Au sens propre, bien sûr. Allons, à quoi vous attendiez-vous ? Il faisait bien trop chaud pour faire quoi que ce soit de sportif et je supportais mal la chaleur. L'Été américain me faisait presque regretter le climat de ma bonne vieille Albion. Surtout que je revenais d'Albion justement, j'avais passé le week end dernier chez mon père. Vous me direz, la clim, ça existe. En effet, ça existe et je l'ai dans mon appart. En même temps, même si j'habitais un appartement de taille raisonnable, étant toute seule je ne voyais pas l’intérêt de vivre dans un manoir – celui familial me suffisait, j'étais tout de même installée dans les beaux quartiers de la ville, il va sans dire que les maisons/studios/appartements étaient tous équipés de clim ici. Ainsi, du panneau de contrôle à l'entrée, je peux régler l'ensemble de la climatisation sur mon appartement. Pourquoi je vous parle de la chaleur alors ? Et bien, figurez-vous que ma clim avait justement décidé de tomber en panne ce matin-là ! Et bien sûr, les réparateurs ne pouvaient pas passer avant demain hein, évidemment, sinon c'est pas drôle... Je n'avais plus qu'à prendre mon mal en patience et attendre demain. Si du moins je survivais, ce qui n'était pas garanti.

Afin de protéger un minimum mon appart qui est en plein Soleil, j'avais fermé les volets et réglé la luminosité de l'éclairage pour qu'il ne soit pas trop fort. Ça donnait une ambiance tamisée sympathique, c'était déjà ça. Reste que pour le moment, j'étais avachi sur le canapé, l'éventail à la main. La tenue était de conséquence, un simple débardeur noir et blanc et un short en jean blanc. Comme je ne supporte pas le maquillage quand il fait trop chaud, je n'avais rien, mis à part du vernis rouge aux ongles des mains et des pieds, que j'avais fait la veille. Mes cheveux étaient coiffées en chignons et quelques mèches pendaient gracieusement par endroit. En bijoux, une simple bague camée blanche avec un hiboux dessus et mon anneau en or blanc qui ne quittait jamais mon helix gauche. Et encore, j'avais mis la bague pour faire un minimum habillée. J'attendais Miléna – depuis qu'on était amies, on venait l'une chez l'autre de temps en temps, sinon, je serais sûrement restée toute nue à paraisser devant la TV. Bon okey, peut-être pas à ce point. Surtout que j'avais un de mes élèves pour le moment. On va dire que je resplendissais du charme « nude », oui, on allait dire ça !

En parlant de mon élève, il était occupé à massacrer la mélodie que je lui avais confié en faisant des canards. Bien sûr, apprendre à jouer du piano n'est pas aisé, mais on remarque assez vite les gens qui ont ça dans le sang. Lui, il ne l'avait pas. Pourtant, ce n'était pas la motivation qui était en cause, réellement, il faisait de son mieux. Comme quoi, faire de son mieux n'est pas toujours suffisant... J'avais la flemme de me lever, pour lui faire montrer, une nouvelle fois, comment faire. Normalement, les doigts se laissent porter naturellement par la musique, pour une personne qui a ça dans le sang, ça se fait naturellement. « Non, recommence depuis le début. » Il avait de la chance de m'avoir, la prof que j'avais eu était beaucoup moins cool que moi je le suis avec lui. J'entendais la mélodie s'arrêter, puis recommencer. Le mur avait trois baies vitrées et sur les deux pans du mur, entre les baies vitrées, était posé pour l'un un synthé, pour l'autre le piano droit où était le jeune homme. Le canapé où j'étais allongé étant perpendiculaire au mur, je l'écoutais sans le voir jouer.

