« Tu es sûre de vouloir sortir ? »

Alors qu'Emi commençait à manger sa tartine du matin, son père, face à elle, de petits yeux de chiens battus, la questionnait par rapport à sa journée. Quelques jours plutôt, elle avait conclu un rendez-vous avec Réon. Réon, ce chevalier. Emi l'imaginait tout à fait sur un cheval blanc, rose en bouche, avec une voix type chanteur Visual-Key. Cela la faisait rire, mais c'était assez représentatif du personnage ; même si Emi n'est pas sûre qu'il sache chevaucher un cheval sans tomber à la renverse. Elle trempa sa tartine, tout en réfléchissant. C'était normal que son père s'inquiète, après tout, elle ne lui avait pas cacher qu'elle sortait voir un ami. « Ami ». Pouvait-elle réellement en parler avec ce terme là ? Après tout, elle l'aimait bien -Même si elle avait eut peur de lui au début-, et puis il semblait l'apprécier, et il était toujours là quand elle en avait besoin. N'est-ce pas ce qu'on appelle un ami ? Elle ne sait pas trop elle-même, car elle n'a quasiment jamais eu d'amis, fille comme garçon. C'était un peu une mini-découverte, elle expérimentait ce que c'était que la vraie vie ; une classe, des camarades, des profs soucieux ou déjantés, et des amis, des proches, voir même des ennemis. Et cela inquiétait son père, peu habitué à voir sa fille prendre des initiatives, et surtout voir sa fille prendre son envol.

« Tu es vraiment sûre hein ?

Otosan … Je te l'ai déjà dit. Je ne veux pas rester une faible petite fille … »

Elle mangea un bout de sa tartine, puis continua tout en mâchouillant

« Gue veux être oub fville forte ! »

Son père rigola, observant la scène de sa fille de 17 ans qui mangeait aussi goulûment qu'une petite fille affamée. Elle avala le tout, non sans difficulté, puis continua sa phrase

« Ce que je veux dire, c'est que tu restes mon Otosan, mon « papa », je sais que ça t'inquiète. Mais je préfère avancer, je ne veux plus de l'ombre dans lequel j'ai trop longtemps vécu. Tu comprends ? »

Emi regarda son père acquiescer. Difficilement, mais il acceptait. De toute façon, lutter contre le destin n'apportait généralement rien de bon. Emi finit son petit-déjeuner assez rapidement, sous l’œil amusé de son père, puis lui fit un bisou sur le front avant de partir vers sa chambre pour se changer. Une fois cela fait, elle prit son sac, mit son ombrelle pliable dedans -Au cas où le soleil montrerait son nez-, puis elle fit un petit signe de la main à son père avant de claquer la porte doucement derrière elle.


11h. Emi avait prévu le rendez-vous pour 11h15, mais elle avait peur que Réon arrive plus tôt, comme c'était souvent le cas pour les garçon. Enfin, d'après les conversations qu'elle avait entendu entre ses « camarades » de classe lorsqu'elle était au collège. Elle jouait avec un caillou, regardant les gens passer autour d'elle sans même la voir. Elle était contente, c'était une belle journée qui commençait ! Elle allait jouer la guide, et ça lui plaisait. Oh bien sûr elle n'avait pas beaucoup d'ancienneté ici, à peine un an, mais étant de nature curieuse, elle avait arpenté une bonne partie de la ville, surtout au niveau commercial. Réon n'y connaissait pas grand chose, et d'ailleurs c'est ce qui l'avait un peu « fasciné ». Il était un peu effrayant, au début, et elle ne savait pas comment agir avec lui. Il semblait venu d'ailleurs. Elle le croisait en cours, parfois dans les couloirs, et au début dès qu'elle le voyait, elle se cachait, de façon plus ou moins discrètes.

Pourtant, totalement par hasard, ils étaient venus à discuter. De tout et de rien, et Emi avait comprit que Réon était un peu « à part ». Elle ne pouvait s'empêcher de poser pleins de questions, de l'interroger dès qu'elle le voyait, de sortes que petit à petit ils avaient sympathisé. Aujourd'hui Emi n'avait plus du tout peur, au contraire, elle le trouvait très gentil et très compréhensif, surtout qu'elle était facilement envahissante. Et pleurnicheuse, aussi. Même si elle faisait de gros efforts, ce n'était pas toujours simple pour elle, de retenir ses larmes et de sourire, elle si habituée à se laisser porter par ses émotions. Tout en étant perdu dans ses pensées, elle releva la tête et vit une Louisette familière, au loin. Elle fit un sourire puis secoua timidement la main, pour lui signaler sa présence.

