Son souffle était court, marqué puissamment par une respiration saccadée et plus ou moins régulière. Le moindre de ses muscles demandait maintenant une clémence bien méritée après un tel traitement, si délectable est-il pu être. Ainsi, sentant l’endorphine commencer à prendre possession de lui, le russe laissa son dos brûlant rejoindre avec une aise non feinte la surface du matelas qu’il avait abandonné il y a un moment maintenant. Ses vertèbres craquèrent délicieusement, achevant de le détendre d’un bout à l’autre de son anatomie ; et ce n’était pas peu dire.

Une fine pellicule de sueur s’était invitée sur son derme, le faisant quelque peu luire sous les rares et intrépides rayons du soleil qui parvenaient à passer entre les lattes des stores placés sur la fenêtre de cet appartement. On ne pouvait le nier, même ainsi, André conservait un charme indéniable.

La finesse de ses traits, à la fois simples et travaillés, était d’autant plus visible qu’il ne tirait pas la gueule, là, tout de suite. Et c’était là une chose des plus rares, surtout depuis qu’on l’avait capturé littéralement pour mieux le foutre sous surveillance dans cet asile de cinglé ; la Heroe’s Sup. Non mais franchement, on n’a pas idée de vouloir mettre dans les bons rails un cas social tel que lui ! Fenrir n’avait d’ailleurs toujours pas pardonné l’enchaînement qu’il avait dû encaisser dans cette foutue cave. Voilà au moins un point u il était d’accord avec celui dont il squattait le corps.

Mais passons, il n’allait pas ruminer de mauvais souvenirs alors qu’il était présentement en agréable compagnie – et encore, le mot était faible. Loukas déglutit en repensant à ce qu’il vient de se passer. Non pas que c’était désagréable, loin de là même. Toutefois, les actions réveillèrent en lui un subtil arôme de nostalgie mal contenue. Il se rappelait de comment il avait fait son entrée dans le monde des « hommes », au bras de la même blonde, étendue juste là, tout prêt de lui. Ça lui avait fait bizarre de la revoir, mais avant même qu’il ait assimilé le pseudo-choc, il ne portait déjà plus rien.

Un frisson remonta vicieusement le long de son échine, faisant naitre la chair de poule sur son derme laiteux. Lucky.

La première fois qu’il l’avait rencontré, c’était parce que le père de cette dernière avait été convié à un rassemblement par son paternel, soit l’un des Boss de la Mafia Russe. L’invité n’avait pu faire autrement que d’emmener sa fille avec lui mais l’on avait clairement senti la désapprobation qui se dégageait de lui. Lorsqu’André avait posé ses yeux sur elle la toute première fois, il n’avait pu s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur. Elle était du même blond que sa défunte mère et même si depuis de l’eau avait coulé sous les ponts, ça restait un souvenir gravé en lui à tout jamais.

Quelques politesses échangées pour la formes, deux-trois regards et hop là, ils avaient atterri dans l’une des chambres de l’immense manoir l’ayant vu naître pour commettre les derniers outrages à l’abri des regards indiscrets. Ce n’était pas il y a très longtemps, à bien y regarder. Trois ans environs. Mais de faire un face à face avec une telle preuve de son passé lui avait fait appréhender les faits comme s’ils s’étaient déroulés il y a plusieurs décennies. Quelle bien étrange chose que la notion du temps des hommes.

« J’m'attendais pas à te revoir. Vraiment. » Dit-il, dans un russe impeccable.

Ca faisait si longtemps qu’il, n’avait pas parlé sa principale langue maternelle...

Kiss me again ♥
avec André

Bruissement de la couverture caressant la peau laiteuse d'une blonde, cheveux tombant contre le matelas dans un mouvement gracieux respiration saccadée. Lucky fixait le plafond, le regard penseur, ses yeux bleus pétillant caressant la surface des murs qui avaient été témoins de ce qu'il venait de se passer. Quelques mèches blondes étaient restées collées à son dos par la sueur qui était apparue sur le corps gracieux de la jeune russe qui tentait de reprendre son souffle.

Son regard dévia vers son partenaire allongé à quelques centimètres d'elle, André. Là, allongés tous les deux, on aurait pu les prendre pour deux amants éperdus l'un de l'autre, sauf que ce n'était pas le cas. Les pupilles turquoises de la russe observèrent longuement le roux, dont le corps luisait sous les rares rayons de soleil qui parvenaient à se frayer un chemin entre les rideaux, le rendant encore plus charismatique qu'il ne l'était déjà.