Je sortis de ma poche mon portable pour regarder l'heure. Bientôt 16h. L'heure de la fin du cours et celle au Miléna arriverait. Je me relevais pour m’asseoir et glissai mes pieds dans des mocassins stylisés qui avait un écusson et des piques sur le dessus. Quand même, Louboutin faisait des choses extras ! En me levant, je posais le portable sur la table du salon et me dirigeai vers le jeune homme. « Allez, c'est bon pour aujourd'hui. » lui dis-je dans un sourire. « J'ai progressé ? » J'inspirai, cherchant ce que j'allai bien lui répondre... « C'est mieux que la semaine dernière. » Il ferma le piano et je l'accompagnai vers la porte. Un au revoir plus tard, il sortait. L'interphone sonna. « Oui, entre ! » répondis-je tout en appuyant pour que la porte du bas s'ouvre à Miléna. Elle croiserait peut-être mon élève dans l'ascenseur. J'avais dû lui en parler une ou deux fois et elle savait que je lui donnais une leçon avant qu'on se voit.

Comme il n'y avait pas 107 ans pour qu'elle arrive à mon appart, j'avais laissé la porte ouverte pendant que je jetais un coup d’œil à la température qui était affichée sur le panneau central à l'entrée, l'éventail replié et à la main. 30°C... Au secours ! Miléna arriva. Je lui souris. « Salut ! Ça va ? J'espère que tu survis à la chaleur ! » Je refermais la porte derrière elle. « Moi c'est pas gagné ! » continuai-je en plaisantant. Elle devait avoir l'habitude, j'avais été une fois en Italie en pleine Été, je n'y suis plus jamais retourné, ça veut tout dire. Enfin, en Été, bien sûr. « Ma clim a eu la délicate attention de tomber en panne ce matin et les réparateurs sont débordés aujourd'hui. Désolé pour la chaleur, mais j'imagine que ce n'est rien pour toi. » la taquinai-je. Comme elle savait que contrairement à elle, je ne supportais pas la chaleur, j'ajoutais « Mais ne t'en fais pas, je vais essayer de ne pas te claquer entre les pattes ! » en lui adressant un sourire amusé.

Je disais ça en me dirigeant vers la cuisine, si je ne savais guère cuisiner, il y a une chose que je savais faire, le thé ! Comment ça, c'est le minimum pour une Anglaise ? Ahlala, les clichés... « J'ai préparé du thé glacé. » Deux façons pour faire du thé glacé, soit on prend le temps de l'infuser à froid puis on le met au réfrigérateur, ce qui est long, soit on triche et on l'infuse à chaud avant de le « frapper » avec des glaçons. Comme j'avais le temps, j'avais fait de la première façon. « Tu préfères au thé vert ou fruits rouge ? » pendant que mon invité choisissait, je posai mon éventail sur le comptoir puis sortis les verres.

Tenue + Photos de l'appart:

« Je dois avoir ça. » lui répondis-je quant aux feuilles de menthe. J'ouvrai un tiroir pour attraper une boite. Effectivement, j'en avais encore. J'attrapai trois ou quatre feuilles et les posai sur la table. J'allai ensuite dans le frigo pour prendre les deux thés. Je servis donc à Miléna un thé vert et moi je pris au fruit rouge. Une fois les verres remplis, j'allai mettre quelques glaçons au distributeur intégré à mon frigo. Les deux verres, les feuilles et l'éventail à la main, j'allai dans le salon rejoindre Miléna. Je posai son verre et ses feuilles sur la table, à côté d'un autre éventail. « Tiens. » Puis en lui signifiant l'éventail. « Tu pourras t'en servir si tu veux. » Mélina n'étant jamais venu dans ma chambre, elle pouvait pas les reconnaître, mais c'était des éventails de décoration à la base. Voyez à quoi j'en étais réduite !

J'allai pour m’asseoir dans le canapé à côté d'elle quand elle me précisa qu'elle avait fait un gâteau. « Oh, c'est gentil, merci ! » Elle précisa également qu'il me plairait, mais avec elle, je n'en doutais pas un seul instant. Cette fille était un cordon bleu ! Elle précisa juste qu'il fallait se dépêcher de le manger, si je voulais pas qu'il tache mon tapis. Oui, ça serait sympa. Je posai mon verre et l'éventail et partis en quête d'assiettes à gâteau, de petites cuillères et d'une pelle à gâteau. Je revins bien vite avec tout ça. C'est vrai qu'il avait l'air bon quand même ! Je coupai une part, la posai dans l’assiette blanche et posai la petite cuillère argenté à côté puis tendis le tout à Miléna. Je notai au passage la grimace de ma blondinette en regardant mes chaussures, ce qui me valut un sourire amusé, j'imaginais qu'elles étaient un peu trop kitch à son goût. Je ne relevai pas cependant et me servis une part avant de me poser sur le canapé et retirer mes chaussures du bout des pieds.

