Bon. Bon bon.
Mary, qui relisait cette lettre, commençait à se demander si c'était une bonne idée de venir. Elle et la Saint-Valentin, c'est un peu comme la guerre et la paix ; une relation conflictuelle. Elle ne comprend pas ce mielleux romantisme et l'image des couples main dans la main lui donne légèrement la nausée. Buerk, de la joie, de l'amour et du bonheur ! Elle frissonna de dégoût. Mais bon, manger au frais de la princesse, c'est plutôt cool. Donc, elle prenait sur elle. Elle avait décidé d'y aller en voiture, un de ses anciens clients -Trop bonne poire- avait gentiment proposé de l'emmener, même s'il savait pertinemment qu'il ne pourrait venir avec elle. Elle ne tenait pas à manger avec un ancien client ce jour-là, ça serait un peu trop cynique.

Pour le coup, elle avait choisit de ne pas se ramener en « guenille » comme elle en avait l'habitude. Vu le contenu de la lettre et la gueule du restau', elle préférait ne pas se faire refouler pour une question vestimentaire. Y attachait-elle trop d'importance ? Allez savoir. Elle est parfois un peu étrange, crachant sur ce « miellisme » stupide, mais en même temps elle en profite pour se remplir l'estomac avec un minimum de classe. Elle portait une robe rouge à bretelles, avec des bas noirs qui remontaient jusqu'aux cuisses. Par dessus, un gilet simple -Noir également- à manches longues pour cacher ses vilains bras. Lorsqu'elle fût accueillit, les deux personnes lui proposèrent de ranger son gilet, mais d'un geste de la tête, elle fit comprendre que non.

Elle entra dans une salle désignée par l'une des deux personnes, qui lui annoncèrent qu'elle mangera en compagnie d'une autre personne. Su-per. Qu'elle idée réjouissante. Bah, de toute façon, ça ne pouvait pas être si dramatique, non ?

Cauchemars et damnation. D’abord, l'arrivé du Russe. Mary se sentait soudainement stupide dans sa robe rouge. Elle se sentait faible et mal à l'aise. Ridicule, même. Elle se redressa, droite sur sa chaise, fixant le Russe d'un air un peu mauvais ; elle ne voulait pas une réflexion, pas un seul mot. Il se contenta d'une petite phrase dite de façon ironique, mais elle ne renchérit pas. Elle se contenta de souffler, lui désigner la chaise en face d'elle, puis de retourner dans son mutisme. Bon, il faut reconnaître que le costard lui va vraiment bien. Cela éliminait presque son côté chieur et con. Presque, hein.

Puis, soudainement, alors qu'elle regardait le monde qui arrivait petit à petit, un cri strident la fit sursauter et la sortit de sa rêverie

« André tu es si roma....AAAARGH TOI ICI !? »

Oh … Non. Elle vit une jeune femme -Diana la Tornade- habillée d'une robe bleue qui se cassa la gueule d'une façon assez surprenante. Elle posa sa main sur son crâne, dépourvu de son traditionnel bandeau, laissant ses yeux vairons apparaître aux yeux de tous. C'était le prix à payer depuis qu'elle vivant sans drogue, sans rien. Cela lui faisait parfois mal, lui donnait des migraines violentes, mais elle se sentait plus libre. La drogue permettait de calmer la douleur, maintenant elle utilise le paracétamol, mais au moins elle est lucide. Elle reconnaît les vrais sentiments. Et là, elle sentait clairement la colère et la déception de la jeune femme. Alors que subitement, André éleva la voix et parlait dans une langue de l'Est -Elle ne comprend pas le Russe-, il enchaîna en anglais

« Je veux dire... J'ai mal à la tête alors pas de cris, s'il te plaît. »

Mary se leva, puis se pencha vers Diana, la main tendue

« Bon … On va écouter André la Terreur pour ce soir. Prend pas ça pour de la pitié ou de la faiblesse, mais moi aussi, j'en ai marre qu'on se tabasse à chaque coin de rue. Donc, pas ce soir. Okay ? »

Puis, une fois la jeune femme relevée, Mary se rassit, et repositionnant sa robe de sorte de cacher ses genoux, elle ajouta

« Je me doute que … Ma présence te gêne, c'est réciproque. Mais ne faites pas attention à ma présence, je profite simplement d'une invitation, c'est tout. Les repas en « tête à tête » … C'est franchement pas mon délire. »

Puis, subitement, elle sentit une vague de tristesse mêlée à un léger ras-le-bol dans la direction d'André. Oui, c'est vrai, sa copine. Elle continua à le fixer, de façon assez oppressante mais sans s'en rendre compte.

HRP: