comme agent double. Je devais me faire passer pour une mafieuse et m'infiltrer dans une zone criminelle pour découvrir et démanteler un réseaux parfaitement dangereux. Était-ce risqué? Oui. Pouvais-je mourir? Affirmatif. Pourtant, savoir que ma vie allait prendre un autre tournent et allait me réconcilier un minimum avec mon corps me faisait du bien. Puis j'avais besoin d'action, j'en avais toujours eu besoin, jusque là, je n'avais jamais osé, mais l'occasion se présentait et je n'allais surement pas lui cracher au visage.

C'est ainsi que jusqu'à aujourd'hui, j'ai joué avec le feu, mais j'ai envie de me poser et de me laisser tenter par autre chose. C'est ainsi que j'ai entendu parler de votre école. Je veux juste apprendre aux plus jeunes à être un peu moins bête et à un peu moins s'afficher pour faire du meilleur boulot. Non parce qu'en fait, voyez-vous, j'ai encore vu un de vos zigotos d'élève passé à la télévision, et je trouve ça scandaleux! Bref, vous me voulez dans l'équipe pédagogique? Vous ne serez pas déçu!