« Salut ! Désolé je suis un peu en retard ! Tu me pardonne hein !? »

Emi sourit. Elle avait observé le jeune homme, qui semblait gêné d'arriver avec un peu de retard. Elle l'avait vu courir, comme quelqu'un qui court après son train, avec un air légèrement essoufflé. Elle l'imaginait bien, se réveillant en retard puis courir partout pour se préparer. Cela la faisait rire, non pas méchamment, c'était simplement un peu attendrissant. Elle s'approcha de Réon, avec un grand sourire; que c'était plaisant de sortir avec quelqu'un que l'on pouvait appeler "ami" ! Elle redressa un peu son sac sur son épaule, puis s'étira tout en continuant de sourire. Elle fit une très légère tape sur l'épaule de Réon, après s'être mise préalablement sur la pointe des pieds, vu la taille du jeune homme par rapport à la sienne, puis le regarda dans les yeux

« Mmmmh … Allez, je te pardonne ! Ne t'en fais pas j'ai faillis arriver également en retard à cause de mon Oto … Enfin de mon papa. »

Elle regarda autour d'eux, puis dit avec une voix un peu plus timide

« Il y a pas mal de monde aujourd'hui … J'espère qu'on arrivera à marcher sans être embêter … »

C'est vrai que les foules, ce n'est pas trop son truc ; petite, elle se perdait facilement, et son père la retrouvait au milieu d'une foule, en pleurs, frottant ses yeux avec ses petites mains d'enfant. Lorsqu'elle est devenue ado', elle errait souvent dans les rues, tout en réfléchissant. Elle n'en a pas l'air, mais Emi cogite très souvent. Elle paraît légère, joyeuse, et toujours enjouée pour tout, mais comme n'importe qui il lui arrive aussi de se remettre un peu en question ou tout simplement de réfléchir à tout et n'importe quoi. En plus après « l'incident » survenu à son collège. Elle profitait de l'agitation de la rue pour parler à « elle-même », car personne ne faisait attention à elle. Personne, jamais. Alors Miko et elle discutait, de ce qu'elles voulaient toutes les deux et de ce qui les dérangeaient. D'ailleurs, Réon n'est pas au courant de ce petit « problème », et elle espère ne jamais l'y confronter. Elle avait peur, peur de l'effrayer ; et puis, elle paraîtrait étrange, même aux yeux d'un « extra-terrestre » comme lui.

« Alors, motivé ? On va commencer par la place centrale, comme la plupart des ruelles et des boutiques donnent dessus, ça sera plus simple. Tu me suis ? »

Elle lui fit un sourire. Qui sait, peut-être qu'elle lui en parlera avant même que quoi que ce soit arrive ; c'est peut-être le plus simple, finalement. Elle aurait le temps de lui expliquer, de lui faire comprendre ce que c'était exactement, et la pillule passerait peut-être mieux qu'une confrontation directe. Elle avança de quelque pas, fit une tête pensive, puis elle se retourna vers Réon en lui disant avec sa voix joyeuse et enjouée

« Et si tu es sage je te ferais goûter les meilleurs gaufres que je connaisse ! »

Puis, elle lui fit un petit signe pour qu'il la suive, et elle se dirigea vers la grande place, en lui expliquant un petit peu l'histoire autour de la ville, très lié -Pour ne pas dire totalement- à l'école en elle-même et a Damage Green, son fondateur. Elle continuait d'avancer, à la même hauteur que Réon, puis elle lui demanda avec étonnement

« Dis moi, au faite, tu ne m'as jamais expliqué pourquoi tu étais venu ici, à la Heroe's Sup ? »

« Ne t'inquiètes pas, le monde j'en fait mon affaire ! Les gens ont tendance a se pousser quand ils me voient ! Hahahaha !

Dommage car tu n'es pas si effrayant que ça ! »

Elle disait cela, et pourtant au début elle avait un peu peur de Réon. Oh, elle ne le trouvait pas « effrayant », en faite, elle était juste affreusement timide et il lui donnait une impression … Bizarre. Avant qu'elle sache pour lui et sa planète, elle avait déjà plus ou moins comprit qu'il était encore plus étrange que les élèves de l'école ; et pourtant, une école remplit d'élèves avec des « pouvoirs » ou des « dons » plus ou moins impressionnant, c'est déjà assez étrange en soit ! Mais Réon était à part, un peu comme elle avec son pouvoir à double-tranchant. Elle s'y était habitué, et à force de le croiser il paraissait moins impressionnant, plus « normal ». Il était d'ailleurs plus enjoué que la plupart des autres de sa classe, ce qui pouvait se comprendre : là où certains se retrouvaient seuls sans avoir rien demander, lui était partit plus ou moins de son plein gré. Il pouvait retourner chez lui, alors que d'autres n'avaient pas cette chance.