Les souvenirs lui reviennent au grand galop, en plein gueule si l'on puis dire. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ça avec André, elle l'avait déjà fait par le passé. Ils s'étaient rencontrés via leurs pères, celui d'André étant le supérieur de celui de Lucky. Le père de cette dernière avait dû l'emmener avec lui à son mécontentement, et c'est comme ça qu'elle avait rencontré André qui avait aussi été amené par son père. Ils ne s'étaient pas tellement adressé la parole ce jour là, quelques mots, un regard, et c'était venu naturellement. Presque instinctivement même, même si aucun sentiment ne venait s'installer entre eux deux, c'était purement et simplement du sexe, rien d'autre.

Quand elle avait recroisé André (à savoir il y a quelques heure) elle ne l'avait pas reconnu tout de suite. Puis quelque chose dans ses yeux lui avait permis de le reconnaître, ils s'étaient par la suite échangé quelques petits mots (salut, salut, ça va? et autrs banalités) pour finalement finir dans cette chambre, et avaient couché ensemble. Comme autrefois, simplement et sans sentiments, juste pour du plaisir. Elle ne s'était pas vraiment rendu compte de ce qu'il se passait, même si ça n'avait aps été déplaisant -loin de là même-. La voix d'André la sortit de ses pensées quand il lui dit dans leur langue maternelle;

× J’m'attendais pas à te revoir. Vraiment.

Sourire, Lucky se tourna vers lui roulant sur le côté, posant sa tête sur sa main, le couverture descendant jusqu'à son nombril tandis que ses cheveux blonds s'occupaient de masquer sa poitrine dénudées. Quelques mèches étaient encore collées le long de ses hanches par la sueur, tandis qu'elle lui répondit en Russe, le fixant de ses yeux turquoises;

× Moi non plus, j'ai été surprise.

Et c'était vrai, elle avait été tellement surprise qu'elle ne l'avait pas reconnut du premier coup. Elle avait reprit son souffle, enfin, elle respirait normalement. Avec sa main libre -celle sur laquelle elle n'avait pas posé sa tête- Lucky prit une de ses mèches blonds pour jouer avec, tout en lui demandant toujours en russe sans le regarder;

× D'ailleurs tu fais quoi ici?

Question totalement innocente, posé sans arrière pensée. Elle relève son regard bleu vers lui, le fixant intensément.

HRP♥:

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Même s’il n’avait jamais eu de sentiments pour Lucky – et n’en aurait probablement jamais vu que André et les sentiments c’est physiquement incompatible ; comme l’eau et l’huile enfaite- il s’étonna d’avoir été si surprit de la revoir, comme ça, au détour d’une rue quelconque. Malgré les petites années prises, elle restait la même, fidèle à ses principes pour le moins peu orthodoxe. Bon, il est vrai que son visage avait pris la forme de celui d’une vraie femme, maintenant ; il ne subsistait plus, même très discrètement, de ces pommettes propres à l’enfance, légèrement rebondie par une innocence trop présomptueuse, sans doute. En clair, il était un peu décontenancé, le russkof. Vraiment. Parce que c’était tout de même un peu familier de la revoir, elle. C’était comme si une part de son pays natal était venue lui serrer la main pour mieux discuter autour d’une tasse de café.

… A la différence près qu’avec la blonde, il avait zappé l’étape café pour aller directement sous les draps. Tant pis, tant mieux, ça revenait au même enfaite. Il était gagnant, elle aussi. Pourquoi râler ? Ça n’aurait rien arrangé pour personne, de toute manière. Enfin, si ç’avait pu le sortir de sa prison étudiante, il n’aurait pas fait la fine bouche, mais là, ce n’était clairement pas le cas.

Roulant des mécaniques, les muscles de son abdomen s’affairèrent à s’étirer, ce qui mettait clairement en évidence la musculature dont il était pourvu à présent. C’était le fruit de longues années d’entrainements forcés, voulues par le paternel. Et les cicatrices relevaient, quant à elle, des séances de torture qu’il avait reçue pour mieux résister à la douleur. Nice game. Foutu père qu’il souhaitait ne pas revoir de sitôt. A bien y réfléchir, il était bien heureux que ce ne soit pas une autre russe que Lucky qui avait croisé son chemin. Il n’aurait probablement pas apprécié des masses de revoir ses anciens « camarades », qu’il avait semé sans aucune hésitation, après être devenu ce qu’il était aujourd’hui.

Bon, il y avait Diana, mais elle, c’était pas pareil. André ne la considérait pas comme une part de son pays mais plutôt comme un membre à part-entière de sa famille ; même s’il ne le lui dirait jamais, trop de fierté et surtout pas envie de songé à ça maintenant. Ses bras se joignirent pour mieux craquer au-dessus de sa tête avant de se replier de concert derrière sa tête, permettant ainsi d’avoir un appui stable pour le crâne encore tout étourdi par les effluves charnels récents.

Il regarde la belle, allongée près de lui, telle une nymphe satisfaite de ce qui vient d’arriver. Il lui sourit en coin, les hormones le font travailler des méninges ; en général il ne sourit pas. On dirait un shooté, et c’est ce qu’il est. A ceci près qu’il n’a aucune drogue dure dans le sang, mais plutôt un échantillon de tout ce qu’il y a de plus naturel au creux des reins d’un être humain.

Écoutant attentivement ce qu’elle lui dit, il hésite à répondre franchement. Rien ne l’y oblige, alors, après deux minutes d’intenses réflexions – enfin, ce dont il était actuellement plus ou moins capable – il décida de rester flou sur sa situation.

« On va dire que je dois régler quelques différents avec certaines personnes. »

Comprendre par-là : se barrer le plus vite de cette école de barges pour fuir vers d’autres horizons. Le Canada, pourquoi pas. Ou le Mexique, aussi. Mais, au milieu de se fouillis parvint à se distinguer une question intelligente, qui ne tarda pas à s’étirer sur les lèvres pâles d’André.

« Et toi ? »

Quitte à se faire interroger, autant rendre la politesse.

Kiss me again ♥
avec André

Depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu, André avait légèrement changé, gardant un air qui lui était propre. Les mêmes cheveux, le même regard qui l'avait fait craquer quand elle était jeune, la poussant à faire des choses pas catholiques avec lui. Pas catholiques mais ô combien jouissives. 8D En même temps, c'est dès ses seize ans qu'elle avait commencer à aller coucher à gauche et à droite, et c'était dans cette période qu'elle avait rencontré André donc... voilà vous avez compris. Son regard turquoise observa le corps musclé de son compagnon russe. Avec sensualité, son regard observa son torse, comme s'il traçait les moindres courbes qui s'y trouvaient à l'encre de chine dans sa mémoire. Elle fit comme si elle n'avait pas vu les cicatrices, de toute façon elle avait déjà eu l'occasion d'en voir quelques unes. Lucky aussi possédait quelques muscles, enfin quelques muscles, elle était musclée mais cela ne se voyait pas. Entraînement aux art martiaux par son père l'oblige. Quand un sourire se dessina sur les lèvres du russe, Lucky ne put s'empêcher d'être satisfaite. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu sourire. Par la suite, André lui retourna la question qu'elle lui avait posé, après y avoir répondu. Cette dernière soupira avant de dire;

× Hmm... mon père m'a envoyé ici. Toute seule. Apparemment il ne voulait pas que je reste en Russie, j'étais 'trop vulnérable' selon lui.

Elle parlait bien évidemment du fait que les ennemis de son père (ou son patron même) pouvaient la kidnapper la torturer ou je ne sais quoi pour faire du mal à son père. Et qu'il ne voulait pas que l'on fasse du mal à sa petite fille chérie, évidemment. Soupir, elle n'avait pas eut de nouvelle de son père depuis qu'elle était venue vivre ici, elle s'inquiétait vraiment pour lui. Et il lui manquait, son papa. Elle lui avait pardonné de l'avoir envoyé seule ici, mais des fois la solitude lui pesait, bien qu'elle y soit habituée. Dès son arrivée dans ce pays, elle s'était tout de suite faite à la langue (heureusement que sa nourrice en plus de parler le russe lui parlait en anglais, ça lui avait sauvé la vie) et avait tout de suite commencer par voler de ci et de là un peu d'argent, histoire de se payer un loyer et à manger. Bah oui, l'argent n'allait pas tomber du ciel comme ça, fallait pas rêver non plus hein!

× Voilà quoi.

Nouveau soupir, elle n'a pas envie de penser à ce qu'il a put arriver à son père une fois qu'elle fut partie. Peut-être était-il mort? Elle ne pouvait pas le joindre, il lui avait fait promettre de ne pas le faire, et ses promesses elle les tenait avec son père. Avec sensualité, elle se rassit faisant tomber ses longs cheveux blonds de ses épaules, allant frôler le matelas, caressant le creux de son dos, dévoilant ainsi sa poitrine. Puis elle grimpa sur André, à califourchon, plongeant son regard dans le sien, un sourire amusé aux lèvres.

× Tu sais que t'as pas changé?

Puis elle laissa ses doigts caresser son torse, doucement, lentement, sensuellement. Elle faisait comme si elle ne voyait pas les cicatrices, de toute façon elle s'en fichait. Toujours un petit sourire aux lèvres, elle le fixa guettant sa réaction.

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Ahah, la vulnérabilité. Voici une notion qui faisait bien rire André ; pour la simple et bonne raison qu’elle lui était tout à fait étrangère. Il ne s’était jamais senti sérieusement en danger, au point de craindre pour sa vie. En soit, même si son paternel ne l’avait jamais franchement aimé, ou qu’il n’avait pas eu ne serait-ce qu’une seule attention cordiale envers sa progéniture, Loukas se savait hors d’atteinte par la simple réputation de cet homme. Jamais un ennemi de ce connard n’aurait osé lever la main sur lui, car même factice, cela aurait fait une bonne raison à l’insulté dont il était ici question pour mener des carnages sans noms parmi les proches des audacieux qui pourraient avoir voulu agir de la sorte.

En vérité, le seul dont il avait réellement dû se méfier était son propre géniteur, qu’il avait appris à connaitre et à détester de concert. Après tout, s’il s’était retrouvé orphelin de mère, c’était à cause de celui ayant aidé à sa venue au monde. Si seulement il avait pu lui cracher ses quatre vérités à la gueule … Mais non. A la place, il avait fui, instinctivement, dès lors que Fenrir eut pris ses quartiers au sein de ses entrailles. Et depuis, il n’avait pas cherché à retourner vers l’arrière mais avait été de l’avant et seulement de l’avant, en tuant, trafiquant et survivant comme il avait pu le faire. Bon, en soit, il avait jusque-là pas trop mal réussit, il vivait plutôt bien même. La drogue, ça rapporte à fond.

Aussi, c’est non sans un certain orgueil très mal placé qu’il prit les paroles de Lucky – ou « Louky », comme il l’appelait avec son accent russe très prononcé encore. Elle avait été envoyée ici par son père, pour la « protéger » des éventuelles représailles contre sa personne, si jamais le paternel venait à manquer à ses obligations de mafieux digne de ce nom. Ah ah. André ne put s’empêcher de penser que cet homme était bien naïf. Si vraiment revers de lame il devait y avoir sur la personne de sa fille chérie, alors ce n’était pas un continent étranger – surtout l’Amérique, adversaire séculaire de la Russie communiste – qui allait la protéger outre mesure. Mais bon, il pouvait comprendre la démarche. Il n’y adhérait pas, mais il pouvait comprendre. Malgré son apparence juvénile ; malgré le fait qu’il n’avait « que » dix-sept putains d’années au compteur, le russe n’était pas si désaxé de la réalité qu’il pouvait le paraître. Bien au contraire.

Obligé de grandir trop vite, il était un peu désillusionné, certes, mais pas complétement hors norme non plus. Il avait parfaitement sentit la lourdeur du soupir passé entre les lèvres de la demoiselle qui venait d’accompagner des ébats riches en émotions. En revanche, il ne savait pas comment faire pour lui changer les idées. André et la sympathie, c’était un échec, de base.

Heureusement, elle ne lui laissa pas le temps de faire en sorte que l’ambiance retombe car la voici qui monte à califourchon sur lui. Oh, tient, elle en redemande ? Enfin, ce n’était guère pour lui déplaire cela dit, bien au contraire. Nouveau sourire. Si elle savait. Oh grand dieu, si elle savait …

« Toi non plus, tu sais ? »

Ses deux mains puissantes le redresse, jusqu’à ce que son torse et celui de la demoiselle soit presque collé l’un à l’autre. Leurs souffles se mêlaient sans mal à présent, mais par acquis de conscience et avant de replonger dans l’ambroisie des jouissances, le russe osa pousser l’audace jusqu’à poser des questions assez personnelles ;

« Mais au fait, tu m’as pas dit, il est à qui et appart’ ? Toi ? Ou alors tu as un petit-ami ou un colocataire que je vais devoir tabasser s’il rentre à l’improviste ? »

Il ricane. Mieux vaut savoir dans quelle situation il s’embourbait.

Kiss me again ♥
avec André

Lucky se posait malgré tout des questions sur la raison du silence de son père. Si cela se trouvait.. il n'était même plus vivant. Frisson d'horreur, non elle ne voulait même pas imaginer cela. C'était trop horrible, ce n'était pas possible son père ne pouvait pas être mort! Enfin... pour un homme travaillant pour la mafia russe, il y avait tout de même des chances mais... Lucky ne voulait pas penser cela sans en être sûre. Si elle s'était écoutée, elle se serait envolée pour la Russie dès maintenant, pour aller le chercher. Mais elle ne pouvait pas, à cause de sa fucking promesse de mes deux. Pourquoi avait-elle fait cette promesse à son père hein? Maintenant elle était bloquée.

Dans le fond, son pays natal lui manquait des fois. Sa maison lui manquait, son cher papa lui manquait. Quand elle était enfant, il lui arrivait de demander à son père pourquoi sa mère était partie, pourquoi elle les avait laissé. Son père ne répondait jamais, déviant la conversation vers un autre sujet habilement et subtilement, si bien qu'elle n'avait jamais rien remarqué. Son père était doué pour jouer avec les mots, très doué même.

La voix d'André la sortit de ses pensées mélancoliques, lui arrachant un petit sourire. Lui aussi trouvait qu'elle n'avait pas changé à son grand étonnement. Il était vrai qu'elle avait gardé les mêmes yeux et les mêmes cheveux... mais pour ce qui était de son caractère elle avait vraiment changé. Enfin, gardant quelques traits de caractères qu'elle avait de son enfance, mais sinon elle n'était plus exactement la même. D'ailleurs si son père était encore vivant et qu'il apprenait qu'elle était devenue prostituée, il en aurait fait un arrêt cardiaque, à la grande terreur de Lucky.

× Tu trouves?

Elle secoua la tête pour que les mèches qui tombaient devant ses yeux retournent à leur place initiale, c'est à dire vers ses épaules. André se redressa, elle recula pour qu'il puisse le faire correctement, puis plonge son regard dans le sien. Sa poitrine effleurait avec douceur le torse du russe, tandis qu'elle pouvait sentir son souffle sur ses lèvres.

× C'est l'appartement d'un ami, il est parti pour un mois en Allemagne pour le boulot, du coup il m'a filé les clés. T'auras besoin de tabasser personne.

Sourire amusé, dévoilant les dents blanches de la russe qui replaça une mèche blonde derrière son oreille. Elle dut se faire force pour ne pas rire, elle n'était pas du genre à avoir un petit ami. De une, elle aimait trop la liberté pour cela, et de deux avec son métier c'était difficilement possible. Aucun homme ne supporterait de voir sa moitié coucher avec des dizaines d'hommes, autres que lui. Le célibat l'arrangeait plus qu'autre chose, elle était libre de faire tout ce qu'elle voulait.

Changeant de sujet, elle se pencha en avant, posant ses lèvres sur celles d'André, leur langues entamant une valse endiablée. Lentement, elle s'allongea sur le lit, échangeant donc de place avec André leurs langues s'emmêlant et se démêlant. Les mains de Lucky caressèrent le dos du beau russe, le griffant de ci et de là par moment, sa poitrine collée à son torse.

HRP ♥:

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Le lien qui semblait unir ces deux jeunes gens – si tant est qu’on puisse réellement appeler ça un lien … - convenait parfaitement au beau châtain qu’était le Russianov. Pas de sentiments, pas de chichis ou de jalousies mal placée … Juste le physique et rien d’autre. Parfait. Il pouvait prendre son pied sans avoir à répondre de ses actes par la suite ; que demander de plus face à une telle offre, si alléchante ? Bon, il est vrai, ce n’était guère gagner qu’ils remettent ça régulièrement, tous les deux ; même si ça semblait bien parti pour. Du moins pour la poignée d’heures qui commençaient à s’installer pour en redemander toujours plus, là, tout de suite.

Loukas écouta attentivement les dires de la demoiselle. Eh bien, le moins que l’on pouvait dire, c’était qu’elle savait bien se démmerder, niveau vie active. Il ne l’avait pas interrogé sur ses activités dont il ne doutait pas de l’illégalité, connaissait Lucky au moins un peu – du moins il se plaisait à le croire – et c’était volontaire. A vrai dire, il s’en foutait un peu, de tout ça. Sa vie ne devait pas avoir plus d’importance que la sienne ; ils étaient plus ou moins au même niveau ; des chiens errants, chacun en quête d’un os bien particulier. Lui, la liberté, elle, il n’en savait rien, de ses volontés. Revoir son paternel, peut-être ? C’aurait bien été le genre de la maison.

Mais il lui reconnaissait au moins une qualité certaine, surtout avec la vie qu’elle menait ; apparemment, elle savait bien s’entourer. Dis donc, son « ami » devait lui faire sacrement confiance pour lui laisser son appartement, comme ça, sans sourciller. Ou se douter de l’état dans lequel son logement et mit durant son absence. Cette constatation arracha un sourire mi- victorieux mi- moqueur à André, dont les lèvres furent immédiatement pris d’assaut par celle de sa camarade expatriée. Il ne laissa faire tandis qu’elle échangeait les places. Round deux ; sans aucun problème, il avait encore pas mal de réserve. Enfin une chose pour laquelle Fenrir se rendait utile.

Il est vrai que le Russianov restait ce qu’il était, soit, un homme. Logiquement, après les ébats, ils s’endorment lamentablement, assaillit par une réaction chimique purement chiante. Auparavant, l’adulescent aurait été dans le même cas de figure. Mais, depuis qu’il était bien logé au creux de ses entrailles, le Dieu Loup lui permettait, sans même le savoir – ou le vouloir, ah ah – de gagner considérablement en endurance. Ainsi, son plaisir tout personnel pouvait durer plus longtemps que la moyenne, quand bien même il devait se ménager et s’accorder des pauses ; ce n’était pas un titan non plus.

« Dis donc, c’est que tu as l’air d’avoir faim. » se moquât-il légèrement, avec un timbre de voix suave.

C’était gentillet, venant de lui ; juste une petit vanne pour rendre les jeux plus intrépides, plus fous. Il se demandait bien quels étaient les penchants de Lucky en la matière. Mais bon, peut-être aurait-il l’occasion de le savoir prochainement, puisque la demoiselle caressait son dos de ses mains expertes et douces. Un frisson le parcouru, encore. Il soupira d’aise.
Quant à lui, il vint chercher les hanches de la blonde pour y laisser ses dextres s’allonger et lui faire comprendre ses intentions. Même si, au fond, il savait bien que ça ne servait à rien, de traduire le langage du corps, à ce niveau-là.

Tandis que Lucky lui répondait, André n’écoutait que d’une oreille distraite les mots de russes qu’elle déblatérait. Non pas que ce n’était pas intéressant, loin de là, mais cette-ci, la fatigue commençait vraiment à se faire sentir. Heureusement qu’ils étaient dans le noir, ainsi la misse ne pouvait soupçonner son air somnolent. Il avait vaguement compris qu’elle comptait rester encore un moment. Tant mieux, ça leur permettrait de se revoir fréquemment, si l’envie la prenait de relancer ce genre de retrouvailles charnelles à la moindre occasion. Enfin, la blonde se leva en direction de la salle de bain, laissant son homologue russe à sa tendre solitude, celle qui, paradoxe, était celle qu’il fuyait le plus ces derniers temps. Et dire que deux mois auparavant, sa tranquillité était mise sur un piédestal, la voici maintenant relégué au simple encombrement. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer, enfaite ? C’était cette école qui l’avait changé à ce point ? C’était étrange, mais il ne cherchait pas trop à comprendre. Pour le moment, l’endorphine le clouait sur ce matelas, son corps profitant d’une certaine léthargie bien méritée. Même Fenrir se tenait docile, ce qui signifiait que lui aussi était satisfait, probablement. M’enfin, ça, Loukas s’était bien gardé d’en parler à sa comparse. Manquerait plus qu’elle ne prenne pour un monstre, lui aussi. Il refusait cette option.

Finalement, elle sortit de la salle de bain, enroulée d’une serviette, trempée. Le châtain se leva donc et entra dans la salle d’eau, parfaitement humide et rafraichissante. Rien de tel pour lui remettre les idées en place. Il opta ainsi pour une douce tiède à la limite du froid et se surprit à en apprécier le contact. Dans le même temps, il réfléchissait à comment rendre la pareille à Lucky. Il l’aimait bien, malgré les apparences, et il voulait faire quelque chose pour elle, là, tout de suite – sans doute un effet secondaire de l’endorphine. Ses tergiversions durèrent longtemps, si bien qu’il se rendit compte qu’il était temps pour lui de sortir lorsque ses genoux se mirent à trembler sous l’effet des basses températures. Super, voici qu’il devenait presque idiot au point de se perdre dans des pensées sans queue ni tête – si vous permettez l’usage de cette expression, bien entendu.

Lorsqu’il sorti de la cabine de douche, il s’enroula la taille dans une serviette trainant là et se contempla un instant dans le miroir. C’était vraiment bizarre, il lui semblait ne plus se reconnaitre dans son propre reflet. Sur le coup, il mit cette constatation sur l’ardoise de la fatigue, pour ne pas changer. Elle avait le dos large, autant en profiter, donc. Immédiatement après, il rejoignit de nouveau la chambre qu’il venait de quitter et commença à se sécher correctement pour enfiler ses propres fringues, trainant encore sur le sol de la pièce.

Ceci fait, il s’occupait encore un peu de sa chevelure humide, qu’il frictionnait maintenant avec une certaine vigueur, histoire d’accélérer le processus déjà fort chiant. Et c’est là qu’il eut une idée de génie concernant la blonde – enfin, ça lui paraissait être le cas, en tout état de cause. Une fois qu’il en eut fini avec sa tignasse dans tous les sens – mais qui lui donnait tout de même un air très agréable à l’œil, n’en doutons pas. Il se releva, remit bien ses vêtement en place et, dans un anglais automatique, délia ses lèvres.

« Lucky, t’veux que j’appelle ton père pour toi ? Comme ça tu auras de ses nouvelles, tout ça… »

André n’avait pas l’habitude de se comporter si bien, donc ça lui faisait un peu bizarre, tout de même…

Il se sentait capable de tout faire, là, tout de suite. C’était comme si rien ne pouvait l’arrêter dans le cheminement de ses actions, qu’elles fussent ou non futiles. Sans doute ses récentes performances au plumard lui montaient à la tête et enorgueillirent plus que raison ses réelles capacités. Sans doute, oui. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée que ça, finalement. Mais ça, il ne le savait pas encore. Alors, une fois ses cheveux plus ou moins séchés convenablement – comprendre par-là que c’était Hiroshima sur son crâne mais au moins, plus aucune goutte récalcitrante ne trainait sur sa tignasse – il se leva, un sourire en coin triomphant sur ses lèvres. Elle ne le croyait pas vraiment capable de faire une telle chose, sans doute. C’était normal, après tout. Lui, gentil avec autrui ? Ca n’arrivait jamais. Et il était persuadé que ça n’arriverait jamais plus. Au fond, lui-même ne savait pas trop ce qu’il faisait. Il préférait ne pas trop de poser de questions. Ou alors, se dire carrément qu’il faisait ça pour qu’elle lui soit redevable par la suite, même si tout de suite, ça ne paraissait absolument pas cohérent avec le contexte entier.

Bref. Il arrêta de se triturer les méninges et s’autorisa même un petit rire, bien vite gommé par un bâillement à s’en décrocher la mâchoire. Au final, la fatigue ne l’avait pas abandonné malgré la douche tiède, voir froide. Il lui tardait de rentrer « chez lui » pour profiter de son lit bien moelleux. Ah moins qu’il ne squatte un toit, comme au bon vieux temps – il se foutait bien d’inquiéter ces gens de la Heroe’s Sup, après tout – ou qu’il ne reste ici, aussi. Toutes les possibilités étaient à envisager. Pourtant, ce n’était pas encore la question utile à se poser.

« Bah non tiens, j’te le propose mais c’est pour ne pas le faire ensuite ! »

Il ricana de son propre trait d’humour, même s’il n’avait pas trop l’habitude d’en faire. Et comme pour démentir le reste de doute qui pourrait encore résider dans les entrailles de Lucky, il s’empara du téléphone de cette dernière – sans la consulter, il restait qui il était, après tout – et ouvrit le menu le guidant directement à la liste des contacts conserver dans cette carlingue miniature. De l’autre main, il attrapa son propre portable et commença à composer le numéro sur l’écran tactile dès qu’il eut trouvé l’identifiant tant recherché.
Il jeta un rapide coup d’œil à l’horloge murale et pensa ainsi à voix haute.

« Hum, Vingt et une heure ici, il doit être neuf ou dix heures du matin là-bas, j’pense. »

Il n’était pas bien sûr, mais c’était sa façon à lui de montrer son sérieux, dans l’histoire. Il porta le combiné portatif à son oreille, lançant le sien à Lucky puisqu’il n’en avait dès lors plus besoin. Resté à quelques mètres d’elle, il insérait ainsi une distance raisonnable entre eux. Rester tout près d’elle n’aurait été d’aucune utilité. Une sonnerie retentit. Puis deux. Et trois.
Et enfin, la détonation indiquant que l’autre bout du fil a décroché se fit entendre. Et immédiatement, André tomba dans le panneau. Sans même attendre une salutation de la part de son interlocuteur – qu’il n’avait pas vu depuis un moment lui aussi, il lui dit presque joyeusement, dans un russe très fluide.

« Salut Vlad’, ça fait longtemps pas vrai ? Dis, j’suis avec ta fille là et-
-Oh, tient, ne serait-ce pas mon fils ? »

Il avait eu une réponse qui l’avait coupé dans son élan. Sauf qu’il ne s’attendait pas à cette voix. Il connaissait cette voix. Mieux que personne. Ses yeux s’écarquillèrent et son corps entier tremblota légèrement. Un frisson lui remonta l’échine alors qu’il sentait de l’eau lui couler le long de la colonne vertébrale. Des gouttes issues de la douche ? Du tout. C’était là de la sueur froide.

« Eh bien alors Loukas, tu ne dis plus bonjour à ton père, maintenant ? »

La voix avait repris son discours mais André demeurait incapable de répondre. Sa gorge était comme prise dans ses filets incassable, au creux de sa gorge. Il perçut vaguement une voix autre en fond sonore, qu’il connaissait aussi. Cette voix, c’était celle de Vladimir. Le Russianov ne comprit pas ce que le précédent cité avait bien pu dire mais au moins, il était en vie. Dans un sens c’était rassurant. Ce n’est pourtant pas ça qui dissuada son correspondant de continuer dans sa démarche, de manière plus ferme cela dit.

« Ecoutes moi bien petit con. Je vais venir te chercher personnellement puisque Diana semble inefficace. Je vais te retrouver et te ramener en Russie que tu le veuilles ou non. Nous réglerons nos comptes là-bas et crois-moi tu vas souff -»

Crac.

Le portable se retrouva écrasé sous sa semelle de chaussure, coupant nette la conversation. Inutilisable, maintenant. Pas grave, il se débrouillerait pour en obtenir un autre, avec un nouveau numéro. Ce n’est pas comme si ça gênait particulièrement et que c’était difficile, dans cette ville.

Sa respiration était lourde et irrégulière. Ses cheveux dissimulaient ses yeux. On ne pouvait distinguer que l’expression crispée du bas de son visage. Rien de plus et rien de moins. Il voulait partir, loin. Dans un endroit où il serait en lieu sûr. Et bizarrement, c’est cette école de barges qui lui vint en tête en premier lieu. Oui, voilà, il voulait rentrer dans sa chambre, avec les autres chieurs de services. Tout valait mieux que d’imaginer une seule seconde son paternel venir le chercher ici. C’était sans hantise, sa crainte immuable. André avait l’impression que ses os tremblaient. Était-ce vrai ou non ? Difficile à dire. La sensation de réalité lui échappait quelque peu, maintenant.

Il fit un pas en arrière, puis deux, abandonnant la carcasse de son mobile là, sur le sol, comme si c’était la chose la plus affreuse qu’il ait vu de sa vie. Dans les faits, ce n’était pas spécialement faux, comme comparaison. Il posa ses deux mains sur la poignée de la chambre et tâcha de parler vite et bien, dans un mélange de risse et d’anglais à peine compréhensible pour une personne non initiée. Il perdait ses repères.

« T… Ton père est en vie j…j’lai entendu mais…. Mais…. Mais j’peux pas re-rester. Salut, Lucky. »

Et ainsi il était partit en courant, espérant que cette échappée belle lui nettoierait le crâne de toutes ces mauvaises pensées. La fraicheur de la rue lui paraissait bien plus présence ; à moins que ce ne soit son sang qui se soit glacé ? Sans doute.
Il fuyait. Encore.

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