Vous savez ce que je n'ai pas fait depuis longtemps ? Ça fait un baille que je n'ai rien volé. J'ai toujours aimé me la jouer pickpocket. Je me rappelle jadis lors de mon premier méfait. On avait enfilé des masques et on avait tourmenté ce pauvre vendeur de trucs bio. Ça avait été la fête. Avec les filles, c'est cool mais je dois rester Statu Quo pour ne pas nous attirer trop d'ennuis. Et moi, ça commence à me tomber sur le système. J'ai besoin d'action, moi, pour vivre. À quoi sert d'avoir vécu si on est resté tranquillement assis dans notre maison close à compter son argent ? Il faut innover ! Mais je n'ai aucune idée de comment innover aujourd'hui alors je tourne la tête et croise le pubis bien rasé de la fille sur qui reposait ma tête. Je renifle l'odeur de son intimité encore une fois avant de me lever. Moi, je ne couche pas avec mes putes. Je couche seulement avec de la chaire fraîche. Bon, je les essaie une fois de temps en temps pour connaître ma marchandise mais ce n'est pas ce que je préfère. Je me trempe le pinceau dans du propre moi, hein. J'aime le luxe. Comme cette commis du dépanneur du coin que j'ai embarqué dans ma caisse hier soir. Elle était réticente mais mes caresses ont fini par la faire céder. Elle n'avait pas vraiment de scrupules au lit, la vilaine. En plus, elle était pucelle. Avoir su, j'aurais tenté de la vendre comme Jena. Mais bon, c'est toujours agréable de faire éclater la cerise, comme on dit. Je n'ai pas à me plaindre. Je me lève donc et contemple son jeune corps osseux. Elle aurait besoin de manger un burger celle-là. Pendant nos ébats, j'avais presque peur de la casser comme une allumette. Elle a ses qualités bien sûr, tout le monde en a. Elle a de grosses lèvres bien... utiles et des cheveux doux. Je souris, attendri par ce corps qui vient pour la première fois d'être souillé. Je décide de la laisser dans mes appartements se réveiller et sortir d'elle-même. Elle aura assez de questions et de matière à réfléchir pour le peu que je puisse faire, je peux la laisser tranquille. Je me passe la langue sur les dents, j'ai une haleine de chacal. Je vais faire ma toilette avant de m'habiller. J'ai une sale gueule aussi. La douche n'a rien arrangée. Sauf pour l'odeur, naturellement. J'écrase mes cheveux du plat de ma main et coiffe un peu mes sourcils avec ma salive. Ça peut aller... j'ai juste de grosses cernes et un teint fantomatique. Enfin... j'imagine que c'est comme ça qu'on dit. Je m'en fiche un peu. C'est pas moi qui vais commencer à utiliser de grands mots comme ça. J'aurais peut-être dû faire attention au nombre de lignes de coke que j'ai pris hier. Tant pis. Je prends mon manteau stylé pimp et je sors. J'embarque dans ma décapotable blanche et là... ben je sais pas trop quoi faire. C'est ma journée de congé. J'ai envie d'action, comme j'ai dit tout à l'heure. Mais où puis-je trouver de l'action, voler des trucs, et ce, sans m'attirer trop d'ennuis ? Je roule un peu aléatoirement dans les rues. Histoire de trouver de l'inspiration. Et là je croise au feu rouge une camionnette familiale. Je tourne les yeux vers les parents. Pfft... Ils en ont de la chance d'avoir des parents et une camionnette et un sourire... et tout ça... J'entends vaguement leur discussion puis le feu passe au vert. Je décide de les suivre. Je sais pas pourquoi. On roule pendant peut-être vingt minutes pour atterrir un peu plus loin de la ville dans le stationnement de la fête foraine. Fallait s'en douter.

Je coupe le moteur et longe les clôtures pour trouver un endroit où passer sans payer. Je trouve, je saute et je suis éblouis. Je n'ai jamais été dans un endroit de ce genre. Il faut dire que moi, j'ai pas eu une enfance normale. Je jouais pas avec un ballon ou une console mais avec des roches et des seringues. Je lève les yeux vers le grand chapiteau. C'est beau. En marchant je croise un couple et le mec tient distraitement son porte-feuille à bout de bras. Quel taré. Sûrement qu'ils se demandent dans quel kiosque ils vont dépenser. Je tire sur son porte-feuille et le voilà dans ma main et moi qui me sauve. Le type me poursuit quelques temps mais je le sème en me cachant sous une table à pique-nique. Je suis essoufflé. J'ai pas la santé que j'avais. À force de prendre des pilules et tout ça, vous savez. Bon, je compte mon nouvel argent. Pauvre type. Il avait genre trente dollars en liquide. Pas trop richard. Je laisse le porte-feuille par terre et sors avec l'argent dans mes poches. Le soleil m'aveugle un peu. Je me protège les yeux de la main et là... Y'a ce type qui approche. Tout un spécimen. Style punk je sais pas quoi avec ses cheveux rouges. J'espère que c'est pas un agent de sécurité. Mais je me dis qu'il vaut toujours mieux jouer aux innocents. Je lui souris, carnassier.

« Salut... »

C'est pas très original mais je vois dans son regard qu'il me veut du mal. Il louche vers les billets qui sortent un peu de la poche de mon manteau. Je recule d'un pas et secoue mes mains devant lui pour lui faire comprendre de me laisser tranquille.

« Hé... l'ami si tu veux t'amuser on peut le faire ensemble. Je suis ici dans le même esprit, je suis venu foutre un peu le bordel. Mais moi, j'ai rien pour toi niveau liquidité, j'ai genre trente balles que je viens de prendre à un petit couple. »

J'ajuste ma veste et me recoiffe.

« J'ai remarqué que l'arrière du chapiteau n'est pas protégé et je peux t'assurer que j'ai beaucoup de chance dans ce genre de trucs. Ça te dit d'aller faire les poches des clowns ? »

Je n'attend pas sa réponse et course vers l'arrière de la grande tente. Soit il me suit et on s'amuse. Soit il me reste tranquille et JE m'amuse. C'est un plan parfait, vous voyez ?