Alors qu'ils continuaient de se promener sur la grande place, Emi sentait sa peau qui lui faisait un peu mal. En levant le nez vers le ciel, elle vit que le soleil se faisait plus fort, par le fait que les rares nuages qui s'étaient réunis autour s'était envolés. Elle s'excusa auprès de Réon, s'arrêta puis farfouilla dans son sac à la recherche de son ombrelle. Elle la déplia, puis la mit au dessus de sa tête, se protégeant ainsi des rayons du soleil. Elle sentait un peu mieux, quoi que légèrement plus faible qu'il y a quelques minutes, mais elle avait encore assez d'énergie pour continuer sa petite visite guidée. Elle regardait parfois Réon en coin et cela l'amusait toujours autant de le voir regarder tout avec une curiosité dévorante ; un vrai enfant, enfin un enfant très grand, tout de même. Puis, alors qu'ils se dirigeaient vers le centre de la grande place, Réon répondit à sa question

« Au début si je suis allé sur terre.. C'était pour accomplir une vengeance mais fur a fur mesure je me suis rendu compte que se venger n'était ps forcément la bonne raison de vivre alors j'ai entendu parler de cette école de "justicier" et j'ai décidé que j'en deviendrais un, que cet objectif serait ma raison de vivre ! Et en plus je dois apprendre a maîtriser mon pouvoir, pour pas qu'il fasse de dégâts.. Et toi pourquoi tu t'es inscrit à la Heroe's Sup !?

Et bien, c'est une bonne chose que tu ai comprit que la vengeance ne résout rien par toi-même. »

Elle marqua une pause, puis elle dit d'une petite voix un peu confuse

« Cela ne te dérange pas si on s'assoit quelques minutes ? Le soleil tape vraiment fort et il faut que je recharge les batteries comme on dit ! »

Elle s'assit sur le banc le plus proche, poussant un petit soupir de soulagement. C'était difficile pour elle de ne pas pouvoir supporter le soleil alors qu'elle n'a même pas la maîtrise de ses pouvoirs, mais elle n'a pas vraiment le choix. Elle regarda Réon s'assoir à côté d'elle et elle rougit légèrement car c'était une situation toute nouvelle pour elle ! Mais cela lui faisait plaisir. Puis, elle réfléchit ; quoi répondre à Réon ? Peut-être valait-il mieux dire toute la vérité, chose qu'il faisait avec elle, autant lui rendre la pareille.

« Euh … Je suis rentrée à la Heroe's Sup pour plusieurs raisons. La première, comme toi, pour apprendre à maîtriser mon pouvoir, car je n'aime pas savoir que je pourrais blesser sans le vouloir. Et la deuxième raison … C'est que je n'étais plus à ma place dans une école normale. »

Elle fit un petit sourire, comme pour le rassurer et lui faire comprendre qu'elle n'était ni triste ni malheureuse ; au contraire.

« J'ai eux quelques problèmes avec des gens de mon ancienne classe, et … Ça m'a fait comprendre qu'il fallait que je fasse quelque chose, que j'avance, alors je suis venue ici, avec mon père, car je suis tout ce qui lui reste, et qu'il s'inquiète autant pour moi que pour ce que je vais devenir. Au faite ... »

Elle fouilla à nouveau son sac après avoir calé son ombrelle pour éviter qu'elle tombe, puis elle sortit une petite boite toute simple, orangé, qu'elle donna à Réon

« J'ai fais quelques petits gâteaux avec mon père, j'en ai gardé pour toi ! J'espère que ça te plaira ! »

Elle sourit à nouveau, puis referma son sac et reprit son ombrelle dans sa main. Elle laissa un petit moment de blanc, car elle réfléchissait. Pouvait-elle poser cette question ? D'habitude elle ne se gênait jamais, mais elle avait peur que cela fâche Réon ; et Dieu sait qu'elle s'en voudrait. Elle déglutit, puis dit d'une petite voix

« Dis, Réon … De quoi … Tu voulais te venger, exactement ? … Désolée c'est peut-être indiscret ! »

Ça y est, elle se sentait bête et nulle de demander des choses pareils.

[Color #db7093]

« Oh merci ! tu remerciera ton père pour moi ! »

Quand Emi vit le sourire de Réon, elle sentit une petite pointe au cœur mais aussi une vague de joie. Après tout, n'est-ce pas normal d'être heureux quand on voit nos amis contents ? Surtout que Réon était aussi -Voir plus- expressif qu'Emi, et son visage si rayonnant quand elle lui donna sa boîte de gâteau la ravissait tout autant qu'il l'était. Un joli sourire s'étirait sur son visage. Elle ne vit pas les légères rougeurs de Réon aux niveaux de ses joues, car elle était un peu dans sa bulle ; il faisait beau, bien qu'elle ne pouvait en profiter pleinement, elle était avec quelqu'un qui lui était cher, et elle était heureuse. Il y a encore quelques années, jamais elle n'aurait pu imaginer ce genre de situation, enfermée dans sa chambre en train de pleurer comme une enfant … Elle secoua la tête, très légèrement ; ce n'était pas le moment de penser à tout ça ! Elle avait laissé de côté cette partie de sa vie, dans un coin de son cœur, fermé à double-tour, et jamais, Ô grand jamais, elle ne le dévoilerait à qui que ce soit. C'était … Trop triste, et trop injuste pour être montrer ou même raconter. Elle posa sa main libre sur son cœur, comme pour l'apaiser de cette pensée.