Pendant que je servais, Miléna me demanda les nouvelles. « Et bien, comme je te l'avais dit l'autre jour, j'ai profité du fait de terminer tôt vendredi et ne pas avoir cours lundi pour me faire un week end prolongé à Runnymede. J'ai pensé à toi d'ailleurs, comme tu aimes le thé, je t'en ai rapporté quelques-uns. » Je pris une bouchée du gâteau. « Il est excellent ! » Je lui souris. « Sinon, le retour dans les Colonies est bien difficile. » lançai-je sur le ton de l'humour. « Avoir cours par cette chaleur, c'est juste pas possible ! Vivement les vacances ! Sinon, Charles joue toujours aussi mal du piano, pourtant, la volonté n'est pas en cause... Je me demande sincèrement pourquoi il persiste. » Je pris une autre bouché avant de continuer, vraiment délicieux ! « Je vais finir par croire qu'il ne vient que pour le plaisir de me voir ! » L'idée m'amusa puis je repris. « M'enfin, et toi alors que racontes-tu de beau ? » Je pris mon verre sur la table et en bus une gorgée.

Ah, cette brave Milena, je pouvais constater que la chaleur ne lui faisait pas perdre le nord. Toujours aussi taquine l'italienne, mais je lui rendais bien, c'était de bonne guerre. Pour le moment je me contentais de lui démontrer, si cela était encore nécessaire, tout l'étendue du légendaire flegme britannique en prenant le parti de ne rien rétorquer. Pour le moment, bien sûr. Le bon mot, tel un coup de fleuret, est celui que l'on décoche au moment propice si l'on veut qu'il fasse mouche.

Je pris une nouvelle bouchée de ce délicieux gâteau, vraiment, il était excellent. Il faudrait que je songe à l’embaucher comme cuisinière personnelle, je me régalerai ! J'avais progressé en cuisine et je commençais doucement à rattraper le manque de mon éducation traditionnelle de l'aristocratie anglaise, mais bon, je n'étais pas encore une chef 5 étoiles. « Il partait quand tu arrivais, donc c'est fort probable. Mais dis-mois plutôt, comment il t'a regardé ? » Ah, ces italiennes, toujours à se penser irrésistible – même si j'avouais volontiers qu'elle avait du charme, mais bon, je l'aimais bien quand même. « Oui, il est travailleur, m'enfin, ça ne suffit pas toujours... »

J'eus à peine le temps de m'attrister du fait qu'elle ait passé son week end à corriger des copies qu'elle me narguait déjà avec sa piscine, la bougresse ! En choisissant de prendre un appart' – qui est tout de même spacieux – je voulais rompre avec la folie des grandeurs caractéristique de l'aristocratie. J'aime le manoir familiale, mais ce qui le rend si attrayant, c'est qu'il est vivant, qu'aurais-je fait d'une grande villa à moi toute seule ? Mais c'est vrai qu'une piscine, c'est pas mal quand même... « Fais gaffe, un jour je viendrais réquisitionner ta piscine. » lui fis-je dans un sourire. « J'ai des nouveaux maillots en plus, ils sont trop beaux. » J'étais juste fan des maillots de chez We Are Handsome !

« Ah, j'y pense, l'autre jour j'ai croisé John, tu sais, le gars qui t'avait abordé. Le pauvre trésor se sent seul en ce moment qu'il me disait, ça me fait une belle jambe tiens ! En plus, il s'est rétamé sur un exposé en Histoire, son plan c'était du grand n'importe quoi. Tu aurais vu sa tête quand le prof a tout repris ! M'enfin... tu as réussi à régler le problème de la rumeur que l'autre avait lancée sur toi ? » Bon, une rumeur, c'était toujours ardu à démonter, mais dans la mesure où John c'était fait démonter en public, c'était toujours ça en la faveur de l'honneur de Milena.