C'est à ce moment que Réon répondit à sa question. Oh, bien sûr, il avait l'air aussi calme que d'habitude, cependant Emi l'avait vu. Cet éclair dans ses yeux, ce genre d'éclair qu'elle connaissait si bien. Elle le fixait, et avant même de s'en rendre compte, elle rougissait légèrement. Était-ce parce qu'elle se sentait coupable et honteuse de lui avoir posé une tel question ou était-ce les yeux de Réon qui la touchait autant ? Après tout, elle aussi, elle l'avait connu ce genre d'éclat dans ses yeux, ses si beaux yeux vert-bleu, parfois teinté de noir. Elle tourna légèrement la tête, ses cheveux cachant ainsi ses joues légèrement rouge.

« Non c'est normale de poser cette question.. je voulais me venger de l’assassin de mon père et qui a entraîner la mort de ma famille... Mais c'est impossible de toute façon.. »

Emi sentit quelque chose se bousculer au niveau de son cœur. Elle se rappela une scène, très très vieille, elle et son père, pleurant, devant une tombe. Non. Elle ne devait pas penser à Mama maintenant, sinon elle allait se mettre à pleurer ; et ça serait si bête ! La journée était belle, et elle n'était plus seule maintenant. Alors, pourquoi se sentait-elle aussi triste, autant pour Réon que pour elle-même ? Elle déglutit légèrement, comme pour ravaler la boule qui se formait dans sa gorge, puis elle tourna la tête assez soudainement vers Réon, prête à lui faire ses excuses -Après tout, elle l'avait probablement blessé-, mais ses plans furent … Compromis.

Un homme, probablement pressé, passa un peu trop prêt de notre duo, ce qui eut pour conséquence de bousculer Réon qui ne s'y attendait pas. Avant même de pouvoir ouvrir la bouche, elle se retrouva avec Réon très -Trop?- proche d'elle, lui légèrement au-dessus. Son ombrelle était tombé de l'autre côté du banc, mais Emi ne se souciait pas de ça dans l'immédiat. Est-ce que vous avez déjà vu une tomate avec les cheveux roses ? Non ? Et bien, c'est ce à quoi ressemblait Emi sur le moment. Elle sentit le regard de Réon sur elle, et elle n'avait qu'une idée en tête : Qu'est ce qu'elle faisait comme ça là ? Elle voulait dire quelque chose mais son incommensurable timidité l'empêchait de dire le moindre mot, de plus, son cœur battait si vite qu'elle avait l'impression de courir un véritable marathon. En même temps, c'était normal, jamais elle n'avait approché un garçon d'aussi … Près. Heureusement que son petit papa ne voyait pas ça, il deviendrait sûrement rouge de colère, alors que sa fille était rouge de gêne.

Finalement, elle se « réveilla » quand elle sentit les rayons de soleil sur sa tête et sur ses bras. Ça lui brûlait légèrement, mais c'était encore supportable. Elle posa doucement sa main sur le bras de Réon, qui lui servait d'appuis pour ne pas écraser Emi, puis tenta de se redresser dans le même mouvement. Elle se trouvait très près du visage de Réon mais elle se concentrait sur le soleil, sinon elle recommencerait à être tétanisée. Elle l'aida à s’asseoir à côté d'elle, puis elle tenta de faire un sourire pour cacher son affreuse rougeur au niveau de ses petites joues, mais c'était raté. Elle se retrouva de nouveau épaules contre épaules avec Réon, et rien que ça la faisait rougir de nouveau. Elle savait qu'elle n'était pas très assurée, ni très débrouillarde avec les garçons, mais tout de même, rougir autant … Son cœur se calmait petit à petit, mais elle sentait toujours le regard de Réon sur elle, alors qu'Emi tentait de regarder partout ailleurs sauf dans sa direction. Elle laissa une petite minute de blanc, le temps de reprendre ses esprits, puis elle dit d'une petite voix, encore teinté de sa gène

« Je suis désolée de t'avoir parlé de ça Réon … Je n'aurais pas dû. Je sais ce que ça fait que de perdre quelqu'un, alors toute sa famille … Je n'ose pas l'imaginer. »

Elle se tassa un peu sur elle-même, se rapprochant de Réon sans trop sans rendre compte. Elle se sentait si mal de lui avoir posé cette maudite question ! Pourtant, elle agissait comme lorsque c'était elle qui était blessée, elle cherchait une présence rassurante, et c'est pour cela qu'elle collait un peu son ami. Elle se sentait toujours un peu embarrassée après cette bousculade, mais sa culpabilité passait par-dessus maintenant que son cœur s'était calmé. Elle sembla hésiter quelques secondes, puis, les joues toujours roses, elle posa sa main furtivement sur celle de Réon. Elle avait vu dans certains animes que les amis faisaient ça quand l'autre était triste, ou pour se faire pardonner. Puis, elle lui fit un sourire, un peu plus triste que ceux de tout à l'heure, et elle continua son discours, sa main toujours posé sur celle de Réon

« Tu sais … J'ai perdu ma maman, quand j'étais très petite. Pourtant je m'en souviens encore … Car c'est l'une des rare fois où mon père a pleuré devant moi. Elle était malade, c'était la faute de personne. Pourtant … »

Elle leva les yeux vers le ciel, comme pour fixer ses yeux sur un point afin d'éviter aux larmes de monter

« Pourtant j'ai parfois l'impression que c'est ma faute. Elle allait très bien, avant ma naissance. Et de ce jour, c'était de pire en pire … Parfois je me demande si mon pouvoir n'est pas la cause de tout ça. Et ça me fait un peu peur. »

Elle baissa les yeux vers sa main libre. Elle la fixa, comme si elle attendait de voir cette brume, cette fichue ombre d'elle-même. Mais rien. Elle ne pouvait pas utiliser son pouvoir lorsqu'elle était Emi. Elle le savait, mais parfois, elle aimerait tant que ça soit plus simple. Elle secoua légèrement la tête, et fît un sourire plus joyeux à Réon, comme pour le rassurer à nouveau

« Désolée, je ne parle jamais de ça généralement ! Simplement … Tu es quelqu'un de tellement gentil que j'ai l'impression de pouvoir tout te dire. Alors merci de m'avoir écouter, Réon. »

Elle retira sa main de celle du jeune homme, dit un rapide petit « Excuse moi quelques secondes » et elle se leva, contourna le banc pour ramasser son ombrelle. Sa peau commençait à la chauffer sérieusement, et elle préférait éviter tout problème, cela vaut mieux. Elle resta debout, près de Réon, avec un sourire, comme pour l'inviter à continuer leur balade. Elle ne voulait pas que tout ces vilains souvenirs viennent les embêter de nouveau.

[Color #db7093]

« Ne t'excuse pas Emi..Emiko ! Si tu ressens le besoin d'en parler,n'hésite pas.. Je serais la ! Et c'est normal puisque je suis ton ami et un ami est toujours la quand on a besoin de lui !

… Merci Réon. Au faite … Tu peux m'appeler Emi' tu sais ? »

Elle fit un petit sourire. Elle se sentait moins seule, de savoir un ami à ses côtés, et aussi de savoir qu'il était presque aussi timide qu'elle, à son niveau. Elle reprit d'un pas léger la visite guidée de la place. Elle en profita pour expliquer à Réon où elle habitait, quelques rues plus haut, dans un petit appartement. C'est vrai que la vie près d'un quartier commerçant n'est pas toujours simple -Surtout pour les marchés tôt le matin qui réveille Emi' sur fond de promo de poisson-, mais elle aimait bien voir le monde bouger sous sa fenêtre. Elle s'amusait parfois, à peine réveiller, à regarder les commerces ouvrir, les gens qui attendaient parfois déjà depuis quelques minutes, les enfants qui partaient pour l'école, les marchands qui passaient dans la rue, les bras chargés de denrées diverses et variées … Et elle riait, en s'imaginant courir ainsi, à peine réveiller.

Alors qu'Emi continuait d'avancer, elle fût interpeller par Réon

« Euuuh tu veux que je prenne ton euuh parapluie !? »

Elle se tourna vers lui, l'ombrelle toujours au dessus de sa tête. C'est vrai qu'elle avait tellement l'habitude de le porter lorsqu'il faisait du soleil qu'elle en oubliait parfois son poids. Elle hésita -Après tout Réon n'était pas là pour ça!-, mais c'est vrai qu'elle fatiguait un peu, à force. Elle sourit, puis donna son ombrelle à Réon. La scène la faisait un peu rire ; il faut imaginer un grand gars aux cheveux blanc tenir une ombrelle blanche, c'était … Inhabituelle comme scène. Puis, Emi' se mit à côté de Réon, assez proche pour être couverte par l'ombrelle, mais aussi assez proche pour sentir son bras contre le sien. Elle rougit très légèrement, puis elle le regarda dans les yeux en disant

« Merci, je t'avoue qu'à force de le porter, il se fait parfois lourd ! J'ai du mal à supporter le soleil à cause de mon pouvoir. »

Elle tira légèrement la langue, comme pour le taquiner. Elle continua sa petite marche, arpentant les ruelles et les petites rues du quartier. Heureusement grâce au soleil, les ruelles étaient accueillantes et chaleureuses. Car d'habitude, surtout tard le soir, les rues étaient effrayantes et souvent malfamés. C'est pour cela qu'Emi évitait d'y aller, même de jour, mais là, avec Réon près d'elle, elle se sentait un peu plus en sécurité, comme une princesse avec son preux Chevalier ! Cette idée la fit rire, plus pour le côté Princesse aux cheveux roses que par moqueries.

°°°

Une petite heure se passa dura laquelle Emi et Réon avait arpenté une bonne partie du quartier. Alors qu'Emi sentait les signaux de son estomac, elle regarda Réon avec un sourire, une fois de nouveau sur la place

« Bon ! Je t'avais promis de t'emmener manger des gaufres si tu étais sage, et comme tu as été très gentil et très attentif … Je tiens ma promesse ! »

Elle lui fit signe de l'attendre, puis elle se mit à courir vers un marchand ambulant, laissant Réon debout près de la place, l'ombrelle à la main. Pour quelques minutes, elle pouvait rapidement s'exposer, surtout qu'elle était dans l'euphorie de sa sortie. Elle demanda avec un grand sourire deux gaufres au marchand, qui, très aimable, les lui donna dans deux petites serviettes toute blanche. Elle fit un petit signe de tête -Signe de remerciements au Japon-, puis elle se mit à courir à nouveau vers Réon. Elle se planta devant lui, et lui tendit sa gaufre avec un grand sourire. Tout en lui donnant et en récupérant son ombrelle, elle vit un couple passé près de la place, main dans la main. Emi les regarda, attendrie. Elle ne comprenait pas bien ce genre de chose, mais cela la fascinait. Avoir quelqu'un à ses côtés, pour toujours … A chaque fois, elle pensait à cette photo, où son père et sa mère se tenait l'un à côté de l'autre. C'était quelque chose d'aussi beau que fragile … Puis, elle se rendit compte qu'elle fixait le vide depuis quelques secondes, et elle sursauta. Elle se tourna vers Réon, avec un petit sourire. Elle aimerait lui poser une question, mais elle était si bizarre et étrange qu'elle n'osait pas … Elle ravala sa timidité, puis elle dit d'une voix un peu bancale et toute tremblante

« Dis, Réon, euh … Les … L'amour sur ta planète, ça marche comme ici ? »

Elle se mit à rougir lorsqu'elle se rendit compte que sa question n'avait aucun sens

« Je veux dire, euh, enfin, les parents, tout ça, c'est pareil ou ? C'est … Bizarre comme question, non ? Excuse-moi, je suis désolée ! »

Elle mangea un gros bout de sa gaufre, pour se concentrer sur autre chose que ses joues en feu.

[Color #db7093]

« Hum, euuuh ba ou...oui, oui je crois !Enfin c'est bien euuuh c'est bien comme je pense chez vous c'est-a-dire enfin... »

Alors qu'Emi l'observait, le rouge aux joues comme à son habitude, elle remarqua que son ami alien n'avait pas l'air très à l'aise avec sa question. Elle croqua à nouveau un bout de sa gaufre, puis faillit s’étouffer avec tellement elle avait tenter de l'avaler avec une vitesse fulgurante. Avec sa petite main, elle essaya tant bien que mal de faire descendre ce qu'elle avait de coincer dans la gorge, puis elle toussota légèrement. Elle ne savait pas quoi dire, car elle avait la légère impression d'avoir poser LA question qu'il ne fallait pas ; mais elle était affreusement curieuse. Elle avait du mal, même au jour d'aujourd'hui, de penser que, finalement, toutes ces bêtises dans les films sur les extra-terrestres étaient fausses. Quand on regardait Emi et Réon, on voyait deux adolescents, certes maladroits, mais totalement « normal ». Enfin, normal si on met de côté leurs couleurs de cheveux qui, entre les cheveux blancs de Réon et les cheveux roses d'Emi, sont loin d'être banals.

Et sa marque sur son visage aussi. D'ailleurs, Emi commença à la fixer avec de grands yeux ; et oui, aussi fou que cela puisse paraître, elle ne l'avait jamais remarqué ! Quand je dis qu'Emi n'est pas toujours très futée, je ne plaisantais pas. Puis, sans même s'en rendre compte, elle posa son index près de cette « marque », comme fasciner. C'était joli, il faut le dire, Emi trouvait que cela avait un certain charme. Puis, quand elle se rendit compte de son geste, elle retira rapidement son index, puis baissa la tête, en cherchant très rapidement une façon de s'excuser. Par expérience personnelle, elle savait que les gens n'aimaient pas être touché sans leur permission. Mais elle ne savait pas comment s'excuser auprès de Réon ; elle devait lui paraître un peu cinglée sur les bords à agir comme cela. Elle respira un grand coup, puis leva son visage tout confus et tout rouge vers lui, et tenta d'articuler comme elle pouvait

« Je euh … Excuse moi, je … C'est bête mais … Depuis le temps … J'avais jamais vu … Euh, ta … Ton … Enfin … »

Elle montra l'endroit de sa marque sur son propre visage, pour lui indiquer de quoi elle parlait. En faite, elle ne savait pas réellement ce que c'était, et elle avait peur de faire une nouvelle bourde, comme pour les parents de Réon … Alors elle préférait la technique du mimétisme, au moins c'était plus diplomate … Enfin c'est ce qu'elle croit. Puis, elle avala la fin de sa gaufre, et tortilla ses doigts entre ses mains, signe qu'elle était vraiment mal à l'aise. Oh, pas nécessairement à cause de Réon, mais plutôt à cause de sa propre timidité. Chaque jour elle tentait de faire des efforts, mais il suffit d'un seul faux-pas et Emi retourne se cacher dans sa propre frayeur du monde. Elle sentait Miko qui bougeait à l'intérieur d'elle-même, mais elle se refusait à la laisser « sortir ». Elle restait Emi', et c'était elle qui était présente avec Réon, personne d'autre. Elle se refusait à cela, c'était trop « facile ». Et puis, connaissant Miko, elle préférait éviter d'infliger cela, surtout à un ami. Finalement, elle reprit son souffle, un peu court, puis acheva sa phrase laisser en suspend

« Désolée, j'aurais pas du te toucher sans ta permission. Je sais que généralement c'est pas très apprécier mais … Je … Je trouve ça joli alors j'ai pas vraiment réfléchit … »

Elle fit une légère inclination pour s'excuser, comme dans le Pays du Soleil Levant, puis elle esquissa un léger sourire, perdu parmi son rougissement plus que visible. Elle sentait une question lui brûler les lèvres, mais elle n'arrivait pas à le dire. Elle sentait qu'elle allait de nouveau mettre les pieds où il ne fallait pas, et elle s'y refusait. Elle ne voulait pas causer plus de peine à Réon. En pensant d'ailleurs à cela, la petite pointe au cœur refaisait apparition, d'un coup, sans prévenir. Elle reprit un peu contenance, tout en restant assez rougissante. Elle repensa à ses précédentes questions, et maintenant qu'elle en avait parler, autant aller jusqu'au bout. Encore un petit pas hors de sa timidité, c'est une bonne chose, non ?

« Au faite … Par rapport à ma question étrange … C'est juste que … Je suis assez curieuse, et même « l'amour » au sens humain, je ne le comprend pas, alors … Ça m'a un peu intrigué, tu comprends ? Hormis mes parents, je n'ai jamais vraiment vu ou su ce que c'était. »

Elle eut une petite mine sombre en évoquant ses parents, mais elle fît comme si de rien n'était

« A vrai dire, la seule chose que je connais c'est l'indifférence. Je suis ni dégourdie, ni très maline, je rougis facilement, et je suis … Timide. Plus que timide, maladivement, en faite … Et je pense que cela à fait fuir les gens ; qui voudrait s’embarrasser d'une fille qui ne sait pas dire « Bonjour » sans avoir la boule au ventre … »

Elle fit un petit rire, mais elle sentait quelque chose sur ses joues. Elle posa sa main dessus, c'était humide. Sans même le sentir, Emi s'était mise à pleurer, doucement, mais ses larmes coulaient le long de ses joues. Elle se rendit compte à ce moment-là qu'elle disait quelque chose d'horriblement triste, pour elle-même ; cette fichue solitude, cette sensation qu'elle détestait tant. Elle essaya de frotter ses yeux, pour arrêter ses larmes, mais rien n'y fit. Elle se sentait encore plus mal, elle qui pleurait face à son ami. Mais finalement, n'est-ce pas ça, l'amitié ? Pouvoir se montrer tel qu'on est, faible ou fort, heureux ou triste.

[Color #db7093]

Dans la tête d'Emi, c'était proche du chaos.
Elle repensait à beaucoup de chose qui lui faisait mal, autant au cœur qu'à sa tête. Elle repensait à toutes ces fois où elle avait été brimé, abîmé, battu et abattu. Quand elle ne trouvait même plus la force de se lever le matin, et qu'elle préférait tenter de s'étouffer avec son oreiller plutôt que d'y retourner. En faite, une période où personne n'aurait pu reconnaître Emiko ; la Emi si joyeuse, si rayonnante, même dans les pires moments, avait laissé place à une Emi qui n'avait plus aucune envie de vivre. Elle en a fait baver, à son père comme à elle-même, à refuser tout contacte ou même simplement de sortir de sa chambre. Elle parlait de longues heures avec son père, elle posée contre sa porte côté chambre, lui posé de l'autre côté. Elle en avait versé, des larmes de haine et de colère. Miko n'avait jamais été aussi présente que durant ce laps de temps. Dès qu'Emi ne voulait plus rien entendre, plus rien sentir, elle s'enfermait et Miko prenait sa place, comme pour « l'apaiser » le temps que la crise passe. C'est d'ailleurs cette période qui a permis à Emi d'en connaître le plus sur son pouvoir et sur Miko ; c'était la seule personne au quelle elle s'adressait encore réellement. Parce qu'Emi n'en pouvait plus, sa tête et tout son corps lui hurlait de laisser tomber. Elle repensait chaque jour à l'incident, elle en pleurait encore aujourd'hui. Et quand elle se regardait, elle voyait un monstre.

Et aujourd'hui encore, Emi a parfois du mal à avancer. Sa timidité maladive et son mal-être parmis les gens n'est pas la seule raison ; chaque jour, Emi se levait en pensant très fort à son objectif, car chaque jour qui passe la repositionne sur un fil de fer mince et prêt à casser n'importe quand. Elle fait le funambule, bien plus souvent que les gens peuvent le penser. Car elle n'en parle jamais. Même à son propre père. Et la personne a qui elle a choisit de dire tout ça se trouve désormais devant elle. Pourquoi, finalement, son cœur s'était-il ouvert comme si de rien était ? Elle n'avait pas vraiment la tête à y réfléchir, et pourtant, il y avait forcément une raison. Emi savait que Réon la voyait un peu comme une princesse, alors qu'elle-même encore parfois ne revoyait que le monstre en elle. Était-ce pour cela qu'elle s'était confiée ainsi ? Parce que pour une fois, quelqu'un d'autre que son père voyait plus loin que son pouvoir, plus loin que sa timidité effrayante, plus loin que son manque de confiance en elle. Oui, c'était probablement pour ça.

Alors qu'Emi tentait toujours d'arrêter inlassablement ses larmes, se frottant les yeux et retenant un cri qui se coinçait dans sa gorge, elle sentit quelque chose qui l'entourait, puis un contact tiède, presque chaud, contre son corps. Parmi ses larmes, elle reconnaissait les bras et les vêtements qu'elle voyait face à elle : Réon. Il l'avait attrapé, pris dans ses bras, comme si ses larmes ne le gênait même pas. Il l’étreignait, doucement mais assez forte, et Emi se sentait totalement désemparée. La seule personne à l'avoir prit dans ses bras, c'était son père et sa mère. Jamais elle l'avait reçu ce genre de marque d'affection de quelqu'un d'autre, d'un autre garçon. Parfois elle faisait un câlin amical à Merry, mais là, c'était différent ; c'était le genre d'étreinte qu'on faisait pour réconforter la personne. Et sans même réfléchir, oubliant totalement le fait qu'Emi aurait été prise d'une vague de gêne face à une telle scène, elle entoura Réon de ses petits bras frêle, serrant très fort le jeune homme, comme si elle sentait qu'elle pouvait tomber à tout moment. Elle oublait même qu'elle se trouvait au milieu d'une place, avec d'autre personne qui les regardaient soit avec un air amusé soit un peu étrangement, car elle était dans sa petite bulle.

« Non tu n'es pas seule ! Il a Dam, Merry, Mac, tout les autres et... Moi ! En tout cas je te le promet jamis je te laisserais seule, jamais ! »

C'est vrai, pensa-t-elle, je ne suis pas seule. Je ne suis plus seule.

L'étreinte de Réon était étrange. A la fois chaleureuse et réconfortante, les larmes d'Emi coulaient toujours, mais avec un goût moins amer. Comme si, simplement, elle exorcisait l'un de ses pires démons, avec douceur et tendresse. Elle avait déjà vu certains animes dans, lequel, le héros prenait dans ses bras une fille qui se mettait souvent à pleurer. Est-ce que c'est cela qu'on ressent, quand un homme, un ami, un proche, vous prend dans ses bras sans même réfléchir, pour vous consoler ? Puis, alors qu'Emi commençait à se calmer, elle cru entendre un chuchotement venant de Réon, mais elle comprit pas ce qu'il disait.

Quelques minutes plus tard, Emi arrêta de pleurer, puis, avec une pointe au cœur et ce dernier lui criant de rester, elle se retira doucement des bras de Réon, affichant simplement une rougeur sous les yeux à cause de ses larmes, et un peu sur ses joues. Elle s'essuya le visage comme elle pouvait, puis elle baissa les yeux ; je dois être absolument affreuse à voir, pensa-t-elle. Elle ne se sentait pas honteuse, ni mal à l'aise, simplement apaisée et un peu confuse de s'être donnée ainsi en spectacle. Mais, pensa-t-elle avec soulagement, j'en avais besoin. Elle releva le visage vers celui de Réon, et en croisant son regard, elle sentit son cœur battre un peu plus vite et plus fort que d'habitude. Elle se sentait reconnaissante envers lui et … Et quoi d'autre ? Elle sentait quelque chose d'autre, mais qu'est ce que ça pouvait être ? Un mélange de joie, de tendresse, un peu de tristesse, et surtout, surtout une envie irrépressible de le reprendre dans ses bras. Mais elle se contrôla, elle se contenta de dire, d'une petite voix un peu penaud

« Je … Je suis désolée de m'être montrée comme ça. Je, j'ai un peu tout gâché, pas vrai ? »

Elle se gratta la joue, très légèrement gênée, puis continua

« Je … Merci. Merci de m'avoir écouté et … De m'avoir prise dans tes bras. »

Elle rougit légèrement, et elle replanta ses yeux dans ceux de Réon. Son cœur recommença à battre à la chamade

« Je … Ça va te paraître étrange de te dire ça, mais je t'aime beaucoup Réon, tu es un véritable ami. Tu dois même être mon premier vrai ami garçon, héhé … »

Elle fit un petit sourire. Son sourire, bien que petit et moins rayonnant que d'habitude, exprimait quelque chose de tellement fort qu'il lui donnait une allure … Apaisante. Comme si tout ce qu'elle venait de penser, de ressentir, de vivre, se trouvait loin, comme une page qu'on tourne avec mélancolie et satisfaction à la fois. Comme pour le remercier, elle prit son bras, toujours un peu rouge, puis lui dit

« Ça te dirait de passer à la maison ? Je pense que je te dois bien un thé ou un café … Voir même un chocolat, après tout ce que tu as fais pour moi ! »

Elle ria, un rire réellement joyeux, puis après un petit moment de réflexion, elle pencha la tête en regardant Réon et dit d'une voix innocente et calme

« Au faite … Qu'est ce que tu as murmuré tout à l'heure ? »

[Color #db7093]